Test 4K Ultra HD Blu-ray : Abyss (1989)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Heurté par un objet non identifié, Le Montana, un sous-marin nucléaire, se retrouve sur le rebord d'une faille, à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Pour explorer le bateau coulé, la marine américaine réquisitionne la plate-forme pétrolière expérimentale Deepcore. Quelques techniciens, emmenés par leur chef, ainsi que trois sauveteurs de la marine, partent en reconnaissance au fond des mers, rejoindre l'épave.
Comparaisons intégrant exceptionnellement une source DVD en raison de l'absence de toute précédente édition Blu-ray pour ce film.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
L'œuvre aux attentes les plus profondes !
Jusqu'à ce jour particulier - les synchronicités ont fait que ce test est publié un Vendredi Saint - Abyss (1989) demeurait un trésor caché, un film qui, comme les mystères qu'il renferme, attendait patiemment d'être redécouvert à la lumière de conditions plus nobles que celles d'un vieux master SD. En l'absence de toute précédente édition Blu-ray Disc, les fans d'Abyss (1989) se présentaient comme des pèlerins en quête d'une relique sacrée, espérant un jour pouvoir contempler leur saint Graal dans toute sa gloire restaurée. Longtemps dissimulée aux regards avides de détails fins, cette œuvre majeure reste sans doute l'une des plus intimistes de la carrière de James Cameron, et incontestablement l'une des plus attendues en Blu-ray et 4K Ultra HD Blu-ray de toute l'histoire du Home-Cinéma.
James Cameron, précurseur d'une ère nouvelle dans le cinéma numérique et avant-gardiste avant même la réalisation d'Avatar, avait magistralement utilisé l'élément aquatique comme un miroir métaphorique, révélant certaines vérités profondes sur notre existence, tant à l'échelle individuelle que collective. Sa capacité à nous immerger dans les profondeurs océaniques, à la rencontre de créatures mystérieuses, nous a aussi guidés vers une compréhension plus intime d'un savoir ancestral portant sur l'inconscient, source d'émotion et d'émerveillement, mais exigeant de nous des sacrifices - et un sacré lâcher prise - pour être appréhendé sans peur. À travers le prisme de cette aventure, qui est une histoire d'amour sous fond de menace nucléaire, un couple désuni va s'unir à nouveau, au travers une épreuve aussi abyssale que la mort elle-même, avec tout le mystère qu'elle renferme.
L'attente aura été interminable en tant que'Home-Cinéphile passionné. Elle a mis notre patience à très dure épreuve. Mais la voici : notre chronique d'Abyss (1989) de James Cameron en 4K Ultra HD Blu-ray est accessible dès aujourd'hui.
Une réalisation époustouflante magnifiée par un nouveau scan 4K
Le succès visuel remarquable d'Abyss (1989) est d'abord attribuable aux talents du dessinateur Ron Cobb, un concepteur renommé pour son travail sur des productions majeures telles que "Rencontres du Troisième Type", et qui a été un collaborateur essentiel de James Cameron. L'aspect distinctif d'Abyss (1989) réside aussi dans son cadre aquatique immersif, dans lequel James Cameron parvient à engager pleinement son public, créant une expérience qui semble incroyablement réelle et palpable. Michael Solomon, le directeur de la photographie, a su exploiter de manière exceptionnelle les éclairages artificiels du Deep Core, ainsi que des décors sous-marins atypiques qui font toute l'originalité d'Abyss. L'équipe responsable des effets spéciaux a innové en combinant des techniques d'animation par ordinateur avec des prises de vue réelles pour créer des effets visuels saisissants. Notamment, le pseudopode, ou créature d'eau, qui représente l'un des premiers exemples de personnage entièrement généré par ordinateur dans un long métrage, une prouesse réalisée grâce à l'expertise d'Industrial Light & Magic (ILM). En ce qui concerne le tournage technique, il a bien évidemment été effectué en 35mm, en utilisant des caméras Arriflex 35 BL3 et Arriflex 35-IIC.
Il a été confirmé que cette édition en 4K Ultra HD Blu-ray est bien issue d'un master restauré, élaboré à partir d'éléments préalablement numérisés en 4K. La période précise du début de ces travaux demeure incertaine. Mais ils datent de plusieurs années, comme semblent le confirmer les travaux initiaux d'étalonnage en HDR qui avaient été évoqués dès 2019, impliquant notamment la participation du coloriste Skip Kimball, reconnu pour sa collaboration sur plusieurs films de Cameron, dont "Avatar" et "Alita: Battle Angel". Dans tous les cas, le film est proposé en 2160p, au format 2.39:1, et offre les options HDR10 et Dolby Vision (ici MEL, 10-bit). Les deux versions du film (Cinéma et Edition Spéciale) sont présentes, via l'utilisation de la technologie Seemless Branching. Notre analyse du jour a permis d'évaluer avec précision l'implémentation des technologies Wide Color Gamut (WCG) et HDR sur l'édition 4K UHD américaine, qui sera conforme en tous points à la version française prévue pour fin avril. Le support de cette édition est un disque triple couche de 100 Go, avec 86 Go de données effectivement utilisées. Le taux de compression vidéo atteint une moyenne de 43.000 kbps. Surtout, pour les besoins de ce comparatif illustré, c'est exceptionnellement l'édition DVD française (PAL, MPEG-2) qui sert de point de référence, le film n'ayant jamais fait l'objet d'édition Blu-ray officielle par le passé. Vous vous souvenez du menu principal ?
Face au DVD (faute de mieux) : Un écart abyssal !
En prenant comme référence le DVD Zone 2 (Edition Spéciale), la différence est juste monstrueuse sur toutes les séquences du film. Mais est-ce réellement une surprise ? En l'absence d'alternatives, le contraire aurait été surprenant. Ayant sauté la génération des disques Blu-ray, il est indéniable que l'apport en termes de définition frôle la révolution sur ce titre. Nous ne manipulons plus de disque DVD depuis de nombreuses années, et c'est toujours un choc de s'y replonger. Cette situation met en lumière le privilège de vivre à une époque où, malgré les controverses et certaines imperfections, les technologies modernes nous offrent tout de même la possibilité de redécouvrir les œuvres dans une qualité inégalée, incomparable avec les expériences DVD d'il y a vingt ans. Espérons qu'Abyss (1989) serve au moins d'électrochoc pour ceux et celles qui se contentent encore de versions DVD sur leurs écrans modernes.
Evidemment, les différences sont immenses sur toutes les séquences du film. Et c'est d'autant plus le cas que la source scannée exploitée se révèle de noble qualité. Les plans rapprochés sur les visages d'Ed Harris et de Mary Elizabeth Mastrantonio sont révélés avec une précision inédite. Les nombreux gros plans sur Michael Biehn mettent en évidence une clarté remarquable, détaillant avec une précision extrême des éléments tels que les poils de sa moustache et les gouttes de sueur qui révèlent sa tension. Et évidemment, les plans larges de la plateforme sous-marine Deep Core témoignent du même type de redécouverte. Sans surprise aucune, cette édition marque un avant et un après considérable en termes de qualité d'image. Les séquences à effets spéciaux bénéficient également d'une amélioration de leur netteté et sont fidèlement reproduites. Peut-être à l'exception d'une vue d'ensemble à la surface de l'océan lors de la scène finale, où la structure extraterrestre émerge, et dont le rendu est plus capricieux. Quelques poussières pellicule persistent tout de même, particulièrement sur les scènes finales, notamment sur le plan du pont du Golden Gate avec la vague émergente en arrière-plan. Heureusement, dans l'ensemble, le master exploité reste plutôt propre, sans traces de poussières grossières à déplorer.
Une importante réserve tout de même
Notre principale réserve concerne la réduction notable de la granularité 35mm, ce qui semble être une caractéristique récurrente des restaurations récentes des œuvres de James Cameron. Ce phénomène n'est pas surprenant et il est fort probable qu'Abyss (1989) ait subi une optimisation IA similaire à celle appliquée aux restaurations de Titanic, Avatar et Aliens, avec une même netteté retravaillée et surfaite. Mais tout cela a été opéré sur la base d'éléments scannés en 4K et qui restent de qualité. Et en l'absence d'une version Blu-ray "officielle" antérieure pouvant servir de point de référence, difficile d'évaluer le caractère artificiel avec une totale objectivité. Alors oui, certaines versions HD officieuses du film circulent depuis longtemps, issues de versions diffusées sur des chaînes de télévision. Mais évidemment, on ne s'y aventurera pas... Il est à noter que certains plans rapprochés, notamment ceux de Lindsey aux alentours de 45mn, révèlent une réduction assez agressive du grain, avec un rendu de visage excessivement doux voire lissé. Heureusement, ce n'est pas forcément si récurrent que cela sur ce titre, en tout cas bien moins que sur Aliens, le retour (1986) du même réalisateur. A nouveau, ce sentiment d'être en face une œuvre tournée à la fin des années 80, sur un prestigieux tournage 35mm, reste altérée par cette minimisation visible du grain. Mais l'approche paraît moins scandaleuse sur Abyss (1989). Et face au rendu totalement obsolète du précédent DVD officiel, c'est certainement un compromis que la plupart d'entre vous accepteront, de gré ou de force.
HDR et WCG en usage !
En HDR, Abyss (1989) se distingue par une approche d'étalonnage bénéficiant de bien plus d'amplitude que sur Aliens ou Titanic. Ce film explore des valeurs de luminance un plus plus élevées, avec des pics fréquemment supérieurs à 300 nits et une moyenne de pics lumineux mesurée à 226 nits. Les hautes lumières ont été intensifiées de manière plus audacieuse. Ce qui se traduit par une intensité renouvelée sur les équipements de plongée en eaux profondes, les reflets métalliques et ceux à la surface de l'eau, les lampes frontales et surtout les créatures bioluminescentes sous-marines, qui semblent littérallement briller de l'intérieur. Des modifications significatives ont été apportées à l'optimisation des contrastes et des teintes chair, lesquelles interagissent désormais de façon plus harmonieuse avec l'ambiance froide de l'environnement sous-marin. Les niveaux de noir sont joliment denses et la suppression des affreux magentas poussifs du précédent master SD est également confirmée. Nous insistons également sur une utilisation formelle, concrète et observable de couleurs issues du Wide Color Gamut, et de manière bien plus régulière que dans Titanic et Aliens. C'est particulièrement frappant sur les nuances de bleu-acier et bleu-cyan. Et elles sont dominantes sur ce film.
L'analyse des métadonnées Dolby Vision de niveau 1 pour Abyss (1989) révèle une approche toujours aussi curieuse, avec des métadonnées qui semblent à nouveau "statiques" et un maxCLL fixé à 220 nits pour l'ensemble des plans.
Qualité Audio
Abyss (1989) a bénéficié d'un remixage au format Dolby Atmos, enrichissant considérablement l'expérience à l'écoute. La version originale est proposée avec un core Dolby TrueHD 7.1 (24 bit, 4758 kbps). Ce mixage sonore est particulièrement apprécié pour sa capacité à envelopper le spectateur dans l'atmosphère profonde et énigmatique des fonds marins, où se déroulent de nombreuses scènes d'action captivantes. Dès les premiers instants, avec l'incident de l'USS Montana, un navire nucléaire qui entre en collision avec une paroi rocheuse, le film nous plonge au cœur d'une expérience immersive exceptionnelle. Le travail sur les effets sonores est d'une richesse notable, combinant grincements, crépitements ainsi que des bruits mécaniques et hydrodynamiques pour un réalisme saisissant. Les sons d'eau s'infiltrant dans les compartiments ou de matériel sous pression intensifient régulièrement la tension. En surface, les effets sonores de la tempête, avec des vents violents et des vagues déferlantes, exploitent pleinement les capacités de la scène surround. Le mixage sonore de "The Abyss" a été conçu aussi pour offrir une immersion maximale, avec une musique composée par Alan Silvestri qui joue un rôle essentiel. L'introduction des canaux verticaux additionnels ajoute une dimension supplémentaire, bien que certaines opportunités semblent avoir été manquées, notamment lors des scènes de tempête où les canaux de hauteur restent sous-utilisés. Cependant, la musique d'Alan Silvestri tire pleinement parti de ces canaux supplémentaires. Et des moments notables, incluant l'arrivée des protagonistes en hélicoptère ainsi que plusieurs scènes de manœuvres de véhicules d'exploration sous-marine, parviennent à illustrer une activité bien pensée des canaux supérieurs. En complément, la version française est disponible en format DTS-HD High Resolution 5.1(2046 kbps), ce qui représente un autre segment considérablement mis à niveau aujourd'hui.
Bonus
- 4K UHD et Blu-ray (master 2024) contenant le film dans sa version restaurée en version cinéma (140:16) et Edition Spéciale (1993 -171.01)
- Deep Dive: Une Conversation avec James Cameron (2024)
- L'héritage de The Abyss : entretiens avec l’équipe du film (2024)
- Sous pression : Les coulisses du tournage (Making-of 1993)
- Archives (28 modules)
Conclusion
La quête de perfection ne doit pas voiler l'évidence. Après une période d'attente interminable, il est particulièrement gratifiant de pouvoir expérimenter à nouveau Abyss (1989) de James Cameron, dans une version plus noble qu'un vieillissant DVD. Bien que certaines décisions relatives à la gestion minimisée du grain 35mm nourrissent naturellement des débats, et une certaine retenue (particulièrement de notre part), le résultat final pour "Abyss" ne peut être qualifié pour autant de décevant, et l'importance de la mise à niveau dont il est question aujourd'hui ne peut que difficilement être remise en question. Le contexte géopolitique actuel, qui attribue une pertinence accrue aux thèmes explorés par James Cameron, renforce toute l'urgence de replonger dans ce film magnifique. Bonne redécouverte à toutes et à tous.