Test Blu-Ray : Yes Man
Publié le par la Rédaction
Jim Carrey est un champion de la comédie burlesque. Après quelques tentatives plus ou moins fructueuses dans le cinéma d’un autre registre, l’acteur revient à ses premiers amours : une comédie hilarante nous offrant, par le biais de la « Yes Attitude », quelques notions de développement personnel. Et dans un contexte de crise majeure, la « positive attitude » promulguée par ce film et sa vedette pourrait sembler la bienvenue. Mais dire « oui » à tout est-il vraiment une solution pertinente pour nous aider à (re)trouver le bonheur ? Pas si sûr…
'Yes Man' s’appuie sur un scénario un peu simpliste mais fortement comique. Notre héros est d'abord un « No-Man ». Dépressif, il accumule les échecs et se refuse à s’ouvrir vers les autres. Entraîné sur le chemin initiatique qui le mènera à adopter la voie promulguée par un gourou (alias Terence Stamp), la « Yes Attitude », Carl apprend à dire « oui » à toutes les opportunités qui se présentent même si ces dernières le rebutent. Il réapprend par ce biais à s’ouvrir aux autres et remontera la pente de la réussite pour atteindre le succès dans tous les domaines : professionnel, amoureux et relationnel. Mais Carl va se rendre compte que mentir n’est pas non plus "LA" solution qui lui permettra d'évoluer sur le plan spirituel. Il réapprendra finalement à dire « non ». La bonne attitude consisterait pour Carl à savoir dire « oui » mais en fonction des situations : un difficile équilibre !
Par son interprétation, Jim Carrey constitue la principale attraction de cette comédie. Mais sur le fond, peut-on réellement tirer un enseignement de nature spirituelle de ce Yes-Man ?
C’est sur ce point que le film ne parvient par à réaliser son objectif !
Si adopter la « Yes Attitude » permet à Jim Carrey de donner libre court à son talent d’interprète, le film pose effectivement un grand nombre de limites qui ne permettent pas à 'Yes Man' de s’inscrire parmi les comédies dotées d'une teneur philosophique pertinente. Confus, le message du film, cette « Yes Attitude », pose des problèmes de fond. Certes dire "oui" (bêtement !) à tout nous offre des opportunités et génère l’essence comique du film. Mais cette pratique constitue aussi l’élément qui sauvera notre héros. Et si cette attitude entraîne le protagoniste à ne plus vivre en marge de la société (jusqu’à redevenir bon consommateur, tiens donc !), elle le poussera dans le même temps à commettre des actes douteux : boire jusqu'à atteindre l’ivresse, se battre pour ne pas perdre la face, accepter d’avoir des relations sexuelles incongrues, mentir afin de gravir une échelle professionnelle et consommer à outrance. Et en tournant en ridicule le « oui », et en noircissant le « non », le film semble vraiment tourner en rond.
Le monde, tel qu’il nous est présenté dans 'Yes Man' oppose aussi les No Man des Yes Man : les vainqueurs aux loosers. Or, un développement personnel pourrait sans doute être atteint en refusant simplement de réaliser tous ces objectifs qui nous sont socialement imposés (voir le désir mimétique de René Girard !) et qui emprisonnent toujours notre héros : rechercher absolument la réussite professionnelle, l’abondance d’un catalogue relationnel ou une relation amoureuse parfaite. Ce sont ces principaux critères qui semblent toujours définir la notion de bonheur dans cette comédie. En cela, 'Yes Man' ne parvient pas à dépasser le cadre très restreint d’un American Way Of Life, qui institue l'idée que le bonheur ne peut être atteint que par le biais de la réussite et de l’assouvissement de désirs qui nous sont toujours, implicitement, dictés par notre société d’abondance. La réussite est donc toujours définie comme la règle, l’objectif à atteindre, la voie d'accès au bonheur...
Mais ne pourrait-on pas voir dans l’échec une voie d’ascension pertinente ? On pourrait par exemple évoquer dans ce registre l’œuvre indépendante de Jonathan Dayton et Valérie Faris à savoir 'Little Miss Sunshine', qui contrairement à 'Yes Man', était elle parvenu à décrédibiliser ces leçons de vie (positive attitude, penser juste / agir juste pour faire partie des meilleurs !) avec bien plus de pertinence.
En somme, 'Yes Man' surfe sur un digne projet – nous offrir quelques concepts de développement personnel et décrédibiliser certains discours sectaires – mais ne parviendra jamais à le réaliser. Il en ressort un film amusant (Jim Carrey est vraiment drôle en acceptant de dire « oui » à tout), mais à la philosophie très enfantine et surtout très hollywoodienne. On préfèrera nettement dans ce registre des œuvres telles qu’'Un Jour sans Fin' (avec cet excellent Bill Murray qui revit chaque jour inlassablement la même journée jusqu’à ce qu’il trouve sa voie personnelle) ou 'Little Miss Sunshine' (qui envoyait un gros merde aux « concours de beauté » inondant nos petites vies individuelles) : deux films qui étaient vraiment parvenus à délivrer avec humour un enseignement de nature spirituelle d’une vraie contenance.
'Yes Man' est un film édité chez Warner Home Vidéo en Blu-Ray. En voici le test technique…
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 VC1 (Débit Moyen de 21143 Kbps) / Format 2.40
Audio : Anglais en Dolby TrueHD (Débit Moyen de 1557 Kbps) et Français, Polonais, Russe, Turque et Ukrainien en Dolby Digital 5.1 (640 Kbps)
Sous-Titres : Multiples
Bonus : Improvisations de Jim Carrey, Les cascades du film, Les coulisses avec Danny Wallace, Sons futuristes des « Munchaussen by Proxy », Dire « oui » pour un Red-Bull, Etre populaire selon Norman, Vidéos exclusives des Munchaussen by Proxy, Scènes inédites, Bêtisier
Qualité Technique
Vidéo
'Yes Man' nous offre dans l’ensemble une très belle image dans laquelle on retrouve les caractéristiques principales que l’on peut associer à la Haute Définition. Le piqué de l’image est très convenable et naturel. Les textures sont correctement délimitées et il en ressort toujours une belle sensation de définition mis à part durant ces plans bleutés propres aux nuits américaines où le piqué est moins consistant. Les gros plans et plans plus éloignés restent optimaux. Filmé en 35mm, on retrouve dans ce film les caractéristiques d’une production argentique soignée : un léger grain cinéma qui n’est jamais abusif. Les noirs manqueront ici un peu de profondeur et de punch. Les colorations demeurent par contre assez réalistes : pas de sursaturation et ni d’autres artifices colorimétriques même si les teintes penchent vers un doux doré (pour marquer l’épanouissement progressif et le côté de plus en plus chaleureux de notre héros ?). Stable, l’image présente un joli taux de contraste et les défauts traditionnels des scènes tournées en basse lumière sont maintenus à un degré raisonnable. En somme, pas de bruit vidéo agaçant. Sans parvenir aux sommets de la haute définition, 'Yes Man' s’impose par son pressage très correct, naturel et donc plaisant. « Yes ! »
Audio
Côté audio, Warner ne réalise pas forcément de prouesses et le film peine à s’imposer par son originalité. Il s’agit d’une comédie qui n’exploite pas la carte sonore à 100%. Et c’est en cela, que la piste Dolby TrueHD au débit très moyen de 1557 Kbps, sans décevoir, n’éblouira pas. L’éditeur assure tout de même ce qu’on lui demande : fournir une piste la plus fidèle aux intentions du réalisateur. Les dialogues sont clairs et parfaitement positionnés. Les basses sont utilisées avec intensité lorsque le besoin s’en ressent. L’usage de la scène arrière reste assez timoré. On y perçoit tout de même quelques ambiances, et la bande originale y est aussi véhiculée. Mais rien de grandiose mis à part durant ces scènes où la dynamique générale tend à s’enflammer (conférence, petit concert…). La scène sonore est donc largement tenue en réserve. Pas de grands artifices à se mettre sous la dent.
Bonus
Improvisations de Jim Carrey (HD – 3.59 minutes)
Jim Carrey fait l’imbécile pendant 4 minutes : comment ne pas succomber au rire ? On en redemande !
Les cascades du film (HD – 11.52 minutes)
Moins que de véritables cascades, ce sont surtout les situations de tournage délicates qui nous sont présentées en détail : la scène du chien féroce, le « rollerman », le une roue en ducati et le saut à l’élastique (avec le vrai Jim Carrey) !
Les coulisses avec Danny Wallace (HD – 8.32 minutes)
Danny Wallace est le vrai Yes Man, c'est-à-dire l’auteur de l’ouvrage sur lequel s’est basé le film. L’écrivain nous fait visiter les studios et plaisantera avec les acteurs.
Sons futuristes des « Munchaussen by Proxy » (HD – 5.28 minutes)
On découvre ici le groupe Muchaussen by Proxy que l’on retrouve dans le film.
Dire « oui » pour un Red-Bull (HD – 2.06 minutes)
Le tournage de la scène red-bull. Un petit coup de pub en passant ?
Etre populaire selon Norman (HD – 2.16 minutes)
L’acteur nous montre ses collections et ses objets favoris. L’humour est de mise…
Vidéos exclusives des Munchaussen by Proxy
Cinq clips musicaux présentés en Dolby Digital 5.1 mais en fait ce ne sont que des extraits tirés du film.
Scènes inédites (HD – 7.31 minutes)
9 scènes coupées au montage final sont présentées ici en HD.
Bêtisier (HD – 5.35 minutes)
Jim Carrey refait l’idiot. Excellent !
Conclusion et Screenshots
Conclusion
'Yes Man' s’impose comme une comédie hilarante. Si le film échoue sur le plan philosophique ( son objectif étant de « nous inciter à nous ouvrir aux opportunités qu’offre la vie quand on s’ouvre à elle »), Jim Carrey reste une valeur sûre et sa seule présence suffira à nous faire rire. Sur le plan technique, ce Blu-Ray reste très convaincant. Les bonus sont nombreux mais, à l’image du film, n’offrent peut-être pas assez de sérieux. On se concentre sur Jim Carrey dans son humour, ses cascades, et ses improvisations. 'Yes Man' réveille (donc plus que révèle) le pouvoir comique de Jim Carrey !
Un Blu-Ray tout de même à recommander en ces temps de morosité !
ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)