Test 4K Ultra HD Blu-ray : Joker : Folie à Deux (2024)

Publié le par la Rédaction



 

Synopsis

Le comédien raté Arthur Fleck rencontre l'amour de sa vie, Lee Quinzel, alors qu'il est incarcéré à l'hôpital d'État d'Arkham. À sa sortie, tous deux se lancent dans une aventure romantique vouée à l'échec.

 

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

Afin de mettre en évidence l'utilisation concrète du Wide Color Gamut (WCG) sur cette édition (voir tutoriel ici), les pixels qui se situent dans la gamme standard/BT.709 (confinés à l'intérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés ici entièrement désaturés. A l'inverse, ceux faisant partie de la gamme élargie BT.2020, exclusive au disque 4K Ultra HD Blu-ray (qui s'étendent à l'extérieur du petit triangle REC.709) vous sont présentés en couleur :

 

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Malgré un accueil critique aussi mitigé qu'un cocktail Molotov, Joker : Folie à Deux (2024) s'impose comme un acte de démence cinématographique d'une rare audace. Loin des sentiers battus des films de super-héros et des attentes d'une suite conventionnelle, c'est une plongée viscérale dans les profondeurs de l'âme du Joker, une exploration de ses failles, de ses cicatrices et de cette étincelle de folie qui couve sous le vernis craquelé de Gotham. Une descente aux enfers, où le Jugement Dernier se danse sur un air de tango désaxé.

Nous retrouvons Arthur Fleck, notre bouffon déchu, après le carnage du premier acte. Enfermé à Arkham, cet asile à l'atmosphère plus putride qu'un caveau, il attend son procès. Derrière les barreaux et les murs maculés de crasse, l'homme qui est devenu le Joker n'est plus un simple clown, mais un symbole, une icône du chaos que certains vénèrent et que d'autres redoutent. Et puis, telle une hallucination dans cette nuit perpétuelle, surgit Harleen Quinzel, alias Harley Quinn, une femme liée à Arthur par une fascination bien morbide.

Ce qui rend ce film aussi dérangé, c'est qu'il ose briser les chaînes de la normalité, se métamorphosant en une comédie musicale aussi tordue qu'un sourire de psychopathe. Oubliez les rengaines joyeuses : ici, c'est une symphonie de la folie pure, où les émotions les plus sombres des protagonistes sont exprimées à travers des mélodies déchirantes et des paroles chargées d'un espoir gangrené. Les numéros musicaux opèrent comme des fenêtres sur la psyché fracturée des personnages. C'est comme si, dans ce monde de ténèbres, Harley et le Joker ne pouvaient s'exprimer qu'en musique, une musique qui prend la forme de leurs obsessions et de leurs interactions quelque peu chaotiques. Il y a une instabilité nerveuse dans ces airs, un reflet de leurs âmes en décomposition. Du point de vue de la mise en scène, c'est un pari risqué, certes. Mais c'est ça qui est fascinant à l'écran : cette ambiance unique, entre réalité et fantasmes psychotiques. On est pris entre le béton froid de Gotham et le carnaval macabre qui se joue dans la tête des personnages. C'est glauque, c'est tordu, c'est jouissif. On est pris comme des rats, hypnotisés par la lumière d'un asile.

Car au cœur de cette histoire de procès, il y a l'idée d'une folie partagée, une résonance profonde entre deux âmes écorchées. Arthur et Harley se reconnaissent dans leurs plaies béantes, trouvant dans leur vulnérabilité commune un écho lancinant. Une forme de spiritualité complexe semble même émerger. Comme si leur folie devenait une tentative d'élévation dévoyée, une transcendance où la musique et la danse se transforment en rituels macabres, presque primitifs. Ces personnages bien connus de l'univers DC érigent ainsi leur propre univers musical. Et ce dernier devient leur refuge face à l'oppression de l'asile et des diktats du public, une prison audiovisuelle dont ils sont à la fois les stars et les détenus.

On pourrait dire que Folie à Deux, c'est finalement bien plus qu'une simple balade dans l'asile d'Arkham avec le Joker et Harley. C'est aussi et surtout, avec cette dimension meta bien palpable, une descente dans les coulisses de la créativité, là où les artistes d'Hollywood sacrifient leur âme sur l'autel de leur vision. Un portrait complexe de ceux qui, pour donner vie à leur art, sont prêts à pactiser avec la folie, à s'affranchir de l'attente du public et à postillonner au visage de tous les bien-pensants et autres faiseurs d'opinion. Arthur, pourquoi tu souris ?

Qualité Vidéo

Joker : Folie à Deux (2024) a été réalisé par Todd Phillips avec une photographie de nouveau signée Lawrence Sher. Le film a été tourné en utilisant la même caméra que le premier Joker, à savoir l'Arri Alexa 65 (capteur plein format). Le tournage a été spécifiquement pensé pour l'IMAX, avec une alternance de ratios que l'on retrouve sur ces éditions vidéo disque. Pour les scènes de procès, des caméras RED Komodo ont été intégrées. Il faut aussi souligner qu'une grande variété d'objectifs a été mobilisée pour ce tournage. Et qu'il est question d'un master intermédiaire 4K. Le film est restitué sur cette édition Ultra HD Blu-ray, formats alternant entre les 2.20:1 et 1.90:1, le tout avec la présence des deux options HDR10 et Dolby Vision (10-bit, MEL).

Joker : Folie à Deux (2024) offre des images d'une définition remarquablement élevée, étalonnées dans la continuité du précédent opus. Les gros plans, si caractéristiques de cette saga, sont splendides, avec une faible profondeur de champ et une tridimensionnalité qui magnifient la folie des personnages, révélant des détails saisissants sur leurs visages. On retrouve ainsi la complexité évocatrice du portrait torturé d'Arthur Fleck, ainsi que la présence magnétique de Lady Gaga qui incarne son rôle plein d'ambivalence avec brio. L'utilisation de plans en grand-angle dans les espaces confinés crée une distorsion reflétant la perception altérée d'Arthur, tandis que les longues focales semblent comprimer l'espace dans les scènes où il se sent davantage pris au piége. Une légère texture rugueuse, subtilement ajoutée aux images numériques, brise l'aspect clinique d'une captation purement numérique. La photographie, d'une beauté indéniable, s'inspire également des grandes comédies musicales, avec d'abord des panoramiques dynamiques qui théâtralisent les séquences chantées et ensuite des compositions qui exploitent une dimension de symétrie pour souligner le désir d'ordre d'Arthur dans sa psyché tourmentée. La compression vidéo n'est pas à reprendre sur ce titre. Et l'apport de définition inhérent à la version UHD reste pleinement palpable.

Le film conserve les nuances sombres de son prédécesseur, Joker (2019), tout en y ajoutant des couches de dynamisme, particulièrement lors des séquences musicales débridées et colorées. La palette de couleurs évolue des teintes désaturées et atténuées du début du film, dans l'asile, vers des couleurs bien plus vibrantes à mesure qu'Arthur Fleck réinvestit son personnage de Joker et s'ouvre à un univers éthéré. Une juxtaposition délibérée de couleurs sourdes et saturées reflète ainsi l'oscillation entre la réalité sombre d'Arthur et ses évasions fantasmées. Des touches de rouge et de bleu vifs, symbolisant l'influence d'Harley Quinn sur le Joker, ponctuent également le visionnage. L'apport HDR est de nouveau loin d'être anecdotique. Avec des hautes lumières affinées et intensifiées. Les sources d'éclairage dans l'asile, sur les extérieurs urbains, ou dans la salle d'audience gagnent en éclat et en précision. Avec de régulières couleurs mobilisant l'espace étendue du Wide Gamut. Et c'est attestable dès l'entame du film sur les séquences animées façon Looney Tunes.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Joker : Folie à Deux (2024)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Joker : Folie à Deux (2024)

 

Qualité Audio

Joker : Folie à Deux (2024) nous plonge dans une symphonie chaotique où la folie dévore la réalité. Son mixage Dolby Atmos, à découvrir en VO comme en VF, transcende l'expérience pour envelopper le spectateur dans l'esprit torturé d'Arthur Fleck et de son improbable muse. Si Joker (2019) déployait un mixage subtil, quelque peu intimiste, Folie à Deux prend une direction franche. Chaque lieu est méticuleusement conçu à travers une ambiance sonore riche et immersive. L'asile d'Arkham se distingue particulièrement, avec l'écho lancinant des cellules et le brouhaha angoissant des résidents. Le mixage sonore se caractérise par une utilisation magistrale des canaux surround, créant une expérience tridimensionnelle saisissante. Les voix des détenus résonnent sur les murs de pierre. Les murmures des conspirateurs se faufilent insidieusement. Et les effets de verticalité, propres au format Atmos, ne manquent pas. Ils sont notables sur les effets de pluie, sur les scènes de procès et les différentes sections musicales qui semblent s'ouvrir verticalement en synchronisation avec les changements de ratios à l'écran.

VO et VF sont restituées en Dolby Atmos, core TrueHD 7.1 (16-bit, 3119 & 3102 kbps). En VO, l'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à 20.8 LU.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Joker : Folie à Deux (2024)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Joker : Folie à Deux (2024)

 
 

Bonus

- Tout doit disparaître : Avez-vous une cigarette ?
- Trouver Lee
- Cent films en un
- Le Roi de rien
- Le Rôle de la musique
- Des décors en détails
- Couleurs en folie

Conclusion

Si Joker : Folie à Deux (2024) a pu susciter des réactions contrastées auprès du public, l'édition 4K Ultra HD Blu-ray ne laisse, quant à elle, que peu de place à la controverse. Warner offre une nouvelle fois des prestations techniques d'excellente facture, garantissant une expérience de visionnage de haute qualité, avec l'atout de la présence de pistes VO/VF Dolby Atmos. Hautement recommandé !