Ultra HD Blu-ray : Polémique autour de l'usage de master 2K !

Publié le par la Rédaction



4kultrahdlogos1_jdiyihLes premières éditions Ultra HD Blu-ray circulent désormais librement sur le marché nord-américain. Différents confrères ont eu l'opportunité de tester les premiers films en pointant, le plus souvent, un apport qualitatif indéniable vis-à-vis des éditions Blu-ray équivalentes. Toutefois, un point d'interrogation relatif aux premiers films disponibles dans ce format Ultra HD a été soulevé ces jours derniers par différents confrères : les films disponibles en Ultra HD Blu-ray sont-ils tous réellement tournés et masterisés en 4K ? Et si tel n'est pas le cas, y aurait-il arnaque ?

Difficile à croire que les premiers Blu-ray Ultra HD ne soient pas tous réalisés à partir de sources 4K native et/ou de master intermédiaire 4K. Et pourtant ! Si l'on s'appuie sur les références techniques derrière les principales productions cinématographiques faisant l'objet d'une sortie Ultra HD, peu de films ont vu toutes les étapes de leur chaîne de production réalisées en 4K du tournage à la post-production. Ce qui laisse poindre une menace, comme le souligne Patrick Pierre Garcia dans une récente vidéo : celle de voir débarquer en Ultra HD Blu-ray de simples films 2K upscalés !

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Ainsi, sur les 9 premiers titres bientôt disponibles en Ultra HD Blu-ray chez Fox, seul Labyrinthe aurait bénéficié d'un master intermédiaire en 4K contre du 2K pour les 8 autres films. De quoi semer la zizanie !

Nous considérons très important à la rédaction de ne pas établir de raccourci trop rapidement en vue d'éviter des conclusions hâtives qui trahiraient le travail réellement réalisé pour chacune de ces premières éditions.

Mais c'est un fait : tous les films sortant en Ultra HD Blu-ray n'ont pas bénéficié d'un tournage réalisé en 4K ni même de master finalisé en 4K. Et on a beaucoup de mal à penser que les effets spéciaux et le compositing réalisés en 2K pour ces oeuvres seront entièrement refabriqués pour ces nouvelles sorties.

Mais ne l'oublions pas : l'Ultra HD n'est pas du 4K !


Il est évidemment important de rappeler que la seule mention marketing du "4K" sur les futurs boîtiers Ultra HD Blu-ray ne signifie en elle-même pas grand chose. Elle ne garantit absolument rien. Si ce n'est que le film est présenté dans une copie compressée en HEVC et présentée en résolution Ultra HD (3840 x 2160 pixels) avec échantillonnage couleurs 4.2.0.

Nous déplorons l'usage de la notion "4K Ultra HD" sur ces éditions car cette notion se base en elle-même sur une confusion importante. Le 4K n'est pas de l'Ultra HD. Le 4K aurait du être exclusivement employé pour le cinéma numérique et cette notion tend à noyer le consommateur dans la confusion la plus totale en lui offrant la "fausse" certitude que le film a entièrement été réalisé en 4K pour le cinéma. Malheureusement, ce n'est pas le cas et cela ne l'a jamais été véritablement !

Petit rappel : 2K (4.4.4) vs Full-HD (4.2.0) : ce n'est pas même chose !

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Le 2K (avec échantillonnage couleurs 4.4.4) d'un DCI doit être distingué du Full-HD domestique (4.2.0). Non seulement la résolution d'image n'est pas totalement équivalente : 2048 x 1080 pixels vs 1920 x 1080 pixels. Mais les signaux "Cb" "Cr" de chrominance ne sont pas absolument pas encodés de la même façon. Sur nos Blu-ray Disc, ces signaux sont encodés dans une demi résolution verticale et horizontale soit en 960 x 540 pixels seulement. Nos Blu-ray actuels ne présentent donc pas du 1080p (complet). Seul le signal de luminance “Y” est réellement encodé en résolution 1920 x 1080 pixels. On en parle peu souvent, mais cette nuance est importante.

4K (4.4.4) vs UHD (4.2.0) : ce n'est pas la même chose non plus !

De la même manière, l'UHD (de l'Ultra HD Blu-ray) n'est ni 4K ni pleinement UHD dans le sens où l'échantillonnage couleurs 4.2.0 vient supprimer sur les signaux de chrominance la moitié de la résolution horizontale et verticale. Les vidéos Ultra HD 4:2:0 (3840 x 2160 pixels) du nouveau format Ultra HD Blu-ray disposent donc de signaux "Cb" "Cr" de chrominance encodés dans une demi résolution verticale et horizontale soit en 1920 x 1080 pixels (seulement !). Là où le DCI 4K est plein : (4096 x 2160 pixels pour les 3 signaux) !

Chaque édition tirera évidemment profit à bénéficier d'un master source de la plus haute qualité possible et l'utilisation du 4K, sur toute la chaîne de production, sera jugée excellente. Mais l'on peut penser aussi que certains films bénéficiant d'une résolution intermédiaire ne seront pas indignes du nouveau support. Rappelons que nombreux films haut de gamme ont été tournés à l'aide de caméras Arri Alexa au format RAW 2.8K puis sur-échantillonnés en DCP 4K avec des résultats littéralement époustouflants comme SkyFall de Sam Mendes. Et de futures sorties telles que Warcraft tournés en Alexa (RAW 3.4K) le seront tout autant !

Voilà donc toute la complexité du sujet et le flou sur lequel les éditeurs risquent de surfer au détriment du consommateur noyé dans la complexité des différentes chaînes de production numériques.

Signalons que la Fox a fourni des précisions techniques entourant l'édition Ultra HD Blu-ray de Seul sur Mars. Le film de Ridley Scott est un bel exemple d'une production extrêmement hétérogène et complexe. Il a été tourné  à l'aide de caméras Red Epic (RAW 5K) et GoPro Hero 4 (4K 4.2.0) avec un master intermédiaire 2K. Toutefois pour cette nouvelle édition, la Fox confirme qu'un nouveau master a été réalisé à partir d'une combinaison d'éléments 2K upscalés et RAW natifs 5K tirés des caméras Red Epic. Et qu'un nouvel étalonnage des couleurs a été supervisé en 4K, image par image, pour la HDR.

Alors : Vrai ou Fausse 4K dans ce cas précis ? On vous laisse libre d'interprétation.

En attendant que l'ensemble des œuvres bénéficient de toute leur chaîne de production en 4K, vous l'aurez compris :  l'intérêt de ces nouvelles éditions devra être jugé au cas par cas.