Test 4K Ultra HD Blu-ray : Terminator (1984)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
En 2029, des ordinateurs super puissants dominent la planète et ont pour but l’extermination pure et simple de la race humaine ! Pour anéantir l’avenir de l’homme, ils décident de modifier le passé et pour cela, ils envoient un cyborg indestructible, le Terminator, dans un voyage dans le temps. Sa mission est de tuer Sarah Connor, le femme dont l’enfant à venir deviendra le seul espoir de l’espèce humaine…
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
👀👓 "Hey, What's wrong with this picture ?"
L'année 1984. Le monde vacille sur le fil du rasoir, pris entre les tensions croissantes de la Guerre froide et la peur d'une catastrophe nucléaire. Mais une menace plus insidieuse, émergeant d'un futur dystopique, s'apprête à envahir les écrans : celle d'un monde où les machines règnent sans partage, réduisant l'humanité à l'état de vestige du passé. Dans ce climat d'angoisse existentielle, James Cameron nous offre Terminator (1984), un chef-d'œuvre de la science-fiction qui a transcendé les genres pour devenir une légende de la culture populaire.
Au cœur de cette apocalypse imminente, une figure inoubliable : le Terminator. Interprété par un Arnold Schwarzenegger impérial, ce cyborg mi-homme, mi-machine est l'arme parfaite, incarnation implacable de la technologie déshumanisée. Envoyé du futur pour éliminer Sarah Connor (Linda Hamilton), le Terminator porte sur ses épaules une mission glaçante : tuer celle dont l'enfant, John Connor, deviendra le leader de la résistance. Schwarzenegger, dans un rôle taillé sur mesure, ne joue pas le Terminator, il EST le Terminator. Sa stature imposante, son visage impassible et ses gestes mécaniques ont forgé un antagoniste aussi surnaturel que terrifiant.
Los Angeles, habituellement perçue comme une cité lumineuse et vibrante, se mue ici en un terrain de chasse sombre et oppressant. James Cameron, maître du suspense, transforme la Cité des Anges en un labyrinthe urbain où chaque ruelle sombre, comme chaque silhouette furtive, semble signaler une menace imminente. La bande originale de Brad Fiedel magnifie cette atmosphère suffocante. Son thème principal, à la fois mécanique et mélancolique, résonne tel le battement d’un cœur artificiel, une pulsation obsédante qui amplifie l’urgence et la fascination de l'instant.
Quarante ans après sa sortie, Terminator (1984) n’a surtout rien perdu de sa puissance. Bien au contraire, il résonne avec une acuité troublante. Les avancées de l’intelligence artificielle et de la robotique ont transformé ce qui n’était autrefois qu’une fiction en réalité. Les robots humanoïdes, jadis confinés aux laboratoires, ont désormais un horizon commercial imminent avec Tesla. Et si certains perçoivent ces progrès comme la promesse d’un avenir radieux, d’autres y voient - à raison - une menace bien réelle pour notre espèce. Un sujet d’autant plus pertinent aujourd’hui, avec cette version restaurée de Terminator (1984), qui semble - quand l'IA s'attèle à remodeler le passé - se confronter à ses propres prophéties.
Quelques mots de la restauration
Retour en 2012. Terminator (1984), tourné en 35mm avec des caméras Arriflex, a bénéficié d'un projet de restauration ambitieux mené par Reliance MediaWorks. Ce projet a impliqué un scan en 4K des négatifs originaux et pas moins de 800 heures de travail minutieux, incluant un traitement d’image (Lowry Digital) et une retouche image par image des salissures et dommages du film. Un nouvel étalonnage des couleurs a été effectué par Skip Kimball, collaborateur de James Cameron. De cette restauration est né un intermédiaire numérique 2K, à partir duquel a été tirée la précédente édition Blu-ray.
En 2024, bien que de nouveaux travaux de restauration aient été réalisés, aucun nouveau scan du négatif 35mm original n'a été effectué. De nouveaux efforts ont été engagés sur la base de travail de 2012, cette fois en collaboration avec la société de post-production Park Road, qui avait également travaillé sur les éditions Ultra HD Blu-ray des précédents films de James Cameron. Ces efforts ont abouti à un nouveau master 4K du film, finalisé et approuvé par Cameron lui-même. Un nouvel étalonnage HDR a été supervisé par le coloriste Tashi Trieu, permettant ainsi au film de se présenter en 2160p avec les options HDR10 et Dolby Vision (DV-MEL, 10-bit). Terminator (1984) conserve son ratio original de 1.85:1. Il est restitué sur un disque UHD (BD-100).
Qualité Vidéo
L'histoire se répète. Avec quelques nuances. Les méthodes utilisées par James Cameron pour restaurer Titanic (1997) et Aliens, le retour (1986) sont une fois de plus mises en œuvre. Avec des résultats plus ou moins acceptables selon la tolérance de chacun. L'approbation ne sera chez nous que partielle.
On repart d’un précédent scan ? Cela ne fait aucun doute. À l’exception de quelques rares plans légèrement recentrés, le cadrage reste strictement identique à l’édition Blu-ray précédente. Ce que le home-cinéphile percevra, c’est avant tout une impression de clarté et de netteté renforcée. Mais cette impression est le fruit, en partie, des algorithmes sophistiqués mobilisés par Park Road qui font toujours polémique car mobilisant des outils génératifs. Rien d'étonnant lorsque l'on sait que le réalisateur siège désormais au conseil d'administration de Stability AI. Ouvrant la voie à une utilisation plus large de l'IA à Hollywood... Sur de nombreux plans, le résultat délivre de belles impressions. Le piqué est tranché. Les détails semblent jaillir à l’écran. Les gros plans ne trahissent bien souvent aucun défaut préjudiciable. Ceux sur Sarah, le T-800 ou Kyle nous ont franchement conquis à bien des reprises. Les séquences en slow-motion dans la boîte de nuit Tech Noir se distinguent particulièrement par leur tenue et leur stabilité. Et ces efforts couplés à l'apport de la compression vidéo et des contrastes retravaillés, participent à l'idée d'un "avant et après" qu'on ne peut négliger. On est loin du désastre redouté ? Certainement.
Cependant, le diable se cache dans les détails. Et il serait naïf de céder à un enthousiasme grandiloquent. D'abord, il ressort en filigrane une impression de sur-traitement de l'image dont on n'a pas pu se défaire. L'hyper-netteté des plans serrés sur le commissaire Traxler est frappante et rompt avec le réalisme. Les tenues vestimentaires subissent également cette même dimension sur-aiguisée. Et cela ne s'arrête pas là. Prêtez attention aux petits éléments textuels présents dans les décors ou en arrière-plan dans les rues de Los Angeles, que ce soit de jour ou de nuit, sur les plans larges de la ville. Ici, l'IA a tenté de reconstruire des informations manquantes. Mais que c'est maladroit ! Une autre scène révélatrice est celle de Sarah sur son scooter. Non seulement le visage de l'héroïne apparaît visuellement douteux durant plusieurs secondes, mais des lettres nauséabondes s’incrustent dans le logo même du véhicule avant de disparaître, d’une image à l’autre, témoignant de l’incohérence du processus d'optimisation mobilisé. Et que dire du visage de l’ouvrier à bord de son camion, incrédule face au phénomène lumineux lors de l'arrivée du T-800 ? Il est juste ingrat, particulièrement si vous visionnez le film sur une très grande diagonale ou en vidéoprojection. Alors, oui, ces petits détails, bien que cumulés, ne sont pas toujours évidents à détecter lors d'une lecture en famille, à plusieurs mètres d'un écran de taille moyenne, avec un œil non exercé. C'est indéniable. Cependant, la problématique de fond demeure. Les outils employés pour restaurer un film de l'envergure de Terminator (1984) (on parle de Terminator les gars !!!) — alors même qu'on restaure des œuvres érotiques de seconde zone à partir de scans tout neufs — soulèvent de sérieuses interrogations.
Ouvrons une parenthèse sur la texture 35mm, qui s'avère être le point positif qui se dégage de ces efforts. Elle confère à Terminator (1984) une allure résolument cinématographique. James Cameron a-t-il prêté attention aux critiques qui ont agité la toile depuis le début de l'année ? Semble-t-il avoir cédé sur cet aspect ? En tout cas, la présence de ce grain 35mm (certainement ajouté en post-production) reste réconfortante. Elle enveloppe toute la version restaurée de Terminator (1984) et se présente de manière organique, moins brute que sur le précédent Blu-ray. La texture s'intègre harmonieusement aux images, sans nuire à leur lisibilité. De plus, les débits de compression vidéo apportent une base solide à l'ensemble. Ce sont des éléments appréciables qui participent grandement à l'expérience du jour.
Et l'étalonnage HDR ?
Le nouvel étalonnage des couleurs a suscité de nombreuses discussions. Certains aspects méritent d’être réajustés. Tout d'abord, il est évident que l’étalonnage de référence reste celui de 2012, que l'on retrouvait dans la version SDR du précédent Blu-ray. Le passage au HDR semble impliquer un étirement du signal, accompagné de quelques ajustements. Mais rien de plus ! Les principales propositions observées sur le précédent vidéo disque restent en place, avec des nuances ponctuelles. Les contrastes ont été retravaillés et optimisés, avec une intensification des sources lumineuses : les lampes torches des policiers ont un caractère plus aveuglant, tout comme les phares des véhicules. Les reflets sur les visages apparaissent plus lumineux et marqués. Mais l'approche HDR demeure encore mesurée, sans excès dans les intensités lumineuses. On a mesuré la moyenne des pics lumineux à 182 nits. C'est une tendance qui se confirme sur tous les films remaniés de James Cameron. Surtout, faute de nouveau scan, on récupère très peu d'information dans les hautes lumières. Les explosions massives n'apparaissent pas plus détaillées qu'autrefois.
En revanche, Terminator (1984) profite pleinement d'usages bien pensés du Wide Color Gamut. Sur les couleurs froides (lors des souvenirs de Kyle tirés du futur et les scènes du parking), la verdure des banlieues de Los Angeles et les rouges vifs (les yeux du T-800, le pointeur laser du pistolet Longslide, et les vues subjectives de l'interface de la machine). À noter : l'ajout d'une lame sur le couteau de précision dans la scène où le T800 retire son œil. L'élément a été ajouté numériquement pour plus de cohérence. Il est illustré dans l'une des 33 captures présentes dans notre vidéo.
Qualité Audio
Terminator (1984) est à redécouvrir dans un nouveau mixage supervisé en version originale Dolby Atmos. Cette version constitue une évolution du précédent mixage 5.1, conçue à l'époque aux célébres studios Skywalker Sound. Les nouvelles propositions sonores d'aujourd'hui s'approprient évidemment les canaux de hauteur pour créer une expérience sonore plus engageante que le précédent mixage. Il y a quelques sonorités remaniées et une utilisation plus prononcée du subwoofer, qui ajoute de la profondeur et de l’intensité à de nombreux événements. La piste regorge toujours d'effets surround en tout genre, particulièrement dans le champ de bataille futuriste. Mais en Dolby Atmos, ce ne sont pas seulement les souvenirs de Kyle, lorsqu'il lutte contre les machines dans un paysage de cendres, qui se distinguent. La scène d'introduction en est un bon exemple, car sur ce premier passage, c'est surtout la musique iconique de Brad Fiedel qui s'illustre sur le registre vertical. Mais les choses évoluent et s'animent rapidement. Cela débute surtout lorsque Reese débarque du futur avec le son de l’hélicoptère qui transite au-dessus de Los Angeles et ces éclairs massifs. Là, le placement des effets est brillant. Un peu plus tard, les effets de réverbération des véhicules lors de la poursuite au parking s'illustrent aussi. Tout comme l'echo des souffrances de Sarah lors des scènes finales face au T800 dans l'usine. Ceci dit, il y a quand même quelques occasions manquées dans l'appropriation de la scène verticale. L'arrivée mythique du T800 en 1984 (avec les fameux éclairs aveuglants) reste par exemple très pauvre sur ce registre. Cinq exemples d'appropriation des canaux Atmos vous sont illustrés dans notre vidéo en reproduction binaurale.
La version originale est restituée en Atmos (core TrueHD, 16-bit, 3521 kbps). L'indicateur de Loudness Range (LRA), désormais privilégié dans nos chroniques en tant qu'indicateur de la dynamique, a été mesuré sur Terminator à 20.1 (LU). La VF est présentée en DTS-HD Master Audio 5.1 (2324 kbps, 16-bit). Longtemps demandée par les fans, la version monophonique d'époque est également présente en DTS-HD Master Audio 2.0 (24-bit, 1792 kbps). On vous invite à expérimenter cette version. Brute, authentique... comme dans les souvenirs !
Bonus
- La Création de Terminator : les effets spéciaux & la musique
- Terminator : Au plus près de la réalité
- Force implacable : L’héritage de Terminator
- 7 scènes coupées
Conclusion
Terminator est l'une des franchises les plus emblématiques de tous les temps, et cette édition 4K Ultra HD Blu-ray était attendue au tournant. Notre évaluation reste partagée. Ce n’est pas la catastrophe redoutée – l’expérience est bien meilleure que celle de True Lies. Cependant, ce n’est pas non plus une restauration d'exception, comme certains l’avaient affirmé... ou seulement espéré. Cette édition 4K UHD présente les mêmes limites que les précédentes restaurations supervisées par James Cameron : l'absence de nouveau scan et l’utilisation d'outils d’optimisation en tout genre expliquant cela. Ceci dit, l’amélioration en clarté et netteté, le respect d'une texture 35mm, le remixage en Dolby Atmos, la VF en DTS-HD Master Audio et la présence de la VO mono d'origine constituent des atouts qui devraient largement convaincre les fans d’acquérir cette édition. Malgré ses défauts...