Test Blu-Ray : Le Syndrome du Titanic
Publié le par la Rédaction
'Le Syndrome du Titanic' de Nicolas Hulot n’a rien d’un film apolitique. Inutile de vous présenter l’auteur, ses positions, ses parti pris. Par contre le film, en tant que tel, a le mérite de nous questionner, non simplement sur l’état de la planète ou de la civilisation, mais sur le cinéma voire même quelque part sur les médias.
'Le syndrome du Titanic' fait bien sûr référence au naufrage du célèbre paquebot éponyme, qui dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 dans l'océan Atlantique Nord, a percuté un iceberg, coulant en moins de trois heures et faisant environ 1500 morts. Si le naufrage du Titanic a choqué et ému le monde entier, on se souvient aussi, grâce notamment au blockbuster de James Cameron, que les avertissements portant sur l'omniprésence d'icebergs furent nombreux. Le commandant du Titanic n’avait malheureusement rien voulu savoir, maintenant sa vitesse, sans précaution aucune. C'est l'une des causes, parmi d’autres, du naufrage fort symbolique de 1912, un drame humain qui a révèlé aussi les profondes inégalités sociales inhérentes aux grandes catastrophes.
« Si nous ne changeons pas, la nature va procéder elle même à des ajustements et se seront les plus pauvres, au nord comme au sud, qui en souffriront les premiers ». N.Hulot
Voilà l'allégorie du Titanic employée à la sauce écologique par Nicolas Hulot, lanceur d’alerte pour certains, faux prophète pour d’autres. Après le succès d’Home de Yann Arthus Bertrand, la tentation pour Nicolas Hulot fut trop grande. Son film est dramatique, alarmiste, préoccupant. L’économie va mal. La planète va mal. Mais c’est surtout la civilisation qui va mal. La cohérence du raisonnement de Nicolas Hulot n'est aucunement à mettre en doute. Nous allons effectivement droit dans le mur mais ce n’est pas la planète qui est à plaindre. C’est l’Homme ; la crise écologique reflétant quelque part une crise de civilisation profonde.
Au-delà du message, 'Le syndrome du Titanic' est-il pour autant un bon film ? Difficile à dire. Car si la cause écologique est quelque part (devenue) légitime, compréhensible, l’utilisation qui en est faite dans ce long métrage reflète quelque part la manière par laquelle ce sujet est approprié actuellement par l’establishment. Si les religions ont le pouvoir d’ouvrir l’esprit, elles ont aussi la fâcheuse tendance à le restreindre, et il en est quelque part de même avec l’écologie, telle qu’elle est appropriée par les grands inspirateurs d’aujourd’hui. Nicolas Hulot accole ainsi un sens à de belles images mais n’offre aucune liberté de penser aux spectateurs. C’est ainsi que des arguments scientifiques sous-jacents se mélangent à l’émotion des images. Un discours enfantin, moralisateur, est accolé de la même manière à de jolies séquences. Nicolas Hulot restreint le sens des images à une seule vision : la sienne. Que la cause soit bonne ou mauvaise, légitime ou illégitime, le réalisateur noie le spectateur dans une forme de ravissement alarmiste. Les images étant à la fois belles et terribles, préoccupantes et charmantes, elles sont clairement utilisées, non pas pour inspirer, mais pour déstabiliser et plus tard rassembler. Et cette tendance, cette utilisation politique, sociale, civilisatrice des images que l’on retrouve en filigrane dans ce film de Nicolas Hulot, commence clairement à devenir préoccupante. Elle se généralise.
En ce sens, Nicolas Hulot, comme d’ailleurs Yann Arthus Bertrand, a échoué dans son nouveau poste de réalisateur là où d'autres personnalités sont parvenues d’une manière bien plus critique, subtile, dérangeante et incisive à éveiller les consciences. Prenez des films comme 'Apocalypto' de Mel Gibson. Ils demeurent quelque part bien plus instructifs, illustrant d'une bien jolie manière à la fois naissance, émergence, croissance et décadence des civilisations. On pourrait citer de la même manière 'Avatar' de James Cameron, voire même directement 'Titanic', une œuvre qui sur le seul plan mythologique, illustre cette phase critique des civilisations qui tombent. D’ailleurs Nicolas Hulot, en se réappropriant ouvertement ce mythe très hollywoodien, prouve qu'il n'a pas forcement joué l'icône de l’originalité.
'Le Syndrome du Titanic' est un film qui clairement possède de nombreuses qualités. Mais c’est aussi une réalisation, qui pour toutes les raisons exposées, s'assimile peut-être à un film écolo "de trop".
Qualité Technique et Bonus
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen de 16008 kbps) / Format 1.85
Audio : Français et Français sans commentaire en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 2004 et 2209 Kbps / Encodage 16-bit) et Français en DTS-HD Master Audio 2.0 (Débit de 1651 Kbps / Encodage 16-bit)
Qualité Vidéo
'Le syndrome du Titanic' a été tourné en HD aux quatre coins du monde et, à l’instar d’'Home' de Yann Arthus Bertrand, tire profit d’excellentes séquences aériennes, vertigineuses. En une seule phrase, on aurait presque résumer tout l’intérêt de consulter ce film de Nicolas Hulot, qui bénéficie d’un excellent pressage. Le niveau de définition, un brin décevant sur 'Home', est plus stable et convaincant sur l’œuvre de Nicolas Hulot. Un léger bruit opère et vient tout de même s’introduire en filigrane sur quelques séquences. Mais très franchement, le rendu reste dans l’ensemble propre, et évoque clairement la haute définition. A l’image des documentaires Ushuaia Nature, les couleurs sont ravissantes, et valent clairement le détour. Le transfert brille aussi par ses contrastes et les noirs (dès les premières séquences extra-orbitaires) sont franchement saisissants, purs et profonds. Ajoutons à cela un encodage MPEG-4 VC1 des plus soignés, et nous voilà pleinement satisfaits.
Qualité Audio
D’abord, merci à l’éditeur et à Nicolas Hulot pour nous avoir offerts deux versions du film : avec ou sans commentaire du réalisateur. C’est clairement une excellente option. Toutes deux étant proposées en DTS-HD Master Audio 5.1 : on ne pouvait rêver mieux. Pathé, comme de coutume, ne nous déçoit aucunement sur le terrain acoustique malgré le choix d’un encodage sous 16-bit de profondeur. On a affaire à un rendu 5.1 aéré. Les deux pistes ont recours presque de façon systématique aux voies surround, diffusant effets et ambiances urbaines, mécaniques, et atmosphériques avec soin et réalisme. La spatialisation affiche une belle tenue et force est de reconnaître que l’enregistrement des sons et leur restitution dans la scène 5.1 procure beaucoup de réalisme à l’ensemble. C’est même parfois très créatif, imaginatif avec des sonorités placées et dirigées de façon sporadiquement surprenante. Même le canal de basse s’en donne à cœur joie et parvient durant le long métrage à s’exprimer de façon déliée. C’est finalement une agréable expérience acoustique.
Bonus
Débat avec Nicolas Hulot (HD – 18.47 minutes)
Pour approfondir certains sujets, on retrouve Nicolas Hulot, interrogé par Jean-Jacques Fresko, reprenant et ré exprimant une nouvelle fois des arguments que nous connaissons désormais pleinement. Il faut changer les comportements…
Teasers (SD – 1.18 minutes)
Galerie de photos (HD – 2.00 minutes)
Clip d’images inédites (SD – 4.31 minutes)
Conclusion
Conclusion
Que l'on aime ou que l'on n'aime pas, 'le Syndrome du Titanic' a le mérite de s'offrir une très belle édition Blu-Ray Disc, riche de deux bandes son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec ou sans les commentaires audio du réalisateur). Et cette présence d'une piste dénuée de commentaire illustre quelque part les défauts du film dans lequel les commentaires de Nicolas Hulot paraissent bien souvent futiles, inutiles. Cela reste un film à voir. Il sera peut être générateur de débats qui porteront un jour leurs fruits. On l'espère en tout cas...
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ScreenShots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)