Test 4K Ultra HD Blu-ray : Les Griffes de la Nuit (1984)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Nancy, Kris, Quentin, Jesse et Dean habitent Elm Street, au coeur d'une banlieue résidentielle semblable à des milliers d'autres - paisible, proprette et sans histoire... Mais depuis quelques temps, ces cinq jeunes sont hantés chaque nuit par le même cauchemar oppressant : un homme à la voix caverneuse surgit des ténèbres. Vêtu d'un t-shirt rouge et vert lacéré, il dissimule sous un vieux chapeau son visage atrocement brûlé et défiguré.
Test réalisé depuis l'édition Warner (import USA). L'édition au contenu équivalent sort en France le 6 novembre.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
🦋 "Un, deux, Freddy te coupera en deux..."
Quand le soleil disparaît derrière les toits d'Elm Street, l'obscurité qui s’installe n’a rien de rassurant. Elle est vorace, suintante d'une rouille malveillante, imprégnée d’un parfum légèrement écœurant. Les Griffes de la Nuit (1984) ne se contente pas d’être un simple slasher. C’est un cauchemar conscient, une plongée dans les profondeurs où les monstres ne se terrent pas seulement sous les lits. Ils s’enracinent dans les recoins les plus sombres de l’esprit.
Freddy Krueger n’est pas un simple démon né des ténèbres. Il est le produit hideux de notre propre obscurité, une abomination engendrée par la soif de vengeance, par une justice aveugle qui a enfanté un personnage terrifiant. Brûlé vif par les parents vengeurs d’Elm Street, il est revenu, non pas de l'enfer, mais d’un endroit sous-terrain plus improbable : le royaume des rêves. Là, derrière le voile, il règne en maître, un spectre tordu capable de manipuler la réalité, de donner vie à nos peurs les plus profondes, de les tordre et les transformer en instruments de torture.
Son arme, un gant muni de lames acérées, n’est pas un simple instrument de mort. C’est un symbole de sa cruauté infinie, de sa capacité à percer plus profondément que la chair, à lacérer les âmes mêmes de ses victimes. Chaque coup qu’il porte n’est pas seulement mortel. Il est une intrusion, une violation des sanctuaires les plus intimes.
Les Griffes de la Nuit nous enferme dans un univers où l’angoisse est palpable à chaque instant. La photographie, saturée de couleurs criardes et contrastées, tisse une atmosphère oppressante, à la fois hypnotique et suffocante. Les teintes vives hurlent littéralement à l’écran, chaque rouge, chaque vert nous agrippant, nous rappelant que le cauchemar est toujours là, à nos côtés. Et cette musique… lente, dissonante, qui s’insinue sous la peau comme un parasite, qui rampe dans nos esprits pour nous murmurer que le danger est omniprésent, insidieux, prêt à frapper au prochain plan.
Le spectateur est ainsi pris au piège dans un labyrinthe mental où les frontières entre rêve et réalité s'estompent. Chaque porte ouverte, chaque couloir sombre, chaque ombre vacillante menace de révéler la silhouette tordue de Freddy. Et dans cet univers cauchemardesque, la seule certitude qui demeure, c'est que personne n'échappera aux griffes de la nuit.
Qualité Video
Les Griffes de la Nuit (1984) est aujourd'hui un classique incontesté du cinéma d'horreur. Son succès phénoménal contraste avec les modestes moyens dont il disposait à l'origine. Réalisé par Wes Craven, le film a été tourné avec un budget serré, utilisant des caméras Arriflex 35 BL2 et Arriflex 35 III, équipées d'objectifs sphériques. Le tout sur pellicule 35 mm. La première édition Blu-ray, sortie en 2010, proposait le film en 1080p avec un ratio de 1.78:1 et une compression VC-1. Désormais, à l'occasion de son 40e anniversaire, Les Griffes de la Nuit (1984) revient pour la première fois en 4K Ultra HD Blu-ray avec un tout nouveau master supervisé en 4K. Cette édition propose une image en 2160p avec une compression HEVC et l'unique option HDR10. Sur ce support UHD, 61.8 GB d'espace sont réellement mobilisés. Le disque contient deux montages du film : la version cinéma et la version non censurée (+9 secondes).
Le premier changement notable dans cette nouvelle édition 4K réside dans le retour du ratio 1.85:1, avec l'ajout de fines bandes noires horizontales en haut et en bas de l'écran. Il est également important de souligner que le cadrage a été légèrement ajusté, entraînant une légère perte de portions d'images. Ces ajustements, bien que subtils, sont uniquement perceptibles lors d'une comparaison directe avec le précédent master.
Étant donné l'importance de cette œuvre, cette nouvelle édition sera minutieusement analysée et disséquée ici et là. Toutefois, en s'affranchissant des opinions de chacun, il est indéniable que cette version 2024 apporte un gain de définition formel. Ce nouveau master révèle avec plus de finesse les textures des vêtements, tels que le célèbre pull rayé rouge et vert de Freddy Krueger, ainsi que ceux de Nancy et de ses amis. Les coutures, les plis et l'usure des tissus sont rendus avec une précision bien supérieure à celle de l'édition Blu-ray précédente. Cette précision accrue s'étend également aux décors, comme les murs délabrés de la chaufferie infernale ainsi que les façades des maisons typiques, avec leur style classique qui rappelle les banlieues américaines. La chambre de Nancy bénéficie elle-même d'une restitution plus détaillée. On distingue avec netteté tous les petits éléments de décor : la petite table de chevet, son téléphone vintage, ses bibelots et son réveil, ainsi que les photos encadrées. Et même la peluche colorée sur le mur. Ce nouveau transfert marque une réelle évolution sur ce terrain.
La gestion du grain 35mm réveillera de vieux débats réccurents. Il semble évident qu'une attention particulière a été placée dans le contrôle de la densité de ce grain 35mm. Et clairement Les Griffes de la Nuit (1984) s'affiche dans une présentation plus propre, plus clinique qu'autrefois, avec un grain moins apparent. Ceci dit, on ne tombe pas dans un lissage excessif privant le film de son aspect organique. Un grain fin, bien contrôlé, habille en filigrane l'ensemble des images. Celles-ci préservent une identité 35mm qu'on ne peut négliger.
Les Griffes de la Nuit (1984) a toujours exploité le contraste entre le monde réel, lumineux et rassurant, et l'univers onirique, sombre et menaçant, où Freddy Krueger pourchasse ses victimes. Ce contraste est renforcé par l’usage de couleurs vives et saturées pour les scènes diurnes, et de teintes plus froides et sombres pour les scènes nocturnes. L'étalonnage HDR réalisé sur cette nouvelle édition accentue encore cette dichotomie. Les scènes de jour deviennent extrêmement lumineuses et colorées. Des choix audacieux ont été faits pour intensifier les couleurs primaires, en exploitant pleinement les possibilités du Wide Color Gamut.
Le résultat est une palette de couleurs vives, presque choquante par moments : le bleu éclatant de la porte du 1428 Elm Street, les chaises jaunes et oranges des élèves du lycée, les roses rouges lors de la scène de l’enterrement, ou encore les posters fluorescents dans la chambre de Glenn. Et surtout : les effusions de sang sauvages... Tous ces éléments témoignent d’une utilisation généreuse du large gamut. Et en termes d'intensités lumineuses, Warner confirme une signature que l'on a pu identifier sur de précédents classiques revisités en HDR. Les pics de luminosité sont ici très élevés. Les contrastes sont prononcés, les luminaires brillent avec éclat, et les flammes ravageant l’escalier de la maison sont particulièrement intenses sur les scènes finales. Les pics lumineux ont été mesurés à une moyenne de 572 nits, avec un maxCLL de 1480 nits. Pour un classique de 1984, ce sont des valeurs élévées.
Qualité Audio
Freddy est de retour. Et cette fois-ci, dans un remixage Dolby Atmos entendant apporter une nouvelle dimension à l'horreur. C'est évidemment une relecture. Cela manque certainement d'un peu de finesse. Mais les efforts réalisés pour apporter de la modernité à ce mixage doivent être salués. C'est comme si Freddy lui-même avait appris à manipuler le son, à le tordre à sa volonté. Et le résultat reste sympathique.
Dès les premières minutes, on est plongé dans l'ambiance oppressante de la chaufferie infernale. Les bruitages sont habilement répartis dans l'espace. Les pas légers et hésitants de Tina, alors qu'elle court vers son destin funeste, se détachent parfaitement dans l'environnement sonore. Plus tard, la présence maléfique de Freddy vous enveloppera avec efficacité, notamment grâce à l'utilisation astucieuse des canaux supérieurs, qui ajoutent une dimension verticale frappante. Un moment emblématique reste la voix de Freddy surgissant des profondeurs avec un inquiétant : "I'm Here". Sa voix caverneuse résonne d’une façon particulièrement angoissante. Les ambiances nocturnes – le chant des insectes, le souffle du vent, les aboiements lointains – ont été repositionnés pour renforcer le sentiment d'enveloppement. Et bien sûr, les scènes les plus mouvementées ne sont pas en reste : qu'il s'agisse de Nancy dans la baignoire ou de Tina brutalement assassinée dans son sommeil, le mixage Atmos apporte un vent nouveau à l'expérience. Les sonorités électroniques et synthétiques de Charles Bernstein, avec leurs stridences caractéristiques, sont celles qui mettent le plus à contribution les canaux de hauteur. Des effets sonores inédits ont aussi été intégrés, comme le bruit des bulles remontant à la surface de la baignoire lors de la scène iconique avec Nancy. Pour les puristes s'inquiétant de révisionnisme, la présence du mixage mono original disponible en DTS-HD Master Audio 2.0 Mono (1840 kbps) répondra aux différentes attentes.
La VO est restituée en Dolby Atmos (core TrueHD 7.1, 3506 kbps, sous 24-bit). En configuration 7.1.4, nos mesures de la plage dynamique (DR) révèlent une valeur positive de 22. La VFF est en Dolby Digital 1.0 (192 kbps).
Bonus
- 2 pistes de commentaires audio
- Points focus
- 3 fins alternatives
- La maison que Freddy a construite : l'héritage de l'horreur chez New Line
- Ne jamais dormir à nouveau : la création de "Les Griffes de la Nuit"
- Terreurs nocturnes : les origines des cauchemars de Wes Craven
Conclusion
Warner a insufflé une touche de modernité à ce grand classique grâce à un étalonnage HDR audacieux et lumineux, offrant des couleurs vibrantes et saturées tout en exploitant avec maîtrise le gamut étendu. Le même soin a été apporté à la section sonore, avec un remixage Atmos qui modernise et aère le rendu, malgré les contraintes liées aux sonorités de l'époque. Les Griffes de la Nuit (1984) reste un immense classique. C'est une édition logiquement indispensable !