Test 4K Ultra HD Blu-ray : La Prisonnière du Désert (1956)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Texas, 1868. Trois ans après la guerre de Sécession, Ethan Edwards revient auprès de sa famille. Il retrouve son frère, sa belle-sœur, ses deux nièces et son neveu. Mais alors qu'il était parti récupérer du bétail, une attaque comanche dévaste le ranch. À son retour, il découvre la ferme en flammes et apprend que Martha, Aaron et Ben ont été tués. Ethan, accompagné de Martin, un jeune homme proche de la famille, se lance alors dans une traque impitoyable pour retrouver les fillettes disparues, désormais peut-être les seules survivantes. Une errance de plusieurs années débute, traversant les paysages grandioses de l’Ouest américain, dans une quête mêlant vengeance et rédemption.
Test effectué depuis l'édition 4K Ultra HD Blu-ray (import USA) signée Warner Home Vidéo, une édition malheureusement sans VF ni STFR.
NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.
Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :
🙏🤠 « Amen et finissons-en ! »
La Prisonnière du Désert (1956) de John Ford dépasse le cadre du western traditionnel pour s'affirmer comme une œuvre majeure du cinéma américain, offrant une réflexion incisive et intemporelle sur la condition humaine et les tensions culturelles. Ethan Edwards, magistralement interprété par John Wayne dans l'un de ses rôles les plus emblématiques, est un ancien soldat confédéré revenant au Texas de 1868, une terre aride où la tension palpable règne en maître. Son regard, aussi acéré qu'une lame de couteau, reflète une histoire marquée par la guerre et la perte.
Le retour d’Ethan au sein de sa famille est rapidement interrompu par une attaque brutale menée par les Comanches, qui réduit sa ferme en cendres, massacre ses proches et entraîne l’enlèvement de ses nièces. Ce drame marque le début d’une quête acharnée, à la fois territoriale et introspective, qui s’étendra sur cinq années. Accompagné de Martin, son neveu adoptif interprété par Jeffrey Hunter, il s’engage dans une traque implacable et obsessionnelle. Ethan Edwards ne correspond pas à l'image du héros conventionnel. Habité par une haine implacable et une obsession dévorante, il incarne une figure profondément ambivalente, prête à renoncer à toute rédemption pour mener sa mission à terme. Sa quête, imprégnée d’une tension morale troublante, le place en porte-à-faux avec les archétypes du western classique, faisant de lui un personnage à la fois captivant et dérangeant.
Le film transcende la simple opposition entre cow-boys et Indiens pour offrir une réflexion sur les valeurs contradictoires de l’Ouest américain. Le courage et la loyauté y sont inexorablement liés à la violence et aux préjugés, le tout présenté avec un réalisme brut et sans complaisance. La haine viscérale d’Ethan envers les Comanches met en lumière la complexité de ses motivations et les luttes qui le déchirent. John Ford juxtapose la beauté sauvage des paysages à l’impitoyable noirceur des actes humains, confrontant le spectateur à une vision de l'Ouest aussi majestueuse qu’implacable.
Monument Valley, avec ses majestueuses formations rocheuses et ses ciels infinis, transcende son rôle de décor pour s’imposer comme un protagoniste à part entière. Sa grandeur écrasante incarne autant la splendeur que l’indifférence de la nature face aux tragédies. Capturé en 35mm VistaVision, le lieu se révèle dans toute sa splendeur grâce à des plans larges à couper le souffle, d’une grandeur et d’une précision visuelle toujours aussi remarquables.
La Prisonnière du Désert (1956) a non seulement marqué l’histoire du cinéma, mais elle a aussi été saluée par la critique et récompensée à plusieurs reprises. Ce chef-d'œuvre de John Ford a inspiré certains des plus grands réalisateurs, de Martin Scorsese, George Lucas, Steven Spielberg à Quentin Tarantino, qui ont tous cité ce film comme une influence majeure dans leur carrière. Une oeuvre intemporelle, qui s'embellit avec le temps grâce aux progrès de la technologie et à une expertise de plus en plus pointue en matière de sauvegarde de patrimoine.
Qualité Vidéo
La Prisonnière du Désert (1956) a bénéficié d'une nouvelle restauration, réalisée grâce à une collaboration entre Warner Bros. et The Film Foundation, l'organisation fondée par Martin Scorsese. Cette restauration de The Searchers n’a évidemment pas été sans défis. Le négatif original, âgé de près de 70 ans, souffrait de détériorations notables, telles que des problèmes de stabilité, de scintillement et de décoloration des couches de couleur. Pour redonner vie à ce chef-d'œuvre, le négatif a été scanné à une résolution impressionnante de 13K, chaque moitié du cadre VistaVision ayant été scannée en 6,5K puis assemblée numériquement. Ces chiffres astronomiques prennent leur sens dans le contexte du format VistaVision 35mm, qui utilise un défilement horizontal avec une avance de 8 perforations, offrant une définition d’image largement supérieure à celle du 35mm standard. Un travail minutieux de correction des couleurs a aussi été effectué, s’appuyant sur une copie Technicolor de 1956 servant de référence. La compression et l’authoring du disque UHD ont été confiés à Fidelity in Motion. Avec une compression vidéo optimisée pour exploiter l’espace du format disque BD-100. Une affirmation que l'on confirme aujourd'hui en vous dévoilant cette mesure de bitrate moyen : 94.3 Mbps. Le film est restitué en 2160p, ratio 1.85:1, avec les deux options HDR10 et Dolby Vision (DV-MEL, 10-bit).
Le précédent Blu-ray, issu d'un master 4K et doté d'une compression VC-1, avait longtemps servi de référence pour les home-cinéphiles. Si vous êtes un passionné de films classiques, cette édition figure probablement dans votre collection. Cependant, cette nouvelle restauration constitue une mise à jour considérable, tant sur le plan technique qu’esthétique. Le résultat final est tout simplement stupéfiant, avec une redécouverte comparable à celle offerte par l'édition 4K UHD de La Mort aux Trousses (1959), que nous considérons comme l'une des plus remarquables de 2024. Cette version restaurée de La Prisonnière du désert (1956) redéfinit clairement l'expérience du film.
La géométrie a été légèrement corrigée, avec un étirement vertical observable sur la plupart des plans. On retrouve surtout sur cette édition le respect formel du ratio 1.85:1, qui faisait défaut au précédent disque Blu-ray. Cela nous fait tout de même perdre de légères portions d'image en haut et en bas de l'écran, il faut le signaler. Le précédent master, bien que de qualité favorable, était encore entaché par la présence de nombreuses poussières et points noirs parasites. L'œil averti pourra apprécier l'énorme travail de restauration effectué, avec la suppression minutieuse de ces imperfections, restituant ainsi une image plus propre et plus saine.
Cette version 2024 présente une nette amélioration de la définition d'image par rapport à son prédécesseur Blu-ray. Le traitement d'image, auparavant artificiel et générant un effet de sur-accentuation des contours, est ici sensiblement plus naturel et subtil. Cette finesse accrue des détails, évitant toute impression de netteté excessive, confère aux images un réalisme accru. Cette amélioration est particulièrement perceptible sur les plans iconiques du film, portés par des paysages toujours aussi grandioses : les vastes étendues de Monument Valley, les imposantes falaises, et les portraits de cow-boys intégrés aux paysages arides et rocheux. Le grain de la pellicule 35mm VistaVision est toujours présent, bien que moins intrusif à l'écran. Il y a quelques passages où sa respiration semble plus délicate, mais inutile de crier pour autant à un abus de DNR. Le résultat témoigne surtout d'un travail de restauration complexe, prenant en compte les multiples facteurs liés à l'âge et à la dégradation des négatifs originaux. On est en face de splendides images et d'une restauration soignée.
L'étalonnage des couleurs HDR a été réalisé par Jan Yarbrough, un coloriste expérimenté chez Warner Bros. Motion Picture Imaging. Il a travaillé en étroite collaboration avec l'équipe de restauration pour corriger les défauts des précédentes versions et retrouver la fidélité colorimétrique de la sortie originale. Son travail a permis de corriger les dominantes jaunes et teintes cuivrées surabondantes qui affectaient les versions précédentes, aboutissant à des teintes de peau, des paysages et des costumes bien plus justes et surtout plus nuancés. Le nouvel étalonnage permet immédiatement de retrouver une palette de couleurs plus équilibrée et naturelle. Avec, et on le confirme une fois de plus, de fortes intensités lumineuses développées en HDR. C'est une tendance que l'on observe depuis un moment sur la plupart des classiques restaurés par Warner Bros. En témoigne, cette moyenne de pics lumineux à quatre chiffres : 1116 nits, avec des pics réguliers au-delà des 2000 nits. On récupère énormément d'information dans toutes ces zones qui étaient affectées par de la surexposition. Et on récupère surtout de l'intensité et des contrastes revigorés. Ces intensités se manifestent sur les blancs de ciels contrastés, les lampes à pétrole, les surfaces métalliques, les visages exposés directement au soleil, ainsi que sur les surfaces en bois et en pierre. Couplé à une gamme de couleurs étendue (ici dans les contraintes du gamut P3), c'est une version HDR qui établit de très grandes différences. On vous invite à visionner notre vidéo comparative directement sur votre écran (et en HDR) pour vous rendre compte des écarts plus que significatifs dont il est question aujourd'hui.
Qualité Audio
Pas de remixage Atmos ou 5.1. Cette édition 2024 conserve la bande son monophonique originale de 1956, préservant ainsi l'authenticité de l'expérience sonore. Ce mixage d'époque a toutefois bénéficié d'un processus de restauration minutieux, éliminant les sonorités parasites (sifflements, pops et craquements) liés à l'âge du support. Le bruit de fond général et autres petits sons inopportuns ont été minimisés afin d'améliorer la transparence des dialogues et la clarté de la formidable bande-originale de Max Steiner. Le résultat se montre satisfaisant.
La version originale est restituée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono (1207 kbps, 24-bit). En VO, l'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à 18.5 LU. Malheureusement, cette édition importée d'USA ne dispose ni de VF ni de sous-titres FR.
Bonus
- Commentaire audio avec Peter Bogdanovich
- Bande-annonce originale
- Introduction de Patrick Wayne
- La Prisonnière du Désert : Un hommage
- John Ford, John Wayne et La Prisonnière du Désert
- Première mondiale de La Prisonnière du Désert à Chicago : Couverture du journal télévisé
- Scènes coupées
- Derrière la caméras
Conclusion
Pour de nombreux home-cinéphiles, La Prisonnière du Désert (1956) de John Ford est un incontournable parmi les chefs-d'œuvre du western. Le film a bénéficié d'une restauration exceptionnelle, avec une définition d'image splendide, un encodage impeccable, un traitement HDR d'une grande modernité et une VO lossless authentique. Les Home-Cinéphiles français devront néanmoins patienter jusqu'à l'annonce d'une sortie équivalente en France. Car on insiste : cette édition (import USA) reste sans VF ni STFR.