Test 4K Ultra HD Blu-ray : Le Pianiste (2002)

Synopsis

Wladyslaw Szpilman, brillant pianiste juif polonais, échappe à la déportation. Contraint de vivre au coeur du ghetto de Varsovie, il en partage les souffrances, les humiliations et les luttes. Il parvient à s'échapper et à se réfugier dans les ruines de la capitale. Un officier allemand va l'aider et lui permettre de survivre.  
 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

Qualité Vidéo

Palme d'Or au Festival de Cannes, Le Pianiste (2002) a été tourné à l'aide de caméras Arricam au format 35mm. Le tournage avait été épaulé par une post-production numérique qui, malgré son caractère novateur, s'exposait aux limites des technologies des années 2000 ; un travail de post-production certes minitieux mais effectué depuis un master intermédiaire limité à un scan de départ en 1080p. 20 ans plus tard, avec le progrès séismique de la technologie, une belle initiative a été entreprise. Redonner vie à l'oeuvre de Roman Polansky en refondant intégralement la post-production pour développer un tout master 4K flambant neuf de ce film de plus de 20 ans d'âge. Le tout - accrochez-vous - à partir d'un scan en 6K des négatifs 35mm originaux. Une telle avancée a non seulement permis d'exhumer une quantité de détails autrefois submergés, mais a surtout offert à Studiocanal l'occasion de distribuer une présentation réactualisée de cette oeuvre majeure. Et tout cela : sous la supervision du directeur de la photographie de l'époque : Pawel Idelman. Cette "nouvelle post-production" audacieuse a été réalisée en Pologne, où le film a été initialement tourné. Le Pianiste (2002) est ainsi présenté pour la première fois en 2160p, ratio 1.85:1 et avec les deux options HDR10 et Dolby Vision disponibles.

Vos visionnages précédents n'égaleront jamais l'expérience actuelle offerte par l'acquisition de cette édition 4K UHD Blu-ray. Plus qu'une simple mise à niveau, le scan en 6K des négatifs originaux - non montés et conservés en excellent état - révèle une qualité d'image inégalée, aussi éloignée des souvenirs des projections en salle que de l'édition Blu-ray antérieure. Le contraste est tel que peu de superlatifs permettront de décrire le renouveau dont il est question. "Redécouvrir" Le Pianiste dans ces conditions techniques rehaussées est juste extraordinaire. Ce master offre un cadrage plus généreux, révélant davantage d'images dans toutes les directions. La finesse retrouvée est telle que tout est à redécouvrir, qu’il s’agisse des regards profonds et expressifs de Wladyslaw Szpilman, la dévastation des rues de Varsovie par les bombardements, en passant par les riches détails des habits de la costumière Anna B. Sheppard (La liste de Schindler). Et la compression HEVC est sans faille...

Bien sûr, quelques aspects peuvent certainement faire l'objet de discussions, notamment la présence d'effets spéciaux revisités (éléments de compositing, fumées, bâtiments en flamme). Mais certainement pas de quoi crier à un haut scandale de révisionnisme pour autant. Le véritable bémol qui peut venir soulever des débats authentiques réside dans une apparente gestion du grain 35mm dont la densité semble avoir été maintenue sous contrôle et minimisée. Un grain toujours perceptible mais dont la respiration suggère une gestion très contrôlée. Ceci dit, pour la défense de l'éditeur : "Pawel Idelman voulait que le grain soit moins présent dans l'image" (voir le documentaire portant sur la restauration 4K qui est joint à ce vidéo disque). Cette position peut être source de désaccord, mais ceci explique cela.

L'édition est enrichie par un étalonnage HDR authentique. Le film bénéficie pleinement d'une plage dynamique étendue, avec des pics réguliers supérieurs à 400 nits. En outre, les problèmes de surexposition ne sont plus une préoccupation, et les ajustements opérés lors de la nouvelle phase d'étalonnage des couleurs respectent globalement les propositions d'origine. Pour des changements souvent subtils... Le Pianiste (2002) n'offre évidemment pas un terrain de jeu favorable pour des démonstrations de Wide Color Gamut. Aucune explosion de couleurs saturées aujourd'hui et ce n'est pas le propos. Mais on note ici et là l'apparition de touches de couleurs vives, reflétant des instants d'espoir dans le périple héroïque de Szpilman (dont les plantes ornant subtilement les appartements dans lesquels il se réfugie).

Qualité Audio

La bande-son DTS-HD Master Audio 5.1 (16-bit, 1961 kbps) rayonne par sa solide qualité, malgré la modestie qu'impose le matériau originel du film. En effet, la narration est plus axée sur le développement du personnage que sur l'action, donnant lieu à une présentation frontale dominante. Pour autant, le paysage sonore offre tout de même une spatialité généreuse. Les dialogues bénéficient d'une reproduction précise et bien priorisée, tandis que la séparation des canaux fournit un équilibre judicieux, avec des effets hors champ convaincants. Les séquences d'action ainsi que les morceaux de piano se différencient par une solide transparence dans les hautes fréquences (la toute première explosion au studio de radio aura la capacité de vous surprendre). L'activité surround semble limitée, mais s'apprécie lors des principaux moments de conflit : un tank détruit les maisons attenantes où Wladyslaw se cache. Sa mobilisation subtile enrichit souvent la perception des ambiances, étendant le champ sonore de manière convaincante. Le point faible réside certainement dans l'activité du canal de graves, qui n’atteint jamais une profondeur conséquente et reste globalement fort peu actif. Il s'agit d'un mixage sans perte qui laisse tout de même une impression mémorable. La VF demeure également inchangée et reste au format DTS-HD Master Audio 5.1 (16-bit, 1895 kbps).

Bonus

- Autour du Film avec Michel Ciment (32mn01, HD)
- La Restauration et la nouvelle Post-Production (22mn38, HD)
- Bande-annonce (version restaurée)

Conclusion

Probablement l'une des restaurations 4K les plus impressionnantes que nous ayons eu l'occasion d'apprécier en cette année 2023 tant on partait de loin avec le précédent Blu-ray. L'entreprise menée par Studiocanal est juste remarquable, grâce notamment à l'utilisation d'un scan 6K des négatifs originaux qui permet de révéler l'oeuvre jusqu'aux moindres de ses plus fins détails . Et avec une nouvelle post-production de haute qualité, ainsi qu'un étalonnage Dolby Vision qui l'est tout autant, autant dire vous n'avez jamais vu ce film sous de telles conditions. Il reste des éléments discutables mais qui ne devraient pas occulter l'importance du travail réalisé aujourd'hui. Ne manquez pas cette édition UHD. C'est une redécouverte totale.