Test Blu-Ray : Robocop (édition 2014)
Publié le par la Rédaction
Synopsis
Seconde réalisation "américaine" – après La Chair et le Sang – du sulfureux Paul Verhoeven, Robocop nous plonge, en un spot publicitaire et un flash d’infos, dans un futur terrifiant régi par le mercantilisme et la corruption. À commencer par le bas de la pyramide et un certain agent Murphy – campé par un Peter Weller il est vrai un peu plus à son avantage que dans sa carapace d’androïde –, un "flic jetable" bien vite recyclé en petit soldat déshumanisé. Le candide joujou à multi-gadgets high-tech se transforme rapidement en une machine exterminatrice implacable et méthodique. Ambiguïté douteuse pour certains, ambivalence qui fait l’apanage des grands super héros pour d’autres – une âme de Batman dans la peau d’un Judge Dredd. À la fois outil et victime torturée en recherche d’identité propre, le cyber flic est au cœur de la peinture acide d’une société fascinée par la haute technologie et par une ultraviolence médiatisée à l’extrême. Film d’action pure et dure et réussite visuelle indéniable, Robocop reste une référence du genre, proposée ici dans une édition collector multipliant les archives inédites et bienvenues
Long-métrage de science-fiction aux apparences de série B, ce titre a su s'imposer comme un film culte se rangeant, pour de nombreux spectateurs, aux côtés de Predator ou encore de Terminator. L'œuvre de Paul Verhoeven n’est pourtant pas à considérer au premier degré comme le film de James Cameron. Bien au contraire. Il s’agit d’une énorme et succulente caricature de la société américaine contemporaine. Le metteur en scène y dessine une société futuriste dans laquelle les besoins de sécurité, la soif portée vers les progrès et l’innovation technologique servent les intérêts d’une oligarchie dominante. Verhoeven met aussi le doigt là où cela fait mal : de terribles affaires mafieuses, mêlant personnalités politiques, multinationales et grand banditisme. Robocop est un film sanglant et stimulant pour les enfants. Mais sa critique sociale reste forte !
L'histoire se déroule à Détroit au début du 21ème siècle. En vue de soulager la ville de l'insécurité permanente, la multinationale baptisée OCP, qui contrôle outre la police, mais aussi les affaires médicales, n'est plus du genre à se soumettre aux grèves des agents de police submergés de travail. Le numéro 2 de la Compagnie a l'idée de remplacer les agents de police par des machines capables de répondre aux besoins de sécurité des citoyens 24 heures sur 24. Mais l'ED-209 n'est pas encore au point, et un autre projet concurrent sera chargé de le remplacer : il s'agit ni plus ni moins de Robocop.
Murphy était un agent de police courageux mais finalement sa carrière à Détroit sera vite interrompue. Suite à un meurtre déguelasse, le corps de cet agent servira à concevoir le premier modèle de Robocop, un agent de police, mi-humain, mi-robot. Les choses se compliquent lorsque les souvenirs de Murphy reprennent le dessus sur la programmation de la machine. Robocop n'est plus seulement une machine à tuer les bandits, mais également un homme épris de sentiments et de désirs de vengeance. Son objectif : retrouver l'identité des hommes l'ayant assassiné. Les choses seront d'autant plus complexes pour lui, que les bandits à l'origine de son assassinat et de l'insécurité de la ville sont eux même financés par le numéro 2 de la multinationale OCP, à la fois maître des médias, des hôpitaux, de la police et à l'origine même du projet Robocop.
Des éléments de science-fiction...
Robocop reste tout d'abord une œuvre de science-fiction. L’histoire s'inscrit dans une période transitoire entre le réel actuel et un futur hypothétique dominé intégralement par les robots. Elle se déroule dans une ville moderne, marquée par le début de l'émergence des machines. Les progrès scientifiques et médicaux sont mis en avant au sein de ce film sous forme de messages publicitaires qui suscitent chez les citoyens le besoin d'une nouvelle voiture ou encore d'un « nouveau cœur artificiel». Robocop est lui-même le symbole d'un homme nouveau, hybride entre l'humain et le droïde. On retrouve dans ce film développés des thèmes classiques de la littérature et du cinéma de science fiction. Les minces frontières qui séparent parfois l'humanité et l'artificiel sont abordées.
Robocop recèle également de nombreux symboles. C'est d’abord l'histoire d'un homme, Murphy, qui aime adopter certains gestes robotiques (pour répondre à l'adoration de son fils à l'égard d'une série télévisée « TJ Laser »), et qui, une fois machine, est épris du désir de retrouver son humanité. C’est donc un personnage ambivalent et le shéma narratif du film est assez classique puisqu’il s’agit pour le personnage principal de retrouver son humanité perdue. L'œuvre célèbre d'ailleurs la victoire de l'homme sur la machine comme l'ont fait de nombreux classiques de science-fiction. Par exemple, le mot de la fin revient à « Murphy…» (et non à Robocop) !
...au service d'une vision satirique de la société américaine
RoboCop : c'est surtout une vision très critique de la société contemporaine, opérée sur le registre du ridicule. Le film met en avant toutes les caractéristiques du capitalisme et de l'ultra-libéralisme moderne tout en cherchant à les ridiculiser. La ville dans laquelle se situe cette histoire est d'abord maîtrisée par une seule et unique multinationale OCP, Omni Consumer Products. Cette dernière contrôle la sphère marchande de la cité mais aussi les domaines relevant jusque-là du public (les hôpitaux, la police...). « La loi de la jungle » règne au sein de cette société. Pire, les gangs, à l'origine de l'insécurité que la police (donc OCP) est chargée de maîtriser sont eux-mêmes soutenues par le numéro 2 de cette multinationale. Robocop est donc finalement chargé de rendre sécurisée une ville que son concepteur a lui-même cherché à rendre instable. Tout cela relève d'ailleurs d'une logique capitaliste à l'état pur. Verhoeven souligne l’idée qu’une demande de sécurité est générée par ceux même qui offriront une réponse à ce besoin spécifique. Dans le monde de RoboCop, l'oligarchie crée un problème et en offre rapidement une solution, tout cela uniquement pour faire fructifier les profits d’une multinationale gigantesque.
La critique sociale de Verhoeven est heureusement adaptée au grand public, et passe parfois inaperçue. Elle s'opère sur le registre de l'exagération d'où le côté véritable série B. Pour passer son message, Verhoeven amplifie jusqu’à la caricature sa vision de la société américaine. La scène de confrontation opposant les hauts placés de la multinationale OCP se déroulera par exemple aux toilettes, un lieu qui n’est plus en accès libre, mais qui est contrôlé (« un badge est obligatoire pour pisser »). Pour couronner le tout, les cours de la bourse s'affichent au-dessus de chaque urinoir... Le style série B de Robocop sert finalement l’ensemble du projet. Les scènes de violence sont éminemment exagérées et frisent même le ridicule. L'assassinat de Murphy est sanglant et vraiment peu crédible, tout comme l'acharnement thérapeutique qui s'en suit. On est donc bien ici dans le registre de la caricature et du second degré. Mais l'exagération sert finalement à apaiser l'aspect terriblement violent de ce film ainsi qu'à renforcer la critique sociale évidente, tout en évitant à Verhoeven la censure.
Il s'agit donc d'un film qui satisfait le grand public par son histoire au manichéisme on ne peut plus simpliste, l'idéalisme des jeunes enfants en quête de socialisation (« Les petits garçons ont besoin de modèles » comme dit Murphy) et qui dessine une vision très satirique du système. C’est pour toutes ces raisons que l’on aime Robocop...
Qualité Technique et Bonus
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p24, MPEG-4 AVC (Débit moyen de 27191 kbps) / Format 1.85
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit moyen de 3433 Kbps / Encodage 24-bit), Français, Espagnol, Allemand, Italien, Japonais en DTS 5.1 (768 Kbps / Encodage 24-bit), Tchèque, Hongrois, Polonais, Thai et Russe en Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Anglais, Français, Espagnol, Allemand, Néerlandais, Danois, Finnois, Italien, Japonais, Norvégien, Portugais, Russe, Suédois, Chinois, Croate, Tchèque...
Qualité Vidéo
MGM avait terriblement déçus les fans de Paul Verhoeven avec une première édition Blu-ray de RoboCop sortie en 2008 aux prestations exécrables. Cette nouvelle édition rattrape-t-elle le coup ? Et bien la réponse est oui ! Assurément. Le film a bénéficié pour cette nouvelle édition 2014 d’une remasterisation intégrale, effectuée à partir d’un scan 4K des négatifs originaux. Le saut qualitatif se fait ressentir sur une grande majorité de scènes avec un niveau de définition plus pointu et une meilleure gestion des contrastes. L’étalonnage des couleurs a lui aussi été revu avec une palette de couleurs plus saturée et une température globalement plus chaude sur ce nouveau master 2014. Autre bon point : la texture granuleuse des images est restée intacte. Pas de DNR abusif aujourd’hui à regretter. Toutefois, il est important de signaler que RoboCop, en dépit de ce nouveau master, conserve d’importantes lacunes inhérentes aux conditions de tournage d’époque et à ses effets spéciaux issus de l’ère analogique. Le film reste assez granuleux dans son ensemble avec des passages souffrant d’une définition hasardeuse et de baisses soudaines de piqué (scènes dans l’usine désaffectée par exemple…). Les interludes télévisées et autres publicités qui traversent le métrages sont elles-aussi présentées dans une résolution amoindrie mais n’y voyez pas là un défaut pour autant. Le film a été conçu ainsi…
Qualité Audio
Côté audio, cette nouvelle édition est identique à celle sortie en 2008 avec une version originale de nouveau présentée au format DTS-HD Master Audio 5.1 et une version française en DTS 5.1 (mi-débit). Force est tout de même de reconnaître que le film, à l’écoute, en VO comme en VF, accuse tout de même le poids des années. Si les passages musicaux restent entraînants, le reste déçoit quelque peu avec une scène arrière peu exploitée, et des sonorités qui manquent bien souvent de puissance et de transparence. Sans oublier les coups de poings toujours un peu kitch à l’écoute...
Bonus
- Questions au réalisateur - Conférence du 31 mai 2012 (HD - 42.36 minutes)
- Le making-of de Robocop (SD - 36.55 minutes)
- Filmer Robocop - Document de 1987 (SD - 7.59 minutes)
- Concevoir Robocop - Document de 1987 (SD - 8.01 minutes)
- Storyboard commenté par le directeur de l’animation Phil Tippett (SD - 6.02 minutes)
- Scènes inédites (SD - 2.51 minutes)
- Les méchants de Détroit (SD - 16.59 minutes)
- Effets spéciaux : De l’artisanat au numérique (SD - 18.22 minutes)
- Robocop : Bâtir une légende (SD - 21.09 minutes)
- Le Bonus caché de Paul Verhoeven (SD - 0.38 minutes)
- Commentaires audio, Bande annonce et Spot TV
Conclusion et Screenshots HD
Il s'agit d'une édition hautement recommandée pour les fans du film de Paul Verhoeven. Cette remasterisation 4K ne gomme pas le poids des années et ne transforme pas l'oeuvre de 1987 en un film récent. Toutefois, les prestations globales sont positives, et l'apport qualitatif de cette nouvelle édition est indéniable.
Screenshots HD (Extraits redimensionnés en 1280 x 720 pixels et encodés au format .jpg)