Test 4K Ultra HD Blu-ray : Trap (2024)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Lors d'un concert où 30 000 spectateurs se rassemblent, Cooper, un tueur en série et père de famille, se retrouve encerclé par 300 policiers. Pris au piège dans la foule, il doit naviguer à travers le chaos pour échapper à la police tout en évitant d'attirer l'attention. Alors que l'étau se resserre, ses instincts de survie sont mis à l'épreuve. Entre manipulation et folie, Cooper est prêt à tout pour se libérer. Mais le temps presse : sa fuite pourrait être son dernier acte.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
😇🎭 "Jolie famille, avec de belles valeurs. On voit pas ça souvent."
La soirée semble ordinaire. Un concert de pop-star, une foule exaltée, la musique vibrant dans l'air. Cooper, un pompier et père dévoué, accompagne sa fille Riley à un événement très attendu : le show de Lady Raven. Mais la nuit bascule rapidement dans un cauchemar éveillé. Ce concert, censé être un moment de joie et de communion, se révèle un piège savamment orchestré par les forces de l’ordre pour capturer un tueur en série insaisissable : le célèbre « Boucher ».
C’est ici que Trap nous emporte, transformant la scène de musique en un véritable terrain de chasse. Les rôles de chasseur et de proie s’entrelacent dans un jeu macabre où chaque mouvement peut conduire à la perdition. Mais au-delà de cette toile tendue, le récit se concentre sur Cooper, un homme aux multiples facettes. Père aimant d’une part, il porte en lui un secret si lourd qu’il pourrait anéantir le lien fragile qui l’unit à sa fille. Le film explore ainsi les masques que nous portons : ceux destinés à protéger ceux qu’on aime et ceux qui dissimulent nos propres démons.
Sous la direction de Shyamalan, la mise en scène se déploie comme une danse de dédoublements troublants. Les miroirs symboliques, omniprésents, superposent les dimensions contradictoires de Cooper. Josh Hartnett, incarnant à merveille ce personnage ambigu, livre une performance stupéfiante. Il passe avec une aisance glaçante de la tendresse d’un père prêt à tout pour sa fille à la froideur calculatrice d’un prédateur. Les plans serrés, oppressants, traduisent à la fois l’intimité émotionnelle et la claustrophobie morale du personnage.
La première moitié du film, confinée dans l’enceinte du concert, brille par son intensité. L’atmosphère électrique, la tension palpable et les ambiguïtés morales créent une immersion captivante. Les échos thématiques avec Incassable ajoutent une résonance poignante : ici, ce n’est pas un homme qui découvre qu’il est un héros, mais un père qui lutte pour dissimuler son véritable visage. Cependant, le charme s’évente quelque peu dans la seconde partie. Une fois sorti de la scène du concert, le film s’égare dans des incohérences narratives et des choix qui tendent à affaiblir la tension. Les twists, au lieu de surprendre, se multiplient au point de lasser, érodant peu à peu l’immersion du spectateur. Les stratagèmes du « Boucher » rendent même les forces de l’ordre ridicules, sapant la gravité de la situation.
Malgré quelques longueurs dans sa seconde partie, le film maintient tout de même son emprise grâce à la performance ambigue de Hartnett et à la mise en scène virtuose de Shyamalan. La résolution, si elle ne surprend pas autant que les meilleurs twists du réalisateur, a quand même le mérite d'ouvrir la voie à une suite potentielle.
Qualité Vidéo
Trap (2024) a été tourné au format Super 35 à l'aide de pellicules 35mm (Kodak Vision 3 500T 5219). Des caméras Arricam LT couplées à des optiques sphériques ont été mobilisées. Le film est restitué en 2160p, ratio 1.85:1 respecté avec les deux options HDR10 et Dolby Vision (DV, MEL 10-bit). C'est un disque BD-100.
Il se confirme une tendance sur les titres de M. Night Shyamalan : le metteur en scène semble peu enclin à exploiter pleinement les capacités du HDR. En effet, selon nos observations, Trap (2024) affiche une plage dynamique proche de celle du disque Blu-ray standard, comme si une image SDR avait été simplement encapsulée dans un conteneur HDR. Avec un maxCLL de 127 nits et une moyenne des pics lumineux d’environ 75 nits, il est difficile de percevoir l’effet pop tridimensionnel que certains prétendent attribuer aux reflets spéculaires. Ce n’est pas là que réside la force de cette édition. Face au Blu-ray, le signal se montre légèrement étiré et un peu plus lumineux. Cela se remarque particulièrement aux abords du stade, sur scène avec les spots et projecteurs, ou au coeur de la foule avec les lumières des téléphones brandis par les fans. Toutefois, rien de véritablement spectaculaire ou intense. Même les scènes en plein jour restent globalement assez ternes.
Malgré cela, cette édition 4K Ultra HD Blu-ray mérite l’attention. D’abord grâce à l’utilisation de couleurs issues du Wide Gamut, qui magnifient les tons vifs des costumes des artistes, les icones d'applications des écrans portables et d'autres éléments du décor. Ensuite, par sa capacité à restituer les détails subtils de la photographie et la texture 35mm chère à Shyamalan. Soutenue par un disque BD-100 et une compression HEVC solide (bitrate moyen de 88 Mbps), Trap (2024) réussit son pari. Des différences notables émergent face au Blu-ray : un grain de film bien plus dense et naturel, des gros plans plus précis (comme le visage marqué de Cooper, l’émerveillement de sa fille au concert ou les lèvres flamboyantes de la pop-star) et une finesse accrue sur les plans larges (à l’extérieur avant le spectacle, dans la salle de concert ou aux abords du quartier familial).
Qualité Audio
Trap (2024) est présenté en version originale Dolby Atmos. Ce mixage présente quelques signes de compression dynamique. Mais il tend à offrir une expérience assez agréable sur sa durée. L'éloquence des scènes de concert, où les échos et le brouhaha de la foule proviennent de toutes parts reste le point fort de l'expérience du jour. Les multiples points de repères en surround contribuent à une immersion réaliste, notamment dans l'enceinte du Tanaka Arena. Les chansons interprétées par Saleka, fille du cinéaste, sont particulièrement mises en valeur. L’atmosphère générale de la salle de concert se distingue par l’utilisation astucieuse des canaux Atmos supérieurs. Quelques exemples de mobilisation vous sont présentés en reproduction binaurale dans notre vidéo. En dehors des scènes de concert, le mixage sonore se montre plus sobre, à l'exception de quelques passages d'hélicoptère localisables en hauteur. Quelques panoramiques de dialogues directionnels, parfois discordants et situés loin sur les côtés, créent aussi une sensation d’instabilité. Mais l'originalité de ces effets reste plutôt mesurée.
La version originale est restituée en Dolby Atmos (3076 kbps, 16-bit). L'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré sur Trap à 17.3 (LU). La VF est proposée en Dolby Digital 5.1 (640 kbps).
Bonus
- La mise en place du piège de M. Night Shyamalan
- Saleka dans le rôle de Lady Raven
- Scènes coupées
- Version longue de la scène du concert
Conclusion
Bien que le HDR soit limité, la version 4K Ultra HD Blu-ray de Trap (2024) offre une remarquable restitution de ses images 35mm. La définition est accrue, la texture argentique est finement préservée, et le WCG ainsi qu'une compression HEVC efficace (88 Mbps de moyenne) font honneur à la photographie. Le mixage sonore, plus fonctionnel que créatif, reste immersif, notamment lors des séquences de concert. Si le film ne rivalise pas avec les œuvres les plus marquantes du réalisateur, cette édition 4K reste un choix pertinent pour apprécier le travail effectué sur l'image.