Test 4K Ultra HD Blu-ray : True Lies (1994)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Ne dit-on pas qu'un peu de piment stimule l'amour ? Spécialisé dans la lutte anti-terroriste, Harry Tasker travaille pour l'agence américaine `Omega Sector'. Pour sa femme Helen et sa fille Dana, qui ignorent tout de ses activités périlleuses, il est informaticien. C'est avec ses fidèles coéquipiers, Gib et Faisil, qu'il agit dans le monde entier, sous les ordres de l'énergique Spencer Trilby.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

DVD, D-VHS, Blu-ray espagnol et 4K UHD Blu-ray

Plongeons-nous dans le monde audacieux des expériences Home-Cinéphiles, où la frontière entre la restauration authentique et la plaisanterie de mauvais goût est aujourd'hui aussi fragile que l'épaisseur d'une feuille de cigare. Disséquons True Lies (1994), cette pépite des films d'action des années 90, qui à l'image d'une séance de striptease habilement menée par Jamie Lee Curtis, se dévoile enfin dans son édition 4K Ultra HD Blu-ray.

En France, la précédente édition vidéo disque remonte au format DVD. Le film a néanmoins fait l'objet d'un master HD et avait bénéficié d'une sortie au format D-VHS D-Theater en 2003 aux USA, alternative peu connue aux DVD et aux premiers disques Blu-ray pour la consommation de contenus HD à domicile. Une édition Blu-ray (bootleg) officieuse de True Lies a vu le jour en 2020 sur le marché espagnol, offrant l'unique option de redécouvrir l'oeuvre de James Cameron chez soi en haute définition. Cette édition, disponible sur Amazon, était elle-même dérivée de la fameuse D-VHS. Et elle a servi de base au comparatif d'aujourd'hui.

La photographie a été supervisée par Russell Carpenter. Le film a été tourné en 35mm à l'aide de caméras Arriflex et Moviecam Compact. Avec, autre format prestigieux : du VistaVision pour les effets visuels. True Lies (1994) nous est présenté aujourd'hui dans une édition 4K Ultra HD Blu-ray avec une présentation 2160p respectant le ratio original 2.39:1. Le film est offert avec les options HDR10 et Dolby Vision (ici MEL, 10-bit). Un disque UHD-100 a été exploité avec un espace réellement mobilisé de 83.2 GB.

Un scan réellement récent ?

Des incertitudes persistent et nous sommes confrontés à des informations contradictoires concernant la nature exacte et intégrale des travaux réalisés. Nous exprimons, avec tout le respect dû à nos confrères, des réserves quant à certaines déclarations suggérant l'introduction de nouveaux éléments numérisés en résolution 4K. À l'examen, il apparaît que, contrairement aux attentes, aucun nouveau scan ne semble en réalité avoir été réalisé pour cette édition 2024. Il semble bien que nous soyons en présence d'un scan antérieur, datant très probablement d'il y a plusieurs années, ce qui soulève des questions majeures quant à l'authenticité des travaux aujourd'hui réalisés.

Le cadrage présente une grande similitude avec le Blu-ray espagnol, bien qu'il intègre quelques modifications subtiles en termes de géométrie, entraînant aussi une légère perte de portions d'images, particulièrement sur le flanc gauche. Sur cette base de qualité bien discutable, que nous vous invitons à évaluer de vos propres yeux, un effort de restauration a été entrepris. Ce processus a inclus l'élimination des poussières pellicule et l'application - à nouveau - d'une méthode de modernisation maison similaire à celle utilisée pour la mise à niveau de Titanic (1997) et Aliens, le retour (1986). "La Cameron Effect" est encore à action et il convient de noter que True Lies (1994) semble marquer l'apogée des controverses associées à ces pratiques de modernisation IA, engendrant des dommages significatifs et aboutissant à une qualité de présentation qui, il faut le dire sans complaisance, ne se montre pas du tout à la hauteur des attentes associées à une sortie 4K Ultra HD Blu-ray.

A l'écran, des résultats plus que douteux

Le niveau de définition reste passable, semblable à l'édition Blu-ray espagnole, qui n'était ni fondamentalement fâcheuse ni extraordinaire. Et avec une bien meilleure compression vidéo. A ceci près que le grain, pourtant palpable pour ce master HD et à connotation filmique, a une nouvelle fois été drastiquement réduit dans cette présentation 2024, résultant en une image clinico-numérique "presque" totalement aseptisée. Cette réduction drastique du grain a eu un impact notable sur le rendu des visages, lesquels affichent par moments un aspect artificiel, rappelant celui du musée Grévin (de Tom Arnold à Arnold Schwarzenegger, mais pas que). Bien que cet effet ne soit pas constant, et que de nombreuses scènes restent épargnées, l'effet indésirable est suffisamment présent pour altérer l'immersion du spectateur, conférant aux détails faciaux un aspect inorganique facilement perceptible. Tout cela est combiné à quelques anomalies de mise au point, qui combinées à ces traitements numériques et tentatives de suraccentuation de contours, contribuent à une expérience visuelle réellement décevante à nos yeux. 

Un nouvel étalonnage

Tout n'est pas à jeter non plus. Le nouvel étalonnage apporte des corrections notables aux dérives magentas présentes sur le master HD précédent. Bien que les propositions ne soient pas parfaites, elles demeurent acceptables dans leur ensemble. Les contrastes ont été retravaillés, permettant de corriger les zones d'ombres qui apparaissaient obstruées. Cette optimisation apporte plus de profondeur et de détails aux images. Par ailleurs, un ajustement de la température des couleurs a été effectué, favorisant une dominante plus froide et accentuant les tons cyans, ce qui distingue nettement ce rendu de celui du master précédent. L'utilisation de couleurs issues du Wide Color Gamut, particulièrement pour les tons froids mentionnés, a également été confirmée par nos analyses, pour un résultat certainement modernisé.

En abordant le sujet du HDR, il est impératif de souligner les déficiences notables de cette présentation. En effet, les niveaux de noir présentent des incohérences marquées, et cette présentation est affectée par des zones surexposées qui nuisent particulièrement au rendu des flammes, des explosions et des sources de lumière utilisées en intérieur, comme le démontrent les scènes d'ouverture de la réception en Suisse. Nous réitérons notre position selon laquelle un scan moderne et fidèle des négatifs originaux aurait offert certainement une plus grande lattitude à toute cette entreprise. Les mesures effectuées sur les pics lumineux révèlent une approche toujours aussi prudente, avec une moyenne de pics lumineux s'établissant à 221 nits. L'examen des métadonnées Dolby Vision de niveau 1 indique aussi une stratégie similaire à celle observée dans les cas de Titanic et Aliens, caractérisée par des métadonnées qui semblent "statiques", avec un maxCLL fixé à 202 nits pour l'ensemble des plans. C'est un vidéo disque qui multiplie les anomalies selon nous.

Petite parenthèse

Difficile de laisser couler ces pratiques en arguant que personne ne sait réellement à quoi ressemblait le film à l'origine. Non, ces travaux techniques, avec les problèmes engendrés qui sont factuellement observables, sont à des années-lumière de ce qu'ont coutume de proposer des laboratoires rigoureux, respectant la signature argentique des oeuvres tournées en 35mm. Comme en témoignent des centaines de titres passés en revue, ici et ailleurs. En ce qui concerne James Cameron et Disney, l'argument financier ne saurait motiver l'absence de nouveau scan. Et quant à l'éventualité de pellicules 35mm perdues ou endommagées, elle pourrait être envisagée. Mais la récurrence de ce scénario pour les quatre œuvres de Cameron récemment éditées en 4K, relèverait alors d'une coïncidence pour le moins surprenante.

Des efforts ont évidemment été apportés pour tenter de combler les lacunes occasionnées par l'utilisation d'un scan antérieur. Mais faut-il vous rappeler qu'un scan représente la colonne vertébrale de toutes ces rééditions ? Non seulement pour exploiter le potentiel de définition disponible dans ce très noble format qu'est le 35mm. Mais beaucoup l'oublient : pour tirer aussi partie de la dynamique exploitable. Ces films n'ont peut-être pas été pensés originellement pour le HDR. Mais les pellicules qu'on utilisait à l'époque disposait d’une grande plage dynamique, même il y a 30 ans et que seuls de récents scans permettent d'exploiter aujourd'hui à leur plus juste valeur. Faire l'impasse sur cette étape, c'est structurellement mettre en péril la solidité de ces entreprises de restauration et la qualité de ces nouveaux étalonnages. Et cela a évidemment une incidence dans la transmission de ces oeuvres aux générations futures. Qu'on veuille le reconnaître ou non.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : True Lies

Test 4K Ultra HD Blu-ray : True Lies

Test 4K Ultra HD Blu-ray : True Lies

 

Qualité Audio

La section sonore emportera davantage votre adhésion avec une version originale remixée au format Dolby Atmos (5538 kbps, 24-bit) et qui ne manque objectivement pas de qualité. True Lies (1994) est un film emblématique des années 90, réputé pour ses séquences d'action spectaculaires. Ces scènes bénéficient grandement de la spatialisation sonore avancée offerte par le format Atmos. Avec plusieurs moments clés, tels que la poursuite équestre, le sauvetage héroïque par hélicoptère, ou encore l'intense fusillade dans les toilettes. L'activité des canaux verticaux est particulièrement notable, apportant une dimension supplémentaire à plusieurs scènes. Les ricochets et les détonations, quelques mouvements d'hélicoptères, et évidemment la musique originale de Brad Fiedel savent en tirer profit. Une scène se distingue toutefois par son utilisation magistrale des canaux verticaux : il s'agit de l'interrogatoire mené par Harry Tasker (interprété par Arnold Schwarzenegger), qui utilise une voix numérisée pour questionner incognito sa femme, Helen. La transformation vocale de l'acteur est mise en valeur de façon remarquable, exploitant avec brio l'espace sonore supérieur pour un effet qui mérite vraiment d'être souligné. A découvrir pour les plus curieux d'entre vous dans notre vidéo jointe en reproduction binaurale. Pour les amateurs de la version française, celle-ci est proposée en DTS-HD High Resolution Audio 5.1 avec un débit fixe de 2046 kbps. Cette option est cohérente avec toutes les éditions 4K UHD Blu-ray des films de James Cameron disponibles en France le 24 avril.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : True Lies

 
 

Bonus

- La Peur n'est pas une Option : Making of (2024)
- Archives de la production (2024)
- Bande-annonce

Conclusion

Il serait juste de qualifier notre sentiment vis-à-vis de cette édition 4K Ultra HD Blu-ray de True Lies (1994) de profonde déception, une expression qui semble même minimiser notre ressenti. Cette édition amplifie les problématiques déjà observées sur les précédentes restaurations signées James Cameron, offrant des résultats visuels qui nous ont profondément déçus. Compte tenu de l'absence d'une édition Blu-ray antérieure en France, les spectateurs devront se résigner à cette version 2024 malgré des anomalies évidentes.

C'est avec un certain soulagement que nous clôturons notre cycle de critiques consacré aux œuvres cinématographiques de James Cameron, un cycle au cours duquel Abyss (1989) s'en sort objectivement mieux et pour de multiples raisons. Bons films à tous !