Test 4K Ultra HD Blu-ray : Oppenheimer (2023)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant-général Leslie Groves Jr. nomme le physicien J. Robert Oppenheimer pour travailler sur le projet ultra-secret Manhattan. Oppenheimer et une équipe de scientifiques passent des années à développer et à concevoir la bombe atomique. Leur travail se concrétise le 16 juillet 1945, alors qu'ils assistent à la première explosion nucléaire au monde, changeant à jamais le cours de l'histoire.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
Qualité Vidéo
Défenseur infatigable de la pellicule et du format IMAX, Christopher Nolan poursuit sa croisade pour allier l'excellence à la tradition cinématographique à travers son dernier long-métrage : Oppenheimer (2023). La narration visuelle, rythmée par la symbolique de l'essai Trinity, est sublimée par l'usage combiné de trois supports filmiques principaux : le format large 65mm (5 perforations), l'IMAX (15 perforations), et le Super 35 utilisé par le biais de caméras Arriflex 435. Nolan introduit aussi une nouvelle variante de pellicule IMAX 65mm (B&W), spécialement conçue pour reproduire avec authenticité des séquences en noir et blanc d'une beauté assez stupéfiante. Tout cela en correspondance avec les différentes chronologies couvertes dans ce biopic et la dualité opposant Oppenheimer et son alter ego, Lewis Strauss.
La transition de la pellicule vers les formats numériques, qui a donné lieu à des versions pour le cinéma numérique et aujourd'hui pour le marché domestique, a exigé une attention rigoureuse. Objectif principal : préserver la pureté originelle d'images finalisées avec un étalonnage photochimique à l'ancienne. Pour Oppenheimer, cela a impliqué une numérisation méticuleuse en 8K des négatifs originaux, suivie d'une mise à l'échelle en 4K et d'une phase d'étalonnage chargée de faire correspondre la version numérique finale au tirage analogique de référence. Une démarche minitueuse, qui a nécessité plusieurs mois de travail, pour garantir une expérience visuelle authentique et proche des intentions originelles du metteur en scène qui aime la pellicule par dessus tout. Sur cette édition 4K Ultra HD Blu-ray, Oppenheimer (2023) est présenté en 2160p, avec une alternance de ratio pour les séquences IMAX (1.78:1 et 2.20:1). Le tout avec une compression vidéo HEVC et la technologie HDR10.
Et le résultat est tout simplement époustouflant, particulièrement sur la version 4K Ultra HD Blu-ray. Les capacités supérieures du format UHD, de définition et de compression vidéo, délivrent des résultats aux nets avantages. A commencer par ce niveau de définition prodigieux, révélant une captation analogique hors-norme, dont le scan 8k a permis de restituer le quasi-plein potentiel exploitable. L'édition Blu-ray standard, en dépit de ses mérites, ne parvient pas à maintenir le même degré de netteté, aussi bien dans les gros plans - qui dévoilent avec une sensibilité particulière les traits du scientifique protagoniste - que dans les vastes scènes panoramiques (celles par exemple au coeur du désert de Los Alamos). On note l'influence immédiate des avantages offerts par la version 2160p, qui se manifeste dans la précision des costumes, des coutures, des textures faciales et aussi dans la reproduction de cette granularité argentique toujours très fine sur ce titre. Ici, bien que les textures soient naturellement hétérogènes en raison de la diversité des formats de pellicule utilisés, leur représentation reste fidèle. Oppenheimer dansant notamment avec les atomes dans un ballet de compression plutôt confortable. Atteignant 61 Mbps, la valeur du bitrate moyen reste forte, malgré la durée importante (3h) du long-métrage.
Ceux qui anticipaient de se réjouir face à la splendeur lumineuse d'une explosion nucléaire rendue en HDR devront s'adapter à l'approche nuancée et retenue de Christopher Nolan. Oppenheimer (2023) offre une réflexion nuancée, où les considérations esthétiques supplantent les prouesses techniques absolues. L'intensité des pics lumineux n'est réellement que secondaire sur ce titre. Y compris sur les passages les plus intenses, dont ceux liés à l'essai Trinity. Ces passages explosifs auraient pu se prêter à une forme d'exubérance avec des hautes lumières intensifiées. C'est en tout discutable, surtout au regard des verres teintés utilisés par l'équipe du projet Manhattan pour se protéger d'une déflagration totalement aveuglante. Mais aujourd'hui, la réalité est toute autre : ces passages explosifs brilleront surtout par une forme de retenue lumineuse. Oppenheimer (2023) a été étalonné en HDR avec beaucoup de précaution, avec des valeurs de luminance non outrancières, dans l'optique d'offrir une présentation du film à domicile proche de l'image de référence sur pellicule. La cartographie HDR sur ce titre révèle ainsi une approche conservatrice, avec un maxCLL de 223 nits et une moyenne de pics de luminosité de 164 nits (et oui seulement !). Alors c'est évidemment bien moins élevé que ce que l'on a coutume d'observer. Mais c'est ainsi que cet étalonnage a été réalisé, sur la base d'une approche esthétique délibérée. L'étalonnage a été confié à Kostas Theodosiou de chez Fotokem. Et vu l'importance du projet, rien n'a été laissé au hasard. La gamme de couleurs est délibérément tamisée et désaturée, sélectionnée pour évoquer une époque révolue tout en injectant un sentiment d'immédiateté et une pression intense dans de nombreuses scènes. Des blancs chauds de pellicule se manifestent ainsi que des contrastes magnifiquement vifs et naturels.
Dans Oppenheimer (2023), l'usage du Wide Color Gamut reflète cette même approche mesurée. Pas d'exhibition de couleurs vives issues du gamut étendu aujourd'hui. Ceci dit, quelques exceptions sont à noter. Les interactions entre le personnage principal et Jean Tatlock mettent en relief un usage symbolique. Ces passages explorent non seulement la complexité de leur relation mais utilisent aussi les couleurs incandescentes comme métaphore des tensions idéologiques et des passions cachées. Les nuances chaudes prédominent, avec l'utilisation de rouges et d'oranges qui évoquent tant la proximité que le danger latent des engagements politiques. Et, dans la représentation saisissante de l'essai Trinity qui aboutit à cette explosion à la fois belle, terrible et particulièrement historique, c'est une vague semblable de couleurs intenses et saturées qui submerge l'écran (bien que fort ponctuellement).
Qualité Audio
Le tapage autour de l'absence de format Dolby Atmos peut être vu comme un non-sujet lorsqu'on se penche sur l'expérience sensorielle que ce mixage 5.1 (ici en DTS-HD Master Audio 5.1, 24-bit, 3567 kbps) propose. On mettra l'accent sur la dynamique assez phénoménale et sur l'authenticité des perceptions du physicien J. Robert Oppenheimer, personnage central interprété avec finesse, dont les pensées intérieures et les dilemmes moraux sont exprimés avec une proximité troublante au travers de ces belles représentations sonores. L'approche à la 'première personne', choisie méticuleusement par Nolan au travers de l'écriture même de ce scénario, trouve un écho dans certaines décisions sonores, ce qui confère au film une intimité remarquable. Alors il s'agit d'un film dont les dialogues restent centraux, c'est vrai. Mais l'auditeur est également invité à partager les angoisses et les rêveries du protagoniste dans le souffle même de sa conscience profondément tourmentée. La scène d'ouverture, par exemple, illustre l'excellence de la superposition des éléments. Elle creuse dans les graves, faisant danser les atomes avec un grondement d'une cohésion presque musicale. Les élans d'inspiration qui animeront le protagoniste – puissants - sont eux-mêmes toujours élégamment structurés. Et lorsqu'Oppenheimer prononce son discours triomphal, le bruit des pas martelant les gradins en bois s'apparente à une tempête sonore, à la fois envahissante et pénétrante, grâce à une mobilisation de l'ensemble des canaux et un sentiment d'immédiateté assez bluffant. La partition musicale, loin de se contenter d'un rôle d'accompagnateur, tisse aussi une toile sonore captivante qui éveille elle-même nos sens. Mais c'est sans doute le silence qui offre le grand clou du spectacle. Dans un acte audacieux, caractéristique des œuvres de Nolan, la détonation à Trinity est marquée par une absence criante de son, qui semble étirer le temps et amplifier l'impact de l'onde de choc à l'approche de sa résolution explosive – nous rappelant avec force que dans la maîtrise du silence réside certainement un pouvoir bien grandiose... La VF ne démérite pas, bien qu'elle soit de nouveau proposée, comme toutes les différentes versions doublées existantes pour ce film, en DTS 5.1 (mi-débit).
Contenu
- L’Histoire de notre époque : Le Making of d’Oppenheimer (1h12)
- Innovations cinématographiques : Tourner Oppenheimer en 65mm noir et blanc (8mn22)
- Conférence de presse table ronde : Oppenheimer (34mn47)
- Mettre fin à une guerre : Oppenheimer & la bombe atomique (1h27)
- Bandes-annonces
Conclusion
Oppenheimer (2023) de Christopher Nolan est une exploration cinématique fascinante qui plonge profondément dans la psyché complexe du père de la bombe atomique, J. Robert Oppenheimer. Porté par des performances d'acteurs magistrales, notamment celle de Cillian Murphy, le film se métamorphose en une méditation viscérale sur l'ambition, la culpabilité et le fardeau de la conscience scientifique. Visuellement époustouflant, Nolan manie son art de la narration avec maestria. Bien que parfois alourdie par la densité thématique et un rythme exigent, cette fresque historique demeure une œuvre majeure. Et, pour pleinement apprécier sa démesure visuelle (un tournage IMAX sans réelle concession), la version en 4K Ultra HD Blu-ray constitue un incontournable. Elle magnifie le film grâce à une fidélité d'image et un restitution sonore méticuleuse. Donc hautement recommandé !