Test Blu-Ray : The Ghost Writer

The Ghost Writer est le tout dernier long métrage de Roman Polanski. Il s’agit d’un thriller, à la mise en scène irréprochable, adapté du roman L'Homme de l'ombre de Robert Harris. Les deux artistes ont collaboré dans l’écriture du scénario tiré directement de ce roman. Le récit est relativement simple. The Ghost Writer raconte l’histoire d’un ancien premier ministre employant un « nègre » (traduction de « Ghost Writer » ou écrivain de l’ombre si vous préférez) pour l’aider à écrire ses mémoires. Mais après la mort subite et suspecte de ce dernier, l’ancien premier ministre britannique décide d’employer un second écrivain fantôme, chargé simplement de remplacer le premier. Lorsqu’Adam Lang se voit affublé d’avoir commis des crimes de guerre durant sa carrière de politicien, les médias s’acharnent. Plus complexe qu’escompté, le travail du nègre se révèlera donc, dans ce contexte mouvementé, plutôt périlleux. D’autant que d’anciens documents secrets retrouvés dans la chambre de son prédécesseur le conduisent à mener sa propre enquête. Celle-ci va le conduire à réaliser de sombres découvertes ayant trait à d’étranges liens entre la CIA, le premier ministre, son entourage et quelque part le complexe militaro-industriel américain.

Roman Polanski a signé un thriller très sérieux qui a le mérite de pointer du doigt des sujets délicats, pouvant - restons prudents … - « évoquer » notre actualité. Entre fiction et réalité, Robert Harris avait écrit ce roman à partir de sa propre expérience de journaliste politique. L’un des personnages principaux, Adam Lang, est d’ailleurs directement inspiré de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, qui en 2006, avait été accusé d’avoir commis des crimes de guerre. Cet élément se retrouve directement, et sans trop de compromis, abordé dans ce long métrage. Curieux hasard de calendrier : Tony Blair s’apprête à sortir, le 1er septembre 2010, ses propres mémoires, un récit qui va retracer ses années au pouvoir, sa relation tumultueuse avec Gordon Brown et bien entendu sa décision controversée d'engager son pays dans la guerre en Irak. Comment de fait ne pas être tenté d’établir de liens directs entre ce long métrage de Roman Polanski et notre propre actualité ? Allons plus loin encore : dans quelle mesure a pu interférer l’actualité récente du réalisateur, interdit de séjour aux Etats-Unis, et à la crédibilité désormais bien ternie, avec la sortie de ce film The Ghost Writer, qui d’une manière subtile, règle des comptes avec certaines des plus hautes personnalités et administrations du monde ?

Roman Polanski a signé, de notre point de vue, un film courageux, délicat, bouleversant mais qui s’adresse essentiellement aux adultes. N’attendez pas de ce film qu’il soit divertissant car il est surtout complexe, silencieux et politique. Il est bourré de messages implicites, d’indications présentées de façon presque subliminale comme si le spectateur se devait de les déchiffrer, en faisant la part belle entre la réalité, la fiction et les messages codés. C’est d’ailleurs à ce niveau que se situe tout le propos du film et l'aventure du héros. Ewan McGregor interprète en effet un personnage anonyme, rendu par ce biais proche du point de vue du spectateur, qui de fil en aiguille, à partir d’éléments d’enquête et « en lisant entre les lignes », parviendra seul à dénicher le fin mot d’une sombre histoire de corruption. On n’en dira pas plus. A vous spectateurs de déceler dans ce film de Polanski ce que vous souhaitez et êtes capables de déceler.

L’écrivain fantôme est interprété par Ewan McGregor. Son jeu est excellent et très nuancé. L’ancien premier ministre Adam Lang est quant à lui interprété par Pierce Brosnan, un acteur qui est naturellement doté d’une stature évoquant la séduction politique. La musique est signée Alexandre Desplat et elle est vraiment réussie. Elle renforce l’atmosphère confinée, angoissante et très mystérieuse du métrage. La mise en scène est simple, discrète, parfaite. Polanski a mis surtout l’accent sur l’histoire, les personnages et leur logique. Il manque peut-être à ce long métrage une petite touche divertissante, spectaculaire. Car le film est vraiment très sobre dans la façon dont il a été réalisé. Il se voit enrichi heureusement d’une somptueuse poursuite en voiture à la teneur angoissante et d’une fin très poétique qui le clôt magistralement.

The Ghost Writer : c’est donc un film qu’il vous faut impérativement découvrir si vous appréciez les thrillers bien ficelés. Il s'appuie naturellement sur de nombreux éléments de fiction, mais évoque aussi des faits curieusement bien ancrés dans notre réalité. Malheureusement on pourrait ajouter...

Qualité Technique

Vidéo : Transfert 1080i (25fps) MPEG-4 VC1 (Débit moyen de 20397 kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 1687 kbps / Encodage 16-bit), Français en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit de 1688 kbps / Encodage 16-bit)
Sous-titres : Français

Qualité Vidéo

Le transfert proposé par Pathé nous a déroutés dès les premières secondes avec l’apparition du logo de l’éditeur. Pathé nous propose malheureusement un transfert 1080i, 25 images par seconde, qui de fait ne respecte pas la cadence cinéma classique des 24fps. On aurait préféré que le film, tourné en 35mm, 24 images par seconde, soit présenté logiquement en 1080p/24. Ce n'est pas le cas...

Heureusement, l’éditeur nous offre un transfert, qui au-delà de ce point de noir, se veut de très bonne qualité. Le grain argentique originel qui offre à l’image une texture cinéma est préservé et son niveau est élégant, minime. L’approche terne et neutre adoptée par le metteur en scène est respectée sur ce film. Les couleurs sont simples, peu tapageuses, naturellement désaturées mais le rendu est cinéma. Les contrastes sont solides. Le niveau des noirs, encres, ne vacille pas. La définition de l’image permet d’apprécier des plans piqués, argentiques. L’encodage MPEG-4 VC1 affiche lui aussi une très belle fluidité. The Ghost Writer s’offre donc un transfert tout à fait correct. Mais diable : pourquoi du 1080i ?

Qualité Audio

Pathé offre ce film en VO et VF DTS-HD Master Audio 5.1 (16-bit). C’est une bonne nouvelle et on ne peut que féliciter l’éditeur d’adopter de façon systématique ce codec dénué de pertes compressives. Mais pour être honnêtes avec vous, The Ghost Writer ne tire pas forcément profit de cette nature non compressée. En VO comme en VF, force est de reconnaître que le mixage s’est montré très replié sur lui-même, n’offrant aucune ouverture ou élan particulier. La scène arrière est absente sur ce disque. On peut rappeler tout de même que le film est basé sur un roman signé Robert Harris et qui a été pensé au départ comme une pièce de théâtre. De ce point de vue, le mixage met correctement l’accent sur les dialogues mais ne s’aventure que très peu sur les chemins multicanaux. Le paysage sonore proposé se veut très terne, très replié et silencieux, comme si le film traitait de faits délicats à ne pas hurler sur les toits. Bon, pour la défense du réalisateur : c'est le cas après tout !

Partielle, la réponse en fréquence l’est tout autant. Peu de recours aux basses fréquences et le caisson s’offre une activité finalement très secondaire, anecdotique. En clair, à moins d’écouter ce film à très haut volume, ce mixage peine tout de même à décoller n’offrant également que très peu d’ambiances immersives. Tout est silencieux, sérieux; en respect sans doute aux choix du metteur en scène mais au détriment de l’aspect divertissant. La VF propose des dialogues davantage mis en avant.

Remarque finale : on peut regretter que le doublage voix de l’acteur Ewan McGregor ne corresponde pas au doublage FR auquel on a été habitué sur de précédents films (Star Wars, Moulin Rouge, j'en passe et des meilleurs...).

Bonus

Robert Harris : Du Roman au film (HD -10.20 minutes)
Robert Harris, l’auteur du roman original et co-scénariste avec Polanski sur ce film, revient essentiellement sur son roman, ses motivations et sa collaboration avec le metteur en scène.

Interviews des acteurs (HD – 11.20 minutes)
On retrouve ici abordé le joli casting du film. Les acteurs, principalement Ewan McGregor et Pierce Brosman, en profitent pour rendre hommage au réalisateur, qui accorde vraisemblablement une grande importance au jeu des acteurs.

Interview exclusive de Roman Polanski (HD – 8.17 minutes)
C’est un document forcément inédit compte tenu des déboires médiatiques du personnage. Le metteur en scène aborde son rapport avec R.Harris, le tournage en France, en Suisse, près de son chalet, le casting et bien d'autres élements qu'on vous laissera découvrir.

Galerie photos (HD – 2.54 minutes)

Conclusion et Screenshots HD

Roman Polanski a signé avec The Ghost Writer un film déroutant, engagé, et très bien mis en scène. Le casting est génial, l'ambiance mystérieuse impeccable et les messages codés nombreux et variés. Pathé signe par contre une édition un peu à demi-teinte. La raison première : le transfert 1080i (25fps). Autrement, les pistes sont bien offertes en DTS-HD et les bonus, présentés en haute définition, vraiment intéressants. On vous recommande tout de même cette édition Blu-Ray Disc surtout parceque le film de Polanski vaut vraiment le détour et sort clairement des sentiers battus !

Commandez le Blu-Ray Disc de The Ghost Writer sur Amazon.fr

Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)