Test Blu-Ray : A l'épreuve du feu
Publié le par la Rédaction
Introduction
A l'épreuve du feu nous arrive le 12 mars en Blu-Ray Disc sur le marché français. Ce film de 1996 réalisé par Edward Zwick reste particulièrement intéressant compte tenu du contexte international actuel marqué par le début du « traitement cinématographique » de la seconde guerre en Irak. Loin du style documentaire et dénonciateur de Michael Moore, le film de Zwick qui traite de la guerre du Golfe de 1991, trouve une certaine similarité structurelle avec le dernier Paul Hagis à savoir Dans la Vallée d'Elah.
Car à l'épreuve du Feu n'est pas un film ventant les mérites d'une Amérique patriote ayant foi en son armée. L'œuvre aborde en effet le sujet difficile et finalement toujours douloureux de la responsabilité individuelle d'actes et de dérives commis dans un contexte de guerre.
A l'épreuve du feu est un film symbolisant le parcours initiatique d'un officier en quête de vérité sur lui-même et de rédemption. Cette édition Blu-Ray Disc répondra-t-elle à la beauté du message que Zwick et son équipe ont voulu nous transmettre ?
Caractéristiques :
Blu-Ray Disc Simple Couche
Vidéo : 1080p MPEG 2 Format : 1.85
Son : Anglais en DTS-HD Master Audio 1.5 Mbps / Français en DTS 755 Kbps / Allemand en DTS 755 Kbps
Bonus : Commentaire audio du réalisateur, Piste suppléments, Bandes Annonces
Histoire
A l'épreuve du feu est un film interrogeant la notion de vérité et de responsabilité. Comment un officier peut-il assumer la responsabilité d'avoir bafoué et d'être à l'origine d'un tir mortel sur des soldats de son propre camp ? Voilà en quelques mots la question au cœur de cette histoire. En pleine guerre du Golfe, Nat Serling (Denzel Washington) commet l'irréparable. Croyant viser l'ennemi, il donne l'ordre de tirer sur un char finalement ami. L'homme est évidemment épris d'un sentiment de responsabilité personnelle honteusement lourd à assumer. Son statut est sauvé et l'affaire sera couverte par l'armée étouffant l'affaire. Mais son âme est profondément touchée.
La nouvelle mission qu'il entreprendra lui permettra toutefois et indirectement à assumer cette lourde faute. Nat Serling est chargé effectivement d'une autre affaire militaire : celle visant à enquêter sur Karen Walden (Meg Ryan), véritable héroïne de la guerre du Golfe, mais dont la remise à titre posthume de la médaille d'honneur n'a pas encore été pleinement approuvée. Serling débute ainsi sa propre enquête et s'aperçoit rapidement que l'affaire est louche. Explorant les versions de l'évènement des membres de l'ancienne équipe de Karen, l'officier s'aperçoit que le sergent Monfriez, anciennement aux ordres de Walden, était en partie à l'origine de son décès, abandonnant littéralement la femme avant le napalm.
Le mensonge conduira ce sergent au suicide et permet à Serling de comprendre finalement que le sens de cette mission lui était pour le moins réservé. En mettant en avant la vérité de l'affaire Karen Walden, l'officier comprend toute l'importance de la notion même de vérité, et la nécessité de la sauvegarder.
Assumer ses fautes, reconnaître l'erreur, prendre ses responsabilités nécessite effectivement du courage. L'enquête sur la mort héroïque de Karen Walden lui aura permis d'acquérir cette vraie richesse. Une enquête conduite finalement et symboliquement sur lui-même !
Analyse (Partie 1)
Les choix effectués par Edward Zwick, le réalisateur, sont vraiment porteurs de sens.
Le film démarre par une mise en contexte quasi documentaire de la guerre du Golfe. Le président Bush et Saddam Hussein apparaissent brièvement, une occasion parfaite pour inviter les spectateurs à pénétrer dans ce conflit qui avait été marqué par une absence de liberté de presse et un accès aux images éminemment contrôlé. L'œuvre porte donc déjà par ces premières images documentaires connues du grand public une interrogation sur la notion même de vérité. Le film se termine d'ailleurs sur un discours de George Bush, une façon d'interpeler le public sur cette histoire, à la fois rendue fictive mais aussi on ne peut plus proche du réel.
Bien que Meg Ryan joue un rôle important, son personnage fait office davantage de symbole à partir duquel Serling interprété par Denzel Washington aura difficilement du mal à ne pas s'identifier. Il s'agit dans un premier temps d'une figure féminine, mère de famille, et se devant de quitter les siens pour remplir sa mission. Serling est lui-même habitué à quitter ses enfants et son couple apparaît au sein de ce film très désuni. Ce jeu de miroir permet à l'auteur d'assurer une unité du récit. Rappelons qu'il s'agit ici d'un film dont les deux stars hollywoodiennes ne se rencontrent à aucune reprise.
Edward Zwick évoque l'histoire de Karen par la structure des flashbacks, dont le fil se précise au fur et à mesure de l'enquête. L'attachement du personnage de Denzel à l'égard de la vérité relative à l'affaire Karren, conduit d'ailleurs ce dernier à prendre conscience que l'enjeu est de sauver sa propre âme, d'assumer sa responsabilité de soldat, et finalement par voie de cause à effet d'homme et de père de famille. Ici le jeu de Denzel Washington est objectivement remarquable.
Analyse (Partie 2)
L'introduction des personnages permet d'ailleurs de manière parfois subtile à exposer les enjeux et les problématiques au cœur de cette histoire. La première scène de combat du film débute par un « Amen ... Tuons les tous », tenue par l'officier et protagoniste. Cette dualité idéologique symbolise en quelque sorte la souffrance du personnage, tiraillé finalement tout au long du film par sa conscience (l'homme veut se racheter, veut trouver la vérité, veut assumer sa responsabilité) et ses faiblesses (le déni et l'alcool lui permettant d'oublier son manque de courage).
Ironie du sort, ce héros trouvera bel et bien son parfait opposé, qui lui permettra de prendre conscience de l'importance des prises de responsabilités. Car le sergent Monfriez apparaît finalement comme le mauvais de cette histoire. Il ressemble au héros sur des bien des points mais s'en oppose sur l'intentionnalité. Certes, les deux hommes ont commis un acte de tir sur amis à la guerre. Mais ces derniers s'éloignent sur plusieurs aspects :
- Monfriez a commis une bafouille militaire mais cellle-ci est volontaire là où Serling a fait une simple erreur de jugement.
- Là où Serling cherche à dénicher la vérité, Monfriez préfère le déni et incarne à lui seul l'homme aux apparences trompeuses. « Ce soldat…Vous êtes frères. Il compte sur vous. On ne laisse jamais un homme à l'arrière » prêche d'ailleurs Monfriez à un soldat en entrainement alors même qu'il a commit lui-même dans le passé cet acte d'abandon égoïste.
- Enfin, à la victoire sur lui-même s'opposera l'échec de Monfriez qui commettra le suicide. Cette opposition sera pleinement illustrée par la scène où Serling parviendra à refuser la bouteille d'alcool que Monfriez lui tend.
A nouveau Edward Zwick travaille sur les symboles et le jeu de mirroir. Karen Walden et Monfriez sont deux symboles opposés (« lâcheté-faiblesse-mensonge » vs « courage-héroïsme »). Le film raconte finalement comment Serling interprété par Denzel Washington s'identifie finalement de l'un à l'autre.
Dans l'ensemble, on assiste ainsi à un film dont les jeux d'acteurs, la mise en scène de deux récits, et la symbolique sont vraiment maîtrisés. Ajoutons à cela une musique subtile signée James Horner (alias Braveheart) et de grands acteurs : Meg Ryan, Denzel Washington, ou encore dans ses premières années le jeune Matt Damon.
Qualité Technique
Image :
Le film est ici présenté en MPEG-2. Contrairement aux préjugés pouvant entourer ce format exploité par le DVD standard, l'image qui nous est offerte sur ce Blu-Ray se veut très correcte. On tend d'ailleurs à oublier le fait que ce film a désormais plus de dix ans. L'image est détaillée, et les contours suffisamment accentués pour reconnaître qu'il s'agit bien d'une édition haute définition.
Certaines scènes manquent tout de même de profondeur. On pense immédiatement aux scènes de batailles de début de films, celles tournées à l'intérieur des chars, et les scènes nocturnes sur le sol d'Irak. Les scènes de guerre se déroulant le jour, plus lumineuses, apparaissent bien plus texturées. Les premiers passages documentaires laissent quant à eux apparaître de petits défauts : de petits halos lumineux rougeâtres ombrageant certaines lettres liées au générique de présentation. Mais tout cela n'est que détail puisque dans l'ensemble ce transfert en 1080p MPEG-2 reste très efficace.
Son :
La Fox nous propose ici trois pistes sonores. La première, à privilégier reste la version originale proposée en DTS HD Master Audio 5.1 (1.5 Mbps). La piste française (DTS 5.1 (755kpbs)) est malheureusement une version canadienne, et on note au sein de ce film quelques petits accents canadiens notamment sur l'appellation « Monfriez » et certaines expressions. Toutefois, tout cela reste supportable.
On note que la piste originale est très harmonique. On est immergé dès le départ par les scènes de bataille de chars, avec un passage de James Horner nous rappelant la bataille de Stirling de William Wallace (Mel Gibson). Les scènes d'hélicoptères sont parfaitement rendues et jouent suffisamment sur les voies arrières. Les nombreuses scènes de guerre apparaissent intenses sur le plan sonore. Les scènes plus calmes sont apaisantes mais sont enrichies de détails sonores contextuels très immergeant avec des détails surround toujours précis.
Bonus et Interactivité
C'est finalement sur les aspects bonus et interactivité que ce Blu-Ray déçoit littéralement. Il s'agit rappelons-le d'un Blu-Ray simple couche et les suppléments sont réduits à leur plus strict minimum. On note ainsi l'unique présence d'un commentaire audio du réalisateur et deux bandes annonces.
Au sein de ce commentaire audio, Edward Zwick revient sur différents aspects du film. Une véritable reconnaissance tout d'abord du travail effectué par les acteurs et Zwick se fait le témoin d'une véritable admiration pour le travail de Denzel Washington, il est vrai excellent. D'autres éléments sont abordés :
- Le tournage avec des chars de seconde guerre mondiale en provenance d'Australie
- Les 15 kg perdus par Matt Damon pour les besoins du film
- La complexité de coordination des effets pyrotechniques
- La structure en Flashbacks
- L'apprentissage de la vie militaire effectué par Meg Ryan
Edward Zwick se veut honnête au sein de ce commentaire audio. Il n'hésite d'ailleurs pas à être très expressif avec son public : « C'est un des plans qui me fait pleurer », avoue-t-il d'ailleurs sur une des dernières scènes du film.
Ajoutons tout de même la présence d'une « piste suppléments ». Elle offre à la lecture du film une fois activée, des informations encyclopédiques relatives à la fois au film, aux acteurs, et au contexte de la première guerre en Irak. On y apprend un grand nombre d'informations, plusieurs rappels historiques qui permettront d'alimenter la culture générale de chacun. Certaines expressions sont d'ailleurs plutôt significatives. Ainsi le « trou du cul du monde » signifie le « déploiement isolé, ou tout site extrêmement éloigné ou isolé. ».
Dans l'ensemble, il s'agit d'une édition réussie pour ceux et celles ayant déjà apprécié le film il y a désormais quelques années. Toutefois, le manque sérieux de bonus, de making-off, ou encore la présence de la version canadienne limiteront l'enthousiasme de ceux qui attendaient une édition Blu-Ray Disc irréprochable.