Test 4K Ultra HD Blu-ray : Body Double (1984)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Après avoir perdu un rôle d'acteur et sa petite amie par la même occasion, Jake prend enfin une pause : il s'offre une maison dans les collines d'Hollywood. Bientôt, il est témoin du meurtre de sa belle voisine. Il décide d'enquêter.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
💋 "Makes you hot, doesn't it ?"
Sorti en 1984, Body Double, thriller érotique de Brian De Palma, nous plonge dans les profondeurs scintillantes et obscènes d'Hollywood, là où les rêves se marchandent au prix fort et où les désirs inavoués se nichent derrière chaque façade ensoleillée. Jake Scully, acteur au chômage, est accablé par une claustrophobie aussi étouffante qu’un corset trop serré. Son existence bascule lorsqu’il devient témoin du meurtre brutal de sa voisine, une beauté envoûtante dont les danses nocturnes l'avaient captivé. Ce crime sordide le propulse dans une enquête tortueuse, tout en le menant au cœur de l’univers sulfureux du cinéma X. C’est là qu’il rencontre Holly Body, actrice au charisme incandescent, dont la sensualité débridée rappelle étrangement celle de la victime.
Brian De Palma, tel un illusionniste virtuose, tisse un récit complexe, mêlant suspense, voyeurisme et obsessions. Il rend hommage aux grands maîtres du cinéma, notamment Alfred Hitchcock, tout en insufflant une délicate touche d’érotisme. Body Double explore les pulsions cachées derrière le vernis de la respectabilité hollywoodienne, exposant une industrie où l’image règne en maître et où les corps se substituent les uns aux autres avec une facilité troublante.
La doublure, fil conducteur du film, devient une métaphore puissante : elle dévoile la superficialité d’un monde où les apparences dominent et où l'identité est aussi malléable qu'un masque de cire. De Palma, en marionnettiste habile, manipule les spectateurs, les entraînant dans un jeu de dupes où les identités se dédoublent et où les apparences sont aussi trompeuses qu’un sourire de vampire en plastique. À travers ce labyrinthe d’illusions, le réalisateur nous met en garde contre l’omnipotence de l’image et sa capacité à déformer la réalité, à nous manipuler et à nous rendre esclaves de nos désirs. Même les plus inavoués...
Body Double, c'est aussi une vision kaléidoscopique d’Hollywood, où les couleurs saturées des années 80 et la texture granuleuse du format 35 mm explosent à l’écran dans une déferlante de sensations. La musique envoûtante de Pino Donaggio, les jeux subtils d’ombre et de lumière, et les mouvements de caméra vertigineux contribuent à créer une ambiance hypnotique et dérangeante. Chaque plan semble conçu pour nous happer dans une danse vertigineuse entre fascination et danger, entre réalité et rêve brisé.
Qualité Video
C'est pour son 40ème anniversaire que l'oeuvre de Brian De Palma débarque pour la première fois au format 4K Ultra HD Blu-ray. Le film a fait l'objet de différentes éditions Blu-ray par le passé à l'international. Les plus célèbres d'entre elles, britannique (Indicator Series) et française (Carlotta), faisant figure - jusque là - de référence. Elles s'appuyaient déjà sur un master restauré en 4K et des débits de compression honorables (35 Mbps de moyenne). L'oeuvre se voit restituée aujourd'hui en 2160p, ratio 1.85:1, avec les deux options HDR10 et Dolby Vision (10-bit MEL).
Selon nos observations, le matériel de base employé reste similaire. Avec très vraisemblablement le même scan des négatifs originaux utilisé pour les précédentes éditions. Le cadrage est proche de l'identique à celui d'il y a une dizaine d'années. Tout cela avec le même ratio 1.85:1 respecté. Ceci dit, les petites poussières pellicule qui entachaîent le précédent master ont été effacées. Et quelques rares plans (dont certains illustrés dans notre vidéo) ont été légèrement recentrés. L'édition UHD récupère toutes les qualités de la précédente génération : une définition irréprochable et un piqué remarquablement ciselé pour une oeuvre de 1984. Tout en enfonçant le clou grâce à une compression HEVC aujourd'hui sans équivoque : un débit moyen de 73 Mbps, sans fausse note grossière et en mesure de restituer cette texture dense et rugueuse du grain 35mm. Car ici, le grain s'affirme, présent et parfaitement transparent, sans adoucissement artificiel.
Les avancées les plus notables de cette édition résident dans le nouvel étalonnage HDR, qui sublime les contrastes et magnifie la photographie de Stephen H. Burum. Ce rendu met en valeur la beauté des actrices (et pas seulement leurs sourires 💧😅), mais aussi les détails de chaque scène, comme lors du célèbre plan-séquence de filature dans le centre commercial. Les extérieurs, baignés de la lumière californienne, capturent la chaleur et l’éclat de la région, tandis que les effets de brillance (comme les bijoux de Gloria ou les reflets sur les carrosseries) se distinguent avec plus d'éclat, sans tomber dans la totale surenchère.
Aucun virage à 180 degrés n’a été entrepris en matière d’étalonnage. On parlera davantage de nuances. La palette de couleurs exploite le gamut étendu de manière fine et réfléchie, par exemple lors des scènes sanglantes, les titres des vidéos X sur les vieux écrans cathodiques ("Holly Does Hollywood"), ou encore dans l’ambiance festive de la scène culte "Relax".
Qualité Audio
Principale nouveauté : le nouveau mixage Dolby Atmos en version originale. D'abord il est important de mentionner qu'il n'efface en rien cette signature caractéristique des années 80, notamment dans le rendu des dialogues. Il ne pousse pas non plus les effets verticaux de façon extravagante. En réalité, ce sont surtout les ambiances qui se retrouvent enrichies. Les scènes en extérieur prennent vie grâce à une multitude de petits détails sonores repositionnés dans l'espace. Le chant des grillons, les ambiances urbaines, et l'echo des bruits de pas de Gloria dans le tunnel. De quoi nous faire ressentir l'acoustique des lieux traversés. La musique, elle aussi, se déploie dans les canaux verticaux, apportant un enveloppement hypnotique lors de moments clés : comme la scène culte musicale ("Relax") et les appels musicaux envoûtants du télescope. Il y a aussi ce passage en contre-plongée lorsque Jack, partiellement enseveli, reçoit de la terre sur son visage à 1h44.09, où la dimension verticale ajoutée au mixage vient renforcer le sentiment de claustrophobie du personnage. Quelques exemples concrets vous sont présentés dans notre vidéo en reproduction binaurale.
La VO est restituée en DTS-HD Master Audio 5.1 et Dolby Atmos (core TrueHD 7.1, 4731 kbps, sous 24-bit). En configuration 7.1.4, nos mesures de la plage dynamique (DR) révèlent une valeur transparente de 24. La VFF est en DTS-HD Master Audio 2.0 mono (1561 kbps, sous 16-bit).
Bonus
- La Séduction
- La Mise en Scène
- Le Mystère
- La Controverse
- 3 interview (Craig Wasson, Brian De Palma, Melanie Griffith)
- Clip de Relax
- Galerie photos
- Bande-annonce
Conclusion
Les fans inconditionnels de l'œuvre de Brian De Palma trouveront dans cette édition 4K Ultra HD Blu-ray la présentation la plus aboutie de ce film. Bien qu'il s'agisse essentiellement d'un affinement par rapport aux précédentes éditions Blu-ray, déjà basées sur un master 4K, les améliorations sont indéniables : compression vidéo optimisée, étalonnage HDR révisé, et un mixage audio en Dolby Atmos qui enrichit l'expérience sonore.