Test Blu-Ray : Chrysalis
Publié le par la Rédaction
Film de 2007 réalisé par Julien Leclercq, Chrysalis sort des sentiers battus du cinéma français puisqu'il s'agit d'un film policier et d'anticipation à l'ambiance très « Blade Runner ». Chrysalis est effectivement une production française qui se risque enfin sur le terrain de la science-fiction toutefois relative à un futur proche…très proche.
Ce film de ce jeune réalisateur suscite l'attention par le fait qu'il bénéficie d'un univers visuel très caractérisé. Il s'agit aussi d'un film de genre illustrant certaines des préoccupations de demain et qui constituent depuis de nombreuses années les traits caractéristiques de la science-fiction : le rapport de l'homme à la machine, la société et son évolution tournée vers un nouvel ordre contrôlé et contrôlable, et bien évidemment les questions d'ordre éthiques et parfois métaphysiques qu'imposent ces évolutions sociales et technologiques.
Chrysalis nous est surtout proposé dans sa version haute définition avec une édition Blu-Ray Disc signée Gaumont Vidéo.
Voici notre test de ce Blu-Ray Disc…
Caractéristiques :
Vidéo : Transfert 1080p MPEG 4 / AVC
Audio : Français en DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : anglais
Bonus : Commentaires Audio, Making-Off (30mn), Effets Spéciaux Numériques (22 mn), Bande Annonce et Galeries de croquis et de photos
BD-25 Mono-Couche
Résumé
En 2027, David Hoffman, est un lieutenant de la nouvelle police Européenne travaillant au sein de la capitale française. Il doit faire face au décès de sa coéquipière en plein exercice, un acte qui le poussera bien évidemment à mener une enquête et à retrouver l'identité de l'assassin. Il se voit accompagné d'une nouvelle coéquipière pour mener cette tâche.
Durant cette période, le Professeur Brüger est une chirurgienne travaillant au sein d'une clinique ultra perfectionnée. Après un grave accident ayant touché directement la santé de sa propre fille, Brüger aide sa fille à retrouver la mémoire.
Mais les choses se compliquent lorsque David est amené progressivement, et après de nombreuses batailles, à mener son enquête auprès de cette clinique entreprenant des relations avec des criminels de haut vol. Il y fait là une découverte stupéfiante : cette clinique exploite en son sein Chrysalis, une machine permettant de manipuler les souvenirs des patients. Associée au concept de clonage, Chrysalis pourrait littéralement redonner corps et souvenirs aux personnes décédées mais aussi écarter les individus porteurs d'informations dérangeantes pour les personnes soucieuses de conserver certains intérêts.
Analyse
Ce film de Julien Leclercq conserve le mérite de pouvoir être analysé car il rassemble à la fois de très bons aspects mais aussi des limites. Là où effectivement certains films ont réussi à devenir des classiques de science-fiction et d'anticipation en imposant aux spectateurs des questions sociales bien précises et portant sur notre avenir (Blade Runner et le rapport émotionnel de l'homme à la machine, THX 1138 et le rapport de l'homme à une société oppressante où les émotions n'ont plus lieu d'être, ou encore plus récemment Minority Report posant la question lourde en termes d'éthique des pré-meutres), Chrysalis peine au final à imposer un questionnement précis par le fait que les sujets propres à la science fiction et bien présents dans ce film de genre sont effleurés plus que traités en profondeur.
Cette non-exploration induit le spectateur à ne plus se poser de questions : Chrysalis, une machine traitant les souvenirs des patients est peinte en tant que machine finalement agressive. Elle aurait pu être présentée de façon plus ambiguë et nuancée, bénéfique pour certaines situations mais dangereuse pour d'autres comme le fut les replicants au sein d'un Blade Runner devenu référence du style. Chrysalis ne parvient pas à résoudre toutes les problématiques soulevées par les sujets évoqués d'où un sentiment de confusion qui clôt effectivement notre visionnement de ce film : entre clonage, manipulation de la mémoire et donc des consciences, complots avec la DST, doublage de l'identité de l'antihéros, trahison ambiguë de la nouvelle associée de Dupontel, on finit par perdre le fil conducteur du récit et l'objet même de l'enquête policière.
Heureusement, Julien Leclercq surprend véritablement avec cette réalisation puisqu'il est parvenu à créer une ambiance visuelle très fine, particulière et dans l'ensemble très subtilement présentée et digne là d'un chef d'œuvre, malgré les limitations conférées par un budget restreint. Tout d'abord, Chrysalis marque par un univers monochrome qui confère l'idée d'une société de 2027 dépersonnalisée. On apprécie la cohérence de certains détails scénaristiques à l'image d'une police nationale devenue européenne, une ville de Paris bénéficiant d'une architecture emprunte du modernisme à la Dubaï, ou encore l'ensemble des éléments du quotidien qui marqueront à coup sûr notre proche avenir à l'image de ces scanners rétiniens ou encore des écrans plats devenus objets d'art et incrustés au sein de nos mobiliers. Chrysalis surprend également par certaines scènes subtilement présentées. On notera l'utilisation habile d'un plan en Câble Cam très dynamique, ou encore de nombreux travellings enrichis d'effets visuels numériques qui ont l'avantage de peindre un univers de façon naturelle et parfois même apaisante tout en servant à exprimer des idées concrètes et utiles à la narration. On oubliera pas les scènes d'action parfois très brutales et qui viennent réaliser ce contraste entre société dont l'apparence est fine et séduisante mais dont la réalité s'avère obscure et finalement peu enthousiasmante.
Il s'agit au final d'un film bénéficiant d'un vrai style visuel, qui ne parviendra pas à devenir un classique voir un chef d'œuvre inoubliable, mais qui est véritablement digne d'intérêt pour ses qualités et ses défauts.
Qualité Technique
Vidéo
Sur le plan technique, Chrysalis se veut une bonne édition Blu-Ray Disc. Le film vous est présenté sur un disque mono-couche dans sa version Full-HD 1080p issu d'un encodage MPEG-4 / AVC. Malgré la présence du grain original s'agissant d'une production 35mm, le film bénéficie d'une vraie qualité. On notera tout d'abord une colorimétrie très particulière, quasi monochrome, exploitant majoritairement un bleu métallisé conférant une dimension high-tech et futuriste à cette réalisation. On appréciera également le travail véritable relatif aux matt paintings, illustrant la ville de Paris que l'on pourrait retrouver dans les 20 prochaines années. Ce sont d'ailleurs ces plans précis qui confèrent à la haute définition une vraie plus-value, offrant des détails précis aux contours accentués. Malheureusement, les plans tournés en extérieur ou illustrant cet extérieur sont très peu nombreux puisque beaucoup de scènes de Chrysalis se déroulent au sein d'environnements clos quasi individualisés. Le film bénéficie toutefois de nombreux effets visuels numériques qui ont l'intelligence de ne pas être tape à l'œil. Ils servent à illustrer et à reproduire les détails de la vie quotidienne de Paris 2027. On appréciera l'absence de bruit vidéo et un contraste dans l'ensemble doté d'une vraie profondeur.
Audio
Gaumont Vidéo offre sur ce Blu-Ray une piste française en DTS-HD Master Audio 5.1. Et il faut dire que le rendu global se veut pleinement enthousiasmant. On appréciera effectivement l'aspect multicanal exploité pour les gunshots du début de film qui nous plonge directement dans une ambiance dynamique. De même, certains éléments propres aux environnements de certaines scènes exploitent l'étendu de l'espace multicanal avec richesse et on appréciera ainsi une vraie spatialisation. Les scènes industrielles nous font profiter des bruits des outils manipulés transitant d'une voie surround à l'autre. Les dialogues quant à eux des acteurs sont diffusés sur les voies frontales avec justesse. On notera finalement une bande son signée Jean-Jacques Hertz et François Roy très douce venant accompagner avec dignité les travellings de la réalisation ou encore les expériences semi-conscientes des personnages victimes de la Chrysalis. Au final, ce Blu-Ray Disc est une réussite sur le plan technique.
Bonus - Partie 1
Making-Of
Un making-of d'une durée de 30 minutes et décomposé en plusieurs sous-parties vous est proposé dans un premier temps :
- La Machine (5.41 mn) : Cette sous-partie revient sur la conception de Chrysalis, cette machine prenant la forme d'un masque en nid d'abeille et servant à manipuler les souvenirs des patients. D'inspiration industrielle, elle est associée à des écarteurs oculaires.
- Design (5.19 mn) : Bénéficiant d'interviews de Jean Philippe Moreaux le chef décorateur notamment, ce volet revient sur le travail visuel de Chrysalis et les choix entrepris à cet égard : colorimétrie, teinte monochrome et sombre, et objets marqués par un noir brillant.
- L'image (4.33 mn) : Julien Leclercq revient sur les efforts entrepris pour être en mesure de bénéficier, malgré un budget restreint, des machines ayant servi à la réalisation à l'instar des plans SpiderCam et ceux principalement liés à l'élevation des étages de la clinique au cœur du récit.
- Combats (5.03 mn) : Cette partie traite de l'aspect le plus dynamique et violent de cette production à savoir les combats. On y retiendra l'aspect chorégraphié et élégant, l'absence de doublure de l'acteur Dupontel, et les difficultés liées à entreprendre un combat dans un environnement à l'espace restreint.
- Concepts Cars (2.51 mn) : Julien Leclercq a pu bénéficier de trois concepts cars de marque Renault apparaissant dans ce film.
- Le choix des armes (4.14 mn) : Outre le choix des armes effectué au sein d'une véritable armurerie, le réalisateur nous explique l'effet obturateur lié au Shutter, un effet que l'on retrouve notamment au sein du soldat Ryan.
Commentaire audio
Un commentaire audio du réalisateur Julien Leclercq, de la productrice des effets spéciaux Annie Dautane, du chef décorateur Jean-Philippe Moreaux, et de Thomas Hardmeyer vous est proposé. On y retrouve l'évocation de l'ensemble des éléments déjà présents au sein du making-of. Un grand soin est accordé au traitement des effets visuels et scénaristiques au prix peut-être d'oublier l'importance du rôle des acteurs, un aspect relativement mis de côté au sein de ce commentaire audio. On appréciera une ambiance très simple et amicale, un aspect qui nous permet de saisir les problématiques entourant ce premier film du réalisateur.
Bonus - Partie 2 et Conclusion
Effets Numériques
Plusieurs scènes clés vous sont expliquées avec en premier lieu :
« L'opération virtuelle » (5.45 mn HD), ayant nécessité un véritable travail de prévisualisation. Cette scène vous est d'ailleurs présentée en double écran dans un second temps en vue de vous permettre de comparer scène prévisualisée et scène finale (en SD).
« L'accident » (3.17 mn) : une scène clé du film ayant nécessité la destruction numérique d'un Hummer et un travail en multipass impliquant jeu de l'acteur, détérioration de la voiture, et autres effets visuels.
« Les Matte Painting » (4.19 mn) : il s'agit ici sans doute des éléments ayant permis d'illustrer concrètement cette ville de Paris de l'année 2027. Trois principaux plans ont nécessité un tel usage : Plan large de Paris, le Panthéon, et la fameuse Clinique.
« Le scanner Rétinien » (2.52 mn) : Outre l'influence certaine du film de Spielberg Minority Report, cette sous-partie s'attache à la conception de cet objet.
« Scène finale » (2.36 mn) : vous est présentée ici la fameuse scène finale ayant lieu sur un toit mais tourné en studio et complétée en numérique.
Galeries
Deux galeries photos vous sont présentées. « Croquis » est une petite vidéo de 2.56 minutes présentée en haute définition et « Photos ». Cette sous-partie regroupe un ensemble de 23 photos en HD issues du tournage.
Bande Annonce (2.08 mn en HD)
Conclusion
Au final, Chrysalis est une édition Blu-Ray Disc que l'on pourrait qualifier de réussite. On regrette peut-être l'absence de bonus davantage interactifs mais la qualité technique, la présence de suppléments pour le moins intéressants, et un menu de présentation très travaillé nous laissent un très bon sentiment.