Test 4K Ultra HD Blu-ray : L'Exorciste (1973)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Regan, une adolescente, présente depuis quelque temps d'étranges symptômes... Après avoir épuisé les solutions médicales, la mère de Regan consulte un prêtre-psychiatre qui est rapidement convaincu que Regan est possédée et que seul un exorcisme pourra la "guérir"...
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
Qualité Vidéo
L'Exorciste (1973) avait été tourné en 35mm à l'aide de caméras Arriflex et Panavision. Pour son 50ème anniversaire célébré en cette année 2023, l'oeuvre culte de William Friedkin a bénéficié d'une remasterisation 4K. Le film débarque en 4K Ultra HD Blu-ray dans cette présentation restaurée en 2160p, ratio 1.85 et avec la technologie HDR10. Cette édition comprend les deux versions du film (Cinéma et Extended Director's Cut), chacune des deux versions occupant un disque UHD de 100 Go de capacité.
Le précédent Blu-ray affichait le film au ratio 1.78:1. L'Exorciste (1973) respecte désormais son ratio original préservé de 1.85:1, ce qui peut rapidement être observé par l'ajout de bandes noires horizontales. Il est pertinent d'insister sur la nature encore disparate de cette présentation. Cette version restaurée en 4K est portée par de très solides séquences. Mais une poignée de plans plus délicats se doit quand même d'être mentionnée. Parmi ceux-ci, on retrouve ces plans larges urbains de Georgetown (à 10mn33) au grain brouillon et à la définition décevante. À cela s'ajoute un plan à 1h39.58 (le message apporté au prêtre dans des extérieurs boisés), ainsi que quelques baisses temporaires de définition lors de la scène cruciale d'exorcisme (à environ 1h46). Une apparition inhabituelle de banding sous la chaleur écrasante du soleil irakien marquera aussi votre attention dans les première scènes. Mais ces premières observations préliminaires ne doivent pas vous faire oublier l'essentiel : pour une grande majorité de scènes, le gain substantiel du niveau de définition est plus qu'appréciable. Avec un grain 35mm bien plus dense et uniforme qu'auparavant. Le nouveau master 4K apporte une vraie valeur ajoutée à cette oeuvre culte. Et cette présentation UHD est soutenue par une compression vidéo nettement plus solide, avec un débit moyen de 77 Mbps mesuré pour la version Director's Cut.
Sans surprise, L'Exorciste (1973) passera sous le microscope d'une multitude de fans dans cette version restaurée. En laissant le soin à d'autres passionnés de compléter cet exercice, on insistera sur l'idée que le nouvel étalonnage des couleurs en HDR offre une perspective nettement distincte des versions précédentes. Il s'illustre par une température de couleur plus chaude, des tons chairs moins ternes et des teintes magentas plus prononcées (avec quelques dérives affectant la neutralité des blancs). On doit aussi insister sur cette utilisation plus que farouche de touches de couleurs vives issues du Wide Color Gamut (ici BT.2020). Prêtez attention aux graphiques CIE que l'on joint désormais à toutes nos chroniques. Pour un film d'horreur des années 70, l'équipe en charge de l'étalonnage n'y est pas allé de main morte. Cette absence totale de timidité s'illustre par la présence de rouges très vifs et qui sont dotés d'un caractère vraiment tape à l'oeil. Les rouges des vêtements sont ainsi mis en relief avec une dimension exacerbée. Les vitraux dans l'église et la bible aperçue lors du rituel tout autant. Les verts (les projections de vomissures, la verdure des jardins environnants) et les bleus (l'haleine glaciale de Regan sous l'emprise du démon) sont eux aussi frappés par une forme d'exubérance.
Et c'est là que résidera notre principale réserve : ces propositions nouvelles en termes de color grading peuvent paraître poussives, comme l'illustrera assez bien une scène problématique avec des fluorescences forcées dans la station de métro vers 18 minutes. Le tout est servi par une plage dynamique plus ostensible elle-aussi. Elle s'illustre par la présence de nombreux pics de luminosité dépassant les 1000 nits et des effets de brillance nettement accrus. Rien que la scène d'ouverture qui se déroule en Irak s'affiche d'emblée très lumineuse tout comme les scènes où la jeune fille effectue plusieurs examens médicaux. Une apparence beaucoup moins sobre qu'autrefois, fortement colorée sur certains passages, qui illustre un étalonnage favorisant des couleurs vibrantes, et qui naturellement fera débat.
Qualité Audio
Ravivant l'horreur de 1973, L'Exorciste se pare d'une nouvelle prouesse sonore avec un remixage méticuleusement pensé au format Dolby Atmos (core TrueHD 7.1, 16-bit, 3451 kbps). Ce nouveau travail de remixage augmente considérablement l'impact de l’œuvre, en sculptant la terreur avec une spatialisation diablement bien pensée. Attention aux âmes sensibles, car les scènes les plus poignantes du film ont été transcendées par une utilisation astucieuse et précise des canaux verticaux. On soulignera la séquence mémorable où Regan, de manière désarticulée, descend les escaliers et où les déplacements de la "créature" utilisent magnifiquement les canaux verticaux pour un effet de surprise vraiment glaçant. Jouissant d'un positionnement sonore méticuleusement structuré, le remixage accentue aussi les sensations d'inconfort avec les premiers bruits inquiétants émanant du grenier. Les scènes d'ouverture en Iraq mobilisent également les canaux 'top frontaux' lors de la récitation des premières prières. Plus impressionnante encore, la scène épique de l’exorcisme avec le déplacement des meubles et la chute d'objets divers dans la chambre à coucher. Quelques exemples sont à découvrir dans la vidéo jointe en reproduction binaurale. Dans l'ensemble, l'utilisation captivante en fond sonore de craquements, gémissements et cris de la jeune fille possédée marqueront votre attention. Tout comme l'étonnante sensation de direction conférée à certains mouvements, en particulier lors de la scène du métro. Ce réajustement Atmos est toutefois réservé à la version originale. Sans surprise, la version française reste en Dolby Digital 5.1 (640 kbps). Mentionnons la présence supplémentaire d'une version originale en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono) qui accompagne le disque UHD contenant la version cinéma.
Bonus
- Film en version UHD cinéma et UHD director's cut (nouveau master)
- Introduction du metteur en scène William Friedkin
- 3 pistes de commentaires audio
- Documentaire making-of en 3 parties
- Au-delà du rationnel : L’Exorciste de William Peter Blatty
- Le Discours du Diable
Conclusion
50 ans déjà pour cette œuvre culte. Cette présentation est loin d'être parfaite (le sera-t-elle d'ailleurs un jour). Mais les atouts indéniables conférés par ce master 4K et ce remixage Atmos (vraiment bien effectué) suffiront à motiver la plupart des Home-Cinéphiles. C'est une mise à jour majeure bien que les nouvelles propositions d'étalonnage pourront de nouveau susciter bien des débats. Avis aux amateurs...