Test Blu-Ray : Inception
Publié le par la Rédaction
Analyse d'Inception
Avec le dernier film de Christopher Nolan, c’est à nouveau le concept de « réalité objective » qui prend un virulent coup dans l’aile dans l’esprit des spectateurs du 21ème siècle. Déjà avec Avatar, le film évènement de 2009 de James Cameron, la frontière entre le rêve et la réalité se révélait franchissable par le héros et de surcroit, par le biais de la magie du cinéma, par les spectateurs. Un identique maître-mot marque aujourd’hui Inception, l’énorme production hollywoodienne de l’année 2010. Les comparaisons entre Avatar et Inception sont récurrentes. Nombreux différencient les deux films en soulignant la bien plus grande complexité du scénario d’Inception. Ce qui n’est pas faux.
Mais force est de reconnaître qu’un même fond commun thématique et narratif reste gravé dans l’ADN de ces deux grosses productions. Celles-ci ont le mérite, à leur manière, par le biais du rêve et de l’éveil vécus par leur héros respectif, de nous fournir un modèle d’épanouissement ainsi que de nous initier à un point de vue critique à l’égard de la dite réalité objective matérielle dont notre civilisation occidentale a du mal à se dépêtrer. D’où peut-être le succès commun de ces deux films au box-office à une époque marquée par une crise, si ce n’est existentielle, au moins sociale et économique.
Synopsis et principales qualités
Abordons rapidement le synopsis officiel d’Inception. Dom Cobb est un voleur expérimenté, le meilleur qui soit dans l’art périlleux de l’extraction : sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu’il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant, à condition qu’il puisse accomplir l’impossible : l’inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent faire l’inverse : implanter une idée dans l’esprit d’un individu. S’ils y parviennent, il pourrait s’agir du crime parfait. Et pourtant, aussi méthodiques et doués soient-ils, rien n’aurait pu préparer Cobb et ses partenaires à un ennemi redoutable qui semble avoir systématiquement un coup d’avance sur eux. Un ennemi dont seul Cobb aurait pu soupçonner l’existence.
Des qualités à Inception, il y en a. Et elles sont nombreuses. L’élément le plus important à nos yeux reste ce joli concept de rêves imbriqués, de rêve dans le rêve. L’architecture du film repose sur une superbe séquence simultanée de trois à quatre rêves qui s’imbriquent les uns dans les autres, telle une véritable boîte chinoise incarnant de façon novatrice le principe de relativité de l’espace-temps. Le film de Nolan a aussi le mérite d’être très complexe sur le plan thématique et peut faire l’objet en ce sens de multiples interprétations. C’est l’une des deux principales richesses de ce film à l’origine pour beaucoup de la volonté de le re-visionner au cinéma et en vidéo disque. Chacun peut se l’approprier à sa manière, à l'image d'un rêve et de ses symboles.
Et c'est ce que nous allons tenter rapidement de faire, à notre manière.
Tentative d'analyse : Inception, un méta-film ?
A nos yeux, et devant les multiples interprétations fournies par les spectateurs du monde entier, connectés et partageant leurs idées sur la toile, un élément, une idée, retient notre attention. Il semble clair que l’expérience d’aller voir un film au cinéma, parmi une audience, s’assimile déjà pleinement à une forme de rêve partagé. Le cinéma effectue en effet de façon courante un travail d'Inception. En nous plongeant dans le rêve architecturé du metteur en scène, au sein duquel le temps passe beaucoup plus vite, et où des indices profondément symboliques sont distillés pour guider l’esprit du spectateur, le réalisateur peut parvenir à nous inséminer des idées capables quelque part de bouleverser notre manière d’être et d’aller de l’avant lorsque nous en avons en besoin. Le film peut donc être interprété comme étant la représentation métaphorique du rêve déguisé d’un réalisateur dont le sujet même est le rêve imbriqué. Inception deviendrait un méta-film, un film qui traite précisément du langage employé par le cinéaste à l'aide duquel il peut toucher l'âme des spectateurs. Inception, à nos yeux, semble donc être une oeuvre beaucoup plus autobiographique qu’elle n’y paraît, proche en quelque sorte, sur le concept, d’un Huit et demi de Fellini.
Poursuivons dans cette voie. Cobb interprété par Léonardo Di Caprio pourrait-être assimilé à l’avatar même de Christopher Nolan, le concepteur du rêve. Ariane deviendrait sa coopératrice, la muse de l’artiste, qui seule est à même dans ce film d’exprimer des objections quant à la nature de ce que Nolan réalise, rêve, et du risque qu’il contamine son film de ses propres souvenirs personnels. En tant que muse, rappelons qu'Ariane est aussi la gardienne de l’œuvre, une oeuvre judicieusement conçue dans ce film à l’image d’un gigantesque labyrinthe mythologique. Tel un rêve dont il est difficile de maîtriser le déroulement, le récit lui-même semble évoquer l’idée que Nolan n'est absolument pas certain de la nature de ce qu'il fait en tant que cinéaste. Inception est à la frontière d’une pure grosse production hollywoodienne et d’un film d’auteur indépendant très difficile à appréhender au premier visionnement – pour ne pas dire impossible à digérer par instants. Les frontières sont floues. Les paradoxes sont nombreux. Les coupes au montage sont très improbables et fortement elliptiques. Le film semble bel et bien construit à l’image d’un rêve, dont on ne sait comment on y est entré ni quand on va y sortir définitivement.
A qui s'adresse l'Inception ?
Ce sont bien les spectateurs, en visionnant le film, en partageant le rêve du réalisateur, qui sont initiés à la vision du monde de l’artiste et à l’idée inséminée par ce dernier. Ce n’est donc pas forcément de manière exclusive à l'un des personnages du film, mais à eux même que s’adresse l’Inception, la pratique d'implanter une idée dans le subconscient d'un sujet par le biais d’un rêve partagé. Mais pour quelle raison se servir d'une caméra, du support cinématographique, pour réaliser une Inception, me direz-vous ? Parce qu'une Inception n'est réalisable que si le sujet parvient à assimiler, par l'expérience, l'idée qu'on veut lui inséminer. L'Inception se réalise au travers une expérience initiatique partagée, au cours de laquelle images, symboles, et émotions doivent être vécus et assimilés par le spectateur-sujet. Les mots sont insuffisants pour que l'Inception opère, pour que le metteur en scène transmette aux spectateurs sa vision du monde et de la réalité. Il doit donc exploiter un autre langage qui est le langage cinématographique, un langage symbolique qui s'assimile à une expérience partagée entre le spectateur et le héros. Une expérience que l’on retrouve d’ailleurs à la fois dans le cadre de l'interprétation des mythes, des rêves, du cinéma, de la publicité, de l’art en général voire en participant à des rituels initiatiques (ce que les sociétés exotiques avaient pleinement saisi). Tentons tout de même d’exprimer l’essence de cette Inception par les mots, tel que nous l’avons perçue.
Le coeur de cette Inception, de l’idée implantée dans notre propre subconscient, réside de notre point de vue, dans le fait que la réalité objective n'existe pas voire plutôt que ce que nous concevons pour la réalité n'est en fait qu'une convention sans consistance, à laquelle il est inutile de s'attacher. « Non, je ne regrette rien », titre de la chanson d’Edith Piaf inscrite dans l’ADN même du film et de la bande originale, synthétise donc à nos yeux l’idée maîtresse du projet de Christopher Nolan. C’est à nos yeux le coeur de ce long métrage. C’est l’idée, selon nous, qu’a voulu implanter dans notre subconscient le metteur en scène par l’intermédiaire de son Inception et des nombreux éléments symboliques (visuels et musicaux) qui le traversent en filigrane. Si assimilée par le spectateur, c’est cette idée qui peut lui permettre de le recentrer sur lui-même à la sortie du film, l’instant présent, et l’éveiller spirituellement en l’extirpant des méandres de l’égo / mental symbolisés par la complexité apparente du long métrage-rêve qu'il vient de partager. C’est ce qui se passera en tout cas pour le personnage principal. Il abandonne à la fin du film sa volonté d'interpréter la nature du monde dans lequel il a été et est plongé. Et de cette manière, il devient en mesure d'apprécier, à la vue de ses enfants retrouvés, l'expérience de vie qui lui est donnée. L’expérience du film Inception nous fait en quelque sorte sortir de la prison de nos propres perceptions et préoccupations égotiques. On touche là l'un des aspects profondément magiques de l'expérience cinématographique, une des raisons pour lesquelles en temps de crise, nous aimons aller au cinéma. On y délaisse l'espace d'un instant nos soucis qui sont liés à nos craintes quant à l'avenir ou à de mauvais souvenirs.
Se libérer de l’idée de la réalité objective, exprimée dans ce film par une forme de surgissement du héros de l’océan-inconscient (voir la première séquence du film qui synthétise tout cela assez joliment), symbolise donc une forme d’accomplissement héroïque, un éveil. Et c’est à l’issu de cet éveil que le héros - et le spectateur qui s'y identifie - est capable d'apprécier le monde perçu par ses sens, tel qu’il est, en l’expérimentant pleinement, sans rien regretter. Même s’il lui est donné, et c'est très important, d'être plongé au final dans une nouvelle illusion ou un nouveau rêve. En effet, si le monde réel n'est lui même qu'un rêve, pourquoi, à l'image d'un rêveur éveillé, ne pas apprécier, tels qu'ils sont, les rêves qui y sont imbriqués ?
Une double prise de recul
A notre sens, pour apprécier le rêve - Inception à sa juste valeur, ou au moins sous une autre perspective que celle issue de l’esprit égotique dualiste qui n’envisage bien souvent que deux possibilités à l’issu du film - Cobb piégé dans un nouveau rêve, ou revenu à la réalité objective - le spectateur doit être en mesure de faire preuve d’une double prise de recul. Celle-ci consiste à saisir Inception-le film, l’expérience cinématographique, comme la seconde strate d’un rêve collectif partagé, la première étant la quotidienneté, notre monde réel, que nous percevons bien souvent à tort comme matériellement concret.
De cette manière, Inception, doté non plus de cinq mais de sept strates de rêve, sept niveaux d’évolution symboliques, sept niveaux de conscience à gravir par le spectateur afin qu'il croisse spirituellement vers la réalisation (le sortir du film, l'instant présent), se veut davantage symbolique et touche beaucoup plus l'âme du spectateur. Ce film peut nous initier à la volonté de dépasser une illusion humaine très puissante : celle de croire en la réalité objective de nos propres perceptions, y compris celles qui nous sont fournies par notre propre mental durant et au sortir du film.
En cela, Christopher Nolan nous pousse davantage à apprécier le monde - et le film de surcroit - qui nous est offert, avec une légèreté retrouvée, comme si tout ce qui nous est proposé par nos sens (cinéma, vie réelle...) ne relevait que d’une formidable illusion. A croire que le prestige d'un cinéaste, tel que le perçoit Christopher Nolan, repose sur cette capacité d'éveiller le spectateur à l'illusion première - l'illusion d'assimiler le monde dans lequel on est plongé comme réel - et l'aider par ce biais à atteindre dans sa propre vie le septième ciel.
Conclusion
Enrichi d’un casting costaud (Leonardo Di Caprio, Marion Cotillard, Michael Caine, Ellen Page...), de séquences explosives très impressionnantes, et d’une des meilleures bandes originales de l’année signée Hans Zimmer, Inception est à nos yeux un blockbuster intelligent, un film qui tout en étant spectaculaire sur le plan visuel, n’est dénué ni de complexité, ni de finesse au travers ses thématiques et son langage symbolique. Une pleine réussite malgré un côté assez déroutant, nature des rêves imbriqués oblige !
Qualité Technique
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 VC-1 (Débit moyen de 23879 kbps) / Format 2.40
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 3666 kbps / Encodage 24-bit), Français, Allemand et Italien en Dolby Digital 5.1 (640 kbps)
Sous-titres : Italien, Allemand, Français, Anglais et Néerlandais
Qualité Vidéo
Christopher Nolan est un réalisateur amoureux des tournages au format argentique. Il aime la pellicule plus que tout et cela se ressent. Pour Inception, au-delà de l’utilisation partielle de la caméra numérique Phantom HD, capable de filmer en 1000 images par seconde en Full-HD et donc dédiée aux effets spéciaux nécessitant d’extrêmes ralentis, l’intégralité du film a été tourné à l’aide de pellicules. Et on retrouve aujourd’hui de nombreux formats : 35mm, 35mm Vista Vision, et 65mm. Le film a bénéficié d’un master 4K dont cette superbe édition Blu-ray est tirée.
Inception nous est proposé sous un transfert 1080p, encodage VC-1 et ratio 2.40. Difficile aujourd’hui de reprocher grand-chose aux images qui nous sont offertes tant elles semblent littérallement proches de la perfection si l’on s’appuie sur les critères habituels de la haute définition. Seules des nuances en termes de granularité opèrent dans ce film selon les strates de rêve et les pellicules employées par le metteur en scène. Tout cela relève néanmoins de préoccupations artistiques et non d’éventuels défauts de transfert ou d’encodage de la part de Warner. En somme, cette édition Blu-ray nous fournit d'excellentes images, à tout point de vue. Et comme avec Avatar, il le fallait sur un tel titre.
La dynamique vidéo est excellente. Le niveau de définition d’ensemble n’est victime que de très peu d'aléas. Il existe durant ce film quelques moments de douceur, mais ils semblent liés à l'aspect intentionnel de la cinématographie et de la pertinence des souvenirs qui viennent s'introduire dans le rêve vécu par le personnage principal. La définition se veut parfaitement maîtrisée. Le niveau des noirs se montre fortement agréable et solide dans la plupart des circonstances. Sans être absolument clinique, l’image préserve une texture argentique très soignée. La gamme colorimétrique est très large, évoluant selon la nature des rêves traversés par l’ensemble des personnages. Décors, costumes, gros plans, arrière-plans : tout semble être animé d’un esprit visuel très inspiré et novateur, d’une précision troublante. Sans artefact, de défaut de compression, d'aliasing ou d'edge enhancement, vous ne regretterez rien devant cette présentation de qualité.
Qualité Audio
Visionné en VF au cinéma, nous avions trouvé le doublage FR de très mauvais goût. Les voix françaises de Saito sont effectivement d'un ridicule... Quoiqu'il en soit, Warner nous offre la VF en Dolby Digital 5.1, incapable de rivaliser avec la version originale bien plus authentique et libérée des strates de la compression à perte.
La VO est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit / 3666 kbps). Et elle se veut tout simplement excellente. C’est d’abord la réponse en fréquence qui se montre véritablement libérée. Le rendu se montre net, tranchant et percutant. Le canal de basse se voit sollicité de façon étonnante sur ce film avec des infras-graves qui viennent résonner au plus profond de votre subconscient. Les six canaux sont bien sollicités, presqu’en permanence. Les effets directionnels sont légions dans ce film. Les voix sonnent nets et hautes, transparentes. L'excellente bande originale d'Hans Zimmer embrase le tout, et cela sur l'ensemble de la scène sonore, axe surround compris. Résumons les choses car le résultat est très clair : une excellente piste DTS-HD Master Audio 5.1 !
Bonus
Disque 1
Mode extraction (PIP ou en HD séparément)
14 séquences à visionner en HD durant le film, ou séparément. Elles portent sur l'Origine d'Inception, le Château japonais, la Désintégration du café parisien, la Construction de l'Architecture Paradoxale, le Train de Marchandises, l'Embuscade dans les rues de la ville, le Bar qui s'incline, les Couloirs en rotation, la Forteresse dans la montagne, la Simulation de l'apesanteur, les Limbes, l'Explosion finale, la Musique et le Partage des rêves.
Disque 2
Le rêve : le cinéma du subconscient (HD - 44.29 minutes)
Somptueux documentaire portant sur l'univers des rêves, de leur interprétation et de leur aspect parfois prémonitoire. Est traitée également l'analogie du rêve et du cinéma.
Inception : la mission Cobol (HD - 14.33 minutes)
Un court métrage animé dans la continuité de l'univers du film de Christopher Nolan.
Bande originale 5.1 d'Inception (DTS-HD Master Audio 5.1)
Une excellente initiative de la part de Warner. Excellente dynamique et une bande originale superbement spatialisée. Si toutes les éditions Blu-ray Disc Warner pouvaient bénéficier de ce type de suppléments, l'éditeur gagnerait beaucoup de clients... A noter qu'on ne retrouve qu'une sélection issue de la bande originale.
Galerie d'art conceptuelle et Archive d'art promotionnel, BA et Spots TV (HD)
Film en DVD et copie digitale
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
Inceptionfait partie des films qui ont considérablement marqué l'année 2010. Blockbuster intelligent, doué de différents niveaux de lecture, Inception s'offre en supplément une très belle édition Blu-Ray Disc, signée Warner. Le transfert est excellent, la bande son DTS-HD Master Audio parfaite, les bonus nombreux et interactifs. Warner fournit en supplément la bande originale du film en DTS-HD 5.1 et le film en DVD et copie digitale. Seule l'absence de VF en Haute Définition pourra être regrettée.
Si vous ne l'avez pas encore, il est encore temps. Jetez-vous sur cette édition Blu-ray Disc !
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