Test Blu-Ray : Jeff Beck performing this week... - Live at Ronnie Scott's
Publié le par la Rédaction
Son nom fait autant vibrer que sa musique. Jeff Beck nous arrive dans un Blu-Ray Disc, disons-le tout de suite d’exception, immortalisant ses cinq prestations au Ronnie Scott’s Jazz Club, une scène certes intimiste mais totalement mythique. Ce musicien britannique au succès planétaire vient jouer dans ce jazz club situé au coeur de Londres, un endroit qui depuis son ouverture en 1959 n’a accueilli que des légendes. Amateurs de grande musique - que dis-je ? - de très grande musique, ne sauront passer outre ce concert de 2007. Mais pour quelles raisons ?
A la simple lecture tout d’abord de la composition des musiciens, il faut s’attendre à se prendre une sacrée volée. A la batterie : Vinnie Colaiuta, un des maîtres contemporains de l’instrument, jugé comme l’une des plus respectées références par la presse spécialisée. A la basse : Tal Wilkenfeld, une jeune bassiste australienne de 23 ans seulement, reconnue pour sa maturité et son feeling à en faire frissonner plus d’un. Et aux claviers Jason Rebello, une autre star britannique de la scène Jazz : rien que ça... Que des musiciens exceptionnels, uniques, aux horizons musicaux tellement vastes qu’une fois formé, le groupe pourrait bien tout nous interpréter !
Attardons-nous un instant sur l’histoire de Jeff Beck, afin de mieux cerner ce fabuleux évènement. Nous sommes au milieu des années 60 : les Yardbirds, groupe formé en 1963 par Anthony «Top» Topham et Keith Relf, commencent à monter grâce au talent d’un jeune guitariste nommé Eric Clapton. En 1965, alors que le groupe s’oriente plus vers un répertoire pop qui déplaît à Clapton, le guitariste soliste est remplacé par un certain Jimmy Page que l’on retrouvera plus tard en tant que guitariste de Led Zeppelin, et qui s’essaie au poste mais décline l’offre et conseille aux Yardbirds notre ami du jour : Jeff Beck. Il est essentiel de définir notre homme en précisant que ce sont ses expérimentations sonores à la guitare électrique qui inspireront les grands guitaristes et notamment un certain Jimmy Hendrix : rien que ça ! On reconnaît à Beck d’avoir été l’un des premiers à utiliser la distorsion, un effet désormais très prisé par les guitaristes de rock et de metal. On lui associe aussi dans ce même registre l’usage de la fameuse feedbox, une pédale qui créé un effet similaire de saturation. L’élément orientera définitivement le groupe vers une musique davantage psychédélique et qui forgera un nouveau genre musical que l’on appellera plus communément : le hard rock.
Jeff Beck quitte le groupe au bout d’un an et demi pour des raisons de santé et formera le Jeff Beck Group qui malgré deux albums et une grande exigence musicale (l’album Truth et le travail avec les Yardbirds influenceront énormément le Heavy Metal) éclatera en 1969 peu avant le concert de Woodstock. Jeff Beck reforme The Jeff Beck Group qui sera un échec, et débute alors sa carrière solo. Ce virtuose ose alors un album jazz fusion nommé Blow by Blow, référence dans la discographie du genre et sera placé 4ème des charts US. Blow by Blow sera associée à une révolution musicale car il représente cette fusion atypique opérée entre le jazz et le rock, un style qui marquera définitivement la carrière de Jeff Beck et que l'on redécouvrira sur ce Blu-Ray Disc. Les années suivantes, Jeff Beck enregistre plusieurs albums et participe à la réalisation de nombreuses œuvres toujours marquées par le caractère atypique de ce guitariste de légende.
Ceci nous plonge en novembre 2007. Beck vient pour jouer au fameux Ronnie Scott’s Jazz Club, une légende de la guitare dans un endroit ayant accueilli des stars du jazz comme Billy Cobham. Bien qu’inattendu, le moment était unique.
Ce chef d’œuvre débarque dans une édition Blu-Ray Disc signée Eagle Rock. Qu’en est-il de la performance musicale, de la qualité technique du transfert video et du mixage proposé par l’éditeur ? La suite en page suivante…
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080i MPEG-4 AVC (Débit Moyen de 28537 Kbps) / Format 1.78
Audio : DTS HD Master Audio 5.1 (Débit Moyen de 2840 Kbps), Dolby Digital 5.1 (448 Kbps) et LPCM 2.0
Sous-Titres : Multiples (interviews)
Bonus : Jeff Beck’s Interview, Main Band Interview, Rockability Set, Jeff Beck On The Rockability Feature et Big Town Player’s Interviews
Une énorme performance musicale !
Le concert commence avec le fameux Beck’s Bolero, sous les roulements de Colaiuta, star parmi les stars de la batterie et connu notamment pour avoir brillé avec Franck Zappa. S’enchaînent alors les morceaux avec une musicalité exemplaire, notamment sur Cause We’ve Ended As Lovers où Beck impressionne par ses techniques « guitaristiques » uniques, où Colaiuta nous donne une leçon du jeu de balais digne des plus grands et où Tal Wilkenfeld s’offre un solo absolument éblouissant grâce à son groove et à sa technique frissonnante. Tapping et Sliding ne sont que de simples exemples d’une impressionnante gamme de styles dans le répertoire de Beck, offrant des morceaux totalement aériens comme Nadia où Colaiuta se permet même de tenir des rythmes électro avec une partie de « hand taping » sur un multipad impressionnant.
Mais les surprises ne s’arrêtent pas là ! Sur Behind The Veil, le groupe se la joue reggae avec une partie plus rock « tout en finesse s’il vous plait », ou encore sur You Never Know où Colaiuta assume un jeu à la double pédale qui n’a rien à envier aux adeptes du genre tels que Mike Portnoy (batteur de Dream Theater) avec encore une fois une parfaite maîtrise de la polyrythmie. On peut noter aussi cette même et impressionnante performance rythmique sur Blast From The East, de l’asymétrie et un solo de batterie tout bonnement époustouflant où Vinnie Colaiuta démontre une fois de plus qu’il est le maître en la matière. Tout cela nous amène à Led Boots, un titre que les musiciens interprètent d’ailleurs à la perfection.
Notons la participation de Joss Stone sur People Get Ready qui brille de sa voix, de sa fraîcheur et de sa sensualité sur un morceau complètement étincelant. Imogen Heap sur Blanket et Rollin’ and Tumblin’ nous gratifie d’une prestation mystérieuse et féerique. Mais le coup fatal : c’est la participation de celui dont les fans nomment The God : Eric Clapton. Sa seigneurie interprète deux morceaux Little Brown Bird et You Need Love, des chefs d’oeuvre du blues, la première rappelant le Live a Saitama et où les solos restent à chaque fois très impressionnants. Accordons enfin la note la plus spectaculaire : le solo de Jeff Beck sur You Need Love qui renoue avec tous les principes du blues sans oublier les douces notes de Where Were You qui viennent clôturer intelligemment un concert majestueux, en instaurant ces sentiments de beauté, nostalgie et féérie devant lesquels on ne peut rester que bouche bée.
Un seul mot pour ce concert nous vient à l’esprit : grandiose !
Liste des titres
1) Becks Bolero
2) Eternitys Breath
3) Stratus
4) Cause Weve Ended As Lovers
5) Behind The Veil
6) You Never Know
7) Nadia
8) Blast From The East
9) Led Boots
10) Angel (Footsteps)
11) People Get Ready- avec JOSS STONE
12) Scatterbrain
13) Goodbye Pork Pie Hat / Brush With The Blues
14) Space Boogie
15) Blanket avec IMOGEN HEAP
16) Big Block
17) A Day In The Life
18) Little Brown Bird avec ERIC CLAPTON
19) You Need Love avec ERIC CLAPTON
20) Rollin And Tumblin avec IMOGEN HEAP
21) Where Were You
Qualité Technique
Vidéo
Eagle Rock nous accoutume avec ses éditions Blu-Ray à des concerts volumineux, où les scènes impressionnent par leurs dimensions larges, et où le public, venu en nombre, ajoute une présence rock incontournable. Avec Jeff Beck aujourd’hui, l’éditeur se prête au jeu de la fusion jazz-rock du musicien et nous offre un transfert 1080i, encodage MPEG-4 AVC, au combien chaleureux. Un petit mot sur la scène de Ronnie Scott, totalement intimiste. Les heureux privilégiés sont invités à souper en appréciant, telle une cerise sur un gâteau, un repas musical succulent. Intimiste et chaleureuse, la scène de Ronnie Scott s'adaptera davantage à une diffusion Home-Cinéma effectuée en petit nombre.
Le transfert est positif. La colorimétrie se montre très chaleureuse, avec des primaires rouge-bleu omniprésents et parfaitement saturés. La définition se montre détaillée à souhait avec le plus souvent une prédominance accordée aux gros plans, caractéristiques de la scène oblige. Quelques passages souffrent d’une définition plus laborieuse et un peu de fourmillement, conséquents d’une atmosphère qui reste peu lumineuse, et d’une variation pas toujours maîtrisée de la mise au point des caméras haute définition chargées de recouvrir les musiciens et surtout leurs mouvements. Atypique par les dimensions de la scène, ce transfert reste malgré tout vraiment très agréable et retranscrit avec finesse l’atmosphère détendue de cette soirée jazz britannique.
Audio
Plusieurs choix comme de coutume chez Eagle : DTS-HD Master Audio 5.1, Dolby Digital 5.1 et PCM 2.0. Conçu par Alan Branch, le mixage 5.1 est admirable compte tenu des caractéristiques acoustiques de cette scène jazz aux dimensions assez restreintes. Ce Blu-Ray Disc s’éloigne considérablement des mixages qui sont généralement proposés par l’éditeur, souvent très vifs, sportifs et dynamiques. Ici, on a le droit à un mixage beaucoup plus précis, fin et aéré : ce qui n’est pas pour nous déplaire sur le plan musical.
Rassurez-vous, si l’ambiance est davantage studieuse que rock’n roll, l’immersion 5.1 est toujours manifeste. Le paysage multicanal ne se contente pas de relayer une structure formée essentiellement sur la scène avant. Les voies surround se détachent aisément, relayent avec clarté les manifestations du public conquis et diffusent des éléments instrumentaux agréablement découpés sur l’ensemble de la scène 5.1. La réponse en fréquence est admirable. Le côté aérien des notes vertigineuses de Beck se conjugue agréablement à l’épaisseur du jeu de cordes de la jeune Tal Wilkenfeld. Les voix des titres à paroles se concentrent sur le canal central avec une nette distinction. En bref, Eagle nous offre un mixage 5.1 très studieux.
Bonus
Jeff Beck’s Interview (HD – 30.40 minutes)
Jeff Beck délivre ses relations avec la scène du Ronnie Scott. Il aborde le pourquoi de ce concert assez inhabituel (la scène étant associée à une ambiance jazz manifeste) et le travail lié à l’acoustique (jouer fort dans une petite salle n’étant pas forcément pratique recommandée). Beck confie sa surprise d’avoir eu trois légendes dans sa salle en tant que spectateurs : Page, Bon Jovie et Brian May (que du lourd à nouveau !). Jeff Beck aborde ensuite tous les musiciens l’ayant accompagné : Jason Rebello, Vinnie Colaiuta, Tal Wilkenfeld. Il traitera aussi du choix complexe des titres sélectionnés pour l’évènement, avant d’en aborder une à une les spécificités.
Main Band Interview (HD – 6.44 minutes)
On retrouve ici les 3 membres accompagnateurs : Vinnie Colaiuta, Jason Rebello, Tal Wilkenfeld qui reviennent surtout sur l’intimité générée par la dimension réduite de la scène et sur la progression constante de leurs performances.
Rockability Set (HD – 22.27 minutes)
Jeff Beck accompagne le groupe Big Town Playboys pour 7 chansons inédites.
1) Introduction
2) Race With The Devil
3) Crazy Legs
4) Train Kept A Rollin’
5) My Baby Left Me
6) Matchbox
7) Baby Blue
8) Honky Tonk
Jeff Beck On The Rockability Feature (HD – 8.25 minutes)
On retrouve à nouveau Jeff Beck qui revient sur cet accompagnement.
Big Town Player’s Interviews (HD – 4.42 minutes)
Ici ce sont les membres du groupe qui reviennent sur leurs prestations.
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
Jeff Beck Performing This Week... Live at Ronnie Scott's est définitivement un Blu-Ray coup de cœur où s’entremêlent professionnalisme, intimité et musicalité comme jamais pour un évènement rock édité chez Eagle. Les bonus, tous présentés en HD, sont une cerise sur un gâteau musical très volumineux et richement composé. On ne peut que vous recommander cette édition pour toutes ses qualités. Un Must Have !
ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)