Test Blu-Ray : Fight Club
Publié le par la Rédaction
'Fight Club' de David Fincher est un film qui sans conteste fait mal, au sens propre comme au sens figuré. Adapté du tout premier roman de Chuck Palahniuk, ce film de 1999 s’inscrit encore aux yeux d’un très grand nombre comme un film masculin, provocateur et dérangeant. C’est en partie le cas. Mais c’est surtout un film qui est devenu « culte » car selon nous il a l’avantage de pouvoir être interprété de mille et une manières, offrant à chacun images, thèmes, et idées qui pourront résonner différemment selon la sensibilité et le regard de chaque spectateur. On peut parler en ce sens d’une œuvre dotée d’une fonction mythologique essentielle : savoir parler à chacun et selon sa propre expérience.
'Fight Club' : c’est en premier lieu un film complexe, brutal et surtout « inconfortable ». La violence y est manifeste. Certains ont parlé d’un film ultra-violent voir à certains égards masochiste et ils ont eu peut-être raison car le plus grand « adversaire » du protagoniste prend bien son origine ici au fin fond de son mental d’où ce côté inconfortable que l’on qualifiera dans cette histoire de « légitime ». La violence est en fait dans ce film de Fincher, fort de l’interprétation de Brad Pitt et d’Edward Norton, très bien ciblée. Elle va frapper là où ça fait mal chez le spectateur c'est-à-dire quelque part au cœur de lui-même.
'Fight Club' va remettre en question cette dépendance à l’égard de la société moderne et des valeurs consuméristes. Mais 'Fight Club', c’est aussi et parallèlement une lutte intérieure, psychologique, le combat de l’Etre face à son mental, un mental à la fois consommateur d’illusions et créateur d’illusions. Et c’est cette remise en question sociale, systémique et psychologique qui fera de 'Fight Club' un film doté d’une énorme valeur. En tant que spectateur, on va suivre l’évolution de Jack, le narrateur, un personnage insomniaque, dépendant et victime des normes dictées par la société mais qui va finir, au fil de plusieurs étapes, par s’éveiller. Fincher, comme bon nombre de ses confrères, nous plonge dans ses films dans un univers presque ésotérique. Il va entreprendre son 'Fight Club' dès les premières minutes en nous présentant un personnage endormi, pistolet en bouche – une représentation de l’emprisonnement générée par la peur qui est une illusion stimulée électriquement par le mental (Quel réalisme symbolique et expressif ce générique de début de film !) - pour finalement boucler son œuvre sur l’image d’un personnage qui a su se libérer de cette prison mentale, sacrifier son égo et qui sait désormais apprécier la vie en totale union avec son cœur (autre belle image de fin…).
Plus qu’un film portant sur un personne schizophrène ou d’une critique acerbe tenue à l’égard du système, 'Fight Club' est à nos yeux une nouvelle représentation au cinéma de la libération d’une conscience individuelle voir collective. A moins que tout cela ne soit qu’une simple grosse blague entreprise par le réalisateur ?
Pour fêter son 10ème anniversaire, 'Fight Club' s’offre une édition Blu-Ray forte d’un nouveau master et d’une piste en VO DTS-HD Master Audio que l’on qualifiera tout de suite de « monumentale ».
Le test de ce Blu-ray suit dans les pages suivantes…
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit Moyen de 23453 Kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit Moyen de 3266 Kbps / Encodage 24-bit), Français en DTS 5.1 (768 Kbps / 24-bit), Portugais et Espagnol en Dolby Digital 5.1 (448 Kbps)
Sous-Titres : Anglais, Chinois, Danois, Allemand, Finnois, Français, Norvégien, Espagnol, Portugais, Suédois
Bonus : 4 Commentaires audio, Ren Klyce et la conception sonore de Fight Club, Fight Club Analysé, Index de recherche, Les coulisses du tournage, Scènes inédites, Matériel publicitaire, Galerie d’arts
Fight Club : une clé de lecture
Plus qu’un film portant sur un personnage schizophrène particulier ou d’une critique acerbe tenue à l’égard d’un système, 'Fight Club' représente à nos yeux l'éveil progressif d’une conscience. On touche là une composante essentielle d’un mythe. La norme actuelle nous pousse généralement à saisir une œuvre cinématographique en tant que produit interprétable, doté d’une logique scientifique ou d’un réalisme historique. C’est réel ou cela ne l’est pas, c’est sérieux ou c’est une blague ? On a souvent du mal à outrepasser cette manière pragmatique de penser, de catégoriser et d’analyser. Mais les films ont tendance à partager un même fond commun narratif qui peut, une fois découvert, vous interpeller. Jung parle à ce propos d’archétypes, des représentations organisant la vie intérieure et spirituelle d’un sujet et structurant aussi notre inconscient collectif, notre paysage imaginaire. Si l’on s’appuie sur ce paradigme, 'Fight Club', en tant qu’œuvre d’art, s’appuierait et contribuerait à forger cet imaginaire collectif. Le film pourrait donc devoir une partie de son succès à cet usage de représentations archétypales et surtout à ce même fond commun imaginaire. En tant que film culte, à la dimension mythique, ce film a dans tous les cas le potentiel d’être analysé en tant que représentation d’une aventure profondément intérieure, dont l’enjeu serait la libération d’une conscience individuelle. A noter qu’on peut même oser évoquer l’idée de l'éveil d’une conscience au sens collectif du terme. Qui nous certifie en effet que nous n’en partageons pas une et que celle du protagoniste, Jack, n’est pas quelque part la nôtre, n'est pas collective (celle des spectateurs d'une salle de ciné ?) ?
« Celui qui regarde à l’extérieur rêve » (C.Jung)
La première étape de cette transformation intérieure chez le personnage débute dans 'Fight Club' par la mise en avant d’une insatisfaction. Elle a clairement pour cible l’extérieur, la société, qui par l’intermédiaire de l’industrie cinématographique, et du capitalisme s’appuie abondamment sur le principe de la publicité, fabrique de la magie (« Holly » « Wood » n’est rien d’autre qu’une baguette de sorcier) et du rêve (« Dream » « Works » est un fabricant d’illusions) dont l’égo que l'on assimiliera de façon rigoureuse au mental, s’abreuve sans jamais pouvoir être rassasié. 'Fight Club' devient dès les premières minutes cette œuvre coup de poing au travers laquelle on découvre les mécanismes d’une société qui nous ment, nous manipule grâce à des artifices mentaux (les images subliminales sont nombreuses dans ce film), un système qui a su imposer un message consumériste extrême et qui est devenue pour ces raisons lissé, sans vie comme l’est le personnage principal. Comme Jack, la société a perdu son humanité et va chercher à la retrouver. L’idée est simple : on nous réduit à un simple comportement de passivité, d’acquisition et on ne pourra jamais devenir « éveillé » si l’on s’appuie sur ce même et seul critère quantitatif. Cette première prise de conscience va être la première grande étape du film 'Fight Club'. Jack, qui est un homme plutôt commun dans sa forme, avec un bon boulot, un bel appartement et une belle situation recherche ce que son ego ne parvient plus totalement à lui fournir. Enfant immature, Jack va chaque soir s’abreuver symboliquement d’un lait maternel, d’une énergie féminine dans des groupes de soutien. Jack va heureusement rompre avec les règles d’acquisition que la société lui impose. Et c’est cette étape qui va en l’apparence lui permettre d’évoluer, d’initier un début d’éveil. Il lui faut lever une première règle, qui est un acte dangereux, un interdit de la société de consommation. Et c’est ce qui va l’amener à découvrir progressivement chez lui d’autres formes d’énergie, d’autres modes de vie. Jack va découvrir une nouvelle manière de vivre en adhérant au 'Fight Club', une société secrète qui fonde ses valeurs sur des principes complètement à l’opposé de la société de consommation. 'Fight Club' rejette, brave les interdits, fait du perdant un gagnant, transforme la merde en œuvre d’art. 'Fight Club' va bouleverser ses références, lui permettre de grandir. Mais le 'Fight Club' va surtout se charger de le séduire.
Le Fight Club ou l’Individu face au Système
Eveillé par la remise en question de son environnement et ayant répondu positivement à l’appel du héros (l'explosion de son appartement est une manière de représenter l'abandon d'un ancien mode de vie et donc l'appel à l'aventure), Jack va participer au fameux 'Fight Club'. Cette société va réunir des personnes comme vous et moi lassées de cette civilisation. Le 'Fight Club' va imposer un mode de vie sans commune mesure basé sur des valeurs opposées à notre société actuelle. Dans cette communauté, on passe de la volonté de l’amélioration de soi, à la destruction de soi ; on passe de la concurrence à l’anti-concurrence au travers laquelle le perdant est celui qui gagne. Le 'Fight Club' vient donc rompre avec les règles imposées par la société de consommation. David Fincher, le réalisateur, va ainsi nous plonger dans ce film dans un enfer qui n’en est un que si l’on conserve notre perspective habituelle et nos références culturelles. 'Fight Club' représenterait dans ce cadre un univers brutal, corporel, où s’éclate avec fureur l’hémoglobine. Mais c’est aussi une formidable société masculine à partir de laquelle l’individu peut s’émanciper. 'Fight Club' offre à chacun l’opportunité de frapper, de s’exprimer, de lutter, de grandir…
Mais le 'Fight Club' offre-t-il pour autant la libération recherchée par le personnage ? Pas forcément, car le mode de vie 'Fight Club' presque anarchique n’est sans doute pas l’idée à laquelle voulait rester focalisé Fincher, qui ne s’appuie d’ailleurs que sur un ouvrage au récit déjà défini. Au contraire, en fondant une nouvelle communauté, le 'Fight Club' va imposer à son tour ses règles, des interdits à respecter. Et le club va être pris à son propre piège. Comme l'évoquerait la dimension anarchique du mode de vie 'Fight Club', l’homme va être tenté de rompre avec toutes les règles. On notera que sur le plan psychologique, la règle est une barrière, limitant l’évolution et la liberté du personnage dans son univers intérieur. La règle essentielle du 'Fight Club' - « Il est interdit de parler du Fight Club » - va voler en éclat au fur et à mesure que la communauté 'Fight Club' va s’épaissir. Le 'Fight Club' va rentrer en crise, connaître une forme dictatoriale malsaine, et va être amené à prendre une nouvelle forme séductrice, imposant par la suite de nouvelles règles etc…. Fincher semble nous exposer ici la dimension cyclique de toute civilisation, amenée à naître, évoluer, périr pour renaitre sous une forme nouvelle et évoluer pour périr encore…. Fincher nous montre aussi comment Jack a entrepris dans le même temps une seconde étape évolutive. Il a acquis de la maturité. Il a su détruire son « moi social » qui était attaché au matériel, à la consommation, à la situation professionnelle. Il est capable désormais de braver les règles, les interdits et y compris ceux du 'Fight Club' et des autres projets qui vont suivre. L’environnement extérieur du personnage, en perpétuelle adaptation et changement, semble dans une certaine mesure être le reflet de son univers intérieur.
« Celui qui regarde à l’intérieur s’éveille » (C.Jung)
Une importante étape dans l’évolution de la conscience du personnage va être entreprise dans la troisième moitié du film. Le 'Fight Club' a évolué en une nouvelle société secrète baptisée Project Mayhem (Projet Chaos). Mais Jack a du mal à y adhérer car elle se fonde rapidement sur de nouvelles règles (le Projet Mayhem interdit le fait même d’être questionné), qui va vite semer le doute chez le narrateur, un doute qui le poussera à s’interroger sur l’origine même de ces sociétés secrètes. D’où viennent-elles ? A quelles fins sont-elles construites ? Et peut-on y échapper ?
Là intervient une hypothèse fondamentale : l’idée qu’elles seraient façonnées pour et par l’égo, le mental. La société de consommation, le 'Fight Club' tout comme le Projet Mayhem (voir même, si l’on suit ce raisonnement et ce changement de perspective, le film de Fincher lui-même) ne seraient alors que des machines créatrices d’illusions destinées à abreuver l’égo, le mental, tout en étant chargées de le maintenir dans un état d’insomnie continuel. De la même manière, nous sommes nous-mêmes pris au jeu et sommes en tant que spectateurs doublement prisonniers de ces illusions : celles du mental du personnage, mais aussi celle du film qui est une illusion du metteur en scène qui se superpose à celle qui emprisonne Jack. Malgré des formes différentes, le mal serait toujours le même. Butant sur les mêmes illusions, l’éveil de Jack ne pourrait donc pas se réaliser dans ce système ni dans un autre d’ailleurs…à cause de son égo qui est figuré par le personnage Tyler Durden et qui est toujours le grand manipulateur.
Le personnage va alors rentrer dans une lutte qui le poussera à se questionner sur lui-même (le Projet Mayhem interdisait pourtant le fait même d’être questionné), à braver en quelque sorte la barrière psychologique qui pouvait normaliser toutes ses actions et limiter sa liberté intérieure. Il va alors prendre conscience de l’existence de son égo, un adversaire redoutable assimilé au mental. Le dépassement de l’égo, qui est une épreuve commune à de nombreux mouvements spirituels, serait la troisième étape de Jack dans son parcours d'éveil. C’est le pas à franchir pour atteindre l’ultime étape de transformation qui dans de nombreux mythes et récits religieux est associée au sacrifice, à une mort initiant une résurrection, une renaissance. C’est une fois acquise l’idée qu’il n’y a pas de mort, que la mort est une construction du mental, que Jack connaîtra l’illumination, l’éveil. C’est en ce sens qu’au travers la mort on touche dans 'Fight Club' l’essence de la vie qui est à considérer au-delà du prisme de l’égo et ce message sera directement évoqué dans le film. Fincher n’invente rien : le 'Fight Club', le Project Mayhem ou le Project Apocalypse ne seraient que des formes différentes qu’auraient pris les illusions fabriquées par et pour le mental. Cette prise de conscience douloureuse est fracassante dans le film. En assimilant la mort pour ce qu’elle est, une illusion, Jack semble initier chez lui un vrai renouveau. En ayant le courage de sacrifier son égo (fameuse tentative de suicide qui symboliquement met fin à l'emprise du mental, un mental qui semble être alimenté dans le film de façon purement "électrique"), il adoptera un regard neuf sur le monde. On touche là la dernière étape de cette transformation profonde de la conscience. On passe symboliquement de la prison du mental au cœur libre offrant une nouvelle perspective et surtout un détachement à l’égard de l’environnement extérieur. Jack acceptera consciencement l'aboutissement du projet apocalypse, la fameuse destruction des immeubles.
"The end of the world : It's a love affair" (R.Emmerich)
Ce discernement, ce lien retrouvé envers l’Etre (qui est au-delà du monde tel que le mental le perçoit) sera figuré à la fin du film par cette union entre Jack et Marla dont l’image du lien associant deux personnages au sexe opposé vous évoquera dans un sens premier un simple mariage, un lien amoureux romantique et hollywoodien, mais qui à notre sens n’est là que pour illustrer simplement une union spirituelle retrouvée grâce au sacrifice de l’égo (mental) entrepris par le personnage, l’égo étant à l’origine de toutes les divisions, toutes les séparations. N’étant plus limité par les pensées, peurs, et autres illusions du mental (perte matérielle, échec professionnel, la mort) le personnage est capable désormais d’apprécier la vie comme elle est, étant à même de discerner désormais le vrai du faux, l’illusion de la vérité et, grâce à cette prise de recul, d’aimer le monde sans condition et avec discernement. Imaginez en effet une vie dans laquelle vous n’auriez plus à penser…
Qu’importe donc qu’un voile d’apparences parmi d’autres s’écroule comme le figurera l’exemple de cette explosion apocalyptique finale portant sur des immeubles de la finance internationale très célèbres. Car la finance, dans le monde de Jack comme dans le nôtre, participe à la création de ce fantasme collectif dans lequel nous vivons et auquel Jack, en tant que personnage éveillé, n’accorde peut-être plus la même importance à la toute fin du film. Jack a peut-être compris que tout son environnement n’était qu’une illusion, un voile d'apparences. Le réalisateur nous amène à le penser en tout cas car en introduisant de façon subliminale un gros pénis à la fin du film, il nous pousse bien à changer de perspective et à penser que toute cette histoire de Fight Club n’était qu’une manipulation de sa part, une grosse farce hollywoodienne abreuvant notre propre mental de nouvelles illusions (le film), mais une farce qui nous permettra en même temps d’assurer, pour nous spectateurs, un plus grand discernement à l’égard du monde et des tromperies qui nous empoisonnent dans notre quotidien. Surtout, Fincher nous amène par ce biais à réfléchir sur une hypothèse : notre rapport avec la fin des temps, qui est figurée à la fois par la « fin du film » et par ce « projet Apocalypse » qui boucle le récit, a le potentiel d’être assimilée à une relation d’amour, créatrice d’union avec nous-mêmes et avec les autres. Voilà qui nous donnerait une bonne raison de boycotter intégralement ce film voir d'abandonner avec délectation votre Home-Cinéma une fois la projection terminée. A noter les propos tenus par Roland Emmerich à l'égard de son film '2012' et de sa vision de la fin du monde : «The end of the world : It’s a love affair ». Voilà une très belle perspective...
Conclusion
Masochiste, violent, anti-social : 'Fight Club' n’est finalement rien de tout ça. Le 'Fight Club' de David Fincher peut être analysé comme étant la représentation d’une expérience d'éveil individuel voir collectif, et cette expérience peut être dans une certaine mesure la nôtre. 'Fight Club' a le potentiel d’affecter notre conscience individuelle et collective. Il ne s’agit pas forcément d’une histoire portée sur un personnage schizophrène singulier (cela aurait facilité les choses et conforté votre propre égo dans son sentiment de supériorité) mais bien d’un conte qui vous concerne tout autant que moi. Nous sommes tous touchés de la même manière par l’influence du mental, de l’égo, et nous partageons tous en ce sens cet état schizophrénique sans même, et c’est le plus grave, nous en rendre compte. C’est la raison pour laquelle nous apprécions regarder des films car nous devenons en quelque sorte, par voie de transcendance, insomniaques le temps d’un long métrage. En résumé : 'Fight Club' : c’est l’idée du passage de la dépendance envers l’égo (le mental), certes consommateur d’illusion mais aussi producteur d’illusion et de séparation, à la spiritualité qui est synonyme d’ouverture à une vision nouvelle, d’union et d’unité. C’est la transformation symbolique d’une conscience, le passage du mental au cœur : ce que figurent d’ailleurs respectivement le début et la fin du film.
En tant que simple produit cinématographique, machine illusoire qui n’est présente que pour nous maintenir dans un état insomniaque qu’apprécie notre mental, deux choix s’imposent : rejeter le film ("Ce film est antisocial, anti-dieu, fashiste, brutal..." ^^) ou se laisser endormir par cette magie hollywoodienne comme on a coutume de le faire (on resterait là dans un état second de passivité féminine sans finalement rien comprendre et en se laissant manipuler par les merdes subliminales et volontaires de Fincher). On émettra une autre proposition en tenant compte de l’éveil expérimenté par le protagoniste du film et exposé ici : 'Fight Club' n’est qu’une illusion parmi d’autres, une grosse blague. Ayons simplement le discernement de l’apprécier comme telle.
Qualité Vidéo
Attention, 'Fight Club' arrive en Blu-ray et on sent poindre l’arrivée d’une polémique à ce sujet. S’agit-il d’un Blu-ray Disc de démonstration sur la section visuelle ou non ? Et bien on vous répondra de la façon sans doute la plus pertinente et en relation avec les propos du film : on s’en fout ! Le film de David Fincher, fort de la photographie de Jeff Cronenweth, ne bénéficie sans doute pas d’un univers qui lui permettrait de répondre aux canons qui nous amènent parfois à qualifier l’image présentée comme étant superbe ou démonstrative. 'Fight Club' est un film sombre, doté d’un univers délabré, macabre, désaturé et le grain parfois tenace de l’image risque peut-être de déplaire à certains. Mais comme vous souhaitez connaître notre avis personnel : nous, on a adoré ce transfert !
Cette réédition approuvée par David Fincher, offre une version sans doute la plus proche et respectueuse des intentions du réalisateur et l’apport Blu-ray vs DVD est encore une fois phénoménale avec des couleurs beaucoup mieux étalonnées et un apport de définition incontestable. Ce transfert offre en cela des résultats très positifs en termes de netteté, de précision et de contraste. Le piqué de l’image présente un très bon rendu. Il met surtout en valeur l’aspect argentique du métrage même si quelques plans, très travaillés, apparaissent plus artificiels que d’autres, plus soft et moins granuleux. Le film bénéficie néanmoins d’un transfert masculin tonique et vif, capable surtout de gérer les nombreuses zones d’ombres et d’obscurité de la plus belle des manières. Les contrastes sont en ce sens très solides, le niveau de noir ne manquant absolument pas de profondeur. Les tons chair sont très fidèles et la structuration des couleurs est adaptée au récit tout en étant ostentatoires avec des tons rouges, ocres, chairs parfois omniprésents. Seul l’aspect granuleux, du à un tournage en 35mm (Fincher adoptera plus tard et de façon davantage systématique le numérique mais ce n’était pas le cas en 1999) et une photographie affichant volontairement de la noirceur, habillent en substance le transfert et pourraient générer chez vous un rendu disgracieux. Mais inutile de préciser que l’aspect sert plus le film et son propos qu’il ne le dessert. 'Fight Club' a pour objectif de renverser nos valeurs de référence et en cela on ne peut pas être en mesure de reprocher un grain qui serait plus important qu’une œuvre Disney.
C’est vrai que quelques séquences ont tendance à fourmiller en arrière-plan. C’est vrai que la palette des couleurs elle-même n’est pas des plus riches : et alors ! On est plongé dans un univers profondément désaturé, verdâtre au rendu très électrique, presque mentaliste, et cela sert le propos du film. L’encodage MPEG-4 AVC est difficilement reprochable, ne trahit jamais l’œuvre, et la portée significative des images. On conclura de la manière suivante : un très « beau » transfert (enfin "beau" c’est peut-être pas le terme approprié pour Fight Club) honorant en tout cas l’œuvre de Fincher avec ses nombreuses qualités intrinsèques. Peut-on parler d’un disque de démonstration ? On vous laissera la liberté de répondre à cette question !
Qualité Audio
Catégorisable, la bande son du film l’est bien ! Nous avions été parmi les premiers à goûter aux prestations de ce Blu-ray, et lors d’une actualité datant de la fin du mois d’octobre dernier, nous avions émis le pronostic suivant : avec cette piste DTS-HD Master Audio, 'Fight Club' va devenir une référence absolue dans le domaine de l’audio, du home-cinéma et du format Blu-ray Disc. Nous n’avons pas changé d’avis, et vous pourrez très rapidement vous en rendre compte. Seule contrainte : regarder le film en version originale, la seule manière de pouvoir profiter des prestations phénoménales de ce Blu-ray Disc.
Mémorable, inqualifiable, indétrônable, 'Fight Club' profite d’une bande son d’exception qui n’a à proprement parler aucune rivale sur le marché !
Un petit mot sur l’histoire de cette bande son. Elle a été conçue par Ren Klyce en accord avec les intentions et les goûts du réalisateur Fincher, pour se montrer avant tout expérimentale. Aucune limite n’a été accordée à la conception et au design sonore de cette bande, une liberté expressive qui se ressent dès les premières minutes du film et qui va en s’accroissant au fil de l’aventure et de l’état dissociatif du protagoniste. Ren Klyce est allé directement chez George Lucas, dans son mythique Skywalker Ranch, pour concevoir cette section, affiner les textures sonores qui sont d’une richesse phénoménale sur ce disque. Ren Klyce avouera plus tard être allé jusqu'à exploiter des ossements de poulets pour affiner, texturer davantage les coups de poing échangés par les personnages. La bande son mêle aussi naturalisme et expressionisme. Elle est en ce sens forte d’envolées galactiques, de gros plans sonores qui font légion, qui vous en mettent plein les oreilles, contribuant à modifier la perspective, elle même capable de passer habilement du macrocosme au microscome (d’une cuisine, d’une poubelle, d’une cervelle) et offrant par ce biais une richesse en termes de sonorités phénoménale. Vous avez compris : c’est professionnel, c’est réfléchi et c’est magique !
Fox propose une bande son encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, offrant une profondeur de signal 24-bit, et un débit respectueux de 3266 kbps. Et là, difficile de reprocher grand-chose tant cette piste est sans commune mesure. Elle est hors-norme. Un point sur la gamme dynamique. Attention aux oreilles, certains élans sont foudroyants et risquent forts bien de vous étonner comme le figurera la scène de crash aérien qui se chargera de tout souffler sur votre passage. Enorme ! A une dynamique et une énergie foudroyantes, s’ajoute une exploitation ambiophonique euphorique qui tire profit d’un niveau de détail que seul le codec lossless de DTS présenté en 24-bit semble capable actuellement d’atteindre. Sachez que les 5.1 canaux sont exploités de façon permanente, sans la moindre interruption audible ! Les détails acoustiques ne manquent pas et les gros plans sonores sont nombreux. Les effets sont précis. Leurs déplacements dans la scène sonore sont admirables : on devient transporté grâce à l’usage de ces masses sonores qui ondulent dans ce mixage, se déplacent d’une façon presque aussi furtive que le seront les images subliminales du film. Insondable sera l’adjectif par contre approprié pour caractériser ces impacts, les coups de poings faussement réalistes, qui vont jusqu’à fracasser l’ossature des personnages et qui en somme croustillent grâce à leur textures superbement définies.
Inqualifiable, la scène arrière sera pour vous voluptueuse. On se surprend à de nombreuses reprises d’entendre des sonorités naturelles, d’être secoués par le passage d’une voiture, d’un coup poing qui vous transperce, de percevoir en arrière plan des sonorités qui vous immergent dans la scène et dans l’univers intérieur du protagoniste, comme jamais auparavant dans un long métrage. L’immersion acoustique est totalement impressionnante et participe, autant que la section visuelle, à l’expérience communicative qu’a voulue nous faire partager Fincher dans 'Fight Club'. Autre énorme aspect : le registre grave qui descendra à des profondeurs abyssales. Des appuis massifs, violents, et des charges de basses viennent alourdir les scènes de combat, teinter d’une épaisseur presque inconsciente les séquences parfois les plus absurdes que le 7ème art ait pu nous offrir.
Que dire en quelques mots : cette piste DTS-HD est énorme ! Riche, violente, affinée, multi-dimensionnelle…'Fight Club' est grâce à cette bande son prodigieuse, un Blu-ray de démo à part entière !
Un petit mot sur la piste en VF DTS 768 kbps, qui comparativement à la plupart des autres éditions Fox s’en sortira avec les honneurs car s’appuyant sur le même travail de Klyce. Mais on vous en prie, au moins pour 'Fight Club' : REGARDEZ CE FILM EN VO. L’apport compressif n’a jamais été aussi discernable sur un Blu-ray qu’avec 'Fight Club'.
HD-Numérique vous recommande hautement cette bande son…en DTS-HD !
Bonus
Interface
Un petit mot sur le menu de navigation. N’ayez pas peur comme nous : c’est bien le film 'Fight Club' et non une comédie romantique rose bonbon qui est proposé sur ce disque.
Commentaires audio
Au total : 4 commentaires audio sont proposés sur cette édition. Il va être difficile de les résumer sur une seule page et on vous laissera le soin de le faire :
- Commentaire de David Fincher
- Commentaire de David Fincher, Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonhan Carter
- Commentaire de Chuck Palahniuk et Jim Uhls
- Commentaire d’Alex Mcdowell, Jeff Cronenweth, Michael Kaplan et Kevin Haug
Ren Klyce et la conception sonore de Fight Club
Ce document retrace une interview de Ren Klyce à qui l’on doit l’énorme bande son du film. On vous offre aussi la possibilité d’assurer vous-même le montage sonore de plusieurs scènes.
Fight Club Analysé (HD – 9.58 minutes)
Pour fêter les 10 ans du film et vraisemblablement les 15 ans de Braveheart, une petite soirée évènement a été organisée avec la présence remarquée de Mel Gibson, David Fincher, Brad Pitt et d’Edward Norton. Gibson est monté sur un cheval avec un casque rappelant son épopée écossaise (quoique l’équipe des costumes s’est trompée puisque son personnage fait plus penser à un viking qu'autre chose) pour présenter le film de son confrère David Fincher. L’ambiance est amusante et le discours tenu par les protagonistes sera aussi décalé que le message du film.
Index de recherche
Ce mode vous offre un accès direct à des scènes particulières du film suivant des thématiques définies.
Les coulisses du tournage
Ces coulisses se décomposent en trois parties (Production, Effets Spéciaux et Sur le tournage). Il s’agit d’un mode multi-angle et où on a le droit de sélectionner nos propres séquences.
Scènes inédites
Il y en a sept au total mais elles sont présentées en standard definition.
Matériel publicitaire
Cette section regroupe : bandes annonces, spot tv, messages d’intérêt…
Galerie d’arts
Des photos, des storyboards, des peintures de pré-production…
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
'Fight Club' est une édition Blu-Ray que tout le monde attendait. Et Fox, comme avec 'Braveheart', nous fournit un excellent disque, qui surtout tire profit d’une bande son VO DTS-HD Master Audio : MONUMENTALE ! Selon nous, il est impossible de passer à côté de ce disque tant la section audio proposée vaut à elle seul le détour. HAUTEMENT RECOMMANDE !
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ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)