Test 4K Ultra HD Blu-ray : Willow (1988)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Il était une fois un royaume peuplé de petits habitants appelés les Nelwyns. Ce peuple paisible était dominé de temps immémorial par les Daikinis, gens de grand taille gouvernés par la cruelle reine Bavmorda. Or il advint qu'un prophète annonçât la naissance d'une princesse appelée à détrôner Bavmorda. La terrible reine ordonna alors de tuer céans tous les nouveau-nés du royaume. Elora échappa au massacre et ce fut Willow, un jeune Nelwyn féru de magie, qui la recueillit. Mais Bavmorda n'avait pas dit son dernier mot...
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
✨☝️🌰 « Alors, le pouvoir de dominer le monde… se trouve dans quel doigt ? »
Souvenez-vous, enfants des années 80. Ces samedis après-midi pluvieux où, blottis dans le salon, on écoutait le ronronnement familier du magnétoscope. Ces moments où l’écran cathodique devenait une fenêtre sur des mondes fantastiques, peuplés de créatures étranges et fascinantes. Willow (1988), c’était ça. Un conte de fées sombre et enchanteur, empreint de magie et de mystère, qui a marqué à jamais l’imaginaire de toute une génération.
L’histoire, aussi limpide qu’une comptine, nous emmène dans un univers en proie aux ténèbres. Une prophétie annonce la naissance d’une enfant, Elora Danan, promise à renverser la cruelle reine Bavmorda. Cette dernière, incarnation parfaite de la sorcière de nos pires cauchemars, décide de traquer l’enfant pour empêcher son funeste destin. C’est alors qu’apparaît Willow Ufgood, un Nelwyn, nain rêveur et paisible. C'est un apprenti sorcier maladroit. Mais il est doté d'un grand coeur.
À l’instar de Frodon dans Le Seigneur des Anneaux, Willow se retrouve malgré lui au cœur d’une quête périlleuse : protéger Elora et la mener à bon port. Pour accomplir cette mission, il fait équipe avec Madmartigan, un guerrier cynique et désabusé, dont l’âme héroïque finit par éclater au grand jour. Ensemble, ils forment un duo improbable, oscillant entre moments drôles et émouvants, qui confère à l’aventure une humanité touchante.
Sous la direction de Ron Howard et l’influence visionnaire de George Lucas, Willow (1988) déploie une ambiance singulière. Sombre, certes, mais illuminée par des touches d’humour décalé, typiques des productions Lucasfilm de l’époque. On rit, on tremble, on s’émerveille devant des effets spéciaux audacieux et des personnages hauts en couleur qui sont devenus des icônes. Et que dire de la partition de James Horner ? Grandiose et inoubliable, elle élève chaque scène en une symphonie d’émotions.
Mais avant tout, Willow, c’est cette magie omniprésente. Celle des sorts maladroits du protagoniste, pleins de promesses et de surprises. Celle, terrifiante, de Bavmorda, qui transforme des hommes en porcs et des paysages en cauchemars. Et celle des prophéties énigmatiques, guidant les héros dans un monde où le bien et le mal s’affrontent dans un duel d’enchantements. Cette magie est le cœur battant du film, tangible, presque palpable, et ancre Willow dans un univers aussi dangereux que fascinant. En fin de compte, Willow (1988) nous rappelle l’essence même des contes, porteurs d'un nouvel espoir. Pas de Force ici, mais un flux subtil qui insuffle au plus petit des héros le courage d'embrasser son destin. « La magie est le système sanguin de l'univers ! Oubliez ce que vous savez ou croyez savoir. Tout ce qu'il vous faut, c'est votre intuition. »
Qualité Vidéo
Willow (1988) est le fruit d'un tournage opéré en 35mm à l'aide de caméras Panavision Panaflex Gold II équipées d'optiques anamorphiques. Le film s'est imposé comme une référence en matière d'effets visuels pour l'époque, mélangeant des effets pratiques et numériques pour créer un monde féérique et crédible. Le film utilise de nombreux matte paintings (le château de Kir Asleen, la salle du trône, divers paysages), de l'animation en stop-motion (le terrifiant dragon à deux têtes), du morphing numérique (la métamorphose de la sorcière Fin Raziel) couplée à des techniques traditionnelles (la rétroprojection pour intégrer des personnages dans des décors miniatures). Le précédent Blu-ray de 2013 avait forte réputation. Il était tiré d'un master restauré en 4K. Depuis novembre 2022, le film est distribué sur Disney+ dans une version 2160p Dolby Vision. Pour cette édition 4K Ultra HD Blu-ray de décembre 2024, Willow (1988) débarque dans une version similaire à celle distribuée sur Disney+. On y retrouve une présentation en 2160p, ratio 2.39:1, et avec les deux options HDR10 et Dolby Vision (ici 12-bit FEL).
Lucasfilm s’est appuyé sur le même scan 4K utilisé pour le précédent Blu-ray, mais avec des ajustements notables, des améliorations subtiles et un nouvel étalonnage qui enrichit considérablement l’expérience visuelle. Ceux qui possèdent l’édition Blu-ray précédente remarqueront un cadrage légèrement remanié, avec un décalage à la fois horizontal et vertical. Aucune perte de portions d'images n’est à déplorer, et l’on gagne principalement sur les bords inférieur et droit de l’écran. Les rares poussières pellicules visibles sur le master précédent sont toujours présentes, aux mêmes emplacements. Cependant, certains plans ont fait l’objet d’un travail d'optimisation (avec de l'IA ? on ne sait pas...), en particulier ceux affectés par un flou notable sur l’ancienne édition. Ces ajustements sont clairement perceptibles dans la séquence nocturne en matte painting à 23mn48 (le château de Tir Asleen), où le flou initial n'est plus d'actualité. Un autre exemple marquant se situe à 1h22:16, lors de la scène où Madmartigan, Sorsha et Willow traversent un paysage montagneux enneigé à cheval. Le plan (ici dans notre vidéo) très mollasson sur le Blu-ray, bénéficie d'une netteté renforcée (et on observe même quelques artefacts de netteté sur ce plan précis, mais passons...). Cette observation, non critique, souligne simplement que cette présentation 2024 ne se limite pas à une simple transposition UHD de la version Blu-ray précédente. Il y a eu quelques optimisations localisées.
Rassurez-vous, chers apprentis sorciers ! Disney nous surprend agréablement avec un transfert qui reste fidèle à la source, sans recourir à un DNR excessif ni à des améliorations globales controversées. Les nouvelles restent même positives aujourd'hui. Alors certes, aucun nouveau scan n’a été effectué, mais l’addition du niveau de définition supérieur, de la compression HEVC et du nouvel étalonnage tend à offrir une véritable mise à niveau, loin d’être anecdotique. En termes de définition, l’amélioration reste (c'est vrai) très relative. Les plans serrés sur les visages de Willow et du bébé apparaissent plus fermes. Les panoramas majestueux, mélanges savant de paysages naturels et de Matte Paintings, ne gagnent que subtilement en netteté. Mais ce qui saute bien plus aux yeux, c’est le respect total de la texture 35mm. Le grain a été préservé. Il respire avec plus de rigueur que sur l’édition précédente. Insistons sur ce point : sans tentative d’atténuation. La compression HEVC contribue grandement à la supériorité de cette présentation, même si l’on peut regretter que Disney n’ait pas opté pour un disque BD-100 afin de pousser davantage les valeurs de bitrate.
Passons maintenant à l'élément clé de cette présentation : le nouvel étalonnage des couleurs HDR. C’est là que se manifestent les différences les plus marquées, et elles ne sont pas anodines. Les contrastes ont été soigneusement retravaillés, avec des noirs profonds et des hautes lumières relevées. Les ciels, les surfaces enneigées et les reflets lumineux gagnent en intensité, apportant de l'éclat et des contrastes renforcés. Les fées, brillantes comme des lucioles, lors de la rencontre entre Willow et Cherlindrea dans la forêt enchantée, sont saisissantes en HDR, créant une atmosphère onirique d'une grande élégance. Les blancs, autrefois laiteux, sont plus intenses, plus brillants que sur la version précédente. Y compris sur les tissus. Cependant, peu d’informations sont récupérées dans les zones les plus lumineuses. Vous l'observerez lors de la séquence de la luge sous la neige, sur les flammes et les flux spectraux magiques. Les surfaces et éléments lumineux n'apparaissent pas plus détaillés qu'auparavant malgré le HDR. Tout cela se déroule d'ailleurs dans un cadre où les intensités lumineuses n’ont pas été poussées extraordinairement haut, avec une moyenne des pics lumineux mesurée à seulement 159 nits. L’usage du Wide Color Gamut, bien que ponctuel, reste efficace, notamment dans le village des Nelwyns, niché dans une vallée verdoyante, entourée de rivières et de collines, où les verts ressortent avec une vivacité remarquable. De même, l’aura bleutée de la baguette du petit sorcier lançant ses premiers sortilèges ("Ocht veth bordak stira") et les flammes dévorant la reine Bavmorda lors de la confrontation finale, mobilisent significativement le gamut étendu.
Ce n’est donc pas la mise à niveau la plus impressionnante de l'année, mais Disney semble avoir tiré le meilleur parti d'un master d'époque de qualité, tout en restant fidèle à la signature 35mm de l'oeuvre. Et pour une production Lucasfilm (après les polémiques de la version UHD truffée de DNR d'American Graffiti), c'est plutôt rassurant pour les fans !
NB : Pour les puristes, notez que le logo Lucasfilm introductif diffère de celui d'origine. Par ailleurs, la séquence générique finale, avec sa vue aérienne du village, a été légèrement recentrée.
Qualité Audio
Bien que Willow (1988) n’ait pas bénéficié d’un remixage en Atmos, la piste 5.1 conserve des prestations positives, offrant une spatialisation impressionnante pour un film de 1988. Les ambiances et éléments atmosphériques, tels que la forêt, la pluie et les coups de tonnerre, sont superbement intégrés, et la scène surround est utilisée de manière remarquable pour créer un sentiment d’enveloppement régulier. Cela commence dès les premières secondes avec l'orage grondant près du château, demeure de la reine Bavmorda. On retrouve également des moments mémorables où la scène surround prend toute sa dimension : les hurlements des chiens lors de la traque du bébé, le jet de flamme du dragon à deux têtes, ou encore la voix envoûtante de la reine féé Cherlindrea. Le registre grave soutient magnifiquement les scènes de poursuite endiablée, ajoutant du poids au son, notamment dans la frénésie de la course-poursuite en chariot. Le tout reste évidemment porté par la bande-originale épique de James Horner, qui, comme toujours, enveloppe le film de ce même souffle épique inoubliable. Notez que cette VO DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 4089 kbps) de Willow (1988) n'est pas totalement identique à celle du précédent Blu-ray. Le confirme une analyse comparée du Waveform avec une amplitude différente des signaux et moins de signes d'écrêtage sur le canal central.
En VO, l'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré sur Willow (1988) à 20.1 (LU). La VF troque la précédente version DTS 5.1 (768 kbps de l'époque) pour une version moins compressée. Cette fois-ci en DTS-HD Hi Resolution 5.1 (2046 kbps, sous 24-bit).
Bonus
- Scènes coupées avec introduction Ron Howard
- Making of : Les coulisses d’une aventure avec Ron Howard
- Willow : Un héros improbable - Journal vidéo de Warwick Davis
- Du “Morf” au “Morphing” avec Dennis Muren
- Matte Paintings
Conclusion
Le pouvoir de dominer le monde se trouve-t-il dans cette édition 4K UHD ? Peut-être pas. Mais en tout cas l'apport est plus significatif qu'escompté. Malgré la mobilisation d'un précédent scan, cette édition 4K Ultra HD Blu-ray parvient à s'illustrer grâce à un cadrage remanié, un apport significatif de la compression vidéo et un nouvel étalonnage HDR. Tout cela sans DNR et dans le respect des composantes 35mm de l'oeuvre. Si vous êtes fans de Willow (1988), cette édition mérite amplement sa présence dans votre vidéothèque.