Test Blu-Ray : Vol au Dessus d'un Nid de Coucou
Publié le par la Rédaction
Tiré du roman de Ken Kesey après avoir été adapté en pièce de théâtre, Vol au Dessus d'un Nid de Coucou constitue ce que l'on pourrait nommer une œuvre d'art impérissable.
Récompensé en 1976 par pas moins de cinq oscars, ce film a su associer une histoire à la fois drôle, touchante et dramatique à une interprétation magistrale de Jack Nicholson, alors interné au sein d'un hôpital psychiatrique pour ne plus pouvoir en sortir.
Ce chef d'œuvre vient de sortir en Blu-Ray Disc sur le marché français, une édition signée Warner Home Vidéo.
Cette édition répondra-t-elle pour autant à nos attentes de bons home-cinéphiles ? Voici notre test de Vol au Dessus d'un Nid de Coucou en Blu-Ray Disc.
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG 4 / VC1
Audio : Anglais en DD 5.1, Français, Castillan, Espagnol, Allemand, et Italien en Mono
Sous-titres : Multiples
Bonus : Commentaires audio, Making-Of, Scènes Supprimées, et Bande Annonce
Résumé
Randle McMurphy est prêt à tout pour échapper à la prison, y compris se faire passer pour un malade psychiatrique. L'individu qui aime jouer de son talent d'escroqueur et de sa révolte contre l'autorité, quelle qu'elle soit, va ainsi être interné au sein d'un hôpital en vue que les médecins puissent diagnostiquer l'origine de son pseudo mal-être. Il va ainsi vivre auprès d'une communauté de malades vivant sous l'autorité d'une infirmière au nom de Ratched.
McMurphy par sa joie de vivre et sa singularité au sein de cet hôpital va réaliser ce que l'équipe soignante n'aura jamais réussi : redonner goût à la vie de ces personnes fragiles, un espoir et surtout une conscience.
Mais l'idéalisme de McMurphy se heurte à l'autorité de cette infirmière, une confrontation qui mènera Randle à ne plus être en mesure de quitter cet hôpital.
Analyse
Vol au Dessus d'un Nid de Coucou, au-delà sans doute d'une œuvre sociologique restreinte à l'univers d'un hôpital psychiatrique, environnement analysé par le sociologue Erving Goffman en tant que véritable « institution totale », représente un fervent plaidoyer pour la liberté. Le personnage de McMurphy représente à lui seul effectivement cet idéal, une valeur humaine sublimée et mise en exergue au travers de cette confrontation opposant ce personnage à l'environnement contraignant de cette institution.
Et c'est effectivement une véritable bataille mettant en scène liberté et autorité/contrainte sociale à laquelle on assiste au sein de ce film très justement interprété. Le personnage de McMurphy débarque en effet, dans sa pureté idéale, au sein d'un environnement social aux règles contraires à son éthique. McMurphy découvre en plongeant au sein de cet hôpital psychiatrique un univers cloisonné, une prison pour ainsi dire dont il ne connaît ni la force ni le fonctionnement. L'absence de liberté y est parfaitement camouflée par des règles, des pratiques autoritaires et autres influences sournoises.
Ces dernières sont pourtant pleinement approuvées par ces « citoyens malades ». De nombreux patients sont d'ailleurs hospitalisés selon leur propre volonté, preuve du caractère ambivalent et surtout complexe de cette absence objective de liberté. En acceptant de jouer ce jeu, ces malades psychiatriques se soumettent sans en avoir conscience aux règles sans vie d'une institition où l'on dort chaque jour à la même heure, où l'on absorbe des médicaments en suivant un rituel précis et où l'on exerce un semblant de démocratie par l'intermédiaire de thérapies collectives. La prison dans laquelle ces patients vivent n'en est pourtant pas une à leurs yeux. Une prison existe-t-elle effectivement lorsqu'aucune conscience relative à son existence n'est réalisée ?
McMurphy va pourtant parvenir à réaliser l'exploit en redonnant conscience et vie à ces êtres malades. Il en paiera certes le prix, mais cet idéal de liberté demeurera après lui : preuves en sont l'évasion finale de Grand Chef et la libération du corps et surtout de l'âme de son ami McMurphy.
Vol Au dessus d'un nid de coucou peut ainsi servir de symbole illustrant la confrontation éternelle opposant l'être humain à la société. Ce film met en avant les mécanismes par lesquels se forgent des rapports de domination, en illustre les problématiques et les conséquences au sein de notre vie de tous les jours (mal-être, soumission, peur de l'autre et de sa pensée), et expose, au travers du personnage de McMurphy, une alternative c'est à dire un moyen d'échapper aux pressions, normes et règles inhérentes à notre quotidien.
Qualité Technique
Vidéo
Le transfert VC-1 1080p proposé par l'éditeur pour ce film datant désormais de plusieurs décennies révèle un résultat positif. Le gain proposé par le Blu-Ray en termes de résolution d'image est incontestable. Sur certains passages, l'image bénéficie d'une allure respectable, notamment en termes de profondeur de champ. Ainsi l'escalade du grillage et l'échappée de McMurphy (52 minutes) nous laisse une très bonne impression de netteté. On devient presque capable de lire les plaques d'immatriculation des véhicules en arrière plan.
Sur d'autres passages l'impression de haute définition s'atténue pour laisser place à de nombreux flous sur les arrières plans et une mise au point alternant bon et moins bon. La scène de thérapie collective (15.50) est révélatrice de ce sentiment. Les plans illustrant les patients bénéficient d'une bonne profondeur et d'un niveau de netteté appréciable. Lorsque la caméra toutefois se tourne vers l'infirmière, on assiste alors à une image plus atténuée, beaucoup plus floue. A cette remarque s'ajoute un grain d'époque omniprésent révélant l'ancienneté de cette production. On a donc affaire à une édition qui apporte un vrai plus à ce film d'époque. Malgré tout, il ne s'agira pas d'élire Vol au Dessus d'un Nid de Coucou comme une référence en termes de transfert haute définition.
Audio
Contrairement à ce qu'indique le boîtier de cette édition, c'est bel et bien la version originale qui bénéficie d'une piste Dolby Digital 5.1. Pour le français, il faudra se contenter d'une piste en mono. Que dire sur le plan sonore ? En privilégiant bien évidemment cette piste 5.1, on assiste au mieux à un bon rendu stéréo. Seule une scène parvient à exploiter avec brio nos voies surround à savoir l'escapade et la pêche des internés, une pêche qui se clôturera par la présence remarquée d'hélicoptères redynamisant cet aspect multicanal. Au-delà de ces remarques, on regrette l'absence de piste non compressée et surtout l'insuffisance d'une piste française déclinée seulement en mono. Pour une édition haute définition, certes associée à un film dont l'interprétation et la réalisation relèvent d'une oeuvre quasi théâtrale, cela reste tout de même assez irritant.
Bonus et Conclusion
Commentaire du réalisateur Milos Forman et des Producteurs Michael Douglas et Saul Zaentz
A l'instar d'En Pleine Tempête, Warner déçoit en termes de bonus en proposant un commentaire audio dénué de sous-titrage français. On se demande tout de même l'intérêt en tant que francophone de bénéficier d'une traduction limitée au coréen et de ne rien proposer en langue de Molière.
Making-Of de Vol au Dessus d'un Nid de Coucou (47.28 minutes)
Heureusement, l'éditeur propose un bon making-of. D'une durée approximative de 50 minutes, ce documentaire revient sur les différentes étapes de cette réalisation : l'envoi du livre original au réalisateur Milos Forman, le choix des acteurs et du lieu de tournage (Oregon State Hospital). Ce documentaire met en avant surtout la réelle implication des protagonistes avec en guise d'exemple le témoignage final poignant du scénariste Bo Goldman interprétant à sa manière la signification du personnage de McMurphy.
Scènes Supprimées et Bande Annonce
Un ensemble de sept scènes supprimées du montage final à savoir :
- McMurphy et Dr. Spivey
- Chef Capturé
- Chef Rasé
- Who's the top loony here ?
- McMurphy rencontre Nurse Ratched
- Première thérapie de groupe- A Bunch's a chickens at a pecking party
- Mr McMurphy : Where are your clothes ?
Conclusion :
Classique incontournable, Vol Au Dessus d'un Nid de Coucou constitue une édition Blu-Ray Disc à ne pas manquer. Certes le gain technique n'est pas celui qu'on attendait notamment en termes de prestation audio, mais un tel classique ne peut laisser indifférent et l'image se révèle la meilleure à ce jour proposée pour cette réalisation.