Test Blu-Ray : Bright Star
Publié le par la Rédaction
Simple, délicat et sensible, Bright Star est le huitième long métrage de Jane Campion, réalisatrice néo-zélandaise qui avait mis en scène en 1993 La Leçon de Piano. C’est ce long-métrage qui avait remporté à cette époque la Palme d'or du Festival de Cannes.
Présenté pour la première fois au public cannais en mai 2009, ce film raconte la relation passionnelle, romantique et déchirante ayant lié, dans une Angleterre du 19ème siècle, le célèbre poète John Keats à sa voisine Fanny Brawne. Et le film de Jane Campion constitue à notre sens une œuvre littéralement somptueuse, nimbée de fragilité et d’une aura d’évanescence.
Le titre Bright Star a été emprunté du poème que John Keats a justement dédié à Fanny Brawne. Tout en retenu, frôlement et ellipse, Bright Star est quelque part résumé par cette toute première scène : un très gros plan durant lequel le spectateur suit le mouvement délicat d’une aiguille qui traverse, finement mais aussi douloureusement, une étoffe, comme si l’innocente pureté de premiers sentiments amoureux s’entremêlait à la souffrance inéluctable d’une expérience passionnelle à venir. Bright Star est un film qui s’assimile, telle la leçon de poésie qu’entreprend le personnage Fanny Brawne dans ce long métrage, à un apprentissage poétique, à une expérience des sens.
Et cette expérience, à laquelle veut nous initier la réalisatrice, nous est communiquée de façon lente, sensible et retenue, à l’image de la relation entreprise par les deux amants. La trame dramatique est naturellement captivante. Mort à 25 ans de tuberculose, peu de temps après son frère, John Keats, poète fauché mais talentueux, entreprend une relation aussi retenue qu’impossible avec Fanny Brawne. C’est là le cœur du récit. Loin de déchaîner de façon hollywoodienne toute l’ardeur de leur passion interdite, les sentiments partagés par le poète et son élève amoureuse nous sont présentés finement, de façon contrastée, comme si les personnages étaient constamment épris de doute et nous les communiquaient. Et aux ravages d’une passion finalement vécue de façon très intérieure, s’ajouteront de nombreuses entraves telle que la grossièreté du personnage volontairement détestable de Charles Brown (ami de John Keats), ou ces contraintes sociales qui ne feront que renforcer l’interdit latent de la relation. Malgré l’indépendance manifeste des personnages, ces contraintes, renforcées plus tard par la maladie du poète, pèseront lourds et limiteront l’épanouissement des deux tourtereaux.
Mais sous l'emprise magique de la mise en scène de Jane Campion, elle-même sous l'influence des réflexions poétiques de Keats, c'est toute cette retenue, tous ces interdits latents, qui intensifient paradoxalement à l'écran les quelques rares étreintes et moments d’intimité partagées par les deux protagonistes. Résultat : de simples extraits poétiques, hors-du temps, narrés tour à tour par les acteurs Abbie Cornish et Ben Whishaw, suffisent dans ce film, tout autant que ces petits effleurements corporels, à capter toute l’attention et la sensibilité du cinéphile.
Le choix de la réalisatrice de se limiter, pour la plupart des scènes, à des plans fixes, a offert aussi une grande liberté au spectateur, qui est amené par ce biais à participer davantage et de façon personnalisée, à cet apprentissage poétique. Le spectateur est amené ainsi à adopter un regard contemplatif et individualisé ; une des caractéristiques du poète dont la fin de vie nous est retracée. Et c’est là aussi qu’intervient le travail de Grief Fraser, à l’origine de cette superbe photographie, qui lui a valu en 2009 une reconnaissance méritée. A la clé : de nombreux plans éblouissants par leur intensité, légèreté, beauté et originalité, souvent chargés de sens. Prenons par exemple cette scène durant laquelle l’élan émotionnel de Fanny Brawne, enthousiaste à la réception tant attendue d’une lettre de son amant, est représentée subtilement par un rideau qui s’infiltre dans sa chambre et gonfle simplement sous l’effet du vent. C'est une scène superbe, parmi tant d'autres...
Bright Star : ce n’est peut-être pas la Leçon de Piano. Mais c’est une pure leçon de poésie qui nous est délivrée, depuis un tournage effectué au format argentique. Ce film, simple et retenu, rassemble à lui seul tout le panel de tourments faisant traditionnellement mûrir les grands amoureux – ces poètes de l’âme. Une œuvre donc véritablement sublime, qui marque de façon indélébile par la profondeur des textes et la beauté authentique des images. Bright Star : c'est clairement un coup de coeur !
Qualité Technique
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 VC1 (Débit moyen de 24342 kbps) / Format 1.85
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 1956 Kbps / Encodage 16-bit) et Français en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 2406 Kbps / Encodage 16-bit)
Sous-titres : Français
Qualité vidéo
On peut qualifier sans problème ce transfert 1080p de « brillant ». Satiné et velouté – autant que la photographie de Fraser – le transfert effectué depuis un master récent et encodé en MPEG-4 VC1 est tout à fait à la hauteur de nos attentes. Malgré quelques légères fluctuations, notamment sur les séquences moins éclairées qui laissent place, très sporadiquement, à du bruit plus ou moins esthétique, les images de Bright Star accusent tout d’abord d’une finesse argentique souvent impeccable. La définition se laisse déguster, toujours détaillée. Le piqué est enchanteur sur l’ensemble des plans, majoritairement fixes. Les gros plans et plans larges, aériens - ou simplement originaux - se montrent joliment restitués, laissant s’épanouir les fins costumes 19ème siècle qui habillent les acteurs. Les couleurs sont ici très naturelles, ce qui demeure en parfaite adéquation avec les choix de la réalisatrice de filmer avec beaucoup de simplicité. Heureusement, le paysage extérieur étant quelque part le reflet, dans ce long métrage, de l’état d’âme de l’héroïne, c’est tout une palette de couleurs qui nous sera offerte au travers les 119 minutes. Et le spectateur n’aura aucun mal à admirer ces superbes couleurs violines printanières qui ont été associées, telle une marque de fabrique, à l’œuvre Bright Star (du boîtier jusqu’au menu de navigation de ce vidéo disque). Naturellement argentique, satiné et tout aussi contrasté que les tourments des personnages, ce transfert est à l’image de cette réalisation : une réussite.
Qualité audio
Il est rare que Pathé nous déçoive sur le terrain acoustique. Et ce n’est pas avec Bright Star que cela arrivera. Tout d’abord, l’éditeur nous offre deux pistes, VF et VO, en DTS-HD Master Audio 5.1, équivalentes sur de nombreux points malgré une flagrante différence de niveau. La VF s'en sort donc très bien. Chose curieuse, elle profite d'ailleurs d'un débit davantage favorable. Une fois le niveau ajusté, peu de nuances sont à noter entre les deux pistes, une remarque qui devrait réjouir l'ensemble des cinéphiles. A noter tout de même que le film ne se prête pas, par exigence, à l’euphorie multi-canal. La bande son opère plutôt sous le registre de la sobriété, mais une fois la remarque prise en compte, on peut s’adonner sans réserve au plaisir offert par cette version originale, d'ailleurs clairement plus authentique que la VF (interprétation et originalité des vers de Keats...).
Cette production n’a peut-être pas bénéficié d’une richesse extraordinaire au niveau du mixage multi-canal. Mais le rendu sonore respire le naturel, et la musique, sporadique mais non dénuée de potentiel expressif, se montre particulièrement attrayante. Les dialogues sont clairs, et mis sur le devant de la scène de façon prioritaire. Les ambiances seront diffusées sur les frontales, tout en parvenant à pénétrer l’espace surround (voir l'entame du chapitre 5 pour vous en convaincre). La dynamique est au rendez-vous et le codec DTS-HD Master Audio parvient à en restituer toutes les composantes sans entrave particulière. On peut parler d’une piste DTS-HD volontairement naturelle mais qui ne manque aucunement de charme et d’entrain ; un peu à l’image de cette séquence à capela de Mozart aperçue dans ce métrage et aussi belle, maîtrisée qu’élancée.
Bonus
Working with Jane (SD - 26.32 minutes)
C'est ce document qui fait office de making-of. Quelque peu évasif, il revient sur le tournage de scènes importantes. On y retrouve la réalisatrice qui aborde son approche et ses quatres années de solitude qui l'ont inspirée. On découvre aussi la fabuleuse notion de "capacité négative" de Keats qui a vraisemblablement aidé les acteurs.
Scènes-coupées (SD - 1.57 minutes)
Elles sont au nombre de trois et sont accompagnées de sous-titres français incrustés.
Courts-métrages
Trois courts-métrages mis en scène par Jane Campion nous sont offerts sur ce disque :
- A girl own story (SD - 25.26 minutes)
- Passionless moments (SD - 11.27 minutes)
- Peel (SD - 8.19 minutes)
Film annonce et Galerie photo
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
Incontestablement un coup de coeur à la rédaction, Bright Star est un film à nos yeux absolument magnifique. Pathé en supplément nous propose ce long métrage poétique sous un excellent transfert, et n'a pas oublié les blurayphiles français en proposant VO et VF en DTS-HD Master Audio. Les suppléments sont un peu légers mais on s'en contente très largement. Commercialisée à petit prix, on ne peut que vous recommander cette édition Blu-Ray Disc.
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Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)