Test Blu-Ray : Avatar

Publié le par la Rédaction



 

Analyse d'Avatar - Le Phénomène


Test Blu-Ray : AvatarQue l’on ait adoré Avatar, détesté ou simplement apprécié, difficile de ne pas reconnaître que le dernier long métrage de James Cameron constitue bien un blockbuster au sens pur du terme. D’après un très bel ouvrage récent, « Blockbusting », signé d’un certain George Lucas, un blockbuster n’est pas simplement qu’un film ayant accumulé les reconnaissances en provenance d’éminents critiques. Il ne s’agit pas non plus d’un simple succès commercial. Un blockbuster peut être un film qui tout simplement a eu de la chance. Selon Lucas, un film devient en effet un blockbuster lorsqu’il combine à la fois un succès commercial, un succès critique voire grand public mais surtout lorsqu’il sort en salle au moment opportun, à une période particulière de l’histoire. Il peut s’agir d’une période de crise économique ou préfigurant une révolution sociale voire technologique. On ne peut de ce fait réaliser un blockbuster à souhait. Même le metteur en scène le plus talentueux qui soi ne peut disposer de la capacité de maîtriser l’ensemble des variables composant l’équation alchimique inédite du blockbuster. Il faudrait pour cela être en mesure de percevoir, dans ses plus fins détails, les attentes du public, connaître parfaitement le contexte social et technologique environnant, disposer d’un talent phénoménal, faire preuve de créativité et bénéficier en supplément d’un chaleureux coup de pouce médiatique.

Et pourtant, les données chiffrées parlent d’elles-mêmes. James Cameron, aidé peut-être par la providence, semble bien être parvenu à combiner l’ensemble de ces variables. Résultat : Avatar est clairement devenu un « phénomène » !

Quoiqu’on en dise, Avatar n’a pas été l’œuvre que l’on était en droit d’attendre de James Cameron. Le film se veut certes émouvant mais naïf. Techniquement irréprochable et visuellement révolutionnaire (grâce à Cameron, l’image de synthèse a clairement dépassé ses nombreux points d’achoppement), le phénomène Avatar outrepasse quelque part l’œuvre en elle-même. Si la magie opère, ce n’est sans doute pas uniquement grâce à cette histoire qui n’a rien d’innovante. Bien au contraire. James Cameron s’appuie, tel un bon écolier, sur un vieux schéma narratif bien connu de tous les grands studios cinématographiques, qui avait déjà fait le succès d’un certain George Lucas en 1977 et qui est omniprésent dans les œuvres Disney : le fameux voyage du héros aux milles visages de Joe Campbell. Est-ce là une des raisons pour lesquelles certains n'ont perçu dans Avatar qu'un simple copié-collé de Pocahantas ? Dans tous les cas, là où Lucas a eu du succès (et on ne peut contester la richesse, profonde cohérence et magie associée à la Guerre des Etoiles et ses personnages), Cameron sans échouer, semble tout de même tâtonner. Il n’est pas étonnant en ce sens d’apercevoir que de nombreux spectateurs – dont nous faisions partie – furent finalement surpris devant l’originalité très relative proposée par le récit Avatar, et cela malgré cet enthousiasme collectif manifesté par le plus grand nombre.

Par contre, ce film a tout de même une énorme qualité (au-delà des prouesses technologiques de la 3D relief). Il témoigne d’un phénomène qui prend de l’ampleur. Celui du ré-enchantement du monde. Car la société contemporaine manque sévèrement de magie, de fantaisie et de féérie compte tenu du contexte de crise - économique certes, mais aussi spirituelle et écologique - qui nous traverse. Et des œuvres comme Avatar, naïves, simples et enfantines, sont toujours dans ce contexte les bienvenues. C’est là d’ailleurs que se situe tout le propos du film. Comme il nous l’expose en des termes simples et qui vont d'emblée droit au but, James Cameron est parvenu avec son Avatar à nous ouvrir les portes d’un « nouveau monde ». Ce monde n’est pas celui qui ressemble au nôtre (technologiquement avancé et complexe). Ce nouveau monde est en quelque sorte l’ancien monde : traditionnel, simple, sauvage. Et comme l’expose l’histoire d’Avatar, seuls des hommes qui ont subi un profond désenchantement ont pu être capables de détruire ce monde à la fois attachant et merveilleux. C’est ici qu’intervient Jack Sully, qui en bon ethnologue de terrain, va tout faire pour sauvegarder la culture de ce peuple Na'vi menacé de disparition et nous en communiquer les valeurs. Cette aventure : c’est celle d’Avatar, un héros que l’on qualifiera de ré-enchanteur.

Avatar, c’est donc un plongeon dans le passé. Mais c’est aussi une formation à l’altérité effectuée au travers un voyage cinématographique. A l’instar d’Un Nouvel Espoir de 1977 de George Lucas, James Cameron a réussi la prouesse d'établir une synthèse complexe à la fois des époques et des grandes cultures. Il nous plonge à la fois dans le futur (l’histoire d’Avatar se déroule en 2154 comme Star Wars peut évoquer lui-même un univers futuriste) mais aussi dans le passé, puisque le film nous évoque clairement, au travers le peuple Na'vi et à l’instar de la formule « A long time ago in a galaxy far away », une antériorité. A cela s’ajoute cette vision, à la fois ancienne et nouvelle, de la 3D. Celle-ci agit en ce sens de façon purement métaphorique : c’est elle qui symboliquement nous ouvre la porte des étoiles, la porte de ce monde ré-enchanté, qui se situe en dehors du temps et auquel veut nous initier James Cameron. Le passage d’un monde à un autre s’effectue presque à l’image de la porte des étoiles vue dans Stargate de Roland Emmerich. Il s’agit dans tous les cas, dans ces grandes histoires, d’un voyage toujours  intérieur, dont le trajet s'effectue notamment du mental vers le cœur. Au travers son aventure, Jack Sully passera en ce sens de l’influence du personnage masculin, égotique et au mental d'acier - Quaritch - à celui de Grace, véritable mère protectrice et femme de coeur.

Le voyage du héros Avatar qui nous initie à ce monde ré-enchanté, étape par étape, s’effectuera d’une manière aussi structurée que l’évoquaient les plus grands mythes et contes de fée. L’Avatar de Cameron agit en quelque sorte en tant que héros messianique. En nous identifiant à lui, en prenant part à son expérience de manière sensitive et émotionnelle – avec un effet renforcé grâce aux lunettes relief - Jack Sully a été conçu par James Cameron pour nous aider à approfondir notre sens de la vie et avancer sur le chemin de l'évolution (sociale mais aussi technologique avec la 3D). Et difficile d’imaginer que James Cameron, au-delà de ses talents de metteur en scène, n’a pas eu conscience de la portée synchronique associée à son Avatar de synthèse. Revenons d’ailleurs brièvement sur la notion d’Avatar. Si l’on retient bien souvent le sens moderne du terme (l’avatar ou double virtuel), le premier sens de l’avatar nous vient de l'hindouisme et évoque l’idée d’incarnation en chair d’une divinité sur terre. Tel un messie initiateur de changement, l’avatar intervient toujours pour répondre à un besoin particulier. Jésus ou Mahomet furent quelque part des avatars et ont initié à leur époque les changements profonds de conscience que l’on connaît. Et Jack Sully devient en quelque sorte cet Avatar de Synthèse souvent évoqué dans la littérature ésotérique et dans différents mouvements New Age. En incarnant par sa personnalité hybride deux mondes, le sauvage et le civilisé, il apporte la synthèse nécessaire pour fonder un nouveau monde. L’Avatar de Synthèse est perçu effectivement dans cette littérature contemporaine comme étant la future incarnation divine sur terre, une figure divine qui ouvrira nos consciences, forgera une nouvelle civilisation, et instituera une nouvelle religion mondiale basée sur de nouveaux principes fondateurs.

Dans une société de plus en plus en mondialisée, qui a clairement perdu ses repères, James Cameron nous propose donc d’adhérer à un nouvel Avatar qui pour le coup est bel et bien, au sens propre comme au sens figuré, de Synthèse. Et c'est sans surprise que l’histoire de Jack Sully évoque clairement le grand parcours d’un messie : un héros d’abord orphelin, paralysé, qui va incarner un nouveau corps. Apprécié par les esprits mais envoyé tel un faux-prophète pour détruire un temple, il finira par se sacrifier pour une cause à laquelle il est attaché, pour finalement mourir et renaître sous une forme nouvelle… et inspirer le plus grand nombre. Et c’est cette résurrection finale, symbole d’éveil du personnage au nouveau monde extraordinaire auquel il a été initié, dont il est question principalement dans l’œuvre de Cameron. « Je est un autre » et Jack Sully en fera l’expérience avant d’en assimiler pleinement le sens. L’emprise égotique d’un personnage initialement endormi - et qui n’a pas l’œil pour voir – fera place à une libération, c'est-à-dire à cet épisode de renaissance figuré par l’ultime scène d’éveil du film. Avatar : c’est donc avant tout une histoire d’éveil. C’est le parcours du héros qui ne voit qu’en apparence mais qui finira par acquérir une vision neuve et spirituelle du monde. L’objectif de l’initiation de Jack Sully est de maîtriser la formule « Je te vois » qui est bien plus profonde qu’elle n'en a l’air puisqu’elle signifie en réalité « Je vois en toi » (ou "te voir au-delà de la forme").

S’agit-il pour autant d’une œuvre réellement à caractère révolutionnaire voire civilisatrice ? Difficile à dire. Il faudrait pour cela connaître les motivations réelles du réalisateur. Si les intentions de James Cameron semblent positives, Avatar reste tout de même le film le plus cher de l’histoire du cinéma et souvenons-nous que le diable fut paré de bonnes intentions. Car si l’univers de Pandora semble enfantin, sympathique, teinté d’une dose moralisatrice écologique, l’Avatar de James Cameron semble avoir toutes les caractéristiques d'un véritable faux prophète. Si le metteur en scène nous incite à prendre conscience du vice impérialiste de toutes les civilisations en nous éloignant de l’establishment et des grandes valeurs consuméristes, Cameron reste à part entière une figure de ce système, et surtout une personnalité appuyée par ce système. Si l’on peut apprécier Avatar en tant que fable enfantine, force est de reconnaître que cette fable est associée à un gros phénomène marketing et industriel, aussi fascinant qu’écœurant.

Avatar reste pour toutes ces raisons une œuvre profondément paradoxale. Ni bonne, ni mauvaise, elle n’est révolutionnaire que sur quelques critères. En réalité, elle nous a été construite et vendue comme étant une œuvre révolutionnaire, ce qui est bien différent. Elle semble en ce sens clairement avoir pour charge d’instituer chez nous un changement. Mais lequel ? Avatar ou l’éveil spirituel d’un héros noyé dans les profondeurs d’un nouvel écosystème multidimensionnel : celui de la 3D relief !

Qualité Vidéo


Qualité Vidéo

Avatar est une œuvre techniquement révolutionnaire. Cameron a exploité principalement la caméra Pace Fusion développée par ses soins et Vince Pace. Il s’agit bien d’un tournage numérique 3D et d’un master intermédiaire 2K. Le film a été exploité en salle de différentes manières : 2D et 3D, 35mm, IMAX et cinéma numérique. Le film a été tourné au format 1.78 mais présenté en salle en version 2D au format 2.35 instituant dans ce cas des pertes notables de l’image. Ce présent Blu-Ray offre pour la première fois au grand public la possibilité de voir Avatar en 2D au format 1.78 : en somme aucune perte d’informations en termes de ratio.

Caractéristiques

Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen de 28817 kbps) / Format 1.78
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 4146 Kbps / Encodage 24-bit), Français en DTS 5.1 (768Kbps / 24-bit), Allemand en DTS 5.1 (1509 Kbps / 24-bit), Tchèque, Hongrois et Slovaque en Dolby Digital 5.1 (448 Kbps)
Sous-titres : Anglais, Bulgare, Croate, Tchèque, Danois, Allemand, Finois, Français, Grec, Hongrois, Norvégien, Slovaque, Slovène, Suèdois

Pour ce premier Blu-Ray, dénué de bonus et de supplément en tout genre, Fox a vraiment exploité les capacités de stockage du format pour se consacrer à l'essentiel. Le débit vidéo moyen a été mesuré à 28817 kbps de moyenne avec quelques pointes vertigineuses supérieures à 43Mbps. L’encodage a été effectué en MPEG-4 AVC. Et que dire si ce n’est que Fox nous propose très franchement l’un de ses plus beaux transferts, limpide, nuancé, précis et détaillé. Abordons dans un premier temps l’encodage MPEG-4 AVC. Il réalise ici de pures merveilles. Tout y semble capté : la moindre nuance de couleur, changement de focale, transition, mouvement de caméras. Le tout avec éloquence et fluidité. C’est tout simplement miraculeux à tel point qu’on peut aisément affirmer que le rendu surfe quelque part avec les capacités maximales autorisées par le format bleu.

Les points positifs de cette édition sont multiples. Une image d’abord détaillée d’une manière stupéfiante. Les gros plans portant sur les visages des Na’vi affichent un réalisme à couper le souffle. Le piqué est excellent et largement supérieur à nos souvenirs de projections 2K numériques 3D. Le niveau de détail se montre paralysant de vérité. L’écosystème de Pandora prend vie et on s’y croirait. D’un plan à l’autre, l’image conserve toujours cette même précision et dynamique visuelle. La profondeur de champ est elle-même la plus impressionnante qui nous ait été donnée de voir depuis la naissance du support avec des séquences qui évoquent clairement une immersion relief. Prenez cette première scène dans laquelle Jack Sully se réveille et flotte en apesanteur : c’est sidérant de profondeur !

La palette des couleurs n’est pas en reste puisque c’est un festival de couleurs exotiques que nous a proposé Cameron et qui emporte facilement l'adhésion. Des verts de Pandora luxuriants, aux primaires saturés de manière admirable, la palette colorimétrique se montre très nuancée, et les tonalités demeurent riches et multiples. C’est littéralement parlant une explosion de couleurs qui fera le bonheur de chacun. A cela s’ajoute une absence totale de granularité ou de bruit vidéo...

Ce transfert est d’une stabilité irréprochable. Avatar est une œuvre visuellement singulière et spectaculaire. Et ce Blu-Ray devient à nos yeux une nouvelle référence, s’inscrivant au panthéon des disques Bleu les plus attachants visuellement.

Qualité Audio


Qualité Audio

Si l’image offerte par ce Blu-ray peut-être qualifiée de révolutionnaire, ne tombons pas non plus dans les vices de l’exagération pour la section audio. La piste VO DTS-HD Master Audio est précise, ample, équilibrée et généreuse. Elle ne déçoit aucunement et fait partie des pistes attrayantes du moment. Mais peut-on réellement dire qu’il s’agit d’une section révolutionnaire ? Non, n’abusons pas tout de même de l'effet messianique d'Avatar.

La piste son DTS-HD Master Audio 5.1, encodage 24-bit, et forte de débits dont la moyenne a été mesurée chez nous à 4146 kbps, est une réussite. La scène arrière n’est pas employée avec force ni forcément en permanence. Mais compte tenu de la justesse de la section, le plaisir est immense. Abordons d’abord la spatialisation. Elle se montre superbe, pour une immersion pas forcément agressive mais plutôt dense et fine à la fois. Effets et ambiances trouvent en fait leur chemin d’une façon exquisément naturelle. Ils sont toujours forts d’un positionnement  de premier choix, et bénéficient, à certaines occasions, d’un réalisme en termes de mobilité qui va vous surprendre à plusieurs reprises. Prenez cette scène où Jack Sully commence à découvrir la forêt de Pandora et vous vous surprendrez à percevoir en background tout un écosystème de sonorités aussi mobiles que précisément localisables. Pour le reste, la scène arrière se charge surtout de véhiculer les grandes nappes musicales de James Horner avec cœur et souplesse.

Clairement, on aurait peut-être souhaité que certains effets, notamment durant la grande scène de bataille finale, soient davantage relayés avec incisivité et teneur sur l’axe arrière et la piste n’arrache jamais les membranes de ces deux enceintes (ce qui n'est pas forcément une si mauvaise chose finalement…). Si les voix des personnages sont agréablement positionnées, avec volume et intensité sur le canal central, elles semblent d'emblée très musclées; peut-être pour évoquer un univers technologique davantage masculin à l'entame du film. D’ailleurs, la réponse en fréquence ne déçoit pas : haut du spectre (cris persants et saisissants des Ikrans) que basses fréquences (pas douloureux de Quaritch installé dans son Avatar mécanique). Aucune déception sur cette piste DTS-HD à belle valeur ajoutée (mais pas forcément révolutionnaire non plus, il ne faut pas exagérer).

Concernant la VF qui nous intéresse tout autant, elle n’est proposée qu’en DTS mi débit. La politique de Fox est malheureuse, d’autant que la version allemande est offerte en DTS plein débit sur le même disque. S’agit-il pour autant et à l’écoute d’une déception ? Et bien pas forcément. Le rendu reste inférieur à la version originale avec des basses que nous avons trouvées moins épaisses, et une spatialisation un poil plus étriquée. Mais la dynamique reste éblouissante, et cette piste n’a aucun mal à assurer le spectacle. C’est une piste peut-être moins intègre mais qui a su conserver les principales amplitudes du mixage original. Tout est dit.

Conclusion et Screenshots HD


Conclusion

Film révolutionnaire, Fox a surfé sur cet argument marketing pour nous vendre une première édition Blu-Ray en 2D et sans bonus. Clairement, l’éditeur a tiré profit de l'effet révolutionnaire d'Avatar. Mais le jeu en vaut-il néanmoins la chandelle ? Clairement oui ! Ce transfert proposé fait peut-être partie des plus beaux que nous ayons eu à chroniquer et l’expérience de la piste audio DTS-HD Master Audio 5.1 est vraiment superbe. La VF, si limitée en DTS 5.1, ne semble pas excessivement subir les pertes compressives associées à sa nature mi-débit.

Difficile d’y échapper, Avatar constitue tout de même en ce mois d’avril un achat que nous considérons indispensable.

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Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)

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