Test Blu-Ray : Space Battleship (l'ultime espoir)

Adapter un célèbre manga en long métrage avec de vrais acteurs n’est jamais une chose très aisée. Qui plus est lorsque l'oeuvre en question est signée Leiji Matsumoto, le célèbre créateur d’Albator et du Galaxy Express 999. Autant avouer aussi que le réalisateur qui souhaite concrétiser un tel projet d'adaptation a intérêt à faire très attention à ce qu’il fait au risque d’attirer les foudres des milliers de fans. Pour les profanes, sachez que Space Battleship Yamato est à la base une saga d'anime japonais de science-fiction. Elle compte 3 séries TV et différentes adaptations (films et produits dérivés). Première diffusion : 1974. Le synopsis en quelques lignes :

2199. La galaxie a sombré dans la plus impitoyable des guerres. Les radiations ont rendu la terre inhabitable, et il n’y aura bientôt plus de refuge possible pour l’espèce humaine. Un seul vaisseau peut retrouver la machine de décontamination qui sauverait la Terre d’une extinction inévitable.

Ce film japonais a été réalisé par Takashi Yamazaki, déjà connu pour Returner. Il a été réalisé avec un budget assez confortable de 22 millions de dollars et a cartonné au Japon, la série anime éponyme faisant partie intégrante de la culture japonaise. A nos yeux d’européens, et à la découverte des premières images, on comprend vite où la grande partie du budget a été consacrée : les effets spéciaux. Signés Shirogumi, la société de Yamazaki, ils sont assez exceptionnels. Le film se déroule principalement dans l’espace et les combats spatiaux, les véhicules, les coups de missile laser, le travail de compositing général ainsi que la finition des effets numériques se veulent très perfectionnés. On nous plonge en 2199 et visuellement on s’y croirait. Pour le reste, il va sans dire que pour apprécier pleinement Space Battleship, il faut non seulement connaître au préalable les grandes lignes de cette saga et aussi, dans une certaine mesure, essayer de replacer cette œuvre dans son contexte particulier. Il semble clair effectivement que ce film a été fait par des Japonais et pour des Japonais dont la culture a été marquée par les œuvres de Matsumoto. Il ne faut pas non plus perdre de vue que Yamato était à l'origine destiné à un public japonais et n’hésitait pas à jouer d’une manière assez contestable sur la corde patriotique afin de captiver son audience. Dans la conscience collective nippone, le Yamato représentait un cuirassé spatial mythique, symbole d’une certaine fierté nationale, d’un Japon résistant symboliquement à la bombe et au premier choc pétrolier de 1974.

Dans cette mesure, on est face à un script qui met en exergue des valeurs morales et un petit lot de phrasés philosophiques venus d’outre-tombe. Cela fait de Space Battleship une œuvre au style original, décalé, mélangeant une atmosphère totalement kitch et démodée - évoquant celle qui a brassé l’enfance de nombreux japonais ? - avec un rendu visuel des plus modernes et sophistiqués. Le ton est d’autant plus particulier pour l’œil de l’européen non initié, que le film n’échappe pas au caprice léger auquel s’abandonne parfois le cinéma nippon : des séquences mélodramatiques un brin naïves et des saynètes sans intérêt nuisant bien souvent au rythme de l’histoire. C’est d’ailleurs l’un des problèmes de ce film : le rythme. Le film dure presque 2H20 et aurait peut-être gagné à être soit écourté soit modifié. Car en profondeur, on ne s’attarde finalement que très peu sur les rapports entre les personnages et l’importance qu’ils accordent à leur mission.

Notre avis : Space Battleship n’est, pour toutes ces raisons, ni un grand ni un mauvais film de Science-Fiction. Il s’agit d’un Space Opera qui s’adresse à un public averti et familiarisé préalablement avec l’univers de cette série. Un film qui a les capacités d’évoquer des souvenirs à certains spectateurs mais qui peinera à se révéler totalement grand public. On ne peut renier son succès commercial évident (49M$ au box-office local) tout en déplorant son inaptitude à conquérir les personnes n'ayant jamais été initiées à l'oeuvre de Matsumoto.

Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-4 AVC (Débit moyen de 19973 Kbps) / Format 2.35
Audio : Japonais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 2204 kbps / Encodage 16-bit), Français en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 2067 kbps / Encodage 16-bit)
Sous-titres : Français

Qualité Vidéo

Pas de tournage en numérique pour Space Battleship. Le film a été réalisé en 35mm avec un flux de production établi en résolution 2K. Difficile de reprocher quelque chose à ce rendu image, à la fois moderne, travaillé et sophistiqué visuellement. La principale qualité de ce long-métrage repose à notre sens sur la finition des effets numériques et les prouesses du travail de composition effectué. Etincelles, particules, effets associés à la propulsion des vaisseaux…. On rivalise aisément avec certaines productions hollywoodiennes de science-fiction plus ou moins contemporaines. On peut rappeler que le film bénéficie du savoir-faire d’une équipe de haut vol, menée par le réalisateur Takashi Yamazaki, qui est à la base un spécialiste des effets visuels. Les effets numériques réalisés en post-production se révèlent ici finement retranscris. Ils prennent place dans le cadre de séquences d’images ciselées pour la plupart, au niveau de détail pertinent et révélateur de très nombreuses nuances. Il sera difficile d’être déçu, d’autant que les contrastes se veulent très appuyés avec un excellent niveau de noirs sur les scènes spatiales. La colorimétrie se veut sévèrement rectifiée et se plie aux exigences du genre avec une dominante verte sci-fi/futuriste assez prononcée sur la grande majorité des séquences. La vidéo a été encodée en MPEG-4 AVC (débit mesuré à 19973 kbps). Il s’agit dans l’ensemble d’une belle présentation !

Qualité Audio

Wild Side propose comme à son habitude une VO en DTS-HD et une VF aussi en DTS-HD. Toutes deux ont été encodées sous 16-bit de profondeur. S’il vous est inimaginable de consulter ce film en version originale (concrètement en japonais), la version française reste à l’écoute très pertinente. Mais à codec de compression équivalent, la version originale récupère un supplément de transparence qui la rend encore supérieure. Notez également que les voix françaises ont tendance à rester davantage cloisonnées sur le canal central, là où le mixage original propose des dialogues qui savent  occuper et se déplacer dans le reste de la scène sonore. Dans l’ensemble, Space Battleship propose un rendu audio à la hauteur d’un space opera : une belle dynamique déployée lors des scènes de bataille, une musique qui remplit sans aucune difficulté l’axe surround et enveloppe comme il se doit le spectateur. La réponse en fréquence reste très efficace, les basses fréquences solides, même si les descentes vers le sous-grave se révèlent un brin capricieuses, pas forcément aussi monstrueuses que ce que suggérent les séquences à l’écran. Cela reste une très belle section globalement.

Bonus

De la Science-Fiction au Space-Opera (SD - 15.51 minutes)
Une interview de Patrice Girod, l'ancien directeur du Lucasfilm Magazine, qui revient sur les codes du genre du Space Opera, sous genre on le rappelle de la Science-Fiction. Pas mal de références citées (Star Wars, mais aussi Star Trek, Battlestar Galactica, Starship Troopers) et un retour sur l'évolution des effets spéciaux. Une interview globalement pertinente.

Bandes-annonces

Conclusion et Screenshots HD

On ne peut reprocher le succès commercial de Space Battleship qui a littérallement cartonné sur le marché japonais. Malheureusement, ce space opera aura beaucoup de mal à toucher le coeur du public non familiarisé avec l'univers de la saga d'anime originale. Résultat : c'est un film qui vous occasionnera une plus ou moins grande déception selon votre sensibilité envers l'univers du manga et les traits culturels nippons auquels il renvoie. Heureusement, Space Battleship offre un grand spectacle vidéo acoustique et Wild Side de ce point de vue ne déçoit pas en délivrant un joli transfert et deux bandes sons énergiques encodées toutes deux en DTS-HD. Un vidéo disque à acquérir en connaissance de cause...

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Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)