Test Blu-Ray : The Dark Knight – Le Chevalier Noir
Publié le par la Rédaction
De Batman Begins à The Dark Knight
La franchise Batman a connu depuis ses débuts au cinéma en 1989 des hauts et des bas. Les deux premiers volets réalisés par Tim Burton, un réalisateur habitué à l’obscurité, avaient cette qualité de conserver une ambiance sombre parfaitement associée au climat des rues de Gotham, la ville que le héros masqué cherche inlassablement à maîtriser en y rétablissant l’ordre et la justice. Malheureusement, la saga a connu une bien plus sombre évolution avec les deux volets réalisés par Joël Shumacher dont on ne retiendra finalement que l’ambiance enfantine et bien trop manichéenne, à l’origine de la déception des amateurs de la bande dessinée. Christopher Nolan a su miraculeusement redonner vie à cette franchise en établissant en 2005 avec Batman Begins et aujourd’hui avec The Dark Knight, la genèse du héros masqué c'est-à-dire l’origine première et la raison d’être du héros chauve-souris, véritable alter ego de Bruce Wayne, ce richissime homme d’affaire.
Batman Begins fut un réel succès non seulement parce qu’il s’agissait d’une réalisation efficace, mais surtout parce que la naissance du héros fut intelligemment construite étant assimilée à une évolution psychologique humaine à laquelle tout le monde pouvait s’identifier. Suivant la trace des grands personnages héroïques, Bruce Wayne, orphelin, emprunta une première voie initiatique qui allait non seulement le transformer extérieurement en Batman, cette chauve souris masquée redoutable et effrayante, mais surtout intérieurement. Cette évolution lui aura permis de gagner la maîtrise d’une des émotions les plus primitives chez l’homme : la peur. En s’appropriant cette dernière c'est-à-dire en devenant davantage maître de lui-même, Batman à l’issue de cette première aventure était parvenu à franchir un premier stade d’évolution dans la maîtrise de soi, une première étape dans son aventure initiatique. Celle-ci lui vaudra d’être reconnu par la ville de Gotham et par nous tous, simples spectateurs, en tant que personnage public apprécié, une figure à laquelle on aime s’identifier et pourquoi pas imiter : Batman était alors devenu un héros.
Cette volonté de faire respecter la justice dans Gotham City, d’être reconnu par le peuple (et de surcroit par le spectateur) en tant que figure héroïque, justifie-t-elle chez Bruce Wayne la véritable raison d’être de Batman ? Christopher Nolan va nous proposer en effet avec ce second volet, une aventure de Batman bien plus sombre, dans laquelle le héros devra plonger dans ses propres abysses, son côté sombre qui l’habite, pour aller chercher du sens à sa propre existence. Et rien n’a plus d’efficacité et de valeur pour Batman que de se voir menacé par un personnage symbolisant par excellence le dysfonctionnement, l’anarchie et le chaos (c'est-à-dire l’opposé de la maîtrise de soi), un personnage sur lequel il pourra par voie d’attraction / répulsion se construire une nouvelle raison d’être. Ce personnage est bien sûr le Joker !
The Dark Knight est sorti en édition Blu-Ray Disc Collector chez Warner Home Vidéo. Notre analyse du film et le test technique de l’édition à suivre dans les pages suivantes…
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 VC-1 (Débit moyen de 23.999 Kbps) / Formats 2.40 et 1.78 (IMAX)
Audio : Anglais en Dolby TrueHD 5.1 (1505 Kbps), Anglais en Dolby Digital 5.1 (640 Kbps), Français, Castillan, Allemand, Italien, Portugais en Dolby Digital 5.1 (448Kbps)
Sous-Titres : Multiples
Bonus :
Disque 1 : Gotham Uncovered,
Disque 2 : La Technologie de Batman, Batman Démasque, la psychologie du chevalier noir, Gotham Tonight, Galerie de photos, Bandes-annonces, et Spots TV
Analyse de The Dark Knight : Les Masques du Héros
Christopher Nolan a su réaliser avec The Dark Knight un film à la fois sombre et complexe malgré les apparences d’une simple nouvelle aventure de super héros, opposant de façon manichéenne le bien au mal. Car The Dark Knight reste un film, non seulement d’une haute valeur psychologique, mais aussi s’attachant à ces sujets toujours complexes que sont l’apparence, les représentations et les masques du héros. Sans opposer de façon enfantine le bien au mal, Nolan construit l’ensemble de ses personnages de façon complexe et interdépendante. Chaque personnage, qu’il s’agisse de Batman/ Bruce Wayne, le Joker, ou Harvey / Double-Face se donnent sens mutuellement. Mieux encore : ils se complètent ! C’est en opposition par exemple au chaos représenté par la figure du Joker, que Batman parviendra à se construire une nouvelle et solide identité : celle du Chevalier Noir, un personnage romantique, moralement héroïque, mais rejeté par la société environnante tout comme l'est le Joker.
The Dark Knight est une réussite dans un premier temps sur le plan de la construction des personnages, qui bénéficient ici d’une complexité et d’une profondeur étonnante pour un film que l’on aurait accolé au genre du « blockbuster super-héros ». Bruce Wayne est plus que jamais un personnage empli de doute. De sa relation amoureuse, à son rôle de justicier dans Gotham City qu’il souhaite confier au politicien Harvey, notre héros a du mal à trouver sa voie lorsque la ville de Gotham, sous l’impulsion chaotique du Joker, cherche d’une part à le démasquer et d’autre part à le rejeter. En cherchant à confier son rôle de justicier à celui qu’il considère comme un véritable héros, un homme bon et surtout démasqué (Harvey, le Chevalier Blanc), Batman est forcément perdu, divisé. Sa place dans Gotham City n’est plus la même. Il se doit donc de déconstruire sa personnalité, dépasser les dualités qui marquent son existence pour mieux trouver sa place dans une société dont il n’est intégré qu’en apparence c'est à dire toujours au travers de masques. Bruce Wayne, milliardaire extravagant, est en effet l’image publique, le masque endossé par le héros qui lui permet d'être reconnu parmi son cercle de connaissances. Harvey lui-aussi est une seconde image publique, un masque utilisé par Batman qui permet au grand public de s’identifier à une figure héroïque incarnant la justice et l’espoir, une figure que Batman ne parvient plus, à lui seul, à représenter.
C'est paradoxalement l’ennemi ultime du protagoniste représenté par le Joker qui possèdera ce rôle de messager bénéfique pour notre héros. Incarnant lui aussi par son masque la dualité, c’est finalement le Joker qui va délivrer l’enseignement nécessaire au héros pour se construire l’identité avec laquelle il retrouvera un vrai rôle à jouer dans cette nouvelle ville de Gotham : c’est bien sûr le rôle du Chevalier Noir. L’objectif du Joker est plus complexe qu’il n’en a l’air : « Il ne s’agit pas d’argent. Il s’agit de faire passer un message ». Batman trouvera finalement sa place, son identité exactement comme le Joker : au delà de la loi ou des normes, soit en dehors de la vie sociale. C’est le sacrifice que doit effectuer Batman afin qu'il parvienne à franchir cette nouvelle étape héroïque dont il a besoin pour déjouer tous les pièges qui lui sont tendus. Batman doit donc déchiffrer de nouvelles vérités cachées et dépasser certaines des illusions l'éloignant de sa vraie quête. On peut citer par exemple l'espoir d’une réconciliation amoureuse, la volonté d’être réconcilié avec le peuple ou le besoin d'être le représentant de la justice aux yeux de tous, trois éléments qui pouvaient chez Batman normaliser ses actions et dont il s'affranchira grâce au chaos mis en place par le Joker. Le « vrai » héros est finalement celui qui n’attend aucune récompense de ses actes, celui qui est capable de sacrifier son image pour le bien commun et qui assume ses choix. C'est ce que lui apprendra sa confrontation avec le Joker.
Le Joker est donc lui-même associé à un double jeu. A l'image de son rôle dans une simple partie de cartes, il est l'initiateur du chaos et du déréglement du jeu. Mais par son attraction / répulsion au personnage de Batman, il aide ce dernier à trouver une solution à son conflit intérieur (équilibre de sa personnalité) et extérieur (justice dans Gotham City). Batman passe ainsi de l’état du « héros » médiatique mais instable, tantôt apprécié par le peuple tantôt rejeté, à celui de héros « Chevalier Noir », invisible, rejeté par la société mais noble car doué d’une nouvelle stabilité que le Joker lui a insufflé. Il est en somme parvenu à assurer une seconde transformation héroïque. Harvey, le Joker et Batman nous sont donc présentés non comme des personnages s’opposant, mais bel et bien comme des pièces complémentaires d'un seul et même puzzle, chacun contribuant à sa manière à aider le héros dans sa quête de justice (ville de Gotham) et d'équilibre (personnalité(s) de Batman).
A cette construction intéressante des personnages et un scénario en béton armé, s’ajoute bien sûr des acteurs de vrai talent. Une petite note sur le défunt Heath Ledger dont on ne peut reconnaître que l’excellence de son travail, égalant voir même dépassant en termes de profondeur et de subtilité l’ancien Joker interprété par Jack Nicholson. Une très grande interprétation dans tous les cas ! Enfin, comment faire l’impasse sur ce fameux tournage. Christopher Nolan a pour les scènes les plus dynamiques exploité des caméras IMAX 70mm, ce qui ajoute une dimension spectaculaire à une œuvre visuelle peut-être plus impressionnante que le premier volet.
Epique, complexe, fascinant, The Dark Knight n’est pas qu’un blockbuster ou un simple Batman de plus. Il redéfinit au sens pur comme au sens figuré la notion même de super-héros. Ce n’est ni plus ni moins qu’un film étonnant et pour toutes ses raisons un Blu-Ray immanquable !
Qualité Technique
Vidéo
Soyons clair, The Dark Knight est aussi une vraie réussite sur le plan technique. La particularité sur laquelle il faut insister est liée à ce mélange des genres : tournage classique en 35 mm et tournage au format IMAX 70 mm. L’idée fut de pouvoir renforcer l’aspect spectaculaire de certaines scènes du film et surtout de répondre aux exigences techniques d’un réalisateur intransigeant, ce qui au final se révèlera positif pour tous les amateurs de belles images. Il faut donc savoir que les plans en IMAX respectent sur ce Blu-Ray Disc le format 1.78 soit le cadre de votre téléviseur 16/9 contrairement aux séquences en 35 mm qui elles adoptent le ratio 2.40 classique. Le film alterne ainsi de façon régulière les formats ce qui est une première sur une édition Blu-Ray Disc. Le rendu est surprenant mais on s’y accoutume d’autant plus qu’il est un vrai plaisir de consulter ces séquences IMAX, encore plus détaillées et dynamiques, deux aspects renforçant le sentiment immersif de l’image. On peut donc simplement regretter que le réalisateur n’ait pas tout filmé en IMAX mais on apprécie cet effort de restituer ces quelques plans présentés dans leur format plein cadre.
Le transfert (encodage VC-1) reste également efficace sur les plans tournés en 35 mm classiques. On découvre ainsi des scènes d’une définition remarquable. L’image apparaît extrêmement précise et contrastée tant bien qu’en termes de définition les plans tournés en 35 mm n’ont pas forcément à rougir face à leurs ainés en IMAX. Les arrière-plans sont particulièrement précis et détaillés, renforçant leur aspect HD. Une petite note enfin sur les noirs d’une profondeur exceptionnelle, dénués de tout défaut de fourmillement.
La gestion des couleurs est particulière. Nolan alterne plans naturels tournés en extérieur à des scènes très stylisées sur le plan colorimétrique. Les scènes nocturnes sont dominées alternativement par deux tendances : bleutées et dorées-orangées, deux teintes qui s’accordent assez habilement à la dualité des personnages principaux. La ville de Gotham City se montre elle-même sujette à la nuance comme si elle jouait le rôle d’un personnage à part entière présentant plusieurs masques.
Les séquences tournées en IMAX s’inscrivent sans aucun doute parmi les plus belles que nous ayons pu découvrir sur un format haute définition : qu’il s’agisse des plans larges et aériens de la ville de Gotham, la fameuse séquence d’ouverture nous faisant découvrir le nouveau Joker, du saut aérien entamé par Batman en haut d’un immeuble, à cette scène où le Joker fait littéralement péter un hôpital en plein jour : Warner nous offre vraiment un pressage d’exception.
Audio
Comme de coutume chez Warner, on retrouve principalement deux pistes : VO en Dolby TrueHD et VF en Dolby Digital 5.1 (448 Kbps). En vous recommandant la piste son non compressée même si cette dernière ne bénéficie pas d'extraordinaires débits (1505 Kbps/s soit l'équivalent d'une piste DTS plein débit), il faut savoir que celle-ci se montre particulièrement intéressante même si on peut regretter une attention peut-être pas assez marquée sur les effets surround. Rassurez-vous : la scène arrière est bien présente mais elle s’accorde principalement à renforcer l’ampleur de la bande originale signée par le couple Zimmer-Howard et à restituer des effets ambiophoniques assez classiques (hélicoptères, traversées de véhicules à l’écran et explosions).
L’ambiance chronométrée et millimétrée de l’opération de braquage du Joker, scène d’ouverture du film, pourrait servir d’exemple. Les dialogues et les effets propres au design sonore transitent avant tout sur les voies frontales. La scène arrière nous enveloppe quant à elle davantage musicalement (superbe soundtrack conférant ce sentiment "chronométré") même si quelques effets d’ambiance restent perceptibles sur ces deux canaux durant ce passage et à d’autres moments / ex : chapitre 3, 11.52 minutes, métro et piaillements d'oiseaux en surround, et surtout les nombreuses scènes d’action filmées en IMAX. Les dialogues bénéficient d’une très agréable clarté. Le caisson de graves quant à lui se montre très actif et contribue à renforcer l’ampleur des séquences plus énergiques. Petite remarque sur cette voix de Batman remarquable sur ce registre (graves). Elle apparaît tout au long du film très étonnante.
Bonus
Disque 1
Les coulisses de Gotham : La création d'une scène (HD – 1h04.10 minutes)
Petite déception : on ne retrouve sur cette édition aucun commentaire audio / vidéo consultable en lecture de film. Il faudra se contenter d’un making-of que l’on peut tout de même consulter soit indépendamment du film, soit durant sa lecture grâce au mode « Mini-Focus ». Ce making-of se subdivise en plusieurs documents et revient principalement sur la manière dont ont été tournées les scènes. On apprécie, haute définition oblige, les deux featurettes consacrées à l’IMAX.
Disque 2
La technologie de Batman (HD -45.59 minutes)
Comme son titre peut l’indiquer, ce document aborde la dimension technologique de l’univers de Batman : des armes aux gadgets en passant par les véhicules : un immanquable pour les fans ou pour ceux et celles cherchant à en savoir plus.
Batman démasqué : La psychologie du chevalier noir (HD – 46.02 minutes)
Sans doute le document le plus intéressant de ce double Blu-Ray, cette vidéo s’intéresse à toute la dimension psychologique du personnage de Batman. On y découvre des subtilités de la vie intérieure du Héros, des pistes de réflexion sur la vie du personnage, ses motivations à agir. Le document s’appuie sur des interviews de spécialistes de Batman et du domaine de la psychologie et surtout sur de vraies références du domaine (Carl Jung pour ne citer que lui) pour renforcer certaines argumentations. On découvre ainsi que Batman est proche des figures mythologiques anciennes et quelque part de nous-mêmes.
Gotham Tonight (HD – 46.41 minutes)
Il s’agit ici d’un ensemble composé de six documents fictifs issus d’une émission « Gotham Tonight » diffusée sur la chaîne de télévision de la ville de Batman. Un document qui ne présente pas beaucoup d’intérêt si ce n’est prolonger chez nous l’immersion dans l’ambiance et l’univers du film.
Galerie de photos, Bandes-annonces et Spots TV
Conclusion et Screenshots HD
The Dark Knight est une réussite cinématographique. Intelligemment construit, le film a pu profiter d’un tournage partiel en IMAX faisant de cette œuvre une exclusivité visuelle. Cette édition Blu-Ray est fidèle à l’intransigeance technique du réalisateur. Le transfert vidéo est sublime, la piste audio en TrueHD efficace et les bonus présentés en HD toujours intéressants. Warner signe ici une excellente édition dont on n’a même plus besoin de recommander tant ce Blu-Ray Disc reste pour le moment le plus médiatique depuis l’histoire du format haute définition.
Un blockbuster intelligent et visuellement attirant !
Allez vite vous procurer ce Blu-Ray...
ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)