Test 4K Ultra HD Blu-ray : Nikita (1990)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Une nuit, le braquage d'une pharmacie se termine en une sanglante tuerie. Nikita est arrêtée et condamnée à vie pour meurtre. Pourtant, elle va avoir une chance de se racheter en signant avec l'Etat un pacte implacable. Après trois ans d'un dur entraînement et une dernière mise à l'épreuve, Nikita retrouve une nouvelle identité et devient un tueur à la solde du gouvernement.
Test effectué depuis l'édition USA (Sony Pictures), issue de la même restauration Gaumont. Cette chronique sera mise à jour dès réception de l'édition française équivalente, s'appuyant sur le même master 4K, et qui sera disponible dans l'hexagone le 25 septembre 2024.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
Qualité Vidéo
En 1990, Luc Besson, réalisateur français en pleine ascension, dévoile "Nikita", un thriller d'action viscéral qui propulse Anne Parillaud au rang d'icône. Loin des clichés habituels, cette œuvre sombre et saisissante nous plongeait dans le destin chaotique d'une jeune femme condamnée pour meurtre, transformée par les services secrets français en machine à tuer impitoyable. Cette oeuvre culte pour de nombreux home-cinéphiles, disponible en édition Blu-ray depuis 2009, revient en 2024 dans une version remasterisée en 4K. Pour cette analyse, nous nous sommes penchés sur l'édition USA (Sony Pictures), d'ores et déjà disponible aux États-Unis, offrant une résolution 2160p, un respect scrupuleux du ratio d'images 2.39:1 et les technologies HDR10 et Dolby Vision (10-bit MEL).
Le chef opérateur Thierry Arbogast, fidèle complice de Luc Besson, a insufflé à Nikita (1990) une identité visuelle unique et saisissante. Tourné en 35mm et utilisant le procédé Technovision, le film se pare d'un format d'image large anamorphique, conférant une profondeur de champ distinctive et une distorsion forte des bords de l'image, accentuant l'intensité des scènes et parfois leur caractère claustrophobe. L'esthétique de Nikita (1990) s'inscrit pleinement dans les codes du cinéma d'action des années 90, marqué par une violence stylisée, une esthétique léchée et un grain 35mm rugueux et omniprésent. La photographie se distingue aussi par un usage fréquent de la contre-plongée, qui met en valeur la force et la détermination de l'héroïne.
D'emblée, on remarque une fluidité accrue dans le défilement des images, un avantage notable pour ce film d'action aux nombreux mouvements dynamiques. L'absence totale de poussières pellicules parasites, un fléau souvent rencontré dans les anciens masters, contribue à une expérience visuelle plus confortable. Si le cadrage, légèrement plus ample que sur le précédent master HD, reste un apport marginal, l'amélioration de la définition d'image est quant à elle bien palpable. Les textures sont plus fines, révélant des détails plus subtils. Les visages de Nikita/Marie/Joséphine gagnent en profondeur et en expressivité, tandis que les plans larges, comme la salle d'entraînement ou l'atmosphère romantique de Venise, s'imprègnent d'une finesse bénéfique. Surtout, aucune tentative de suppression de la texture 35mm n'est à déplorer. Ce grain, loin d'être un défaut, renforce l'impression d'un monde violent et impitoyable, tout en reflétant la nature brute et tumultueuse des émotions de Nikita. Sans artefact grossier ou gênant, l'encodage suit la cadence des images avec un bitrate moyen confortable qui été mesuré à 61.524 kbps.
Malgré une intensité lumineuse maintenue sous contrôle - les pics de luminosité ne dépassent que rarement les 230 nits - l'impact de ce nouvel étalonnage HDR est indéniable. Les hautes lumières gagnent en finesse et en détail, redonnant vie à des zones qui semblaient surexposées sur le Blu-ray précédent. Cette évolution est particulièrement visible sur les lumières traversant les fenêtres de l'appartement de Nikita, la cellule glaciale où elle est enfermée après son procès, et même les reflets sur les peaux ou les phares des véhicules lors de l'évasion finale. Mais cet étalonnage HDR ne se contente pas de simples ajustements. Il s'agit d'une refonte totale de la palette colorimétrique mobilisée, avec des couleurs plus riches et bien plus intenses. La présence fréquente de couleurs vibrantes tirées du Wide Color Gamut, omniprésente dans cette édition 4K, confère un nouveau souffle à l'image. Le bleu électrique de la pharmacie dévalisée par les junkies lors de la scène d'ouverture, par exemple, crée une ambiance irréelle et magnifiquement anxiogène. Les rouges vifs, qui s'étendent à l'écran lors des interventions du "Nettoyeur", tout autant. Pour une ambiance plus opulente encore, il y a aussi le décor luxeux du restaurant et celui de la chambre à Venise, avec leurs boiseries caractéristiques, qui utilisent massivement l'étendue du gamut élargi.
Qualité Audio
La section sonore s'enrichit elle-aussi. D'abord par la présence d'une VF 2.0 DTS-HD Master Audio (sous 16-bit, 1558 kbps). On retrouve aussi une version anglosaxone en DTS-HD Master Audio 5.1 (16-bit, 2112 kbps). La version française principale, et qui a été privilégiée pour l'écriture de cette chronique, reste la version "5.1", également restituée en DTS-HD Master Audio (16-bit, 2252 kbps). Petite parenthèse : l'absence d'activité concrète du canal LFE, confirmée par l'analyse du Waveform, nous amène à qualifier cette piste de "5.0" plutôt que "5.1", ce qui correspond à ce que proposait le précédent Blu-ray français. L'immersion sonore reste correcte, grâce à une reproduction fidèle des dialogues et un placement large et précis de la musique de Serra, qui constitue le point fort de cette section. La scène surround n'est pas inactive. Mais elle se concentre essentiellement sur les notes de la bande-originale. On note tout de même une certaine retenue dans la dynamique globale, et un manque de transparence dans l'éclat des scènes d'action, où les impacts (coups de feu, ricochets, etc.) n'ont pas la même puissance que les oeuvres contemporaines. Il reste crucial de replacer cette piste dans le contexte des années 80-90, car elle vous semblera logiquement moins expansive que les standards actuels.
Bonus
- Aucun bonus pour l'édition USA Sony Pictures.
- L'édition française signée Gaumont proposera :
- Au cœur de Nikita (Making of)
- Nikita tour (tournée du film)
- Bande-annonce
- Interviews exclusives de Anne Parillaud, Tchéky Karyo, Jean-Hugues Anglade, Christophe Vassort (1er assistant réalisateur) et André Labbouz (Directeur technique)
Conclusion
Pour les passionnés de cinéma, Nikita (1990) reste un classique incontesté, une œuvre qui a marqué les esprits par son esthétique affirmée et son récit captivant. Si la section sonore reste fidèle à l'original, cette édition s'adresse avant tout aux home- cinéphiles désireux de revisiter "Nikita" avec un regard neuf. L'effort de restauration est indéniable, et l'impact de cette mise à niveau est appréciable. Plus de finesse, une meilleure gestion des hautes lumières et une utilisation franche du Wide Color Gamut. Certainement un disque indispensable...