Test Blu-Ray : Enter The Void
Publié le par la Rédaction
Très rares sont les films capables de perturber autant les spectateurs qu’Enter the Void. 2001 : l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, The Fountain de Darren Aronofsky, Fight Club de David Fincher et - à notre sens - Revolver de Guy Ritchie, s’étaient révélés à leur manière des films d’une très grande dimension métaphysique. Ces films sont capables en effet de vous bouleverser au plus profond de vous-mêmes et de vous initier à une forme d’introspection. En d’autres termes, ils ont cette capacité de vous révéler des choses cachées, qui proviennent généralement de l’intérieur et qui nécessitent souvent une prise de recul en vue d’être pleinement appréhendés. La puissance de l’Art en quelques sorte… Enter The Void, film français réalisé cette année par Gaspar Noé, s’inscrit clairement parmi cette poignée de longs métrages inédits et se permet même de dépasser plusieurs frontières supplémentaires. C’est un film qui transcende énormément de règles : narratives, esthétiques et de mise en scène. Ce n’est pas un film terriblement complexe à comprendre. Il l’est beaucoup moins que les titres précités. Mais c’est clairement le film le plus perturbant qui nous ait été donné de voir depuis un long moment sur grand écran et le plus original en termes de mise en scène. Malgré quelques longueurs...
Enter the Void s’inspire directement du Livre tibétain des morts, le Bardo Thödol. Ce livre est assez complexe mais il a été vulgarisé plus récemment par Sogyal Rinpoché avec son « Livre Tibétain de la vie et de la mort ». Ce livre a pour objectif d’appréhender les bardos. On peut les décrire comme les stades intermédiaires que la conscience traverse entre la mort du sujet et sa renaissance. Selon cet ouvrage, à la mort, la conscience traverse différentes étapes de dissolution. Elle vogue dans une sphère intermédiaire avant d’être conduite : soit à poursuivre son chemin d’évolution et progresser à un plus haut niveau de réalisation, soit replonger dans un nouveau cycle de renaissance et entamer une réincarnation. Enter The Void va suivre le parcours de fin de vie, de mort et de renaissance d’un personnage : Oscar. D’une durée de 2H40, ce film s’assimile donc comme le voyage transcendantal de la conscience d’un personnage dans sa sphère intermédiaire post-mortem. Plus simplement, Enter the Void suit l’âme errante d’un personnage qui vient de décéder.
L’histoire est la suivante : Oscar et sa soeur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, sa conscience, fidèle à la promesse faite à sa soeur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Elle erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire.
Enter The Void est un film qui s’appréhende comme une expérience transcendante à suivre… et à vivre aussi. Elle peut s’avérer choquante selon votre sensibilité et vos croyances. On ne vous recommandera pas forcément de visionner ce film sans connaissance de cause. Enter The Void choque d’abord par sa mise en scène totalement inédite. Après une introduction au rythme totalement épileptique qui a pour charge, d’entrée de jeu, de brouiller vos sens, il vous est donné de suivre le personnage principal, Oscar, directement à la première personne. Les yeux de ce dernier deviennent les vôtres. Ici, le degré d’immersion est total. Gaspar Noé a franchi très sincèrement une nouvelle étape en termes de prise de vue à la première personne. Chaque battement de paupières est retranscrit à l’écran comme si l’œil de la caméra s’était fondu à ceux du personnage. L’effet d’immersion est inédit mais contribue à choquer aussi. Car Oscar, une fois devenu âme errante, est hanté par son expérience de vie passée douloureuse et par la souffrance de sa sœur Linda à laquelle il est encore profondément lié. C’est donc dans un bardo terriblement sombre, douloureux et bouleversant que nous plonge le réalisateur. Et Gascar Noé ne vous épargne rien de l’enfer tokyoïte dans lequel l’esprit du personnage vogue: des trips sous DMT, aux séquences de sexe filmées sous un angle voyeuriste et incestueux, sans parler du choc occasionné par le souvenir d’un accident de voiture terriblement violent ou de cette séquence d’avortement filmée sans aucun tabou. C’est un torrent de gêne qui en découle ! Ames sensibles s’abstenir !
Bien que politiquement incorrect, Enter the Void s'impose tout de même comme une œuvre originale, profonde, et très conceptuelle. C’est une forme de voyage astral lumineux et dysfonctionnel, une forme de trip cinématographique terriblement atypique inspiré de bouddhisme ésotérique. Il brouille vos sens et vos références. A regarder et à méditer...
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen de 19960 kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 1647 kbps / Encodage 16-bit) et Français en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 1659 kbps / Encodage 16-bit)
Sous-titres : Français
Qualité Vidéo
Enter the Void est un film terriblement original. L’absence de solidité et de définition fait souvent partie intégrante de la photo du film. Cette dernière, tout comme la mise en scène, se veut très atypique. On rappellera que la caméra suit directement l’âme errante du personnage principal. C’est en ce sens que flous, bruit vidéo, et effets circulaires de type Fish Eye viennent volontairement suggérer une forme de dissolution progressive de l'état de conscience du protagoniste. Il est donc difficile de porter un jugement sur ce transfert à l'aide des canons traditionnels de la HD. Vous êtes prévenus.
Reste que sur la première section du métrage au cours de laquelle le personnage principal est vivant, le niveau de définition est excellent. Les contrastes y sont solides et appuyés. Les séquences en basse lumière restent terriblement granuleuses mais le Blu-ray respecte l’intention et les choix originaux du réalisateur. Une fois le personnage décédé, s’entame une lente et progressive dissolution de la vision. Le niveau de définition fluctue de juste à abominable. Beaucoup de scènes sont granuleuses et font l’objet d’une absence totale de netteté. Mais tout cela a été souhaité et fait partie intégrante de l’originalité d’Enter the Void. Les couleurs affichent néanmoins de belles valeurs de saturation. Une note sur l’encodage toujours solide effectué en MPEG-4 AVC / 20 Mbps.
Qualité Audio
Wild Side propose VO et VF en DTS-HD Master Audio 5.1. Ce sont des pistes globalement identiques en termes de dynamique et de spatialisation. Ce sont des pistes très rigoureuses mais qui sont à juger de la même manière que la section image, en prenant en compte le caractère atypique d'Enter the Void. La réponse en fréquence semble parfaite. Le recours régulier aux basses fréquences est plaisant. La dynamique est absolument remarquable et la séquence d’accident de voiture représentera une belle illustration de la notion de gamme dynamique. Elle fait l’objet en quelques instants à peine d’un déploiement massif de décibels qui a le mérite de choquer le spectateur. On regrette peut-être que la scène arrière soit relativement peu exploitée sur ce métrage, aussi bien en VF qu’en VO. Il y avait à notre sens de la matière à exploiter de ce côté. Cela reste une très belle section d’ensemble.
Bonus
Les bonus sont finalement peu nombreux et on regrette qu'aucun making-of digne de ce nom ne soit proposé sur cette édition.
Making-of des effets spéciaux (HD - 10.31 minutes)
Ce n'est pas vraiment un making-of. On vous présente simplement 10 minutes de séquences muettes avec/sans effets spéciaux.
Bandes-annonces
Scènes coupées (HD - 11.25 minutes)
8 scènes coupées au montage avec sous-titres français.
Les affiches et projets d'affiches
Suivent trois nouvelles séquences d'hallucinations : DMT, Vortex et Energie (Court métrage de Thorsten Fleisch)
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
Terriblement déroutant, Enter the Void est un film français qui a le mérite de sortir des sentiers battus et de perturber les spectateurs grâce à une mise en scène à la fois originale et vertigineuse. Wild Side nous offre une édition Blu-ray Disc tout à fait convaincante même si le rendu image se montre en adéquation avec les propositions atypiques du cinéaste. Flous et granularité excessive font partie intégrante du film de Gaspar Noé et le Blu-ray restitue l'oeuvre telle qu'elle a été pensée et conçue. VO et VF sont, comme toujours chez Wild Side, proposées en DTS-HD. Rien à reprocher de ce côté. C'est donc une très belle édition. Mais Enter the Void est un film choc à ne pas mettre entre toutes les mains. Vous êtes prévenus...
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Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)