Test 4K Ultra HD Blu-ray : Zodiac (2007)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Zodiac, l'insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco, fut le Jack l'Eventreur de l'Amérique. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, se lanca corps et âmes dans ce qui deviendra, l'enquête de sa vie.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
🕵️♂️🔍 "Dans ce cryptogramme se trouve mon identité."
Dans les rues ensoleillées de San Francisco, un vent glacial souffle. Le mal rôde, invisible et impitoyable. Le Tueur du Zodiaque, spectre masqué, sème la terreur dans la cité dorée. Ses lettres, imprégnées d’encre noire et de menaces cryptiques, défient la police et glacent le sang. David Fincher, maître du suspense, nous entraîne dans un récit qui prend aux tripes, inspiré de faits réels, où l’obsession devient un piège mortel.
Zodiac dépasse le simple récit de crimes sanglants. Le film explore les visages hantés de ceux qui traquent la bête. Enfermés dans un labyrinthe d’indices et de fausses pistes, ces hommes se consument au fil du temps. Robert Graysmith, simple dessinateur de presse, plonge tête baissée dans l’affaire. Les rapports de police, les lettres du Zodiac : tout devient une obsession qui dévore sa vie, puis sa famille. Paul Avery, journaliste brillant mais fragile, est poussé vers l’abîme par les menaces du tueur. Dave Toschi, inspecteur légendaire, voit son aura ternie par l’échec de son enquête. Ces trois hommes, chacun à leur manière, incarnent la fragilité humaine face à l'inconnu, face au mal absolu.
L’atmosphère est suffocante. Dès l’ouverture, Fincher nous emprisonne. Une voiture, des éclats de lumière, et déjà, la tension est palpable. Puis des coups de feu virulents. Et là, c'est l'horreur qui s'installe. La caméra nous place au plus proche du meurtre. C'est terrifiant. La photographie froide et clinique recrée un San Francisco des années 70 d’une précision troublante. On sent presque l’odeur de la pluie sur l’asphalte, le goût amer du café dans les bureaux. La musique, composée par David Shire, discrète mais obsédante, insinue elle-même un malaise constant.
Le mythe du Zodiac incarne une Amérique fracturée. L’euphorie des sixties s’effondre, remplacée par une paranoïa étouffante. Masqué et insaisissable, le Zodiac devient l’ombre d’une époque troublée. Ses messages codés et son symbole mystérieux ont fait de lui une légende. Le film, à l'image de l'enquête réelle, se termine sur une note d'incertitude, laissant le spectateur face à un vide toujours angoissant.
Qualité Video
Zodiac (2007) est disponible depuis peu aux USA dans une édition 4K Ultra HD Blu-ray signée Paramount. Le film est présenté dans une version mise à l'échelle en 2160p avec un nouvel étalonnage couleurs HDR. Les deux options HDR10 et Dolby Vision (DV-FEL, 12-bit) y sont disponibles. Un disque UHD (BD-100) a été exploité, avec 91.7 GB d'espace disque mobilisé.
David Fincher, accompagné du directeur de la photographie Harris Savides, a opté pour une approche visuelle à la fois raffinée et réaliste dans l'optique de restituer l’atmosphère de la baie de San Francisco des années 1960 et 1970. Inspirés par des photographies d’époque et les archives policières liées à l’affaire du Zodiac, ils ont misé sur une authenticité minutieuse. Le film a été tourné à l’aide de la caméra numérique Thomson Viper FilmStream, l'une des pionnières du cinéma numérique, mais limitée à une résolution native de 1080p. Ce choix du numérique, audacieux pour l’époque, a apporté une esthétique hybride : à la croisée d’un reportage d’actualité et du grand cinéma hollywoodien traditionnel. L'absence de grain ajouté en post-production évoque un léger "effet vidéo", que Fincher a jugé pertinent pour illustrer l’aspect journalistique et clinique de l’enquête. Par ailleurs, un étalonnage sophistiqué a permis de doter Zodiac d'une patine vintage rappelant l'ambiance chic des années 1970.
L’arrivée de Zodiac (2007) en 4K Ultra HD Blu-ray invite à une comparaison avec le précédent Blu-ray. Il est important de noter que, compte tenu des limitations techniques de la Viper FilmStream et de ses capacités 1080p, les gains en définition pure sont, par nature, très limités. Le cadrage est totalement identique. Et sur cette édition UHD, si on ressent une certaine fermeté supplémentaire sur ces images, notamment grâce à une compression vidéo optimisée, les différences restent infimes. Même en zoomant sur les détails d'arrière-plans (comme ceux de l’appartement de Robert Graysmith) ou la finesse des costumes, le résultat se rapproche fortement du rendu de l’édition Blu-ray. Ce n’est pas un défaut en soi : cette fidélité au matériel d’origine respecte l’approche créative de Fincher, qui a d'ailleurs résisté à la tentation d’utiliser des outils génératifs à base d'IA pour cette version upscalée.
Le véritable atout de cette édition UHD réside dans son nouvel étalonnage HDR. Cependant, là aussi, il convient de tempérer les attentes. Harris Savides avait, à l’époque, mené des tests poussés pour comprendre les faiblesses de la Viper, notamment en matière de sensibilité à la surexposition, et pour en tirer le maximum. Et ces faiblesses se ressentent au travers cet étalonnage HDR, qui peine à récupérer des informations sensibles dans les hautes lumières. Dans les bureaux du San Francisco Chronicle, les luminaires tubulaires situés au plafond ont attiré notre attention. Sans détails en leur coeur sur l’édition Blu-ray. Ils ont un identique rendu en version HDR. Et l'approche chargée de réhausser les intensités lumineuses est on ne peut plus timide sur ce titre. Même si cela n'enlève rien à l'extraordinaire travail sur les jeux de lumières orchestré par le chef opérateur... En intérieur, les lumières sont souvent tamisées, plutôt douces et diffuses. La moyenne de pics lumineux mesurée à seulement 91 nits s'accorde avec ces propositions. C'est l'une des plus basses mesurées par nos soins. Sachez aussi qu'en proportion, 6% seulement des pics lumineux dépassent les 150 nits sur ce titre.
Là où cette édition 4K UHD sort un peu plus du lot, c’est dans son exploitation du Wide Color Gamut. Les tons chauds et chics des années 1970 (bruns, beiges, orangés) prennent une nouvelle dimension. Les jaunes vifs, notamment ceux du taxi où se déroule l’un des meurtres du Zodiac s'affichent avec une vivacité inédite. Le nouvel étalonnage introduit ici et là des ajustements appréciables dans les contrastes et les teintes chair. L'importance de ces apports devra néanmoins être évaluée en fonction de la perspective de chacun.
Qualité Audio
Peu de changements du point de vue sonore. Le mixage en 5.1 canaux reste similaire à celui des éditions précédentes. David Fincher et le superviseur musical George Drakoulias ont consacré des mois à rechercher des morceaux qui capturent l'esprit de chaque lieu traversé. On y retrouve également des extraits d'émissions de radio et de télévision, créant ainsi une immersion dans l'époque. Ce mixage privilégie le réalisme plutôt que les effets grandiloquents. Ceci dit, il y a quelques passages spectaculaires. L’un des moments les plus marquants se situe lors de la scène du premier meurtre, où les coups de feu, incisifs et percutants (à 4mn50), accrochent l'oreille, apportant une intensité saisissante à l'instant. Intensité qu'on ne retrouvera qu'à deux ou trois reprises par la suite... Toutefois, ce qui captera votre attention, c’est l'approche minutieuse portée à la reconstitution des ambiances sonores. Les bureaux du San Francisco Chronicle particulièrement : le brouhaha des conversations en arrière-plan, le cliquetis des machines à écrire, le son des téléphones ... tous ces éléments contribuent à façonner une ambiance réaliste et immersive. Les canaux surround remplissent également un rôle d'enveloppement qui n'est pas à exclure. Les ambiances faussement paisibles du lac Berryessa, le bruit de la circulation automobile, les gouttes de pluie à 1h09, ou encore l’orage qui gronde à 2h16 pourront retenir votre attention.
La version originale est restituée en Dolby TrueHD 5.1 (24-bit, 3635 kbps). Pas de VF. Pas de STFR sur cette édition importée. L'indicateur de Loudness Range (LRA), désormais privilégié dans nos chroniques dans l'appréciation de la dynamique (Merci Charles), a été mesuré sur Zodiac à 14.6 (LU). Il mesure la variation de l'intensité sonore perçue entre les passages les plus calmes et les plus forts sur l'ensemble du mixage. On mettra en perspective cette valeur au fil des chroniques.
Bonus
- Film en version cinéma (sans VF ni STFR) sur le disque UHD
- 2 disques Blu-ray de l'époque avec bonus
Conclusion
Zodiac (2007), initialement capté en 1080p, n'était pas le choix le plus évident pour une sortie en 4K Ultra HD Blu-ray. Cependant, en prenant en compte le contexte de l'œuvre, il est essentiel de reconnaître les bénéfices et limites de cette nouvelle édition. Les gains en définition et netteté sont minimes, et l'absence d'exubérance en matière de HDR est claire. Néanmoins, cette version UHD propose la plus solide présentation du film de David Fincher, valorisant une photographie et un étalonnage on ne peut plus raffinées. Elle bénéficie également d'une compression vidéo plus avancée et d'une mobilisation de couleurs en Wide Color Gamut, qui sur ce titre, apportent des différences perceptibles. Il faudra de toute façon patienter en France, car malheureusement sur cette édition import, VF et STFR sont aux abonnés absents.