Test 4K Ultra HD Blu-ray : Little Buddha (1993)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Un vieux moine bouddhiste, venu du royaume himalayen du Bhoutan, initie Jesse, un jeune Américain de Détroit, réincarnation possible d'un lama, à sa religion et sa culture, en lui racontant la légende du Bouddha. Ses parents, Lisa et Dean, acceptent que Jesse parte pour le Bhoutan. Un fascinant parcours initiatique qui mènera Jesse à la cour du prince Siddhartha et à l'aube du Bouddhisme.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

Qualité Video

Little Buddha (1993) de Bernardo Bertolucci a été tourné en utilisant deux formats distincts chargés de différencier les époques traversées. Les scènes contemporaines ont été filmées en 35mm, tandis que les séquences se déroulant dans le passé, illustrant la vie de Siddhartha, ont été tournées en 65mm. Pour cela, des caméras Arriflex équipées d'optiques Technovision et Zeiss 765 ont été mobilisées. En 2022, Cinecitta a restauré le film en 4K avec la supervision du directeur de la photographie. Cette édition Ultra HD Blu-ray inédite en France, signée Rimini Editions, présente le film au ratio 2.00:1, en résolution 2160p et offre les options HDR10 et Dolby Vision (DV MEL, 10-bit).

La fenêtre de scan a été remaniée avec un décalage horizontal, entraînant une perte d'informations non négligeable, particulièrement sur le flanc gauche de l'image. Ce nouveau cadrage nous fait objectivement perdre en informations visibles à l'écran. Ceci dit, toutes les séquences ne sont pas impactées de la même manière et l'apport en matière de définition tend à compenser. Sur d'autres registres, le résultat s'avère satisfaisant et positif à bien des égards. L'image retrouve de la matière, un grain 35mm plus dense. Et le piqué se révèle naturel, sans trace d'accentuation excessive. Le défilement des images est fluide, bien que la compression vidéo manque parfois de stabilité. La respiration du grain sur certains passages (à 24 minutes notamment) semble plus fragile.

En termes d'étalonnage, il faut avant tout remettre l'œuvre dans son contexte. Le directeur de la photographie Vittorio Storaro, qui a supervisé cette restauration, a utilisé la couleur comme un outil puissant pour souligner une dichotomie et transmettre un message sur la différence entre deux cultures. "Little Buddha" s'inscrit dans une dualité thématique et chromatique, explorant le contraste entre l'Orient et l'Occident. Le monde oriental est baigné de teintes chaudes dominées par les rouges, oranges et marrons, tandis que le monde occidental, plus matérialiste, se présente dans des tons froids et décors aseptisés. Cette dichotomie a toujours participé à la création d'une atmosphère distincte pour chaque récit. Elle renforce les thèmes de la spiritualité, du matérialisme et de la quête d'un équilibre progressif qui s'établit entre les deux mondes.

Little Buddha (1993) obéit plus que jamais à cette dualité avec cette version étalonnée en Dolby Vision. Ce qui peut néanmoins interroger, ce sont les nuances drastiques apportées en comparaison aux propositions de l'époque. Les scènes à Seattle par exemple sont encore plus froides qu'auparavant, avec des tons chairs glaciaux. Le rendu de certaines séquences, aux contrastes divergents et aux teintes sensiblement différentes, pose indéniablement question. Au cœur des temples, les noirs autrefois profonds tirent vers le gris, élèvent le niveau du bruit et confèrent un rendu délavé qui ne passe pas inaperçu. Les premières scènes avec les jeunes étudiants tibétains en sont affectées et demeurent bien moins naturelles qu'autrefois. En revanche, le film parvient à tirer avantage d'une utilisation massive du Wide Color Gamut (les rouges des tenues des moines tibétains, les teintes froides du monde occidental). On gagne aussi considérablement en information dans les hautes lumières, là où de nombreuses zones paraissaient surexposées sur le précédent vidéo disque (les reflets du soleil sur les visages, les façades des bâtiments, les tenues blanches traditionnelles lors des scènes de flashback). Des hauts et des bas....

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Little Buddha (1993)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Little Buddha (1993))

 

Qualité Audio

Little Buddha (1993), à travers son mixage sonore, crée une expérience qui reflète la dualité thématique et géographique de son récit. L'univers sonore du film transporte le spectateur entre la vie moderne américaine et le dynamisme spirituel de l'Orient ancien, chaque monde étant caractérisé par une signature sonore distincte. Les scènes ancrées dans le monde occidental se distinguent par un mixage sonore réaliste. Le spectateur est plongé au cœur de l'environnement urbain grâce à une utilisation précise des effets sonores. Les bruits de la circulation, les rumeurs de la ville et autres éléments du quotidien créent une ambiance familière et crédible. L'accent est mis sur la clarté des dialogues, garantissant une compréhension optimale des échanges entre les personnages. En contraste, les scènes se déroulant dans l'Orient se parent d'une aura mystique et spirituelle grâce à une bande sonore riche et envoûtante. La musique, composée par Ryuichi Sakamoto, joue un rôle prépondérant en sublimant les images et en enveloppant le spectateur dans une atmosphère joyeuse, mystique et effervescente. Des chants traditionnels et le son des instruments rituels, renforcent l'authenticité et la dimension spirituelle de ces séquences. Les canaux surround ne sont pas délaissés sur ce film, que ce soit pour les atmosphères (l'orage grondant et la pluie battante à 1h07), les bruits de la circulation (à 59m18) ou les chants et rires des enfants tibétains (à 1h48.20). Le mixage principal, en version originale, est restituée en DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 4209 kbps). S'ajoutent à cela deux pistes VO/VF DTS-HD Master Audio 2.0 (1907 kbps & 2100 kbps).

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Little Buddha (1993)

 
 

Bonus

- Présentation du film (partie 1 - 8’35)
- Présentation du film (partie 2 - 7’08)
- Film annonce
- Comme une fable : entretien avec Piero Spila, critique de cinéma (35’02)
- Être payé pour étudier : entretien avec Gianni Giovagnoni, directeur artistique (19’16)
- Le vrai et le faux : Gianni Giovagnoni commente les photos des décors du film (23’38)

Conclusion

La restauration en 4K de Little Buddha (1993) offre une expérience visuelle revisitée, avec des textures argentiques plus prononcées et une récupération de détails importante dans les hautes lumières. Cependant, l'étalonnage radicalement différent des versions précédentes risque de susciter des réactions contrastées parmi les spectateurs. Même si les améliorations techniques, sur de nombreux registres, restent indéniables.