Test 4K Ultra HD Blu-ray : Spider (2002)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Dennis Cleg doit être réinséré dans la société après de nombreuses années passées dans un asile pour malades mentaux criminels. Sous la tutelle de Mme Wilkinson, une femme déterminée qui gère à Londres une pension pour des personnes comme Spider, l'homme agité et marmonnant toujours nerveusement doit retrouver sa place dans la vie. Cependant, le cerveau de Dennis Cleg est rempli de bribes de souvenirs du terrible secret qui a fait de lui ce qu'il est.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

🛍️👚 "C'est l'habit qui fait l'homme, et moins il y a d'homme, plus il faut d'habits."

Le brouillard s’abat sur Londres, un linceul gris et poisseux qui s’accroche aux façades décrépites. L’air, lourd et saturé de murmures d’un passé révolu, semble presque tangible. C’est ici, dans ce ventre putride de la ville, que rampe Dennis Cleg, un homme que l’on surnomme "Spider". Ce sobriquet lui colle à la peau comme une seconde peau, une mue monstrueuse qu’il ne peut se défaire. Il tisse sa toile, non pas avec de la soie, mais avec les fils fragiles et emmêlés de sa mémoire, des fils noués par la folie. David Cronenberg, tel un chirurgien de l’âme, nous ouvre le crâne de cet homme brisé et nous invite à explorer les recoins obscurs de sa psyché.

Le visage blafard de Ralph Fiennes, marqué par des yeux qui semblent flotter dans le vide, incarne Spider avec une intensité dérangeante. Relâché d’un asile psychiatrique après des années d’enfermement, il est déposé dans un foyer sordide, à quelques pas du théâtre de son enfance dévastée. L’Est de Londres devient alors le terrain de jeu macabre de ses souvenirs fragmentés.

Comme un puzzle sanglant, l’histoire de Spider se reconstitue par bribes. Il se souvient du meurtre brutal de sa mère, tuée par son père, qui l’a ensuite remplacée par une prostituée vulgaire, Yvonne. Mais ces visions sont-elles réelles, ou bien le fruit d’un esprit gangrené par la schizophrénie ? Cronenberg s’amuse à brouiller les frontières entre la réalité et la folie, nous piégeant dans la toile labyrinthique de l’esprit du personnage.

Le film est une exploration troublante des thèmes chers à Cronenberg : la psyché humaine comme un champ de bataille, la réalité comme une illusion fragile, et le désir comme un monstre tapi dans l’ombre. Spider est une créature œdipienne, hantée par l’image maternelle, tiraillée entre amour et haine. Miranda Richardson, métamorphe et glaçante, incarne à la fois la mère aimante et la prostituée déchue, illustrant la dualité torturée qui dévore notre héros. Cronenberg ne nous offre pas de réponses faciles, préférant nous laisser prisonniers d’un labyrinthe de souvenirs où réalité et folie s’entrelacent... pour mieux susciter l’angoisse.

Qualité Vidéo

Spider (2002) de David Cronenberg a été tourné en 35mm. Longtemps indisponible au format Blu-ray, le film a bénéficié d'une restauration 4K en 2022 à l'occasion de son 20ème anniversaire. Une version restaurée qui a donné lieu à une première édition Blu-ray Disc de référence signée Sony Pictures sur le marché nord-américain. Deux années ont passé, et Metropolitan propose en exclusivité mondiale une première édition 4K Ultra HD Blu-ray du film. Une édition qui s'appuie sur le même master restauré (depuis un scan 4K des négatifs originaux), avec le bénéfice d'un étalonnage HDR et d'une compression vidéo HEVC. Spider (2002) est restitué au ratio 1.85:1, avec l'unique option HDR10. Un disque BD-100 est sollicité, avec 84.6 GB d'espace mobilisé.

Le cadrage est rigoureusement identique à celui de l'édition Blu-ray de 2022 (Sony Pictures). Les rares poussières pellicule encore visibles, principalement lors du générique d’ouverture, semblent confirmer l’utilisation du même matériel source. Rassurez-vous, ce master 4K, approuvé par David Cronenberg et Peter Suschitzky, se distingue par sa grande propreté tout au long du film, offrant une impression globale très positive. D’abord, le niveau de définition reste d’une qualité souveraine. Une légère amélioration dans la restitution des détails fins est perceptible, que ce soit sur les visages, la saleté des lieux ou les fibres textiles. Les plans serrés sur le visage tourmenté de Dennis Cleg conservent un caractère ciselé et précis. Les scènes dans la salle à manger, modeste et sobrement meublée, affichent un niveau de définition tout aussi satisfaisant. Les plans larges en extérieur, qu’il s’agisse de ceux autour de la brasserie traditionnelle, dans la zone urbaine abandonnée voisine ou à proximité du canal local, ne font d'ailleurs pas exception. L'extrême finesse du grain 35mm sur cette édition soulève naturellement la question d'une potentielle atténuation numérique. Cependant, la texture granuleuse, bien que subtile, demeure perceptible et cohérente tout au long de cette présentation. Cette spécificité peut probablement être attribuée au choix technique des négatifs Super F-400T de Fuji, reconnus pour leur granularité plus fine que d'autres pellicules conventionnelles. Il conviendra surtout de souligner l’apport considérable de la compression HEVC. Là où l'édition Blu-ray montrait des signes de compression visibles, avec des macro-blocs et une respiration capricieuse du grain, cette version UHD s'avère nettement plus satisfaisante. Le bitrate moyen est juste exceptionnel, atteignant les 93.687 kbps selon nos mesures.

Un nouvel étalonnage HDR a été réalisé, reprenant les choix de l'édition précédente, mais avec des ajustements qui ne sont pas sans importance. Spider (2002) n’est pas un long-métrage profondément joyeux. L’atmosphère y est froide, les environnements lugubres et poisseux, et seuls quelques éléments de décor laissent échapper des touches de couleurs vives sporadiques. Dans ce contexte, l’utilisation du Wide Color Gamut demeure très discrète, se manifestant principalement sur des détails comme les verres de table dans les scènes du souper, la devanture de la brasserie locale, ou encore la verdure des jardins ouvriers. En revanche, les contrastes ont été affinés et optimisés. Ceux-ci sont diablement plus soutenus, avec une clarté qui persiste même dans la pénombre environnante. Les sources lumineuses, généralement discrètes, s'illustrent par un réalisme plus saisissant. En HDR, les intensités réhaussées captent l'attention, qu'il s'agisse des lumières du pub, des reflets d'or sur les eaux calmes du canal, ou des éclats plus ou moins chaleureux des luminaires dans la modeste demeure familiale.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Spider (2002)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Spider (2002)

 

Qualité Audio

La redécouverte de Spider (2002) s’effectue à travers un mixage 5.1 proposé en DTS-HD Master Audio (24 bit). Ce dernier adopte un niveau sonore inférieur à la norme habituelle, tout en préservant une dynamique intacte. Sobriété et précision définissent cette piste, principalement focalisée sur la scène frontale. Cependant, des éléments sonores discrets s’en extraient habilement, comme l’ambiance de la gare en ouverture, le murmure de la pluie londonienne ou encore les bavardages d'arrière-plan dans la brasserie. La spatialisation, subtilement maîtrisée, s’appuie ponctuellement sur les canaux surround pour enrichir l’immersion sonore. On le remarque dans des petits détails : les bruits de pas qui résonnent dans la maison de transition, les coups frappés à la porte de la chambre du protagoniste, les cris des patients dans l'établissement psychiatrique. Ce mixage, à la fois mesuré et efficace, soutient admirablement l’atmosphère minimaliste et introspective du film.

La version originale est restituée en DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 3838 kbps). L'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré sur Spider à 21 (LU). La VF est proposée dans un format équivalent DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 3876 kbps).

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Spider (2002)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Spider (2002)

 
 

Bonus

- Commentaire audio de David Cronenberg
- Interview de David Cronenberg et des acteurs
- Court métrage : "Caméra" David Cronenberg
- Anatomie d'une scène
- Master class de Dav
- Bandes-annonces

Conclusion

Cette exclusivité mondiale signée Metropolitan ne vous décevra pas. Spider (2002) jouit ici de sa plus belle présentation vidéo, tout format confondu, mobilisant un master 4K d'une grande propreté, appuyé aujourd'hui par un nouvel étalonnage HDR authentique et une compression vidéo de très haute tenue. Une noble redécouverte.