Test 4K Ultra HD Blu-ray : Megalopolis (2024)

Publié le par la Rédaction



Synopsis

Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d'arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l'avenir de l'humanité.

 

NB : Les comparatifs image (compression .jpg, 8-bit) sont strictement à usage illustratif et sont non représentatifs de ce que l'Ultra HD Blu-ray diffusera sur votre écran UHD HDR calibré.

 

🔨📐 « C'est en sautant dans l'inconnu qu'on prouve sa liberté. »

Dans l’éclat vacillant d’une vision enfiévrée, Megalopolis (2024) de Francis Ford Coppola se révèle comme une fable aux multiples facettes, où déchéance et espoir de renouveau se croisent dans une danse aussi hypnotique que déstabilisante. New Rome, incarnation du berceau du nouveau monde au 21ème siècle, s’élève entre les vestiges d’un passé poussiéreux et un futur incertain, tel un fantasme suspendu dans le grand temps de l’Histoire. Cette cité, miroir fracturé du monde occidental, est l’écrin d’une confrontation idéologique majeure, où se jouent les destins d'un monde en pleine mutation : l'ordre corrompu d’une civilisation en fin de cycle et l'incandescence d’un avenir prometteur dont l'identité reste à forger.

Au cœur de cette lutte se trouvent Franklyn Cicero, maire pragmatique et défenseur du pouvoir établi, et César Catilina, urbaniste visionnaire et architecte du nouveau monde en éclosion. L’un, garant du statu quo, l’autre, porteur d’un avenir incertain mais bouillonnant de promesses. Ils incarnent deux forces opposées mais complémentaires dans leur quête de vérité et de transformation. Entre eux, une tension palpable, une lutte pour la domination des idéaux. Et, entre ces deux colonnes du projet, Julia Cicero, déchirée entre la fidélité à son père et son amour pour César, incarne l'axe d’équilibre fragile sur lequel repose tout l'édifice.

Mais Megalopolis n’est pas un récit de luttes politiques ou idéologiques. C’est une fable, une expérience où le temps se déforme sous l’impulsion d’un imaginaire débridé : celui de l'artiste. Une brèche temporelle dans laquelle Francis Ford Coppola va s'immiscer pour laisser libre court à son potentiel créatif et ses idées. Incarné par César, maître de l’espace et du temps, le génie artistique transcende les règles narratives pour ouvrir une faille temporelle dans laquelle les époques s’emmêlent, où les ruines de l’Empire Romain se fondent dans la frénésie d'innovations constantes et de modernité. La mise en scène, reflet de cette quête d’un absolu impalpable, est un tourbillon d’images où les traditions classiques s’affrontent avec l’avant-garde, où la réalité s’effondre dans une esthétique de la démesure. La mise en scène de Coppola, tel un architecte désorienté, sculpte une fresque où chaque plan, tel un fragment d’un grand rêve éclaté, semble suspendu dans une temporalité qui lui est propre. Où la géométrie du rêve heurte le chaos palpable d'un monde. Où les écritures forgées dans le marbre tentent de se marier à la modernité et aux technologies avancées.

Visuellement, Megalopolis répond à cette ambition en faisant de l’architecture un langage sacré, où la pierre et l’esprit se rejoignent dans un lien indissociable. César, bâtisseur mystique, évoque les grands visionnaires pour qui chaque matériau, chaque forme, est le reflet d’une pensée en métamorphose, l’un inscrivant l’autre dans un même tout organique et vivant. Coppola, alchimiste des images et des symboles, tisse une mosaïque où la grandeur de l’édifice et la folie de sa conception se rejoignent dans un même souffle créateur.

Le film atteint ses limites précisément dans son caractère déroutant. Là où l'ambition artistique semble plonger le public dans une confusion insondable. Là où malheureusement une absence tangile d'émotions partagées est constatée. Cela pourrait résulter d'un jeu d'acteurs hasardeux, ou de lignes de dialogue peu probables. Le casting est d'or. Mais il semble avoir des difficultés à incarner l'essence humaine qu'il est censé représenter, rompant ainsi le lien émotionnel fondamental avec le spectateur. Ces dialogues, chargés d'une réflexion philosophique constante, prennent la forme de récitations éparses qui, loin de résonner avec une émotion partagée et vécue à l'écran, s’élèvent dans un espace éthéré, flottant dans le vide d’une abstraction qui ne parvient que difficilement à s’incarner. A moins que cette distanciation repose sur une démarche artistique délibérée ? C'est dans tous les cas un film qui méritera d'être redécouvert dans quelques années...

Échec ou triomphe, peu importe. Megalopolis (2024) existe, tel un acte de résistance radical contre l’uniformité et la banalité qui étouffent Hollywood depuis bien des années. Dans une mosaïque d’éclats et de songes, Francis Ford Coppola saisit l’essence même du combat qui l’a guidé tout au long de sa carrière : refuser l’immobilisme, risquer l’impossible, partager sa vision. "Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves", et lui n’a pas seulement rêvé. Il a osé rêver en grand. Il osé franchir le seuil du possible. Et avec Megalopolis, il a osé sauter dans le vide.

Qualité Vidéo

Mihai Mălaimare Jr. occupe le poste de directeur de la photographie pour ce projet. Cet expert de l'image a déjà collaboré avec Francis Ford Coppola sur plusieurs films, notamment Youth Without Youth (2007), Tetro (2009) et Twixt (2011). Pour le tournage, l’équipe a utilisé les caméras numériques Arri Alexa 65, Alexa LF et Mini LF, accompagnées d'objectifs Panavision à focale sphérique. De plus, la technologie du volume LED, avec ses murs d'écrans LED circulaires, a été mise à profit, notamment lors de la scène où César se trouve au sommet du Chrysler Building. Le film, tiré d'un master 4K, est disponible en France en éditions Blu-ray et Ultra HD Blu-ray chez Le Pacte. Il convient de noter qu'il bénéficie d'un étalonnage unique SDR (BT.709). À ce jour, aucune version HDR du film n'est disponible sur le marché domestique, ni en support physique, ni en streaming. Le film respecte un même ratio d’image 2:00:1.

Les mouvements de caméra dans Megalopolis (2024) sont délibérément minimalistes, mettant en lumière une photographie caractérisée par une dichotomie saisissante entre ombres et lumières, ordre et chaos, tradition et modernité. Cette dualité se reflète dans l’alliance de l’Art Déco et de la science-fiction spéculative, offrant une approche résolument originale. Une forme de réalisme poétique se déploie dans ces images, qui, malgré l'absence de grain ajouté en post-production, s’accompagnent d'effets spéciaux subtils, teintés de surréalisme et d’éléments hallucinés. En termes de qualité d’image, Megalopolis semble avoir exploité pleinement les technologies digitales à disposition pour offrir des visuels d'une modernité marquée et d'une netteté exceptionnelle. Le niveau de définition est impressionnant, avec une approche soignée, presque clinique, qui laisse transparaître la nature numérique des images, tout en préservant leur pureté. Les détails sont d'une précision exemplaire, en toutes circonstances.

L’édition 4K Ultra HD Blu-ray ne bénéficie ni du HDR ni du Wide Color Gamut, ce qui limite la portée des différences notables et évidentes avec l’édition Blu-ray. Toutefois, l’apport en définition reste perceptible, avec une légère amélioration dans la restitution des détails fins, dont l’importance subjective variera selon la distance du spectateur par rapport à son écran et de sa taille. La compression HEVC du disque 4K UHD gère le flux d'images avec une parfaite fluidité, sans provoquer d'artefacts ni d'irrégularités visuelles.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Megalopolis (2024)

 
 

Qualité Audio

Le Pacte a fait le choix de mettre en avant la version française, la seule à bénéficier d’une présentation en Dolby Atmos, aussi bien sur le Blu-ray que sur le 4K Ultra HD. Si l’ajout d’une VF Atmos constitue un atout indéniable, la limitation de la version originale à une simple piste 5.1 demeure regrettable, d’autant plus que cette VO est disponible en Atmos en VOD sur certains marchés étrangers. Un choix qui risque de frustrer les spectateurs habitués à la version originale. Nous nous sommes néanmoins prêtés au jeu de cette VF, qui s’avère à l’image du film : débordante de créativité et ponctuée d’effets sonores audacieux. Megalopolis (2024) regorge de séquences aux visions psychédéliques, accompagnées d’effets sonores méticuleusement agencés, évoquant à la fois confusion, hypnotisme et vertige sensoriel. Les ambiances urbaines bénéficient d’un traitement particulièrement immersif, avec une signature sonore réaliste (circulation automobile, manifestations). À d’autres moments, ce sont les voix spectrales et éthérées qui se démarquent, accentuant l’atmosphère étrange et onirique du film. Les effets de tic-tac obsédants des horloges restent l’un des motifs sonores les plus omniprésents, incarnant l’obsession du temps qui passe. La scène verticale est particulièrement bien exploitée, notamment lors des éclats d’orage, des séquences oniriques (avec l’épouse défunte), ou lors de la fameuse scène d’amphithéâtre, véritable tourbillon d'hallucinations.

Sur ce disque Ultra HD Blu-ray, la VF est présentée en Dolby Atmos, core TrueHD 7.1 (24-bit, 4919 kbps). L'indicateur de Loudness Range (LRA) a été mesuré à 17.1 LU. La VO est restituée en DTS-HD Master Audio 5.1 (3681 kbps). Et, pour ceux qui nous liraient de l'étranger, les pistes de sous-titres sont exclusivement en français.

 

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Megalopolis (2024)

Test 4K Ultra HD Blu-ray : Megalopolis (2024)

 
 

Bonus

- Commentaire audio de Francis Ford Coppola
- Introduction par Francis Ford Coppola
- Un cheminement de 40 ans »
- Construction d’une utopie
- C’est une fin de tournage !

Conclusion

Projet de longue date pour l’immense réalisateur qu'est Francis Ford Coppola, Megalopolis (2024) s’impose comme une œuvre forte, bien qu’atypique et au potentiel parfois difficile à saisir. Riche en métaphores visuelles, ce film constitue un véritable OVNI dans la carrière du cinéaste et deviendra sans aucun doute un objet d’étude pour de nombreux cinéphiles dans les décennies à venir. En l’absence de version HDR, les éditions Blu-ray et 4K Ultra HD offriront des prestations visuelles relativement similaires sur de nombreux aspects. Si la présence d’une VF Atmos est appréciable, les home-cinéphiles généreusement équipés regretteront la rétrogradation de la version originale en simple 5.1.

Hautement recommandé, ne serait-ce que pour l’audace et l’originalité du projet.