Test Blu-Ray : 99 Francs

99 Francs est l’adaptation du roman éponyme de Frédéric Beigbeder. Réalisé par Jan Kounen et bénéficiant de l’interprétation de Jean Dujardin, ce film est une petite bombe destinée à désenchanter l’univers de la publicité, élément moteur de nos sociétés modernes. En caricaturant cet univers et en l’assimilant aux drogues perceptuelles et cognitives dominées par le principe du rêve qui fait vendre, 99F nous offre cette prise de recul dont on a parfois tant besoin pour mieux cerner certains phénomènes et en dresser des idéaux-types. Ce regard critique envers la société où le rêve fait règne nous rappelle dans le fond les grands classiques de science-fiction (Le Meilleur des Mondes, 1984) qui en dépeignant des univers futuristes ou imaginaires nous permettaient de mieux saisir des réalités de notre propre société dont on avait du mal, par manque de recul, à assimiler.

Moins subtil, 99 Francs nous jette tout de même en pleine figure les dessous de ce monde de pub, cet univers qui dépense plein d’argent pour donner envie aux gens d’acheter des produits dont ils n’ont que faire.

« Chaque année, le budget mondial dépensé en publicité s’élève à 500 milliards de dollars. Une étude de l’ONU estime que pour réduire de moitié la faim dans le monde 10% de cette somme suffirait. »

Cette satire du monde moderne s’effectuera par l’intermédiaire du personnage principal, Octave, un vicieux rédacteur publicitaire interprété par Jean Dujardin. Arrogant, riche et célèbre, Octave va progressivement porter un regard cynique sur son milieu social et de cause à effet sur lui-même. C’est la fragilité du personnage et son incapacité à fonder quelconque vie familiale qui vont paradoxalement l’aider à évoluer et à prendre conscience des réalités frivoles et totalement artificielles de sa profession.

Offre-t-on malgré tout un choix à Octave pour lui permettre d’échapper aux règles de la publicité qui ont fait de lui un être détestable ? Les deux options offertes au héros à la fin du film, qui ont en commun l’idée de quitter ce monde pour un autre, ne sont pas toujours évidentes et apparaîtront finalement plus complexes que prévues.

99 Francs est un film portant une rare dimension critique sur un univers publicitaire souvent protégé et dont on ne peut difficilement échapper, tout en étant léger, humoristique et habilement mis en scène. Cette édition Blu-Ray Disc est signée Pathé.

En voici le test technique…

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p MPEG 4 VC-1 / 2.35
Audio : Français en DTS HD Master Audio 5.1 et LPCM 2.0
Bonus : Commentaires audio (2),Retour sur le toit : les coulisses d’une chute, Un autre monde : le tournage en Amazonie, Jean Jacques Rousseau (cinéaste de l’absurde) parle de la publicité Legrand, 17 scènes coupées + 1 bêtisier (SD) + Scènes coupées du making-of, Making-Of, Film-Annonce
Disponibilité : France

Qualité Technique

99 Francs nous est offert dans un transfert 1080p, encodage VC-1 et ratio 2.35. Malheureusement, sans être une catastrophe, Pathé ne nous offre pas une image des plus convaincantes. Si l’apport de la haute définition est indéniable, l’image souffre tout de même de plusieurs défauts. En premier lieu, ce transfert fait l’objet d’un grain cinéma qui peut être dérangeant. Les contrastes auraient pu gagner également en profondeur. On observe ainsi une image qui manque de relief avec des noirs souffrant d’une insuffisance de solidité et des nuances de blanc qui ne sont elles mêmes pas toujours optimisées.

Là où on s’attendait à être émerveillé face à ces fameux plans se déroulant dans des lieux totalement paradisiaques (tournés par exemple au Venezuela), on nous offre ici des images plutôt fades. Si l’on conserve l’exemple des ces images tournées sur ces plages d’Amazonie, ciel, sable et eau viennent quasiment se confondre et les arrière-plans manquent cruellement de profondeur. On en est loin de ce sentiment 3D conféré par certains transferts bien plus riches (Apocalypto par exemple nous offrait d’excellentes textures dans ce type de cadre exotique). Certains passages demeurent tout de même mieux présentés : la chute christique d’Octave au demeurant spectaculaire et certains gros plans (collègue d’Octave (41.15), Octave sous la cascade (1h37.33)).

Audio

Si le transfert vidéo souffre de quelques défauts, la piste son DTS-HD Master Audio qui nous est offerte est plus convaincante. Si la voix off d’Octave manque peut-être au début du film de clarté, le mixage est par la suite bien mieux maîtrisé. On apprécie ici plusieurs éléments : grands élans symphoniques accompagnant les voyages de conscience d’Octave, spatialisation des effets de la scène d’entrée (les grondements du tonnerre se montrent ici bien dynamiques) et une constante utilisation de la scène arrière. A noter la présence d’une piste LPCM mais ici limitée au 2.0.

Bonus

Retour sur le toit : les coulisses d’une chute (SD – 17.01 minutes)

La fameuse scène de début de film nous est expliquée en détail : avant, après et même pendant le tournage. On découvre ici toutes les étapes nécessaires à la création de cette scène vraiment complexe.

Un autre monde : le tournage en Amazonie (SD – 16.42 minutes)

La fin du film a été tournée en Amazonie, plus précisément au Venezuela. On y découvre : survol en hélicoptère, journée de repérage, arrivée de l’équipe du tournage, moments de repos, tournage…

Jean Jacques Rousseau (cinéaste de l’absurde) parle de la publicité Legrand (SD – 2.23 minutes)

L’univers de la publicité n’est pas toujours « joli, joli »…Cet exemple de la publicité pour dentifrice du début du siècle conserve le mérite de nous le rappeler.

17 scènes coupées + 1 bêtisier (SD) + Scènes coupées du making-of (28.13 minutes)

Making-Of (SD – 26.04 minutes)

S’en suit le Making-of du film à l’ambiance artificiellement promotionnelle (veine du style du film). « Les coulisses du film, mais Making-Of ça fait plus chic, plus choc, c’est chic et choc ». On y retrouve différents types de documents : interviews, extraits du tournage... On apprécie ici surtout le style auto-dérision.

Les effets spéciaux (SD – 13.48 minutes)

Speech tenu dans le cadre du ParisFX par Rodolphe Chabrier (superviseur des effets spéciaux du film) et Jan Kounen qui entament leurs discours sur l’aspect humain de la création des effets spéciaux avant d’aborder des éléments plus techniques.

Film Annonce (SD – 2.05 minutes)

Conclusion

99 Francs est un film habilement mis en scène et portant un regard explosif sur l’univers de la publicité dont on ne peut aujourd’hui pleinement échapper. Le transfert proposé par l’éditeur souffre tout de même de plusieurs défauts et a du mal à nous convaincre. Heureusement, la richesse des bonus et la piste audio déclinée en DTS-HD Master Audio 5.1 rehaussent la note. Ce Blu-Ray reste donc positif dans son ensemble.

ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)