Test Blu-Ray : Robocop
Publié le par la Rédaction
Robocop de Paul Verhoeven avait entamé sa résurrection en France le 12 mars 2008 en Blu-Ray Disc. Cette même édition re-débarque sur notre marché, dans le cadre de la sortie d’un coffret trilogie regroupant les trois films de la saga.
Long-métrage de science-fiction aux apparences de série B, ce titre a su s'imposer comme un film culte se rangeant, pour de nombreux spectateurs, aux côtés de Predator ou encore de Terminator. L'œuvre de Paul Verhoeven n’est pourtant pas à considérer au premier degré comme le film de James Cameron. Bien au contraire. Il s’agit d’une énorme et succulente caricature de la société américaine contemporaine. Le metteur en scène y dessine une société futuriste dans laquelle les besoins de sécurité, la soif portée vers les progrès et l’innovation technologique servent les intérêts d’une oligarchie dominante. Verhoeven met aussi le doigt là où cela fait mal : de terribles affaires mafieuses, mêlant personnalités politiques, multinationales et grand banditisme. Robocop est un film sanglant et stimulant pour les enfants. Mais son message sociologique reste fort !
L'histoire se déroule à Détroit au début du 21ème siècle. En vue de soulager la ville de l'insécurité permanente, la multinationale baptisée OCP, qui contrôle outre la police, mais aussi les affaires médicales, n'est plus du genre à se soumettre aux grèves des agents de police submergés de travail. Le numéro 2 de la Compagnie a l'idée de remplacer les agents de police par des machines capables de répondre aux besoins de sécurité des citoyens 24 heures sur 24. Mais l'ED-209 n'est pas encore au point, et un autre projet concurrent sera chargé de le remplacer : il s'agit ni plus ni moins de Robocop.
Murphy était un agent de police courageux mais finalement sa carrière à Détroit sera vite interrompue. Suite à un meurtre déguelasse, le corps de cet agent servira à concevoir le premier modèle de Robocop, un agent de police, mi-humain, mi-robot. Les choses se compliquent lorsque les souvenirs de Murphy reprennent le dessus sur la programmation de la machine. Robocop n'est plus seulement une machine à tuer les bandits, mais également un homme épris de sentiments et de désirs de vengeance. Son objectif : retrouver l'identité des hommes l'ayant assassiné. Les choses seront d'autant plus complexes pour lui, que les bandits à l'origine de son assassinat et de l'insécurité de la ville sont eux même financés par le numéro 2 de la multinationale OCP, à la fois maître des médias, des hôpitaux, de la police et à l'origine même du projet Robocop.
Des éléments de science-fiction...
Robocop reste tout d'abord une œuvre de science-fiction. L’histoire s'inscrit dans une période transitoire entre le réel actuel et un futur hypothétique dominé intégralement par les robots. Elle se déroule dans une ville moderne, marquée par le début de l'émergence des machines. Les progrès scientifiques et médicaux sont mis en avant au sein de ce film sous forme de messages publicitaires qui suscitent chez les citoyens le besoin d'une nouvelle voiture ou encore d'un « nouveau cœur artificiel». Robocop est lui-même le symbole d'un homme nouveau, hybride entre l'humain et le droïde. On retrouve dans ce film développés des thèmes classiques de la littérature et du cinéma de science fiction. Les minces frontières qui séparent parfois l'humanité et l'artificiel sont abordées.
Robocop recèle également de nombreux symboles. C'est d’abord l'histoire d'un homme, Murphy, qui aime adopter certains gestes robotiques (pour répondre à l'adoration de son fils à l'égard d'une série télévisée « TJ Laser »), et qui, une fois machine, est épris du désir de retrouver son humanité. C’est donc un personnage ambivalent et le shéma narratif du film est assez classique puisqu’il s’agit pour le personnage principal de retrouver son humanité perdue. L'œuvre célèbre d'ailleurs la victoire de l'homme sur la machine comme l'ont fait de nombreux classiques de science-fiction. Par exemple, le mot de la fin revient à « Murphy…» (et non à Robocop) !
...au service d'une vision satirique de la société américaine
Robocop : c'est surtout une vision très critique de la société contemporaine, opérée sur le registre du ridicule. Le film met en avant toutes les caractéristiques du capitalisme et de l'ultra-libéralisme moderne tout en cherchant à les ridiculiser. La ville dans laquelle se situe cette histoire est d'abord maîtrisée par une seule et unique multinationale OCP, Omni Consumer Products. Cette dernière contrôle la sphère marchande de la cité mais aussi les domaines relevant jusque-là du public (les hôpitaux, la police...). « La loi de la jungle » règne au sein de cette société. Pire, les gangs, à l'origine de l'insécurité que la police (donc OCP) est chargée de maîtriser sont eux-mêmes soutenues par le numéro 2 de cette multinationale. Robocop est donc finalement chargé de rendre sécurisée une ville que son concepteur a lui-même cherché à rendre instable. Tout cela relève d'ailleurs d'une logique capitaliste à l'état pur. Verhoeven souligne l’idée qu’une demande de sécurité est générée par ceux même qui offriront une réponse à ce besoin spécifique. Dans le monde de Robocop, l'oligarchie crée un problème et en offre rapidement une solution, tout cela uniquement pour faire fructifier les profits d’une multinationale gigantesque.
La critique sociale de Verhoeven est heureusement adaptée au grand public, et passe parfois inaperçue. Elle s'opère sur le registre de l'exagération d'où le côté véritable série B. Pour passer son message, Verhoeven amplifie jusqu’à la caricature sa vision de la société américaine. La scène de confrontation opposant les hauts placés de la multinationale OCP se déroulera par exemple aux toilettes, un lieu qui n’est plus en accès libre, mais qui est contrôlé (« un badge est obligatoire pour pisser »). Pour couronner le tout, les cours de la bourse s'affichent au-dessus de chaque urinoir... Le style série B de Robocop sert finalement l’ensemble du projet. Les scènes de violence sont éminemment exagérées et frisent même le ridicule. L'assassinat de Murphy est sanglant et vraiment peu crédible, tout comme l'acharnement thérapeutique qui s'en suit. On est donc bien ici dans le registre de la caricature et du second degré. Mais l'exagération sert finalement à apaiser l'aspect terriblement violent de ce film ainsi qu'à renforcer la critique sociale évidente, tout en évitant à Verhoeven la censure.
Il s'agit donc d'un film qui satisfait le grand public par son histoire au manichéisme on ne peut plus simpliste, l'idéalisme des jeunes enfants en quête de socialisation (« Les petits garçons ont besoin de modèles » comme dit Murphy) et qui dessine une vision très satirique du système. C’est pour toutes ces raisons que l’on aime Robocop...
Qualité Technique et Bonus
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p MPEG-2 (Débit moyen de 20738 kbps) / Format 1.85
Audio : Anglais en DTS-HD Master Audio 5.1 (Débit fixe de 3382 kbps / Encodage 24-bit), Français et Allemand en DTS 5.1 (Débit Moyen de 768 kbps / Encodage 16-bit)
Sous-titres : Anglais, Néerlandais, Français, Allemand
Qualité Vidéo
Malheureusement, ce Blu-Ray disc, sorti en édition individuelle en 2008 et en coffret aujourd'hui, n'est franchement pas satisfaisant d’un point de vue technique. Le transfert proposé par MGM se veut de bien médiocre qualité. La présence de bruit vidéo très fâcheux en arrière-plan sur de nombreuses séquences, et une compression MPEG-2 datée et lisible, une fois cumulées, nous offrent un véritable festival de déplaisir. Robocop fait partie des éditions Blu-ray peu recommandables. Le niveau de définition est très aléatoire. La mise en scène et les prises de vues subjectives de Robocop, évocant un rendu vidéo « entrelacé », n’aident pas forcément… Tout comme les nombreuses publicités sujettes au flou artistique et qui traversent le métrage. Au final, on assiste à une vidéo très vieillotte, qui ne répond que très peu aux critères habituels de la haute définition. Ce Blu-ray risque de décevoir les puristes du film de Verhoeven.
Qualité Audio
Côté audio, c’est davantage standard. La piste en VO est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1 là où la version française se limite à une version DTS 5.1 (768 kbps). Les passages musicaux accompagnant les premières arrestations faites par Robocop savent se montrer évocatrices et entrainantes. Mais la scène arrière n’est que très peu exploitée sur ce métrage, inaudible la plupart du temps. Robocop accuse aussi les années en termes de design sonore et cela se ressent surtout en DTS-HD. La réponse en fréquence déçoit quelque peu. Les sonorités manquent bien souvent de transparence, de puissance, d’impact (sur les explosions et autres coups de feu). Un poil décevant…
Aucun bonus n'est disponible sur cette édition si ce n'est une petite bande annonce...
Conclusion et Screenshots HD
Conclusion
La conclusion sera rapide. Robocop est un film classique, à la fois visuellement et d'un point de vue analytique. Cette édition Blu-Ray Disc, par son manque de bonus (pour ne pas dire absence), et par la qualité très médiocre du transfert, déçoit littéralement.