Test 4K Ultra HD Blu-ray : Les Dents de la Mer 3 (1983)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
SeaWorld est un nouveau parc d'attractions sous-marines qui a coûté 35 millions de dollars avec en particulier des galeries en plexiglass, un laboratoire immergé d'où l'on peut voir évoluer des dauphins, des phoques et même des requins. L'un deux, de taille gigantesque s'échappe le jour de l'inauguration.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
Jaws 3 : Capté, monté et pensé pour la 3D
L'année 1983 a marqué le début d'une nouvelle ère pour la franchise "Les Dents de la Mer" avec la sortie de "Jaws 3D". Réalisé par Joe Alves, ce troisième volet s'éloigne des étendues océaniques pour plonger dans les bassins artificiels du parc d'attractions de Floride : SeaWorld. L'intrusion d'un grand requin blanc, suivie de sa mère colossale, perturbe l'inauguration du parc et sème le chaos parmi les employés et les visiteurs.
Les Dents de la Mer 3 (1983) représente un tournant significatif dans l'histoire du cinéma, en s'attachant à explorer les possibilités de la 3D relief, alors en voie de renaissance. Le film a été conçu pour tirer pleinement parti des caractéristiques de cette technologie émergente, offrant aux spectateurs une expérience immersive grâce à des séquences où les éléments semblent littéralement jaillir de l'écran. Cette 3D native, impressionnante pour son époque, offrait une sensation de profondeur et de présence sans précédent. Et, malgré les défauts notables de ce troisième opus, Les Dents de la Mer 3 demeure une œuvre audacieuse car à la fois tourné, composé et monté spécifiquement pour la 3D.
Joe Alves a choisi d'utiliser le système ArriVision 3D, qu'il considérait comme supérieur en raison de sa flexibilité et de la diversité des optiques exploitables. Cette technologie employait un adaptateur spécial à double objectif, divisant le cadre de film 35mm en deux, capturant ainsi l'image de l'œil gauche dans la moitié supérieure et celle de l'œil droit dans la moitié inférieure, une technique désignée par le terme "over/under". Bien que ce procédé ait été efficace, il présentait un inconvénient majeur : la résolution de l'image en version 2D était limitée à la moitié du cadre 35mm, se rapprochant davantage des performances d'un film tourné en 16mm.
Qualité Video
Aujourd'hui, Les Dents de la Mer 3 (1983) fait son entrée dans une version restaurée en 4K. Le film est restitué dans son format respecté de 2,39:1, avec un étalonnage HDR10 (sans Dolby Vision) et une compression vidéo HEVC, affichant un débit moyen de 73,2 Mbps. Un disque UHD de 66 Go a été utilisé avec 60,9 Go d'espace réellement mobilisé.
Il est essentiel de souligner le caractère atypique de cette production. Les limitations intrinsèques à cette production 3D ont sans aucun doute représenté un défi pour l'équipe en charge de cette restauration. Des problèmes de mise au point, des phénomènes de ghosting, ainsi que des arrière-plans plus nets que les premiers, exacerbant les effets de relief lors des projections 3D, sont inhérents à cette œuvre. Tous ces éléments doivent être pris en compte pour évaluer la qualité parfois aléatoire de certaines séquences lorsque visionnées en 2D.
Un autre aspect à souligner est la présence rassurante d'un scan récent. Il ne fait aucun doute que cette édition 2024 a été restaurée à partir d'un nouveau scan du négatif original, et non du master HD utilisé pour l'édition Blu-ray précédente. Les observations corroborent cette hypothèse, avec un écart considérable en termes de définition. La fenêtre de scan est manifestement plus généreuse qu'auparavant, et il est difficile de ne pas parler de redécouverte tant la différence est flagrante. D'ailleurs, il est indéniable que le film nous offre des plans esthétiquement réussis dans cette édition 4K, allant des scènes panoramiques du parc aquatique aux gros plans sur Dennis Quaid et Bess Armstrong. Un travail de restauration significatif a été réalisé, entraînant la suppression des nombreuses poussières pellicules qui entachaient l'ancienne copie. Une définition générale bien plus flatteuse est également constatée et le grain reste bien moins grossier qu'autrefois. Certains évoqueront un usage excessif de DNR. Il convient de noter que cette impression reste fortement amplifiée en raison de la comparaison directe des images avec le précédent master. Un grain de film à signature 35mm reste observable sur l'ensemble des images.
L'étalonnage des couleurs est tout à fait satisfaisant. Il se révèle même remarquablement efficace à bien des égards. Les contrastes sont superbement rendus dans une majorité de séquences, et de belles intensités lumineuses sont déployées (avec des pics réguliers dépassant 400 nits et un maxCLL de 1336 nits). L'utilisation régulière du Wide Color Gamut s'exprime pleinement, accompagnant l'environnement coloré de ce parc d'attractions (des vêtements du personnel aux tenues du public) ainsi que les décors sous-marins. On constate également un gain considérable en détails dans les hautes lumières. Le rendu des quelques jeux d'étincelles jaillissantes (une signature du tournage 3D) suffira à l'illustrer.
L'"IA controverse" : S'oriente-t-on vers le "Snack Encounter" ou le "Snack Discount" ?
Abordons désormais l'ombre préoccupante qui plane sur ce tableau enchanteur. L'équipe responsable de la restauration de "Jaws 3" n'a-t-elle pas tenté de dissimuler les limitations intrinsèques du matériel source ? N'est-il pas évident qu'une démarche a été mise en œuvre pour générer artificiellement des informations visuelles manquantes et amplifier le sentiment illusoire de netteté ?
Bien qu'il soit ardu de déterminer avec précision la nature exacte de l'outil employé, il apparaît clairement que des méthodes à base d'amélioration IA ont été mobilisées pour reconstruire de nouveaux détails. Certes de manière cohérente, en s'appuyant sur les motifs et structures de l'image originale et cette approche donne des résultats satisfaisants sur plusieurs séquences. Mais elle a également généré une multitude d'artefacts indésirables. Et dans certains passages, il est indéniable que ces démarches ont abouti à des résultats indignes du support.
Un exemple frappant de ce phénomène est observable dans les plans larges centrés sur la foule. Une analyse minutieuse de plusieurs scènes révèle que les visages des figurants en arrière-plan sont totalement déformés, présentant des traits indistincts et des expressions faciales reconstruites de manière cauchemardesque. Bien sûr, cela peut sembler acceptable à une distance raisonnable de l'écran, dans des configurations standards ou dans un cadre domestique. Cependant, dans une salle de projection dédiée, ou sur un écran de grande diagonale, ces défauts deviennent non seulement évidents mais également très perturbants. Des passages problématiques se présentent également dans les séquences affectées par des problèmes de mise au point liés à la prise de vue en 3D : les premiers plans flous, centrés sur les personnages, associés à des arrière-plans excessivement nets. Les outils utilisés semblent avoir exacerbé ces zones de netteté, avec des résultats plus que problématiques. S'agit-il d'une tentative maladroite de masquer les limitations d'origine du matériel source peu favorable à une présentation UHD ? Ou cette restauration a-t-elle été opérée pour de futures projections 3D du film ? Des interrogations subsistent.
Les opinions divergeront quant à la gravité de ces défauts. Mais si certains soutiennent l'idée que l'intelligence artificielle ne fait qu'affiner des détails existants, que penser alors de ces enseignes en arrière-plan, dont certaines lettres se métamorphosent en temps réel ? Que penser également des tentatives de remodeler certains des effets spéciaux désuètes de l'époque, comme les tunnels de l'Undersea Kingdom et certains plans de la salle de contrôle, avec des traits encore plus grossiers qu'autrefois ?
Qualité Audio
La VO était disponible uniquement en version 2.0 lossless. Universal a pris un tournant audacieux en nous présentant un mixage soigneusement supervisé en Dolby Atmos. Cet effort mérite d'être salué, car les résultats se révèlent convaincants. Des travaux considérables ont été réalisés pour élargir et intensifier l'impression de spatialisation, renforçant ainsi le sentiment d'immersion du spectateur. Cela est particulièrement frappant lors des séquences sous-marines, où les ambiances – telles que les bulles et les mouvements des plongeurs – exploitent habilement les haut-parleurs surround et de hauteur, accentuant cette sensation d'enveloppement. Les scènes de panique de la foule dans la structure subaquatique, accompagnées des cris et de certains effets de sursaut, mettent également en lumière un potentiel dynamique appréciable. Il convient de noter que c'est principalement la musique d'Alan Parker qui se distingue par son utilisation habile des canaux supérieurs. Cette composition, intégrée avec soin, enrichit les moments de tension et amplifie les effets destinés à susciter l'effroi, que ce soit à travers les séquences en contre-plongée sur les skieuses ou les affrontements avec les créatures. Quelques exemples concrets vous sont sont présentés en reproduction binaurale dans la vidéo ci-jointe. Il s'agit d'une piste à core Dolby TrueHD 7.1 (3392 kbps, sous 16-bit). Les versions doublées restent au format Dolby Digital 2.0 (448 kbps).
Bonus
- Le Blu-ray contenant le film en version 2D et 3D
- Bande-annonce
Conclusion
L'édition 4K UHD du film Les Dents de la Mer 3 (1983) présente un mélange d'améliorations notables et de défauts marquants. Une approche objective, prenant du recul face aux polémiques, s'impose. Les Dents de la Mer 3 (1983) est une production initialement conçue pour la 3D, intégrant de nombreuses composantes délicates dues au matériel source. La mise en œuvre d’un nouveau scan, accompagnée d’un remixage en Dolby Atmos et d’un étalonnage des couleurs HDR, contribue de manière significative à la redécouverte de cette œuvre emblématique. Toutefois, les outils déployés pour affiner les détails de l'image ont engendré des effets catastrophiques sur plusieurs séquences, des éléments qu’il est difficile d'ignorer. L'appréciation de cette édition 4K se basera sur votre sensibilité aux défauts ici évoqués.