Test Blu-Ray : Apocalypse Now (Edition Définitive)
Publié le par la Rédaction
Analyse d'Apocalypse Now
Le Vietnam, un des conflits les plus cinégéniques de l’histoire du septième art, est une guerre clairement fascinante. Elle a marqué les esprits par le lourd traumatisme qu’elle a laissé dans l’inconscient collectif des soldats et plus largement du peuple américain. Première guerre véritablement télévisée, elle représente aussi un tournant dans la manière par laquelle les sociétés « démocratiques » se sont confrontées à elles-mêmes et à leur propre brutalité. C’est ainsi que dès l’entame d’Apocalypse Now, sorti une première fois en 1979, le décor est planté de façon à ce que le spectateur assimile le film d’abord à un grand spectacle de guerre, tel un show télévisé à l’américaine, et ensuite à une expérience miroir introspective. Comme si le spectacle cinématographique que nous donne à voir Coppola cherchait à nous révéler une vérité profonde, immanente, atemporelle, et réveillait en nous un vieux conflit intérieur. L’ « Apocalypse » retrouverait-il dans ce cadre son sens premier de « révélation » ?
Une vue sur la jungle en feu. Une pale d’"hélico". La musique des Doors : This is the end my friends. Un visage humain profondément tourmenté en gros plan. Des indices sonores métaphorisant les souvenirs d'une fresque historique épouvantable. En une scène évoquant espace désaxé et univers en perdition, on perçoit déjà, à travers le somptueux travail d’édition de Walter Murch, qui semble exceller dans l’art d’enchevêtrer les plans, la violence de la guerre et les répercussions de cette dernière dans l’inconscient même de notre héros, le capitaine Willard, interprété par Martin Sheen. Comment ce soldat, noyé dans un conflit qui semble être à la fois devant et derrière lui, va-t-il parvenir à accorder une signification à ses différentes expériences et se libérer de ses tourments ? Coppola délivre tout de suite un indice. Il lui faudra briser le miroir des apparences et entamer un voyage au plus profond de lui-même, dans les enfers de sa proche psyché.
Ainsi débute ce que l’on considère généralement comme l’un des plus grands films réalisés sur la guerre du Vietnam : Apocalypse Now, mis en scène en 1979 par Francis Ford Coppola. Incontestablement, Apocalypse Now est le film le plus connu sur la guerre du Vietnam. Quelques scènes mythiques ont porté également ce long métrage au panthéon des plus grands films de toute l’histoire du septième art. On pense notamment à la scène des "hélicos" sur l’opéra de Wagner. Le film a obtenu en 1979 la Palme d’or au Festival de Cannes. Il s’inspire de différents ouvrages dont Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Mais il se base surtout dans ses fondements anthropologiques et symboliques sur différents mythes. Par exemple, et on va y revenir, sur le récit énigmatique du Rameau d'or, ou encore sur le poème de T.S Eliot : Les Hommes Creux.
Le projet et l’histoire Apocalypse Now
Difficile de saisir la nature de ce film sans définir en de brèves lignes le contexte particulier dans lequel il a été produit. L’histoire d’Apocalypse Now est intimement liée à celle du couple d'artistes Lucas/Coppola et de toute une génération de cinéastes qui se sont rassemblés en 1969 au sein d’une même société de production : American Zoetrope. Ces artistes partagent alors une même vision : faire renaître de ses cendres un cinéma américain en crise profonde d’identité durant les années 60 tout en cherchant à s’adresser davantage aux jeunes générations et jouer l’indépendance face à la grande machine Hollywoodienne. THX 1138 réalisé en 1971 par George Lucas est leur premier projet. Il se solde malheureusement par un très gros échec commercial mettant en compromis l’avenir financier de Zoetrope. Le scénario d’Apocalypse Now, écrit par John Milius et que Lucas devait mettre en scène, qui était une adaptation dans le contexte de la guerre du Vietnam de la nouvelle de Joseph Conrad, est malheureusement mis de côté.
Après avoir terminé American Graffiti, George Lucas remet le projet d’Apocalypse Now à l’ordre du jour. Le projet d’effectuer un film portant sur le Vietnam dérange néanmoins Hollywood. Seule la Columbia s’avère davantage conciliante envers Zoetrope. Mais elle souhaite que Zoetrope cède les droits d’American Graffiti, élément que Coppola refuse. L’accord tombe à l’eau. George Lucas s’attèle alors à ce qui était au départ un petit projet : La Guerre des Etoiles…. Le succès du Parrain et de sa suite que Coppola a réalisé sous l’égide de la Paramount, permettent néanmoins à Zoetrope de sortir de l’embarras financier. Lucas occupé à tourner Star Wars, c’est finalement Coppola lui-même qui décide de mettre en scène Apocalypse Now. Il y mettra toutes ses forces, son argent et une partie de son âme.
Filmé aux Philippines, dans des conditions épouvantables, le tournage d’Apocalypse Now a été décrit effectivement comme une véritable épopée tourmentée. Nous ne reviendrons pas sur les rebondissements du tournage. Un documentaire, Hearts of Darkness, réalisé par Fax Bahr et George Hickenlooper sur la base des films tournés par la femme de Coppola sur les plateaux, en retrace l’aventure de façon fascinante et exhaustive. Ce documentaire, dont le titre fait référence à l’ouvrage de Joseph Conrad pour qui Apocalypse Now se veut une adaptation libre, est disponible en intégralité dans le cadre de cette somptueuse édition Blu-ray Disc.
Les grandes lignes du scénario ont été écrites par John Milius, membre d’American Zoetrope. L’histoire a néanmoins été remaniée par Coppola lui-même. Apocalypse Now, dont on analysera dans les lignes suivantes la version Redux, se présente comme un voyage initiatique. Il aborde la guerre du Vietnam sous l’angle personnel d’un personnage principal. Les services secrets militaires américains confient effectivement au capitaine Willard, notre héros, la mission de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz, tapi au fin fond de la jungle cambodgienne et dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le Cambodge, a pris la tête d’un groupe d’indigènes et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante. Au moyen d’un patrouilleur mis à sa disposition, ainsi que de son équipage, Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la jungle pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme très différent de l’idée qu’il s’en faisait. Le parcours de Willard deviendra indissociable de l’homme qu’il est chargé de supprimer.
Le film peut être accolé à différents niveaux de lecture. Nous vous proposons néanmoins notre analyse qui est une interprétation subjective d'Apocalypse Now Redux, réalisée à partir de multiples indices qui traversent le métrage. Bonne lecture.
Willard : un homme tourmenté en quête d’éveil spirituel
Les accords de guitare des Doors se superposent au bruit des pales d'un ventilateur accroché au plafond d’une simple chambre d’hôtel. Elles suffisent pourtant pour évoquer à notre héros le bruit de pales d'hélicoptères. Willard s’éveille.
La première scène du film semble être capitale dans la compréhension de l’ensemble du métrage. Aucun film ne semble avoir restitué un état de stress post-traumatique d’aussi belle manière qu'Apocalypse Now. La première scène du film illustre en effet la manière par laquelle un événement qui met en jeu l'imminence de la mort chez un sujet suffit à le plonger de façon durable dans un monde irréel, un monde dans lequel il vivra et revivra en rêve la même et éternelle situation traumatique.
Willard brise ensuite un miroir. Il se blesse, s’écroule au bord de son lit, le visage contracté par un instinct suicidaire.
Cet acte atteste d’une scission profonde dans le propre univers intérieur du personnage. Willard nous est présenté comme s'il cherchait à briser son propre égo, ombre de lui-même. Ses supérieurs lui accordent alors une mission secrète : retrouver et liquider Kurtz, véritable tyran, abandonné à la folie, prêt à exterminer, dit-on, tout un peuple.
Kurtz, l’homme que Willard a pour mission de liquider, ne représente-t-il pas finalement ce double régnant dans l’ombre, cette personnalité abandonnée à l’horreur, obéissant aveuglément aux pulsions de mort et que notre héros doit d’une manière symbolique pleinement assimiler pour sortir de cet enfer, s’éveiller ? Tel est en tout cas le cheminement que traversera notre personnage principal, un cheminement relativement classique sur le plan héroïque puisqu’il s’assimilera à une lente remontée vers l’origine de ses propres tourments, un sacrifice puis une renaissance. Nous allons-y venir !
L’expérience du Vietnam : entre rêve, mythe et réalité
Francis Ford Coppola effectue certainement une réflexion sur l'Amérique. Apocalypse Now peut être il est vrai interprété en tant film historique, comme métaphore transparente sur les Etats-Unis. On peut y voir une forme de dénonciation détournée de l'intervention militaire des Etats-Unis au Vietnam et une remise en question de ceux qui ont dirigé les opérations. Néanmoins, le film prend davantage la forme d’un voyage initiatique au travers lequel Coppola semble vouloir nous présenter un Vietnam vu de l’intérieur. En tout cas, un Vietnam tel que l’aurait vécu notre héros, avec la part de subjectivité que cela implique. En ce sens, l’environnement traversé par le héros semble être en partie le reflet de son paysage intérieur, tourmenté par ses souvenirs, ses craintes, et ses obsessions de soldat en mission.
La quête de Willard s’inscrit ainsi dans un monde fortement surréaliste, mythologique. Le Vietnam semble inéluctablement couper du monde ceux qui y ont vécu l’expérience de la guerre et les inscrire dans une autre réalité. Toutes les situations semblent y être poussées à l’extrême. Violence, folie, meurtre sont monnaie courante. Les atrocités dont les soldats se font les témoins les noient dans une situation fantastique, une situation rendue davantage surréaliste par leur prise quotidienne de substances psychoactives. Comme s’ils étaient plongés dans un rêve, un cauchemar... La mise en scène elle-même participe pleinement à amplifier cette illusion. La surabondance de fumée, l’étalonnage des couleurs, la superposition des plans effectuée en post-production, sans oublier la musique psychédélique des Doors dépeignent une ambiance surréelle, proche de celle d’un rêve.
La thématique du rêve basculant vers le cauchemar de la guerre est évoquée également par l’environnement en lui-même et les symboles qui l’animent. Le Vietnam nous est présenté par Coppola comme un monde atemporel, illusoire, mythologique même. Un monde dont le seul souvenir semble résider dans les rituels. Selon les propos du scénariste, les hélicoptères remplissent les fonctions de cyclopes, créatures fantastiques dans la mythologie grecque, véritables symboles de la force brutale et dont le rôle est souvent destructeur. Les playmates remplissent les fonctions symboliques de véritables sirènes mythologiques séduisant les navigateurs et les noyant dans leurs propres désirs. L’abondance de végétaux autour de notre héros pourrait symboliser une forme d’enfermement intérieur dans les difficultés et le malheur. Les animaux mis en évidence durant le long métrage, à savoir le tigre, le chien et le buffle illustrent aussi tour à tour les différents masques du personnage principal : du soldat chasseur, au guide à travers la nuit, jusqu’à l’animal divin qu’il faut sacrifier. Enfin, la scène culte du pont de Do Long semble elle-même évoquer l’un des cercles concentriques de l'enfer mythologique de Dante.
La clé du film semble donc reposer sur le traitement totalement onirique du périple entrepris par le héros, un héros, tourmenté, divisé, plongé dans un Vietnam qui semble refléter un univers intérieur peuplé d’archétypes.
Willard et Kurtz : un seul et même personnage ?
Le voyage du héros s'assimile surtout à une remontée dans le temps, une remontée inexorable vers des origines primitives, là où symboliquement la peur et l'instinct de survie ont pris le dessus sur le reste. Le voyage de Willard s’assimile ainsi à une remontée vers le lac primordial, qu'on pourrait assimiler à la partie reptilienne, primitive de son cerveau triunique. Comme si Willard se devait de retrouver les traces de l’ombre qui aurait pris possession de sa propre structure cérébrale : Kurtz, alpha et oméga de la mission de notre héros, cœur des ténèbres. La destinée de notre héros se veut donc intimement parallèle à celle de Kurtz. Traverser la rivière des enfers - manifestation des cycles de vie, de mort et de renouvellement - retrouver son identité et le destituer de son poste de roi-tyran.
Dans ce contexte, et en poussant l’allégorie, Kurtz semble clairement être assimilé à la facette égotique de la personnalité tourmentée du héros Willard, une facette qui siège au centre même de son univers intérieur, un "temple". Kurtz représente quelque part l’aspect refoulé de la personnalité de Willard, son ombre. Elle vit effectivement à l'intérieur, tapie dans l'obscurité et maintient en ordre son édifice par le biais de la laisse de la peur. Contrairement à Willard qui semble davantage s’imposer en tant que spectateur de l’horreur, Kurtz semble être au contraire la figure incarnant cette dernière.
Le Rameau d’or et la quête héroïque
Une autre clé essentielle du film, symbolique, nous est révélée directement par le metteur en scène. Elle repose sur l’idée maîtresse d’une vérité anthropologique, secrète, profonde et fondatrice et qui est tapie au cœur même de l’Homme et du fonctionnement des civilisations, et que le héros se doit d’acquérir pour s’éveiller, sortir de son cauchemar. A tel point que cette vérité semble représenter le Saint Graal dans le cadre de l'aventure héroïque que l'on suit. Cette connaissance est représentée par un Rameau d’or, un élément finement évoquée par Coppola par la présence de l’ouvrage de J.G Frazer homonyme, dont on retrouve un exemplaire à l'écran posé sur le bureau du personnage Kurtz interprété par Marlon Brando. Le rameau d’or, confié dans la mythologie par Virgile à Enée avant sa descente aux enfers, est effectivement un symbole fort de connaissance et de sagesse. Elle permet au héros de remonter des enfers sans y perdre son âme. Le Rameau d’or affirme surtout un niveau de conscience : que la Mort, ultime étape du voyage héroïque, est l’inséparable et ultime objet de la vie. En aucun cas une damnation, une fin en soi.
Tout l’enjeu pour Willard, pour qui la mort dans un tel contexte de guerre ne semblait plus avoir aucun sens, qui cherche par là-même à sortir de son cauchemar, réside donc dans l’intégration, l’incarnation de cette sagesse ancienne, une incarnation indispensable à son éveil. Cet éveil, motif inhérent de son voyage, sera symbolisé par la première et l'ultime scène du film, là où le visage de Willard fusionne littéralement avec celui d’un Buddha -« l’éveillé » – une scène finale qui tel un cycle achevé, évoque également au spectateur la toute première scène, elle-même relative à l’éveil de notre personnage principal. Reste donc à savoir comment Willard parviendra à réaliser cette incarnation ? Et bien, à l’instar de toutes les grandes figures héroïques : par un acte de sacrifice. Il doit prendre part à l’expérience de la mort, en vue d’en retirer l’essence : une sagesse ancienne à l’aide de laquelle il pourra renaître en homme nouveau, en homme spirituel.
Coppola semble nous indiquer que la mort reste une composante essentielle de l’unité permanente du principe de vie. Elle est pour lui à l’image de la nuit qui précède l’aube d’un jour nouveau. Cette sagesse est incarnée par le symbole du rameau d’or, annonciateur de la renaissance de la vie dans la végétation endormie de l’hiver. C’est semble-t-il à ce niveau qu’interviendra le meurtre symbolique de Kurtz, un personnage assimilé à l’archétype du roi sacré du Rameau d’Or, demi-dieu paien, dont le sacrifice annonce l’année nouvelle, une renaissance. Willard, dans le rôle de l’assassin-rêveur, abat ainsi une figure de roi-ogre, véritable égo-obstiné, et libère en lui symboliquement des énergies vitales jusque-là emprisonnées. Tout cela s’effectue à l’image de la mise à mort rituelle d’un buffle, acte religieux essentiel des populations montagnardes du Vietnam, acte qui précède un acte de communion et reconnecte ainsi, symboliquement, l’espace d’un instant, le monde des hommes à celui de leurs dieux.
Willard élucide de cette manière le mystère du cycle cosmique, de vie et de mort, et franchit un pas essentiel dans l’élévation de sa conscience. On touche ici l’étape de l’éveil du héros, c'est-à-dire sa propre réalisation. Saturé par toutes ces malédictions, toutes ces scènes d’Apocalypse, parions que Willard, porteur désormais d’une connaissance nouvelle, a entrepris, au cours de son voyage vers les enfers de sa propre psyché, une mort symbolique. Une nouvelle vie, sans armes, de nature spirituelle, peut s'ouvrir désormais à lui...
Coppola nous rappelle surtout en filigrane dans son film que l’ombre existe en chacun de nous, et surtout dans toutes les nations. Sa reconnaissance et son acceptation sont deux étapes qui semblent primordiales pour notre évolution, individuelle et collective. Un être ou une nation qui a pris conscience effectivement de ses propres élans destructeurs constitue un danger beaucoup moindre que celui qui ne se reconnaît aucune propension à la destruction. Celui-ci peut lancer une croisade en se parant du titre de bon chargé d'abattre les méchants, là où le premier, au lieu de succomber d'emblée à son désir de vengeance réfléchit d’abord aux conséquences de ses actions.
Conclusion
Associant la beauté des images, musique des Doors, de Wagner et des Rolling Stones, Apocalypse Now s’impose à nos yeux comme un grand opéra fantastique, synthétisant différents mythes et explorant la condition humaine jusqu’à l’étape primordiale qu’est la création, une création que l’on associe généralement au mythe du sacrifice héroïque (« La création est un sacrifice » dira M.Eliade, véritable boîte à outils théorique de Coppola). Ce film s’impose comme un voyage initiatique à la temporalité inversée – assez proche sur le fond en termes métaphoriques de 2001 l’Odyssée de l’Espace - renvoyant le héros à un temps originaire, une traversée dans le temps qui lui permet de réaliser une vérité : celle de la mort primordiale fondatrice, qui, à l’image du mythique Bing Bang, s’assimile à une force vive de destruction, mais aussi par voie synchronique, de création et d’évolution. Tellement riche en implications symboliques, offrant de multiples niveaux de lecture, fort d’un casting monumental (Martin Sheen, Marlon Brando, Robert Duvall, Dennis Jopper, Harrison Ford), d’une photographie et d’un montage exceptionnels, Apocalypse Now mériterait de se placer avec 2001 l’Odyssée de l’espace comme l’un des plus grands films de toute l’histoire.
Qualité Technique
Remarques :
Une petite note sur le tournage d’Apocalypse Now et les différentes versions du film disponibles dans cette édition. Le tournage a été effectué en argentique principalement en 35mm. Le film a bien été édité pour être présenté au ratio 2.35. Apocalypse Now a toutefois été présenté en copie 70mm (gonflage 70mm) et dans ce cas précis au ratio 2.20. Le Blu-ray présentement testé respecte le ratio original 2.35 c’est-à-dire qu’il n’y aucune perte de portions d’images à regretter aujourd’hui.
Deux versions du film sont proposées sur le même disque. Apocalypse Now dans sa version de 1979 et Apocalypse Now Redux qui est une version longue d'Apocalypse Now supervisée par Coppola, dont le montage a été effectué par Walter Murch. Il comporte 49 minutes de scènes additionnelles dont une longue séquence dans la plantation française et des différences dans le montage.
La version originale est présentée dans les deux montages en 5.1, dans un remix supervisé par Coppola. La VF est présentée en 5.1 dans la version Redux mais seulement en stéréo sur le montage de 1979, une version qui se limite à un doublage français d’époque. Apocalypse Now a bénéficié d’une restauration prestigieuse signée Technicolor à l’aide du procédé très élitiste « dye transfer trichrome ». Le procédé a été exploité pour créer des copies 35mm de référence pour ce film. Les vidéos disques d’Apocalypse Now sont tirés de ce matériel source.
Caractéristiques de la version de 1979
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen de 10987 kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 2327 kbps / Encodage 16-bit), Français en DTS-HD Master Audio 2.0 (Débit moyen de 1063 kbps / Encodage 16-bit),
Sous-titres : Français
Caractéristiques de la version de Redux (2001)
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen de 13283 kbps) / Format 2.35
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 2336 kbps / Encodage 16-bit), Français en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 2364 kbps / Encodage 16-bit),
Sous-titres : Français
Qualité Vidéo
Avant de débuter, petit reproche que l'on pourrait adresser à Pathé. L'éditeur n'a pas exploité la technique du Seemless Branching c'est-à-dire que le montage de 1979 et celui de 2001 (Redux) occupent bien deux fichiers vidéo différents sur le même disque Blu-ray. L'utilisation de l'espace disque disponible n'a donc pas été maximisé. Concrètement, le Blu-ray double couche intègre environ 6h de vidéo Full-HD (durées des versions 1979 et Redux additionnées). Il en ressort un bitrate vidéo malheureusement très faible par rapport à ce qu'on a coutume de mesurer en Blu-ray. Le montage de 1979 a été encodé en MPEG-4 AVC (Bitrate moyen de 10987 Kbps) contre un débit moyen légèrement supérieur pour la version Redux : 13283 kbps. On est loin des 30 Mbps de moyenne de certaines éditions...
Ceci dit et pour vous rassurer, les deux versions du film ne présentent pas de défauts compressifs sautant aux yeux des spectateurs. Et globalement, Apocalypse Now s'offre même un très très beau transfert. Les points positifs restent nombreux. Sans afficher la précision d'oeuvres récentes, le niveau de définition reste très satisfaisant et permet clairement une totale redécouverte de l'oeuvre de Coppola. Les images restent détaillées, précises. Elles conservent également une granularité, juste et appropriée. Le master image est propre dans son ensemble même si on peut noter une petite pétouille s'infiltrant de temps à autre à l'écran. Mais le point fort de ce transfert : les contrastes et le rendu des couleurs. Croyez-nous sur parole : les contrastes sont d'une lisibilité totalement fabuleuse et les noirs sont eux-même insondables sur ce Blu-ray. Le rendu des couleurs, saturées sur ce métrage de façon surréaliste, rend aussi admirablement à l'écran.
Est-ce totalement irréprochable ? Non et il faut préciser que Coppola s'est adonné sur ce film à des plans improvisés et n'a pas hésité à introduire des coupes rejetées initialement par les monteurs. Mais globalement, Apocalypse Now s'impose avec brio sur cette édition. Une vraie et pleine redécouverte !
Qualité Audio
Sur le terrain acoustique, il faut rappeler qu'Apocalypse Now est une oeuvre clairement historique. Il s'agit du film qui a inauguré le son multi-canaux au cinéma et surtout un long métrage qui a bénéficié du talent de Walter Murch, qui s'était déjà distingué avec le sound design de THX 1138, et qui a reçu pour Apocalypse Now l'Oscar du meilleur mixage sonore. Les prestations audio 5.1 sont tout simplement ENORMES aujourd'hui.
Les versions originales et françaises sont présentées toutes deux en DTS-HD Master Audio 5.1. Seule la VF est limitée à du 2.0 sur la version de 1979. Malgré les 16-bit de profondeur, on retiendra surtout l'expérience procurée par ces pistes : elle se veut anthologique ! Oubliez les chiffres et prêtez une attention particulière aux détails, au design sonore et à l'exploitation, fine, rigoureuse, réfléchie de l'espace 5.1. Le travail effectué par Murch relève très sincèrement du prodige, compte tenu de l'époque à laquelle date ce mixage. Dès l'entame du film, le Home-Cinéphile s'immisce dans un espace sonore envahi de subtilités acoustiques. Par exemple les pâles d'hélicos suggérées de façon métaphorique par la musique des Doors et des sonorités, plus ou réalistes, que Murch a créé et distillé progressivement sur les différents canaux. Le sentiment d'enveloppement issu de cette seule scène d'hélico fantôme, est tout simplement phénoménal. On ajoutera une petite remarque : le pouvoir métaphorique des sons employés par Murch car ce sont ces derniers qui offrent aux spectateurs une lecture plus profonde, plus inconsciente, des scènes qui lui sont proposées à l'écran. Comme si les sons de Murch révèlaient en eux mêmes différents sens, encodés et incarnés.
Vous l'avez compris, le rendu sonore est superbe en termes de créativité, spatialisation et de mobilité. De façon plus concrète, les critères habituels sont au vert aujourd'hui sur cette édition. La réponse en fréquence se veut franchement limpide et transparente. L'utilisation de la scène surround libre, puissante et impactante. Le canal LFE s'en donne lui-même à coeur joie aujourd'hui avec les multiples bombardements qui frappent dans ce long métrage la jungle vietnamienne. Les graves s'affichent riches et profonds et sont doués, lorsqu'il le faut, d'une spontanéïté efficace pour évoquer surgissements et déchaînements de violence.
Une bande son donc franchement exceptionnelle que le codec DTS-HD retranscrit sans en atténuer le rendu, malgré ses 16-bit de profondeur.
Bonus
Très franchement, impossible de faire plus complet en termes de suppléments bonus. C'est énorme ce que nous propose Pathé sur cette édition !
Disque 1
Commentaire audio de Francis Ford Coppola
Un commentaire audio tout simplement incontournable, recelant d'anecdotes techniques et artistiques. Les sous-titres français sont bien présents.
Disque 2
Entretien avec Martin Sheen (HD - 59.26 minutes)
On retrouve ici l'acteur et le metteur en scène plus de trente ans après le tournage du film aux Philippines. Souvenirs de tournage, fous rires... Un entretien entre Coppola et Sheen effectué avec grande sincèrité.
Interview de Francis Ford Coppola et du scénariste John Milius (HD - 49.45 minutes)
Dans la même forme que le document précédent, Coppola réalise en quelques sorte une interview de John Milius, l'auteur du scénario original. Coppola insiste surtout sur le fait que de nombreuses lignes cultes ont été écrites non de sa plume mais de celle de son collaborateur. Un bel hommage donc rendu à Milius...
Fred Roos : le casting d'Apocalypse (HD - 11.44 minutes)
Fred Roos, célèbre collaborateur de Coppola, a droit lui-aussi à ses 12 minutes de ferveur.
L'embarcation aux singes : Scène inédite (SD - 3.01 minutes)
Une scène coupée du film... bien étrange...
12 Scènes inédites
La destruction du camp de Kurtz (SD - 6.04 minutes)
Une version alternative de la dite scène.
Hearts of Darkness par Orson Welles (1938) (SD - 36.34 minutes)
La lecture radiophonique d'époque réalisée par Orson Welles.
The Hollow Men (SD - 16.56 minutes)
Lecture du poème de T.S Elliot par Brando sous fond d'images d'archives.
La naissance du son 5.1 (SD - 5.53 minutes)
Court document sur l'histoire de la naissance du son 5.1 qui est à associer à Apocalypse Now et au travail de Walter Murch.
L'hélicoptère fantôme (SD - 3.55 minutes)
Une courte analyse de la scène d'entrée de film.
Trois cents kilomètres de pellicule : le montage d'Apocalypse Now (SD - 17.56 minutes)
Document sur le montage d'Apocalypse Now.
La musique d'Apocalypse Now (SD - 14.45 minutes)
La bande sonore synthétisée par Bob Moog (à lire)
Vous avez entendu de bons films récemment ? Le son Apocalypse Now (SD - 15.21 minutes)
On y décèle la volonté de Coppola et son équipe de créer un son inédit.
Le mixage final (SD - 3.08 minutes)
Walter Murch, Mark Berger et Richard Beggs à l'oeuvre dans le studio de mixage d'époque.
Apocalypse Now : Hier à aujourd'hui (SD - 3.43 minutes)
L'accueil du public...
Extrait de la conférence de presse de 1979 (SD - 3.26 minutes)
Trop court mais à la fois superbe extrait ! Coppola démontre à cet instant toute la profondeur du message qu'il a voulu faire passer.
Interview de Claude Berri : sa position face au film en tant que distributeur (SD - 3.43 minutes)
Un document français qui n'apporte pas grand chose en vérité...
2001 : Interview de F.F Coppola par le critique R.Ebert (SD - 38.35 minutes)
Superbe interview menée par l'un des critiques cinéma les plus reconnus de sa génération : Roger Ebert (l'homme qui n'apprécie pas la 3D relief).
Conférence de presse 2001 (SD - 45.02 minutes)
La conférence de presse au Festival de Cannes de 2001, lors de la sortie d'Apocalypse Now Redux.
L'équipage du patrouilleur (SD - 4.08 minutes)
La palette des couleurs d'Apocalypse Now (SD - 4.05 minutes)
Un module très interessant sur le procédé de restauration employé par Technicolor : le Dye Transfer System. On retrouve aussi des propos tenus par Vittorio Storaro revenant sur l'importance des contrastes et des noirs profonds dans Apocalypse Now.
Disque 3
Hearts of Darkness (HD - 96 minutes) avec/sans le commentaire audio d'Eleanor et F.F Coppola
S'il n'y avait qu'un document à consulter sur cette édition, c'est bien celui-ci qu'il faudrait privilégier. Toute l'histoire et les coulisses du tournage d'Apocalypse Now y sont retracés. Un document essentiel, fascinant !
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
N'y allons pas par quatre chemins : cette édition Blu-Ray Disc d'Apocalypse Now est magnifique. Elle vous est très hautement recommandée par la rédaction. Les prestations vidéo sont superbes. Les bandes son DTS-HD Master Audio 5.1 sont dithyrambiques. Pathé en supplément a frappé fort, très fort, en fournissant un panel de suppléments bonus d'une richesse inouïe. A cela s'ajoute un joli boîtier renfermant un livret composé d'une analyse du film et des images d'archive...
En somme, c'est clairement l'édition Blu-ray Définitive d'Apocalypse Now qu'on était en droit d'attendre.
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