Test 4K Ultra HD Blu-ray : Chinatown (1974)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Dans le Los Angeles des années 1930, un détective privé, Jake Gittes, est engagé pour enquêter sur une affaire d'adultère. Au fil de l'enquête, Jake découvre une vaste conspiration impliquant des terres, de l'eau et des secrets sordides. Il se retrouve mêlé à un complot qui implique de puissants personnages du monde politique et des affaires. Face à la corruption et à la violence, Jake doit lutter pour protéger une jeune femme et démasquer la vérité.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
Qualité Vidéo
Véritable pépite du cinéma néo-noir, "Chinatown" réalisé par Roman Polanski en 1974 perpétue avec brio l'héritage des films noirs classiques tout en le réinventant avec une audace et une profondeur remarquables. Couronné par l'Oscar du meilleur scénario original pour Robert Towne, ce long-métrage rend un hommage poignant aux productions sombres et cyniques des années 40 et 50, tout en transcendant les codes du genre avec une intelligence certaine. L'atmosphère ténébreuse, la photographie et les dialogues incisifs : tous les ingrédients du film noir sont réunis, magnifiés par une mise en scène virtuose. Mais c'est surtout dans la construction de personnages complexes et torturés que "Chinatown" se démarque, à l'image du détective Jake Gittes interprété avec brio par un très grand Jack Nicholson.
Le tournage avait été réalisé en 35mm à l'aide de caméras Panavision Panaflex et d'optiques anamorphiques. Le précédent Blu-ray circule depuis 2012. Si l'on parle en 2024 d'une restauration 4K basée sur un scan des négatifs 35mm originaux, sachez que ces travaux semblent avoir été réalisés au cours de l'année 2017, Chinatown (1974) ayant donné lieu à des projections au cinéma dans une version restaurée en 4K dès 2018. Paramount a saisi l'occasion de la célébration du 50ème anniversaire de l'oeuvre de Polanski cette année pour sortir cette première édition 4K Ultra HD Blu-ray. Le film y est restitué en 2160p, ratio 2.35:1 et avec les deux options HDR10 et Dolby Vision (12-bit, FEL).
L'édition Blu-ray précédente de Chinatown (1974), si elle offrait une définition honorable, n'était pas exempte de défauts. Les poussières pellicule et l'instabilité du flux d'images, notamment dans les raccords, nuisait encore à l'expérience. En comparaison à cette dernière, cette version restaurée 4K présente un cadrage et une géométrie remaniés, qui s'illustrent par un étirement horizontal occasionnant une légère perte de portions d'images sur les flancs latéraux. L'amélioration de la définition, bien que subtile, reste palpable. On ne parle pas d'une transformation radicale, mais plutôt d'un raffinement discret qui vient sublimer l'image originale. Surtout, un grain filmique 35mm reste perceptible tout du long, là où il manquait de constance sur le précédent vidéo disque. Paramount semble aussi avoir prêté une attention aux remarques récurrentes portant sur ses lacunes en matière de compression vidéo HEVC (on y reviendra avec "Il était une fois dans l'ouest"). Ici, le travail de compression supervisé reste solide, soutenu par un bitrate plutôt élevé (75 Mbps de moyenne).
L'un des atouts majeurs de Chinatown (1974) réside dans son atmosphère nostalgique, qui donne l'impression d'avoir été tourné dans les années 1930. L'étalonnage a été revu et corrigé et accentue cette impression de glamour hollywoodien. Ces changements notables pourraient susciter des discussions, tant l'aspect rétro est désormais plus prononcé, contrastant avec les précédentes propositions. Les choix s'articulent autour d'une température de couleur plus chaude. Des blancs crèmes et des reflets jaunâtres/solaires s'expriment, évoquant le charme d'un Los Angeles des années 30. Les ciels aux bleus relativement saturés sur le précédent master, sont eux aussi sont impactés par ce virage tout comme les carnations au rendu désormais plus mat, moins rougeâtres. L'apport du Wide Color Gamut (P3) reste relatif sur ce film, une grande majorité de séquences mobilisant des couleurs restant dans l'espace REC.709 standard. A l'exception de touches récurrentes de rouges (les lèvres de l'héroïne glaciale et passionnée incarnée par Faye Dunaway, les cravates) et les couleurs vives issues des néons de Chinatown lors des scènes nocturnes finales. La plage dynamique n’est pas utilisée de manière agressive, mais plutôt comme un subtil embellissement, avec des pics de luminosité contenus et maîtrisés (une moyenne de 179 nits). Cela semble être en phase avec l'esthétique rétro recherchée et l'époque du film.
Qualité Audio
La section sonore récupère un mixage 5.1 Dolby TrueHD (1684 kbps, sous 16-bit) similaire à l'expérience du précédent Blu-ray. Bien que sans véritable effet "wow", cette piste audio demeure solidement construite, avec un soin tout particulier apporté à la restitution des dialogues. Centrés sur le canal central, ces derniers bénéficient d'une parfaite intelligibilité, permettant aux spectateurs de se concentrer pleinement sur la trame narrative. La bande originale signée Jerry Goldsmith vient quant à elle épouser avec justesse les différentes ambiances, avec une sollicitation en surround bien palpable. La présence du canal LFE est clairement en retrait sur ce titre. L'activité surround sait tout de même faire preuve de surprise particulièrement sur les séquences impliquant les violents déferlements d'eau (41mn30) qui surprennent le détective Jake Gittes lors de son enquête. Une VFF et VO monophonique restaurée sont également disponibles, mais sous forme compressée (Dolby Digital 2.0, 224 kbps).
Bonus
- Commentaire audio de Robert Towne et David Fincher (VOST)
- Un état d'esprit : L'Auteur Sam Wasson parle de Chinatown
- Souvenirs de Chinatown
- La Trilogie qui n'existe pas
- Eau et pouvoir
- Chinatown : Un commentaire
- Chinatown : Début et fin
- Chinatown : Le Tournage
- Chinatown : L'Héritage
- Bande-annonce cinéma
Conclusion
Revisiter un classique du cinéma dans des conditions optimales est toujours un plaisir. C'est précisément ce que propose la restauration 4K de "Chinatown", le chef-d'œuvre de Roman Polanski sorti en 1974. Bien que l'amélioration de la définition soit subtile, cette nouvelle édition n'en est pas moins remarquable. Le travail de restauration a permis d'éliminer les traces d'imperfections du passé et le nouvel étalonnage apporte également une touche de glamour et de nostalgie, parfaitement en phase avec l'ambiance des années 30 qui imprègne le film. Un titre indispensable pour les cinéphiles...