Test Blu-Ray : Forrest Gump

Analyse de Forrest Gump

Tom Hanks, Robert Zemeckis, 'Forrest Gump'. Comment peut-on oublier ce fabuleux film de 1994 que l’on décrit généralement comme étant une grande fresque de l’histoire de l’Amérique ? C’est difficile, voire impossible. Car en lui-même, le personnage 'Forrest Gump' n’est rien d’autre qu’un être venu d’ailleurs. Il parcourt les époques les plus vives et tourmentées de l’histoire de l’Amérique en restant toujours fidèle à lui-même. Il suscite à la fois le ridicule et la curiosité mais, finalement, à travers les âges et son histoire, impose l’admiration aux yeux de tous.

'Forrest Gump' est une comédie dramatique américaine réalisée par Robert Zemeckis. Cette comédie se concentre sur le personnage de 'Forrest Gump', interprété par Tom Hanks, et a reçu pas moins de 6 Oscars dont le titre suprême du meilleur film. 'Forrest Gump', que l’on décrit souvent comme un « simple d’esprit », en tant que narrateur de sa propre histoire, reste au centre névralgique du récit. Enfant, il se présente comme un être handicapé physiquement, mais qui va parvenir à se libérer de son handicap. Il devient champion de Football sans même en connaître les règles fondamentales. Il devient un héros du Viêt Nam sans même saisir toute l’importance du conflit. De la même façon, il devient un champion de ping-pong, un marathonien d’exception, puis capitaine d’un crevettier pour finir milliardaire et père de famille. Il se marie, bâtit un foyer et transmet son savoir à son fils, lui-même dénommé Forrest…. En somme, 'Forrest Gump' réussit tout ce qu’il accomplit, des années 50 aux années 90.

Mais qu’est ce qui finalement a fait de ce film plutôt enfantin et invraisemblable un long métrage magnifique, qui nous interpelle encore et encore ?

La première description que l’on dresse traditionnellement à l’égard de ce film, c’est que 'Forrest Gump' est une oeuvre qui est parvenue de manière simpliste et amusante à retracer l’histoire de l’Amérique, dans ses années les plus tourmentées. Ce serait là l'un des sens du film. On parle ainsi de « Forrest Gump – la grande fresque de l’Amérique ». Sans doute ! Car 'Forrest Gump' traverse bien les époques et rencontre les plus grandes personnalités d’Elvis, à John Lennon, en passant par le Président Kennedy, grâce aux exploits visuels d’ILM. Mais notre hypothèse est que 'Forrest Gump' est surtout un film qui raconte l’Amérique dans sa dimension mythologique profonde. 'Forrest Gump' est finalement l’Histoire que se raconte l’Amérique. C’est un mythe qui enchante une civilisation occidentale. Rassasiée des progrès technologiques, celle-ci a besoin de retrouver cette naïveté élémentaire, et l’histoire, à la fois merveilleuse et simple de 'Forrest Gump', va quelque part lui apporter. 'Forrest Gump' nous rappelle en quelque sorte par son succès - 6 Oscars s’il vous plait - que les sociétés ont besoin de mythes, que les citoyens que nous sommes ont besoin de se perdre dans une naïveté fantastique, certes enfantine, mais qui renferme un pouvoir intérieur véritablement libérateur. 'Forrest Gump' réenchante quelque part le monde. Il réenchante l’histoire douloureuse, complexe et fondamentalement insaisissable d’une Amérique perpétuellement mouvementée.

A l’instar d’'Avatar' de James Cameron, le personnage Forrest, au travers son parcours héroïque, n’est ni plus ni moins qu’une figure inspirée des grandes mythologies. Orphelin, né d’un père improbable (créateur du Ku Klux Klan), il débute handicapé. Son dos est tordu et forme, selon les dires de sa mère, un point d’interrogation, figurant quelque part une énigme personnelle, intérieure, que le personnage se doit durant son parcours d’élucider. Dépendant physiquement et intérieurement, il ne saurait, à ses débuts, marcher seul, sans attelle, et sans trébucher. Puis Forrest va grandir, va affronter de vieux démons (épisode des enfants terribles…), passer différentes épreuves initiatiques, pour finalement appréhender la mobilité qui lui manquait. Son dos ne forme alors plus un point d’interrogation mais un point d’exclamation. Forrest se dresse, s’affirme. Il court. D’un personnage immobilisé – inadapté au changement - il finira par devenir un héros plein de sagesse, champion de course à pied, capable de s'adapter aux changements brutaux et incessants que lui imposent les circonstances d’une vie inordinaire.

Ainsi, l’aventure de 'Forrest Gump' a une spécificité : elle n’a pas de quête. C’est simplement l'esprit de 'Forrest Gump' qui fait office d’épine dorsale de ce film. Loin de se limiter à un objectif défini, la quête, ou le sens de ce film est justement de ne pas en avoir. La magie révélée par l’icône Forrest Gump est un savoir léger, une simplicité d’esprit, qui ouvre et ferme une page : celle de son histoire. C’est une aptitude à la fois innée et acquise par un homme qui est resté petit garçon toute sa vie et qui n’a aucune raison de changer. 'Forrest Gump' n'a rien à conquérir puisqu'il a saisi très tôt l'essentiel. Et cette puissance, cette faculté que lui a offert la destinée, l’épine dorsale du film et du personnage, est joliment représentée dans l’œuvre de Zemeckis. C’est cette plume légère qui flotte dès le générique du film. Pour beaucoup, elle représente la simplicité du personnage voire son état mental retardé (Forrest aurait une plume !). Bien au contraire ! Elle constitue un symbole plus avancé du génie que lui a offert la providence. Inutile en effet d’être un éminent hermétiste pour déceler dans cette plume cette sagesse, cette capacité divine à construire, écrire - et nous transmettre - les évènements d’une vie avec toute la légèreté d'un très grand messager.

L’interprétation la plus courante consiste ainsi à associer ce personnage qu’est Forrest à un être au QI inférieur, un idiot de village, un simple d’esprit. Il n’en est rien pourtant. Robert Zemeckis a plutôt construit son personnage comme un héros post-moderne, une personnalité mi-homme, mi-dieu, fort d’un état d’esprit idéal et capable d’inspirer les plus petits comme les plus grands. Marathonien, Forrest ne rassemble-t-il pas les foules ? Grâce à Forrest, John Lennon n’a-t-il pas écrit son chef d'oeuvre « Imagine » ? 'Forrest Gump' n’a-t-il pas inspiré Elvis Presley dans son déhanché ?

Si l’on ne devait en somme retenir qu’une seule chose de ce film 'Forrest Gump', ce serait cette capacité idéale du personnage à n’être touché par aucun désir, à n’être attaché à aucun modèle, à aucune volonté d’imiter. 'Forrest Gump' ne connaît ainsi ni la jalousie, ni la concurrence ; ce qui l’empêche en même temps de saisir les règles du Football…. 'Forrest Gump' n’a aucun objectif de carrière. Il vit les instants comme il doit les vivre c'est-à-dire au présent en saisissant les opportunités telles qu’elles sont, s’écrivent, se révèlent. 'Forrest Gump' n’a donc rien d’un idiot. Indifférent à tout sentiment de concurrence, à toute notion - conformiste - de bien et de mal, il est en réalité un génie venu d’ailleurs. Il représente à lui seul le paradoxe de l’insaisissable sagesse du simple d’esprit… ou plutôt de l’esprit simple.

« La vie c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». 'Forrest Gump' ou l’enfant prodige occulté derrière l’icône d’un simplet !

Qualité Technique

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit Moyen de 26760 Kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 4094 Kbps / Encodage 24-bit), Français, Allemand, Italien et Espagnol en Dolby Digital 5.1 (640 Kbps)
Sous-titre : Français, Anglais, Danois, Néerlandais, Finnois, Allemand, Norvégien, Espagnol et Suédois

Qualité Vidéo

'Forrest Gump' est un titre qui a traversé toutes les époques et tous les supports : VHS, LASER Disc, DVD et aujourd’hui Blu-Ray. Et force est de constater que le résultat en Blu-Ray s’avère plus que satisfaisant. Certes, on peut regretter la présence régulière de quelques détritus argentiques, qui viennent peupler en surface ce transfert. Poussières et micro-rayures peuvent être ainsi aperçues. Mais pour le reste, tout semble excellent. 'Forrest Gump' n’a pas subi de DNR (réduction de bruit) abusif et c’est tant mieux. Les images demeurent saisissantes, fidèlement texturées et dénuées de défauts compressifs. Le grain de l’image argentique, bel et bien présent sur ce transfert, est préservé d’une très jolie façon. Le piqué de l’image est quant à lui remarquable. Les couleurs sont justes naturelles à quelques limites - artistiques - près.

On peut rappeler rapidement que chaque décennie traversée par le héros dispose d’une tonalité singulière. Don Burgess, le directeur photo, est allé jusqu’à sélectionner pellicules, filtres et lumières spécifiques afin de singulariser, une à une, chacune des périodes traversées par Forrest. Ainsi, si les années 50 posent un regard doux sur un monde stylisé façon Norman Rockwell, l’époque contemporaine, durant laquelle Forrest raconte son histoire, est visuellement plus tranchée, plus acérée. A noter enfin ces sublimes scènes de Viêt Nam qui disposent d’un look finalement ultra-réaliste, avec des verts exotiques joliment saturés. Difficile de ne pas se satisfaire de ce joli transfert qui restitue l’ensemble aussi fidèlement que souhaité, malgré quelques poussières pellicule glanées de-ci de-là. D’autant que la compression MPEG-4 supporte l’ensemble de façon idéale (MPEG-4 AVC – Débit moyen de 26560 Kbps). Merci Paramount.

Qualité Audio

'Forrest Gump' fait partie des premiers Blu-Ray de Paramount à intégrer une piste DTS-HD Master Audio 5.1. Et on n’a pas à bouder notre plaisir de redécouvrir ce long métrage sous cette version originale dénuée de perte compressive et encodée rigoureusement (24-bit – moyenne de 4094 Kbps). C’est une très jolie piste 5.1 qui nous est offerte. Première remarque : cette bande son subit quelque part les limites de l’époque à laquelle elle a été conçue. L’exploitation de la scène arrière se veut, durant les 2H20, relativement mineure, et le mixage souffre quelque part des restrictions d’une époque où l’on mettait davantage en avant la compréhensibilité et l’équilibre acoustique. Sans être éteinte, la scène surround se limite à un second plan sonore. Il n’en reste pas moins que 'Forrest Gump' profite clairement du codec DTS-HD Master Audio, un codec qui se charge ici d’aérer de façon considérable son rendu et qui offre enfin la liberté acoustique que tout le monde demandait. La dynamique est excellente. Quelques manifestations de gamme dynamique vont d'ailleurs vous surprendre à plusieurs reprises, notamment durant l’épisode Viêt Nam de Forrest. Les charges sont énormes, puissantes et les changements de niveau sont aussi brutaux que surprenants. Splendide. Les ambiances sont naturelles. Une note sur l’ « énormissime» bande originale du film, composée de la musique symphonique d’Alan Silvestri et toute une panoplie de titres qui a marqué l’histoire strictement américaine.

Difficile d’être déçu ici, au-delà de l’aspect très frontal du rendu. Ah si ! Si on se limite effectivement à la VF Dolby Digital 5.1 qui malheureusement peine à éblouir : retenue, moins ouverte et agressive durant les grands moments explosifs du Viêt Nam, elle perd en soi beaucoup de matière… et de charme.

Bonus

Disque 1

Commentaires de Robert Zemeckis, Steve Starkey et Rick Carter
Commentaire de Wendy Finerman

Repères musicaux de l’histoire (HD – 31.23 minutes)
Ben Fong-Torres, journaliste rock spécialisé, apporte son regard de spécialiste sur les différentes chansons populaires américaines qui accompagnent le film Forrest Gump d’une bien belle manière. Toutes les chansons de la BO sont analysées une par une.

Disque 2

Journal de Greebow (HD – 26 minutes)
C’est un journal visuel d’une personne - virtuelle ? - qui fut sur place lors du tournage de Forrest Gump (Caroline du Sud, Géorgie…). On retrouve des scènes clés des coulisses du tournage, des interviews des acteurs et du réalisateur. On apprend par exemple que Tom Hanks ne jouait pas vraiment au ping-pong, et que les scènes étaient truquées numériquement. Merci ILM.

L’art de l’adaptation scénaristique (HD – 26.58 minutes)
On oublie souvent que Forrest Gump est tiré d’un roman. On insiste ici sur l’art d’adapter un roman en un scénario puis en un film. Pour ceux et celles qui sont souvent déçus des adaptations, retenez cette phrase de l’auteur de Forrest Gump, Winstom Groom : « Il faut prendre ces films pour ce qu’ils sont. Et les apprécier ». Ce document aborde plus largement les liens étroits entre l’industrie du livre et du cinéma, et qui sont essentielles pour les grandes maisons. Le document aborde enfin la façon dont le roman a été découvert et comment s’est établi le processus d’écriture du scénario.

Rendre possible l’impossible : Forrest Gump et la révolution des effets spéciaux (HD – 27.04 minutes)
Oui, à l’époque, placer Tom Hanks dans une scène d’archive avec le président Kennedy fut une innovation visuelle plutôt énorme. Signée ILM, on revient sur les prouesses accomplies par l’équipe des effets spéciaux.

Forrest jeune (HD – 14.49 minutes)
Retour sur le jeune acteur, Michael Corner Humphrey, qui interprète Forrest Gump dans ses premières années.

Une soirée avec Forrest Gump (HD – 55.08 minutes)
La célèbre école USC, qui a accueilli de très grands réalisateurs dont Carpenter ou Bob Zemeckis, a eu l’honneur d’interviewer toute l’équipe du film.... face à des étudiants de cinéma…

Archives bonus
Sont rassemblés les suppléments d’anciennes éditions :
- « La Magie du maquillage »
- « Les effets sonores »
- « Construire le monde de Forrest Gump »
- « Les effets visuels »
- « Essais »
- « Bandes annonces »

Conclusion et Screenshots HD

Conclusion

Ne boudons pas le plaisir que Paramount nous offre : 'Forrest Gump' s'est offert une très grande édition Blu-Ray Disc. Si le transfert est très satisfaisant et la bande son DTS-HD Master Audio tout autant, ce sont surtout les suppléments bonus qui enchantent. Déclinés sur deux disques, presque tous présentés en HD, ils mériteraient à eux seuls l'investissement. Seul regret : l'absence de VF en DTS-HD. Pour le reste : c'est une édition somptueuse et hautement recommandée !

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ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)