Test Blu-Ray : Dans la Vallée D'Elah
Publié le par la Rédaction
Œuvre de 2007 retraçant les répercutions humaines et psychologiques du désastre irakien, Dans la Vallée d'Elah est un film poignant réalisé par Paul Haggis. Dans la lignée du film d'Edward Zwick, A l'épreuve du Feu de 1996 (voir test blu-ray), Dans la Valley d'Elah s'attarde non à aborder le sujet irakien dans sa dimension épique (si elle existe ?) mais sous l'angle psychologique et social.
Quelles sont les répercutions humaines résultant de l'envoie de troupes en Irak ? Comment réagissent les familles en deuil ? Comment des soldats ayant assisté à l'enfer parviennent à se reconstruire une fois rentrés au pays ?
La conclusion de ce film suggère l'idée que le dysfonctionnement de la vie sociale au sein de ce pays dévasté par l'invasion touche ou touchera inéluctablement la société américaine avec le retour des soldats au pays. Il s'agit surtout d'un film nous rappelant la détresse relative aux soldats et aux familles touchées par ce conflit tant contesté sur la scène internationale.
Qu'en est-il de cette édition Blu-Ray Disc que nous offre Warner Home Video depuis ce mois de mai 2008 ? Voici notre test…
Caractéristiques
Vidéo : Transfert 1080p VC-1
Audio : Anglais en Dolby TrueHD, Français, Anglais, Espagnol en Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, Anglais, Espagnol
Bonus : Dans la vallée d'Elah : Après l'Irak, Dans la vallée d'Elah : Retour au pays, Scènes inédites
Résumé
Mike Deerfield, surnommé Doc par ses compagnons de troupe, ne donne aucun signe de vie lors de son retour d'Irak. Son père, Hank, lui-même ancien membre de la Police Militaire au Vietnam, est un homme fidèle envers son armée et son pays qu'il soutient au nom des valeurs de liberté et des causes justes. Inquiet de l'absence de nouvelle de son fils, ce père de famille doit faire face au pire lorsqu'il apprend l'assassinat de son protégé au sein même des Etats-Unis.
Il se lance lui-même à la recherche des responsables avec l'aide d'Emily Sanders. Malgré l'opposition des autorités militaires cherchant à étouffer cette affaire, Hank va progressivement découvrir que les séquelles psychologiques de ce séjour en Irak sont au combien importantes pour ces jeunes soldats.
Ce sont les croyances et la vision idéaliste de la société américaine d'Hank Deerfield qui en viennent à être profondément bousculées, tant bien et si bien que cet ancien soldat décidera de monter le drapeau américain à l'envers : un appel symbolique à la détresse pour une société américaine qui a besoin actuellement d'aide.
L'Irak : un désastre humain
Paul Haggis après l'excellent Collision délivre ici un film très équilibré, aux dimensions multiples. Il s'agit d'abord d'un véritable questionnement social. Certes la question de la guerre en Irak n'est pas abordée sur le principe de la légitimité, Haggis n'y délivrant aucunement une contestation. Le réalisateur s'attache toutefois à mettre en exergue l'importance des institutions dans leur rôle d'encadrer et de prendre en charge les soldats et leurs familles lorsque ces derniers rencontrent des difficultés. Haggis peint ici une société américaine échouant dans cette tâche. De retour au pays, ces jeunes soldats, profitant d'un rapport au pouvoir inquiétant en Irak armes à la main, ont perdu tout sens moral : passant des boîtes de stripteases, en y insultant les jeunes danseuses, devenant de véritables proxénètes, et allant jusqu'à s'entretuer. Hank ce père de famille doit lui faire de nombreux efforts pour parvenir à ce que la mort de son fils puisse bénéficier d'une véritable enquête. En tant que simple citoyen à la retraite, cet enquêteur profane parvient avant les autorités à découvrir les pistes le menant à la vérité. Ce sont donc les institutions qui échouent dans le rôle qui leur est attribué.
Autre dimension certaine : les conséquences humaines et psychologiques de la guerre. A l'instar du légendaire Full Metal Jacket, l'armée et le contexte de bourbier actuel font perdre toutes les notions de moralité chez ces soldats. Le Doc s'amuse à faire souffrir une victime, les jeunes soldats accélèrent lorsqu'un enfant irakien traverse sur la route… De retour au pays, ce sont ces mêmes habitudes qui font perdre tout sens moral à ces soldats ayant vécu l'enfer. Le film met donc en avant ces névroses post-traumatiques que cette société a du mal à gérer.
Enfin, Dans la Vallée d'Elah aborde subtilement la question de la responsabilité. Sous l'angle affirmé d'une relation père-fils, le protagoniste doit faire face à son pire démon qui peut paraître paradoxalement une véritable richesse dans certaines situations à savoir son idéalisme. Hank est un croyant. Il raconte idéalement l'histoire de David, ce héros mythique affrontant le Goliath, à un enfant qui aurait pu être son fils sans se poser la question de la responsabilité de celui qui l'envoie : pourquoi finalement le roi prendre-t-il le risque d'amener cet enfant dans cette Valley d'Elah, une situation objectivement à risque ? C'est à cette question métaphorique que le réalisateur nous confronte. Pourquoi prendre le risque d'amener ces enfants, potentiels héros certes mais individus fragiles, à la guerre ? Hank interprété par Tommy Lee Jones passe de la croyance et de l'idéalisation du mythe du soldat au service de son pays, à la réalité de cette guerre mêlant ambitions contestables et actes parfois plutôt glauques.
Il s'agit d'un film dont l'intention, révéler les conséquences humaines, psychologiques et sociales de tels conflits aux yeux des victimes, est plutôt remarquable. Le film met surtout en avant que c'est l'Humanité, en tant que composante des individus, qui est la première victime des guerres.
Qualité Technique
Image
Sur la plan technique, ce Blu-Ray ne nous invite ni à l'extrême enthousiasme ni à la déception puisque le rendu global est plutôt détaillé et naturel sans toutefois parvenir à ne présenter aucun défaut. D'abord le grain : sa présence est notable mais pas d'excès à revendiquer. Ce film sur le plan visuel ne cherche pas non plus à attirer par sa beauté. Car Dans la Valley D'Elah quoiqu'on en dise n'est pas un film angélique. Il peint une société américaine en grande souffrance et les tons et les couleurs accompagnent cette idée.
On appréciera donc des couleurs naturelles, un niveau de détail abouti sans atteindre non plus des prouesses et un piqué de l'image plutôt précis notamment sur les gros plans. La profondeur des noirs est à noter. On assiste ici à un transfert de qualité s'accordant aux intentions du réalisateur de produire un film proche du réel et de la souffrance des véritables victimes de cette guerre encore actuelle. Cet aspect est d'ailleurs renforcé par les courts extraits très basse résolution relatifs aux enregistrements vidéo effectués sur téléphones mobiles.
Son
Côté son, Warner nous offre comme à son habitude un mixage en Dolby Digital 5.1 pour la VF et une piste proposée en TrueHD pour la version originale. Ici quelques bonnes surprises pour un film qui toutefois n'exploite pas forcément de nombreux effets surround envoutants. L'utilisation des basses nous a étonné notamment lorsque Hank pénètre dans ce salon de striptease. Les voies frontales sont les plus exploitées et les dialogues parfaitement diffusés. On pourrait toutefois regretter une bande musicale qui ne parvient pas à littéralement s'imposer. Elle fait plus office de pâle accompagnatrice de la souffrance des personnages. En somme, l'ambiance sonore est à nouveau naturelle, sans gros artifice avec toutefois quelques petits passages appréciables.
Bonus et Conclusion
Trois principaux suppléments nous sont proposés au sein de Blu-Ray Disc et nous sont présentés en standard définition.
Dans la Vallée d'Elah : Après l'Irak
Il s'agit d'un vrai documentaire de plus de 27 minutes, revenant sur plusieurs éléments du tournage. On notera tout d'abord des interviews des acteurs et figurants en lien avec leur propre expérience relative à l'Irak, des interviews bénéficiant d'un style indépendant loin des making-off traditionnels des studios hollywoodiens, ce qui confère l'idée d'une ambiance familiale plutôt appréciable. Le documentaire revient sur l'importance de la sympathie entre les acteurs-soldats, en vue que ces derniers prennent véritablement possession de leur rôle. Ce bonus revient surtout sur la mort de Richard Davis, tué effectivement par ses camarades soldats et qui a inspiré directement la réalisation de ce film. On y retrouvera interviews des parents du jeune défunt. Ce documentaire revient par ailleurs sur l'envers du décor, les scènes tournées au Maroc et se clôture sur le positionnement de Susan Sarandon, actrice mais surtout militante, posant la question ouverte des raisons de cette guerre jugée inutile.
Dans la Valley d'Elah : Retour au Pays
Il s'agit ici en quelque sorte de la suite du premier doc. Est mise en exergue l'importance des traumatismes psychiques d'après guerre, les difficultés pour les soldats de reprendre vie dans une société après l'Irak, et surtout sur les questionnaires de l'armée américaine complètement inadaptés pour juger pleinement l'état psychologique des soldats et leur assurer une meilleure ré-intégration. On notera le commentaire du père de Richard Davis affirmant qu'il était convaincu que cette guerre restait et reste une histoire de pétrole ce qui à nouveau confère l'idée d'un film se positionnant réellement politiquement parlant.
Scènes inédites
Dernier supplément : des scènes supprimées du montage final avec notamment une scène plutôt remarquable entre Hank (Tommy Lee Jones) et une jeune femme amputée.
Conclusion
Au final, cette édition Blu-Ray Disc s'avère plutôt une réussite tant par la qualité du transfert que par des suppléments plutôt intéressants. On regrette peut-être que l'éditeur n'ait pas suffisamment exploité les capacités du Blu-Ray en termes notamment d'interactivité, les bonus étant également limités au 480p. Dans la Valley d'Elah séduit toutefois par l'extrême importance du sujet irakien.